Il est de tradition maintenant, après une histoire, que celle-ci fut exaltante ou un peu triste, de retrouver quelques poèmes, dont la mer est le thème. Voyons ce que des poètes québécois en disent.
LA MER
Nérée Beauchemin, 1850-1931
Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.
La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
Au fond de son lit de nacre inviolé
Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé.
La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire,
À l’écart, en secret, son immense tourment,
Que la fauve amoureuse, au large se retire,
Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant.
Et la brise n’apporte à la terre jalouse,
Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux :
L’âme des océans frémit comme une épouse
Sous le chaste baiser des impassibles cieux.
Il y certainement longtemps que vous n’aviez lu de beaux alexandrins? Allons, maintenant, vers Paul Morin qui nous en propose un sonnet, également en alexandrins.
LA MER
Paul Morin, 1889-1963
La somptueuse nef d’or, de chêne et d’émail,
Messagère de deuil ou porteuse de joie,
Dont l’aurique laissait traîner ses glands de soie
Parmi l’algue de pourpre et la fleur de corail,
Ô pêcheur étonné qui hâles ton trémail,
Tu ne la verras plus, sur la mer qui flamboie,
Passer, comme un splendide et lourd oiseau de proie,
Avec un guerrier blond, rêveur au gouvernail;
De monstrueux vaisseaux, empanachés de flamme,
Sans voile frémissante et sans rythmique rame,
Au tumulte marin mêlent leur cri cinglant,
Et sous la moire verte où glissent les carènes,
Creusant dans l’eau mouvante un sillage sanglant,
Des hélices d’acier mutilent les sirènes.
Puisqu’il est difficile d’en retrouver avec une telle facture, on voici un dernier.
FUITE
Alphonse Piché
Sous ses multiples ponts, sa mâture sans toile,
Ma ville est un navire oublié dans un port;
Ses matelots oisifs lorgnent par les sabords
Des songes d’océans, passant chargés de voiles.
Sa coque de béton ignore l’inconnu,
L’immensité des mers, le mystère des îles;
Seule, agite ses flancs ténébreux et stériles,
L’éternelle rumeur des cargaisons sans but.
Ah! que vienne la nuit arracher les amarres!
Que descende le soir s’accouder à la barre!
Vaisseau sans horizon, Ô ma ville! Ô mon cœur!
Donne une onde à sa quille, un astre à sa dérive,
Ô rêve! à son compas, suscite quelque rive!
Qu’un ciel enfin nouveau recueille sa douleur!
Et que nous puissions rêver… encore.
LA MER
Nérée Beauchemin, 1850-1931
Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.
La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
Au fond de son lit de nacre inviolé
Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé.
La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire,
À l’écart, en secret, son immense tourment,
Que la fauve amoureuse, au large se retire,
Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant.
Et la brise n’apporte à la terre jalouse,
Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux :
L’âme des océans frémit comme une épouse
Sous le chaste baiser des impassibles cieux.
Il y certainement longtemps que vous n’aviez lu de beaux alexandrins? Allons, maintenant, vers Paul Morin qui nous en propose un sonnet, également en alexandrins.
LA MER
Paul Morin, 1889-1963
La somptueuse nef d’or, de chêne et d’émail,
Messagère de deuil ou porteuse de joie,
Dont l’aurique laissait traîner ses glands de soie
Parmi l’algue de pourpre et la fleur de corail,
Ô pêcheur étonné qui hâles ton trémail,
Tu ne la verras plus, sur la mer qui flamboie,
Passer, comme un splendide et lourd oiseau de proie,
Avec un guerrier blond, rêveur au gouvernail;
De monstrueux vaisseaux, empanachés de flamme,
Sans voile frémissante et sans rythmique rame,
Au tumulte marin mêlent leur cri cinglant,
Et sous la moire verte où glissent les carènes,
Creusant dans l’eau mouvante un sillage sanglant,
Des hélices d’acier mutilent les sirènes.
Puisqu’il est difficile d’en retrouver avec une telle facture, on voici un dernier.
FUITE
Alphonse Piché
Sous ses multiples ponts, sa mâture sans toile,
Ma ville est un navire oublié dans un port;
Ses matelots oisifs lorgnent par les sabords
Des songes d’océans, passant chargés de voiles.
Sa coque de béton ignore l’inconnu,
L’immensité des mers, le mystère des îles;
Seule, agite ses flancs ténébreux et stériles,
L’éternelle rumeur des cargaisons sans but.
Ah! que vienne la nuit arracher les amarres!
Que descende le soir s’accouder à la barre!
Vaisseau sans horizon, Ô ma ville! Ô mon cœur!
Donne une onde à sa quille, un astre à sa dérive,
Ô rêve! à son compas, suscite quelque rive!
Qu’un ciel enfin nouveau recueille sa douleur!
Et que nous puissions rêver… encore.
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