dimanche 27 juillet 2008

SAUT: 225

Agota Kristof

Qui n'a pas lu Agota Kristof? Vous savez cette extraordinaire trilogie: Le grand Cahier, La preuve et finalement Le troisième mensonge. Trilogie à facettes multiples où se mêlent sans qu'on puisse toujours les distinguer, fiction, réalité et mensonge à travers l'histoire pathétique de deux frères jumeaux.

Parlons un peu de l 'auteure.

Agota Kristof est née en 1935 à Csikvand / Hongrie et vit depuis 1956 en Suisse romande. Elle a d'abord travaillé dans une usine où elle a appris la langue de sa patrie d'élection, avant de se faire un nom comme écrivaine de langue française.


Les livres, maintenant.

LE GRAND CAHIER (Éditions du Seuil, 1986): dans un pays ravagé par la guerre, deux enfants (des jumeaux) abandonnés à eux-mêmes, font seuls l'apprentissage de la vie, de l'écriture et de la cruauté.

Suivra en 1988, LA PREUVE: les jumeaux sont séparés, Lucas demeurant dans son pays où sévit un régime totalitaire. Puis revient l'autre qui découvre qu'il n'y a pas toujours de générosité sans crime.

Finalement en 1991, LE TROISIÈME MENSONGE: après la guerre et le régime de plomb, il faut affronter la vérité. Mais ne serait-elle finalement qu'un mensonge?



Voici quelques phrases de ces trois livres, retenues et transcrites dans mon cahier de lecture:

. À force d'être répétés, les mots perdent peu à peu de leur signification et la douleur qu'ils portent en eux s'atténue.

. Je suis convaincu, Lucas, que tout être humain est né pour écrire un livre, et pour rien d'autre. Un livre génial ou un livre médiocre, peu importe, mais celui qui n'écrira rien est un être perdu, il n'a fait que passer sur la terre sans laisser de trace.

. On s'embarque n'importe où, n'importe quand, avec qui on veut, si on le veut vraiment.

. Chacun d'entre nous commet dans sa vie une erreur mortelle, et quand nous nous en rendons compte, l'irréparable s'est déjà produit.

. Il disait que le lieu idéal pour dormir, c'était la tombe de quelqu'un qu'on avait aimé.

. - Mes enfants ne jouent pas.
- Que font-ils?
- Ils se préparent à traverser la vie.
Je dis:
- J'ai traversé la vie et je n'ai rien trouvé.
Mon frère dit:
- Il n'y a rien à trouver. Que cherchais-tu?
- Toi. C'est pour toi que je suis revenu.
Mon frère rit:
- Pour moi? Tu le sais bien, je ne suis qu'un rêve. Il faut accepter cela. Il n'y a rien, nulle part.

. ... un livre, si triste soit-il, ne peut être aussi triste qu'une vie.

Trois mots me restent de ces lectures. Du premier livre, la cruauté. Du deuxième, la générosité. Le mensonge, pour le troisième. Je me suis permis d'aller chercher chez des philosophes une définition pour chacun des mots.

Nietzsche parle ainsi de la cruauté: « De tous les animaux, l'homme est le plus cruel. C'est dans les tragédies, les combats de taureaux et les crucifixions qu'il s'est trouvé le mieux sur la terre. Et lorsqu'il inventa pour lui l'enfer, voyez, ce fut pour lui le ciel sur la terre.»

«La générosité est le plus dangereux visage de l'erreur», C'est ce qu'en pense Robert d'Harcourt.

Et finalement, pour le mensonge, on a le choix. J'aime bien ce qu'Eugène Rey dit: «Un mensonge souvent n'est qu'une vérité qui se trompe de date. Et cela peut se dire aussi bien de la science que de l'amour.»


La trilogie a été adaptée pour le théâtre. Voici un lien très intéressant qui en parle:




Au prochain saut

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