La nouvelle routine du matin pour l’élève de maternelle devant être prêt à l’arrivée du bus puisqu’on avait été extrêmement clair : « Tu es en retard d’une petite minute et je ne t’attendrai pas, surtout qu’il me faut faire un grand détour pour te ramasser. Compris ? » Benjamin l’a assimilé aussi facilement que rapidement. Jésabelle avait insisté sur le fait que ses livres de poésie ne l’accompagneraient pas à l’école du village puisque Daniel l’avait avisée qu’on ne tolérerait pas qu’un enfant de cinq ans puisse, sans avoir fréquenté les classes, lire et commencer à écrire. Il se rappelait les années passées à l’école Saints-Innocents alors dirigée par mademoiselle Saint-Gelais, nouvellement attitrée au poste de directrice en raison de l’horrible accident de la route dont elle avait été victime lors des dernières vacances estivales, la rendant inapte à enseigner, l’obligeant à circuler en fauteuil roulant. La jeune fille au caractère fort agréable ayant survécu à la collision frontale provoquée par un camion chargé de bois d’oeuvre, vit sa personnalité radicalement modifiée. Devenue plus dure, voire impitoyable, un peu comme si elle devait prendre une revanche sur le destin lui ayant ravi sa jeunesse et sa beauté. Dès sa nomination elle instaura un régime que l’on qualifierait aujourd’hui de terreur. Il était primordial que toutes les règles du nouveau code de vie qu’elle instaura sans avoir consulté personne soient suivies à la lettre, exigeant des institutrices que chaque manquement aux règles par un enfant coupable - c’est ainsi qu’elle l’identifiait - soit immédiatement dirigé vers son bureau dont elle avait changé le lieu pour qu’elle puisse tout surveiller sans se déplacer. Après avoir condamné la sortie arrière de l’école qui s’étend sur un seul étage, et cela malgré l’opposition du président de la commission scolaire de l’époque prétextant des raisons de sécurité, elle conserva son mirador au même endroit et fit déplacer le bureau de la secrétaire dans l’espace devenu disponible par cette fermeture.
Benjamin trouva difficile de passer de la nuit au jour, de ne plus pouvoir s’adresser à la lune, sa «perle fabuleuse», mais avec le support de sa mère, il s’adaptait maintenant mieux au nouveau rythme de vie que son statut d’écolier lui collait à la peau. Son père a déjà quitté la maison lorsqu’il prend son petit déjeuner, sa mère à ses côtés, Walden à ses pieds, puis file dans sa chambre jusqu’au moment où Jésabelle lui indique qu’il doit rejoindre l'abri construit par Daniel tout près de la route non asphaltée pour le protéger de la pluie et des affres de l’hiver alors qu’il attend l’arrivée du bus. Un jour, deux semaines après le début de l’école, il proposa à sa mère une modification à sa routine : «Je me lève plus tôt, je déjeune, je me prépare puis je sors attendre le bus dans l’abri avec un livre. Quand je serai parti, tu viendras le ramasser. D’accord ?» C’est le sourire aux lèvres et lui bouleversant les cheveux qu’il tenait à garder plutôt longs, que Jésabelle accepta : marché conclu.
Le temps dans l’esprit de Benjamin a pris une forme complètement différente depuis le 29 août dernier : plus séquentiel, mieux chronométré. Rarement avant cette date, il n’interrogeait sa mère sur le temps qui passe, l’ayant clivé en nuit et jour ; de «je ne sais pas lire» à «je sais lire sans tout comprendre» ; puis maintenant entre un abri protecteur, un bus le menant d’abord chez son amie ojie-crie puis à l’école ; les heures passées en compagnie de mademoiselle Abigaelle ainsi que d’autres enfants à qui, pour le moment du moins, il ne pouvait leur étiqueter le nom «d'amis» seulement un prénom lu sur le carton de couleur affichant la belle calligraphie de son éducatrice et qu’une corde rêche retenait à leur cou ; les allées/retours du local de classe à la cour de récréation qu’il retrouvait une fois en avant-midi, sur l’heure du dîner et en après-midi ; finalement le chemin inverse dans ce bus, toujours le même, que conduisait un chauffeur irascible ne cessant de fixer le rétroviseur afin d’intervenir désagréablement si Chelle ou lui bougeaient un peu trop ; et enfin, retrouver la maison au bout du rang non asphalté, Walden guettant son arrivée, un dernier salut de la main vers la fille aux longues tresses noires qui paraissait, maintenant, un peu plus inquiète alors qu’elle se retrouvait seule à l’intérieur du transporteur scolaire.
