vendredi 1 août 2008

SAUT: 226



Nous avons débuté le mois de juillet avec André Breton. Le Surréalisme.

Sans doute vous attendez-vous à ce que le mois d'août s'enclenche avec... soit le Romantisme de Victor Hugo? ... le Réalisme de Zola? ... le Parnasse de Théophile Gautier? ... le Symbolisme de Rimbaud? ... l'Absurde d'Ionesco? ... le Nouveau Roman de Robbe-Grillet? ... ou encore le Panique de Fernando Arrabal?

Eh! bien non... À votre grande et combien agréable surprise, je vous offre deux poèmes, cru printemps/été 2008, jamais placé en fût de chêne et non prévu pour un certain vieillissement.

Le premier a été déposé sur un site (Oasis) qui proposait un concours dont le thème était la lune et le deuxième, sur le même site, porte sur le thème de l'inspiration.






marcher à reculons, sur la lune…


… quel d(és)astre!

Au clair de la lune, mon ami Pierrot s’endort.
Sur terre, il chantait à la lune
là, entre ces cratères trouant la Lumineuse
à reculons, il marche…

… Lune et Terre par l’arc-en-ciel réunies …

De son sommeil, Frère Jacques s’éveille
surpris par les traces de poussière
que laissèrent les plumes et les chandelles
et à reculons, il marche…

… Spoutnik et Apollo, artéfacts d’acier …

Frère Jacques et mon ami Pierrot,
tels deux frères lunatiques ne reculant devant rien,
à contrepied dessinent pour les enfants terriens
des couchers de soleil sur l’arc-en-ciel…

… à moins que ce ne soit des songes
desquels, lunaires parents marchant à reculons…
les yeux tournés vers la terre
leur lancent de lointaines comptines.

À rebours de la Terre, au rebord de la Lune,
comme accrochés au bout de l’arc-en-ciel,
mon ami Pierrot et Frère Jacques
attendent depuis tant de siècles
le doux sommeil des enfants
rêvant aux astres lointains
à un petit Spoutnik
ou à un Apollo
d’acier…




le mec de chez MacDonald’s



le mec de chez MacDonald’s
entoure sa tête d’un capuchon noir
poète du plastique
il écrit au crayon de plomb sur des sacs blancs et rouges,
tambourinant sur des ustensiles immaculées,
il écrit un poème entre deux coups de dents dans une boulette de viande


le mec de chez MacDonald’s
dévisage sa silhouette noire
que lui rejette l’immense fenêtre salie
sur laquelle s’écrase une neige éclaboussée en millions de graviers blancs


le mec de chez MacDonald’s
recule au fond de la banquette râpée par l’usure des clients
et derrière le miroir à deux faces qu’il fixe impertinemment
il est minuit alors que l’horloge indique cinq heures
que la rue est vide
et que le dernier métro n’est pas celui qui partira dans six minutes


les mains du mec de chez MacDonald’s
rougies par le froid
écrivent le mot sang
au bas d’une serviette en papier recyclé


au verso
indéchiffrable
un dessin hectique





Au prochain saut

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