jeudi 10 mai 2007

Le cent soixante-quatrième saut de crapaud (7)

Chapitre 19

La halte routière était située près de Mirabel. Madame Poulin ne venait pas de se faire des amis dans la camionette, puisqu'entre l'arrêt et le moment où elle l'annonçait, 30 minutes s'écoulèrent. L'endroit qui se caractérisait par une masse d'épinettes, fit dire à Mario:
- Par chance qu'on n'a pas oublié le stcok à bibittes.
- C'est vrai, les bibittes, reprit Annie. On est en pleine saison.
- Au terrain de camping, tout est prévu, continua Bob. Mais c'est beaucoup chimique.
- Malheureusement, constata Mario. C'est incroyable les déversements d'insecticides que ces campings répandent et qui se ramassent dans la forêt. Protéger l'environnement, ça ne devrait pas être simplement des mots ou des bonnes résolutions. Des gestes, s'il vous plaît.
- C'est quand même pas très agréable de se faire manger par les bibittes, alors je pense que des insecticides, il en faut un peu.

Alors que la discussion démarra sur l'environnement, les Six constataient que pour un peu de conscience sociale il faut délester autant de confort personnel.

- Du parfum, cé-tu comme insecticide? demanda Joe, regardant du côté de Rock.
- Drôle, très drôle, avança ce dernier, frappé de plein fouet.
- En tout cas, si le parfum ça attire les bibittes j'couche pas dans la même tente que toé. Le message de Joe paraissait assez clair.
- On verra, coupa Bob.
- Comment alllez-vous partager les places, demanda madame Poulin se levant pour regagner la camionnette.
- It's very simple, mom.
- Y va pas recommencer avec son anglais, dit Mario.
- Les filles et moi, dans ma tente; les trois autres, dans celle des Villeneuve, coupa le chef, d'un ton qui ne laissait pas beaucoup de place à la discussion.
- J'm'en douta, soupira Joe. Me v'la pogné avec l'parfum pis les «gougounnes» en phentex.
- Y a-t-il d'autres possibilités, interrogea madame Poulin fixant Joe dans les yeux.
- Oui, madame. Moé, j'couche à la belle étoile dans mon sac à poux.
- T'as pas peur que les vidanges te ramassent?, demanda Mario.
- Et que t'es plate, dit Annie qui regarda Joe, l'imaginant dehors, dans le sac de couchage qu'elle avait vu dans sa chambre.
- Tu ramasseras rien icitte mon Ti-Cote, se mit à rire Joe, présentant son air habituel de l'après-midi.

La camionnette reprit la route. Prochain arrêt: le Domaine du Rêve à environ 50 kilomètres du parc national. Il était neuf heures trente alors que le soleil sembla prendre le contrôle du ciel. Les derniers nuages, lentement, disparurent.

Joe eut le temps de fumer deux cigarettes qu'Annie savourait sans pouvoir y toucher. Combien de fois souhaita-t-elle avoir la permission de ses parents l'autorisant à fumer, mais chaque fois, ce fut un mur de refus qu'elle rencontra. « Une fille de 14 ans ne fume pas. »; « C'est pas joli à voir, une fille qui fume. » Une foule d'autres raisons s'ajoutèrent mais aucune ne l'empêcha, en cachette, de s'adonner à cette habitude qui devint presque compulsive.

Afin d'oublier l'odeur et surtout le goût de la cigarette qui la tenaillait, la rendant impatiente, Annie plaça son baladeur sur ses oreilles pour se replonger, les yeux fermés, dans «La Légende de Jimmy». Seuls les mouvements de Joe à côté d'elle la ramenèrent à la réalité.

Rock s'était endormi, malgré le fait qu'il ait toujours eu de la difficulté à le faire en voiture, sans à cause du fait qu'il soit somnanbule. Mais là, la tête appuyée contre la vitre, il dormait profondément. Ses traits devinrent calmes et détendus; le repos semblait total.