Le rituel achevé, Benjamin regardait à l’intérieur de l’abri vérifiant si le livre de poèmes qu’il avait laissé sur le banc ce matin avait été ramassé par sa mère comme le stipulait la nouvelle entente. Un sourire affiché au visage il gambadait vers la maison, Walden ne le laissant pas d’une semelle, heureux du retour de celui dont il arrivait difficilement à s’expliquer la longue absence. On ne saisit pas tout à fait la notion de temps chez l’espèce canine, mais elle est présente se manifestant de façon évidente lorsque l’odeur d’une connaissance disparue depuis quelques heures, quelques jours et certains avancent quelques années, lui revient et raccroche le passé au présent.
Jésabelle prépare tous les jours de classe, au retour de son fiston, un chocolat chaud, pour elle une tisane. Ils s’installent à l’extérieur lorsque la température le permet, plus souvent qu’autrement sous la véranda, laissent au silence le temps de nettoyer l’atmosphère puis enclenchent ce que l’on peut nommer «la jasette officielle».
- Jésa, veux-tu que je te lise le dernier poème de Nelligan, celui de ce matin en attendant le bus ?
- Vas-y, j’adore quand tu me lis les poèmes que tu aimes.
- C’est le premier qu’on trouve en ouvrant le livre, il s’appelle CLAIR DE LUNE INTELLECTUEL.
- Je ne suis pas surprise que tu te sois accroché à un poème s’adressant à la lune.
L’enfant, son recueil bien en main, s’élança:
Les deux respectèrent un moment de silence semblable à celui qui prévaut dans un sanctuaire lorsque rien de bouge, seule la lueur scintillante des lampions autour du mystère des lieux.
- Un mot m’est resté dans la tête ce matin et j’ai demandé à mademoiselle Abigaelle ce qu’il voulait dire.
- Lequel ?
- Prétentaines, je le trouve tellement beau. Elle m’a dit nous allons le chercher ensemble dans le dictionnaire, en plus du sens on pourra peut-être voir une image. Il y avait comme trois définitions et pas d’images. Ce que je retiens c’est notre esprit qui vagabonde.
- Ça va bien avec le poème.
- Mademoiselle Abigaelle m’a demandé où j’avais vu ce mot, quand je lui ai dit qu’il se trouvait dans le poème de Nelligan, elle voulait savoir qui me l’avait lu, j’ai hésité avant de répondre, papa m’a conseillé de ne pas dire que je savais lire, ça pourrait m’amener des problèmes, alors j’ai dit que c’était toi qui me l’avait lu.
- Elle a été surprise, et à cette affirmation un peu comme s’il s’agissait d’une question, Benjamin a répondu que non, elle ne lui était pas apparue surprise, mais que Chelle a laissé tomber un petit son d’étonnement. Dans le bus, j’ai demandé à Chelle si elle avait dit à notre éducatrice que je savais lire, elle m’a répondu non, que c’est un secret entre elle et moi.
Jésabelle profita de cette historiette pour l’interroger sur ses premières semaines en classe maternelle. Avec Benjamin si on n’aborde pas directement une question il se fait évasif, parfois même cadenassé.
