samedi 15 septembre 2012

QUATRE ( 4 ) CENT-TRENTE-NEUF ( 39 )



Une dizaine de jours après la campagne électorale, son crescendo nous menant au 4 septembre, aux malheureux événements que nous vécûmes en direct à la télévision alors qu'un tireur fou faisait une victime, nous laissant pantois sur ses véritables intentions et nous projetant dans la réflexion autant sur la suite des choses que sur ce qui nous a mené à cette tragédie; une dizaine de jours plus tard, je suis incapable d'aligner logiquement ma pensée et dégager quoi que ce soit de ses tristes événements.

Une amie m'écrivait que nous aurions toute une réflexion à faire sur la société dans laquelle nous vivons. Elle a raison: une réflexion personnelle et collective. Je l'entreprends, d'abord, en retournant à mes cahiers de lecture afin de tenter d'y trouver des pistes que m'offriraient quelques-uns de mes écrivains favoris. Je vous les aligne dans un ordre syncrétique et avec l'assurance que j'y reviendrai lorsque je serai en mesure de développer ma pensée.

Voici.

. N'ouvre la bouche que lorsque si tu es sûr que ce que tu vas dire est plus beau que le silence. Proverbe arabe

. Tout a un sens caché dans ce monde, pensai-je. Hommes, animaux, arbres, étoiles, tout n'est qu'hiéroglyphes; heureux celui qui commence à les déchiffrer et à deviner ce qu'ils disent, mais malheur à lui. Quand il les voit, il ne les comprend pas. Il croit que ce sont des hommes, des animaux, des arbres, des étoiles. C'est seulement des années plus tard qu'il découvre leur vraie signification. Nikos Kazantzaki

. Je vois les choses plus calmement maintenant que je crois comprendre qu'aucune solution, pour éminente qu'elle puisse paraître quelquefois, ne se présentera probablement jamais; on a finalement tendance, principalement quand on est jeune, à surestimer beaucoup trop la hâte avec laquelle les solutions se présentent. Kafka

. Je ne comprendrai jamais pourquoi les survivants d'un drame se sentent obligés de faire croire qu'ils sont plus à plaindre que ceux qui y ont laissé leur peau. Yasmina Khadra

. Knulp disait que nul ne peut mêler son âme à l'âme d'un autre. Deux êtres peuvent aller l'un vers l'autre, parler ensemble mais leurs âmes sont comme des fleurs enracinées, chacune à sa place; nul ne peut rejoindre l'autre, à moins de rompre ses racines; mais cela précisément est impossible. Faute de pouvoir se rejoindre, elles délèguent leur parfum et leurs graines; mais la fleur ne peut choisir l'endroit où tombera la graine; c'est là l'oeuvre du vent et le vent va et vient à sa guise: il souffle où il veut. Herman Hesse

... chacun de nous est une île, et que nous n'allons que l'un à l'autre sans jamais être tout à fait l'un et l'autre pour de bon. Gaston Miron

. Je n'avais entendu dans la bouche d'aucun prêcheur ces mots de rassemblement que l'humanité, en inventant les langages, avait dû forger avec ce qui restait de lettres après ceux de guerre, de haine et de violence. Jean-François Beauchemin

. Quand on ne connaît pas le chemin où l'on va
tous les chemins sont bons. Dany Laferrière

. Je crois maintenant que les questions les plus simples ne sont pas seulement celles auxquelles il est le plus difficile de répondre, mais celles qu'il est le plus important de poser. Northrop Frye

. Le mensonge est déjà dans l'oreille de celui qui écoute. Tonino Benacquista

. Nous sommes prêts à croire n'importe quoi plutôt que d'affronter la vérité.
Carlos Ruiz Zafon

. Si tu rencontres une étoile de mer, elle ne t'explique pas l'océan. Antoni Casas Ros

... le bien ne peut pas être organisé, ... on peut seulement règlementer le mal et le généraliser, tandis que le bien n'est jamais qu'une affaire privée, un rapport intime d'homme à homme, rien de plus, et dès qu'on se mêle de l'organiser, on s'engage dans la voie de la fausseté. Toute organisation appelle les puissants de ce monde soit à la supprimer, soit à la détourner à leur profit. Yan Trefulka

. Leur haine me frappait plus que leurs armes. Violette Leduc

. Jusqu'à la fin, nous n'aurons rien appris. Il semble y avoir chez nous tous, au fond de nous, quelque chose de l'ordre du granit, qui résiste à l'enseignement. J.M. Cotzee

. Seuls les gens capables d'aimer passionnément peuvent éprouver de grandes douleurs, mais le même besoin d'aimer leur sert de réactif et les guérit. À ce point de vue, la nature morale de l'homme est encore plus vivace que sa nature physique. Le chagrin ne tue jamais. Tolstoï

. Nous découvrons tous tôt ou tard dans la vie que le bonheur parfait n'existe pas, mais bien peu sont ceux qui s'arrêtent à cette considération inverse qu'il n'y a pas non plus de malheur absolu. Les raisons qui empêchent la réalisation de ces deux états limites sont du même ordre: elles tiennent à la nature même de l'homme, qui répugne à tout infini. Ce qui s'y oppose, c'est d'abord notre connaissance toujours imparfaite de l'avenir; et cela s'appelle, selon le cas, espoir ou incertitude du lendemain. C'est aussi l'assurance de la mort, qui fixe un terme à la joie comme à la souffrance. Ce sont enfin les inévitables soucis matériels, qui, s'ils viennent troubler tout bonheur durable, sont aussi de continuels dérivatifs au malheur qui nous accable et, parce qu'ils le rendent intermittent, le rende du même coup supportable. Primo Levi

. Lorsque, chez un être humain, l'angoisse atteint une certaine intensité, on assiste à une diarrhée de mots. Réjean Ducharme

... il est des gestes auxquels on ne peut pas toujours trouver une explication facile, parfois même il est impossible d'en trouver une difficile. José Saramago

. Les faits sont souvent les pires ennemis de la vérité. Les faits ont tendance à nous masquer la vérité. Amos Oz

. Et ce que l'on croyait loin va se découvrir avoir tout le temps été proche. Gabrielle Roy

. Les gens se comportent comme on les traite. Doris Lessing

. La vie serait insoutenable si nous n'avions pas la capacité d'oublier. Et la vie est insoutenable parce que nous oublions. Jean Barbe

. Quelquefois nous ne faisions que finir le travail que d'autres ont laissé inachevé. Ou commencer un travail que d'autres finiront pour nous. Alessandro Baricco

. Mon nom: offensé; mon prénom: humilié; mon état: révolté... Aimé Césaire

. Celui qui a un «pourquoi» qui lui tient lieu de but, peut vivre avec n'importe quel «comment». Nietzsche

. S'il nous arrive de ne pas marcher au pas de nos compagnons , la raison n'en est-elle pas que nous entendons un tambour différent? Allons suivant la musique que nous entendons quels qu'en soient la mesure ou l'éloignement. Henry David Thoreau

Bonne réflexion et au prochain saut.

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