Rien ne semblait pouvoir arrêter Bob et Mario de discuter. Le chef revenait aux plans alors que Mario tentait de lui parler de sa collection de vieil argent. Il dit qu'il aurait aimé recevoir le journal des collectionneurs avant de partir; que durant l'été il projetait se rendre à Québec afin de participer à une rencontre internationale au cours de laquelle on pourra y voir des collections de toutes sortes de choses.
- Sais-tu c'est quoi la collection la plus bizarre qui sera présentée au colloque? demanda Mario.
- Not, répondit Bob, s'imprégnant de la carte topographique du parc national.
- Une collection de boîtes en styromousse des différents fast-food...
- Pas sérieux?
- Je suis toujours sérieux, moi.

Caro, assise près de sa mère, ne lui avait pas adressé la parole sauf des réponses ordinaires aux questions habituelles. Pour elle, cette semaine de vacances lui permettrait de faire le point sur ce qu'elle vit. Lorsque sa mère la regardait, elle ne pouvait s'empêcher de la trouver de plus en plus énigmatique.

- Robert, as-tu l'adresse précise du terrain de camping? demanda madame Poulin.
- C'est à la jonction des routes 113 et 312, huit kilomètres au nord sur une route secondaire, répondit automatiquement Bob.



Chapitre 20

Le Domaine du Rêve leur apparut, il devait être environ 10 heures 30. Joe se cacha la tête dans le creux de ses bras, ne croyant tout simplement pas à ce qu'il avait devant les yeux: une superbe porte d'arche sculptée sur laquelle s'offrrait à la vue de tous les passants, le nom du camping en belles lettres gothiques. Rock se réveilla, s'étira et dit en baîllant:
- Ça y est, on est arrivé?
- Beau dodo, mon tout p'tit? lui demanda Joe alors que la camionnette franchissait l'entrée, se dirigeant vers une cabane en bois rond sur laquelle un écriteau indiquait qu'il s'agissait de la «réception».

Tout le groupe se précipita à l'extérieur, respirant le soleil. Ici, on aurait cru qu'il n'avait pas plu depuis un mois. La chaleur matinale semblait garder endormi tout le camping.

- Quelle superbe place, Robert, lança madame Poulin ravie de constater de ses propres yeux que les jeunes avaient déniché un endroit fort respectable. Il faudrait trouver le responsable.

Au même moment, un monsieur chauve sortit de la cabane et se dirigea vers le groupe d'arrivants.
- Bonjour madame et bienvenue au Domaine du Rêve, le camping le mieux tenu des Laurentides.

Joe le toisa et eut beaucoup de peine à se retenir de rire jusqu'aux larmes. Annie dit qu'elle allait aux toilettes.

- Je vous amène six jeunes dont mon fils Robert, un peu le grand manitou du groupe, mes deux filles... l'autre est partie aux toilettes... et leurs trois amis. Ils ont décidé de venir s'amuser chez vous durant cette semaine.
- S'ils sont calmes et tranquilles, c'est le meilleur endroit dans la région, déclama le propriétaire, monsieur Gagnon. Ici, le plus important c'est le calme et la tranquillité. Vous savez, madame, notre camping a une excellente réputation. Nous recevons des familles qui nous reviennent depuis dix ans. À chaque année, elles retrouvent toujours cette ambiance reposante, cette atmosphère de franche camaraderie, les grands symboles du camping le mieux tenu des Laurentides, le Domaine du Rêve.

Joe laissa le groupe n'en pouvant plus d'entendre monsieur Gagnon répéter sans cesse les mêmes affaires devant une madame Poulin complètement séduite et surtout, empressée de recommander au propriétaire de garder un oeil sur ses jeunes.

En quelques minutes, les Six apprirent qu'ils seraient installés sur deux terrains à l'extrémité ouest du camping; cela leur coûtera 5$ par jour/par tête, le tout devant être réglé dès maintenant. De plus, une fois installés, ils devront l'aviser afin qu'il vienne leur expliquer en long et en large les règles en vigueur au Domaine du Rêve.

La camionnette se dirigea aisément vers les emplacements et, en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, le stock était sorti de la remorque. Encore une fois, madame Poulin trouva que pour une semaine, il y en avait beaucoup. Bob la rassura pendant que Mario, demeuré avec monsieur Gagnon, réglait les coûts pour la semaine; les autres avaient déjà entrepris de monter les tentes, l'abri dans lequel la nourriture et le poêle allaient être installés.

