samedi 26 novembre 2005

Le quarante-sixième saut de crapaud

Trois poèmes qui ont un peu d’âge…

voulu


j’ai voulu mettre du Saint-Jean-Port-Joli
sur la vie
baume couleur fleuve
rouge


tu as jeté un regard Trois-Rivières
sur les pistes
veines calcaires
ensanglantées


voulu mettre du parfum Percé
aux souvenirs
se balançant
comme des aurores boréales mauves


as jeté un clin d’œil Fermont
sur l’avenir éloigné
perdu en d’illusoires chemins
que borde une noire maison


mettre la magie des mots Val-d'Or
aux doigts
comme une clef de dentelle
permalloy


jeter quelques syllabes Lévis
assoiffées, ravalées
comme des non-sens
blancs


j’ai voulu mettre à rebours
toutes les vies

tu y as jeté les rues Québec
irisées et translucides






cheval fou


au bout à bout de la vie
arc-boutée
un cheval a traversé

à la rivière des espoirs
avortés
il a plongé

aux larmes séchées
des peurs enfiellées
il s’est humecté

aux yeux ensoleillés
que la misère dévisage
il a plissé le cœur

il fait le tour
de ce que nous n'étions plus
et revient éclabousser nos âmes
de son rire
drapé

il nous regarde
les mains dans le dos
cheval menotté

nous traçons la suite des pistes

et dans quelques hasards mesurés
posons les siennes


le cheval fou
au champ de l’amour
à bout de souffle
court
jusqu’au bord du gouffre invisible
où il a sauté


un amour erre


un amour erre
sur la grève engluée

un amour divague
devant la maison enchâssée
aux lumières de la nuit

un amour traîne
aux déchirantes heures de l’espoir
l’haleine asphaltée d’identiques couleurs

peut-on? mourir
comme une ombre écholalique dans la chaleur usée

peut-on? mourir
comme un amour en marche devant la maison
celui qui attend du désir enfoui
qu’il reprenne son allure
plus espérée qu'inattendue


le désespoir est la sœur nocturne
d’un amour qui erre

de ceux qui marchent
devant des maisons


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