- Est-ce que tu restes à dîner avec nous, maman? demanda Caro qui lui dit qu'ils allaient manger des hot dogs.
- Non merci, je vais retourner surtout que je dois m'arrêter à Montréal rencontrer un client. Puis-je te parler une minute, Caro? dit-elle, se dirigeant vers la camionette, à quelques mètres des tentes qui lentement prenaient formes.

Bob, parfois maladroit pour certaines tâches, était un expert dans l'art de monter et solidifier une tente. Avec l'aide de Rock, il en fit surgir deux d'entre les arbres, une sur chaque terrain. L'abri entre les deux. Le soleil plombait maintenant sur chacune d'elles, s'étant frayer un chemin entre les grandes épinettes et les pins touffus. L'endroit, il faut en convenir, était magnifique: beaucoup d'arbres, rien à voir avec le parc de Rodon Pond, un emplacement bien aménagé, un espace pour le feu de camp. On croirait que les arbres avaient parfaitement poussé au bon endroit, avec juste ce qu'il faut de branches pour tamiser le soleil et protéger de la pluie.

- Caro, je t'avoue que je n'aime pas tellement ce grand garçon qui se tient toujours auprès d'Annie, dit madame Poulin qui sentait le besoin d'être sécurisée.
- Tu parles de Joe?
- Je ne sais pas pourquoi, mais il ne m'inspire pas confiance.
- Tu n'as pas de crainte à avoir, maman, Joe est dans la gang depuis le début et jamais il n'a fait de choses niaiseuses.
- Peux-tu avoir un oeil sur ta soeur qui est toujours collée sur lui? Il me semble que je serais plus à l'aise si tu me promettais de bien t'en occuper.
- Aucun problème, Bob...
- Robert, ma chérie, Robert.
- ... et moi, on s'en occupe, termina Caro.
- Merci, ma grande. Bonne semaine et surtout repose-toi, dit madame Poulin tout en l'embrassant.

Elles revinrent et constatèrent combien l'endroit était joli. Le soleil entre les arbres faisaient comme de la fumée et les tentes, bien plantées, en ligne droite l'une par rapport à l'autre. Madame Poulin s'approcha de Bob et d'Annie qui arrivait à peine, les serra dans ses bras puis monta dans la camionnette. Elle démarra. Une légère trace de poussière la fit perdre de vue alors qu'elle se dirigeait vers la sortie du terrain de camping.

Les Six se regardèrent et, comme poussée par l'urgence, Annie s'alluma une cigarette après en avoir mis une sur les lèvres de Joe. Ils étaient maintenant arrivés au point de départ de leur projet. Il faisait beau, l'endroit sentait bon l'épinette, le pin et les restes de feux de camp de la veille donnait sur un terrain de camping qui encore se reposait, où tout était au ralenti, ne bougeait, comme englué dans un étrange silence.

- Comme camping chromé, c'en é tout un, dit Joe qui demanda au chef quand ils partaient pour le parc national.

Bob allait répondre mais l'arrivée de monsieur Gagnon, assis sur son quatre-roues, le stoppa. Le propriétaire descendit et dans son air, on voyait qu'il avait besoin de mieux connaître le nouveau groupe. Bob s'avança vers lui et, d'un seul trait, sec comme une lame, scanda:
- Nous n'avons pas l'intention de rester longtemps ici. Nous devons monter vers le parc national pour un camp sauvage. Nous nous sommes arrêtés à votre camping seulement pour faire plaisir à ma mère. Si elle avait su que nous partirions en excursion sauvage, elle n'aurait pas apprécié du tout. Ce que nous vous demandons, c'est de pouvoir vous laisser du matériel inutile et nous recevoir mardi prochain, à notre retour. Nous souhaitons que vous ne disiez pas à ma mère ce que nous avons fait cette semaine mais plutôt que nous sommes très gentils, que vous n'avez rien à nous reprocher.
- T'es un petit rapide, mon gars.
- Notre projet est clair. Nous ne voulons pas de problèmes techniques qui pourraient nous embarasser. Peut-on compter sur vous, monsieur Gagnon?

Le propriétaire du camping se grattait le chauve de la tête pendant que Bob ne le quittait pas des yeux.
- Quand partez-vous? demanda-t-il.
- Nous voulons être dans le parc national demain pour revenir mardi prochain. Ma mère revient nous chercher mercredi, à 10 heures.
- Pourquoi ne restez-vous pas pour la fête de Noël en été qui commence ce soir par une superbe parade de nuit?

Bob sentait qu'il venait de se faire un allié de monsieur Gagnon. L'idée de passer au moins une journée (et une nuit) au Domaine du Rêve, lui parut intéressante surtout que cela leur donnerait des sujets de conversations au retour.
- Merci, monsieur Gagnon, nous allons en jaser. De toute façon, nous nous reverrons avant de partir.

Le propiétaire, accoudé à son quatre-roues, ne quittait pas Joe du regard. Celui-ci lui envoya son plus beau sourire. Un sourire chromé.
- Vous savez, les jeunes, il y a des règlements dans le campiong et le plus important, c'est pas de drogue.

Entendant cela, Joe prit un air offensé:
- Nous, d'la droille, vous n'y pensez pas.

Ça se sentait que monsieur Gagnon préférait discuter avec Bob et que l'allure de Joe le préoccupait.
- Pas de party après dix heures; pas de couteaux ni d'armes blanches; pas de boisson pour ceux en bas de 18 ans; le feu de camp doit être éteint à minuit et après ça, on n'entend plus rien dans la place.
- Aucun problème, monsieur Gagnon, rassura Bob remarquant à quel point Joe était la cible des paroles du propriétaire. N'est-ce pas, Joe?
- De toute façon, moé j'bois que d'la bière d'épinette frette pis j'fume des cigarettes offertes par ta soeurette, dit Joe avec son air de chien battu.

Annie se mit à rire. Caro lui pinça le bras. Il fallait éviter que Bob se retrouva dans de mauvais draps avec le monsieur chauve qui entendit son nom hurlé dans le haut-parleur dont le son couvrait toute l'étendue du terrain.

- À quelle heure qu'à commence vot'fête d'Halloween? demanda Joe le plus sérieusement du monde.
- Pas d'Halloween, Noël en été, mon jeune, dit monsieur Gagnon tout en se dirigeant vers son quatre-roues au moment où pour une deuxième fois on entendit son nom projeté un peu partout par un haut-parleur d'une formidable puissance:
- Monsieur Gagnon, monsieur Gagnon, demandé à l'office. Monsieur Gagnon.

Rock avait sursauté, ne s'attendant pas à un autre appel et se boucha les oreilles. Le bruit du moteur s'emmêla à la fumée qu'il laissa derrière lui de même qu'à la poussière soulevée par monsieur Gagnon quittant les terrains de nos Six prochains aventuriers.


Chapitre 21


Le Domaine du Rêve était organisé comme s'il s'agissait d'un quartier urbain. Les emplacements, tous de la même superficie, étaient disposés de chaque côté de rues aux noms aussi originaux que: rue Gagnon, rue du Domaine, rue du Rêve... imaginez les autres! Les activités qu'on y proposait tenaient de l'inimaginable de sorte que les membres n'avaient qu'à se laisser aller, suivre ce qui était annoncé et tout allait bien! Et pour ne pas «mélanger» les campeurs, à tous les ans, c'était le même programme, aux mêmes dates. Personne n'est «mêlé» au Domaine du Rêve et c'est ce que les gens recherchent.

Les douches et les toilettes: super propres. Besoin d'un peu de bois pour le feu de camp: un endroit était prévu pour remédier à ce problème surtout qu'il était inerdit de couper des arbres, même pas une branche. On veut jouer au baseball, au volley-ball, au hockey-balle: on s'inscrivait et le tour est joué. On pouvait même s'adonner aux quilles car une allée extérieure avait été prévue.

Vendredi soir: deux discothèques; une pour les jeunes (genre Badaboum) et une autre pour les plus âgés (genre country). Samedi soir: messe en plein air. Dimanche soir: grande soirée du bingo. Tous les autres soirs, une activité spéciale était prévue à l'horaire.

Une garderie permettait aux parents de pouvoir, quand ils le voulaient, s'offrir une soirée tranquille ou même une journée à l'extrérieur du terrain. La sécurité prévoyait que seulement ceux inscrits sur un emplacement du terrain pouvaient passer la porte d'arche.

Bob fit la recommandation au groupe de rester au Domaine du Rêve jusqu'au lendemain. Il avait l'intuition que monsieur Gagnon ne leur ferait pas de trouble si, de leur côté, ils étaient corrects avec lui et participaient à cette activité de Noël à laquelle le propriétaire tenait et semblait si fier.

Pendant que les Six mangeaient leurs hot dogs tout en envisageant l'après-midi, le haut-parleur accroché tout près d'une de leurs tentes annonça à tue-tête que la parade de la fête de Noël en été aurait lieu cette nuit, qu'elle ferait le tour du terrain donnant ainsi le coup d'envoi à la vingtième saison estivale du Domaine du Rêve.

Vers quinze heures, on entendit une autre fois le haut-parleur:
- Monsieur Robert Poulin, monsieur Robert Poulin, demandé à l'office. Monsieur Robert Poulin.

Bob s'y rendit en courant. Monsieur Gagnon l'invita à entrer dans son bureau où une gigantesque tête d'orignal empaillé ornait le mur principal.
- Ta mère est partie avec la carte de visite du camping et m'a demandé de faire attention à vous autres. Elle ne semble pas tellement apprécier le plus grand gars de votre groupe. Moi non plus, d'ailleurs.

Monsieur Gagnon avait la mauvaise habitude de se ronger les ongles tout en regardant la personne à qui il s'adressait. Comme il faisait très chaud, un ventilateur lui séchait le front qui, dans son cas, allait des yeux jusqu'à l'arrière du cou.

- Monsieur Gagnon, comme je connais ma mère, elle devrait soit téléphoner cette semaine ou bien donner votre numéro à madame Béliveau, la mère d'un du groupe, une personne fort inquiète pour son fils. Je sais que lui direz que nous sommes partis en excursion et que tout va bien. Pour ce qui est de Joe, vous n'avez pas de crainte à avoir. Il est avec nous, donc il se conduira comme nous.

Bob constatait, une autre fois, l'effet que Joe avait sur les adultes. Il leur faisait peur. Sans doute les adultes ont dans leur tête une image de ce que devrait être un adolescent et que tous ceux qui n'y ressemblent pas deviennent suspects. Pourtant, Bob lui-même n'avait pas toujours eu confiance en Joe, mais il s'était rapidement rendu compte qu'en le prenant comme il est, tout allait. Pas grand monde ne savait qui il était... lui aussi, peut-être!

- Pas mal pour un jeune de ton âge, mon Robert, dit monsieur Gagnon qui venait de s'arracher un gros morceau d'ongle lui faisant saigner le doigt.
- Depuis que j'en ai l'âge, je suis scout.
- Très bon mouvement, mon jeune. Tu sais, il y a beaucoup de camps scouts qui se tiennent dans la région. Mais dans mon camping, ce n'est pas possible. Nous, comme tu peux le constater, c'est surtout familial.
- C'est pour cela que vous voulons nous enfoncer dans le parc national. Les cartes que j'ai étudiées me montrent qu'il y a de nombreux lacs et des endroits intéressants.

Bob aimait discuter de choses qu'il connaissait bien et avait le don d'épater les gens par ses informations extrêmement précises.
- Il faudra quand même avertir les garde-forestiers. Je me rappelle, il y a cinq ans, un groupe de jeunes Américains s'est perdu et il a fallu plus d'une semaine avant qu'on s'en rende compte.
- Nous y verrons.

Monsieur Gagnon venait de s'assurer qu'il pouvait faire confiance à Bob. Ça se voyait.

Bob reprit, lentement, la rue le ramenant vers la gang.

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