- Elle est gentille mademoiselle Abigaelle, surtout elle parle doucement, pas comme la directrice qui, on dirait, semble toujours en colère. Savais-tu que mademoiselle Abigaelle adore la pêche et la chasse ? Elle nous a dit que c’était beaucoup pour cette raison qu’elle est venue dans notre village. Je suis une aventurière, j’adore me retrouver en forêt, pas seulement pour chasser les animaux, non, aussi pour respirer l’air pur, c’est pas comme en ville où c’est plus de la boucane qu’on y renifle. Tu sais… Et le voici parti à décrire ce qu’il observe depuis la rentrée scolaire. Il se rappelait les propos de Daniel sur l’observation : observer avec nos sens, c’est ainsi qu’on pouvait mieux comprendre les gens, sans les juger. Il n’y a que Chelle de fille dans notre groupe et moi, je suis le plus jeune, mais personne ne me traite de «bébé lala». Les autres amis jouent ensemble plus qu’avec nous, Chelle et moi. Mais ça ne nous dérange pas. Les premiers jours il y en avait quelques-uns, pas de nos amis, mais des autres classes, surtout ceux de septième année, les plus vieux qui se croient meilleurs que tout le monde mais qui ont quand même une bonne frousse quand la directrice les appelle à son bureau, qui tiraient les tresses de Chelle, la traitaient de sauvagesse, c’est là que mademoiselle Abigaelle se fâchait, elle est différente quand elle se fâche, on ne la reconnaît plus, mais elle redevient elle quand on est rentré dans notre local.
- Et toi, il y en a qui cherchent à te faire du mal ?
- Toujours les plus vieux. On dirait qu’en devenant plus vieux on devient méchant, je ne sais pas pourquoi… mais j’ai mon truc pour me défendre.
- Ton truc ?
- Je me rappelle ce que papa m’a dit quand il m’a donné le livre avec les portraits des poètes. Il m’a dit, les poètes n’ont pas toujours eu la vie facile. Quelques-uns ont beaucoup souffert parce qu’ils voyaient des choses que les autres ne voient pas, que parfois ils se parlent à eux-mêmes un peu comme s’ils ne se sentaient pas comme les autres ou vivaient dans un autre monde. Je ne comprenais pas avant de commencer l’école et à vivre avec les autres. Alors, quand on m’achale, je rentre en moi-même et je me dis que plus personne n'est autour de moi, c’est comme me faire du silence à moi-même. Il n’y a que Chelle qui comprend ce que je fais quand ça arrive.
-Tu l’aimes beaucoup Chelle?
- Oui. Des fois je lui dis, ça c’est dans le bus, qu’on devrait plus se voir. T’as dit l’autre jour que si on allait tout droit dans notre petite forêt, plus loin que le plus loin que nous avons marché, eh bien on arriverait chez la famille de Chelle. Avant l’hiver, j’aimerais qu’on s’y rendre, toi et moi, qu’on dise à Chelle de faire le chemin à partir de chez ses parents, ainsi on pourrait se rencontrer. C’est papa qui a dit une fois, plus on vieillit plus la distance raccourcit.
La tisane et le chocolat chaud sont froids, maintenant.
Benjamin trouva difficile de passer de la nuit au jour, de ne plus pouvoir s’adresser à la lune, sa «perle fabuleuse», mais avec le support de sa mère, il s’adaptait maintenant mieux au nouveau rythme de vie que son statut d’écolier lui collait à la peau. Son père a déjà quitté la maison lorsqu’il prend son petit déjeuner, sa mère à ses côtés, Walden à ses pieds, puis file dans sa chambre jusqu’au moment où Jésabelle lui indique qu’il doit rejoindre l'abri construit par Daniel tout près de la route non asphaltée pour le protéger de la pluie et des affres de l’hiver alors qu’il attend l’arrivée du bus. Un jour, deux semaines après le début de l’école, il proposa à sa mère une modification à sa routine : «Je me lève plus tôt, je déjeune, je me prépare puis je sors attendre le bus dans l’abri avec un livre. Quand je serai parti, tu viendras le ramasser. D’accord ?» C’est le sourire aux lèvres et lui bouleversant les cheveux qu’il tenait à garder plutôt longs, que Jésabelle accepta : marché conclu.
Le temps dans l’esprit de Benjamin a pris une forme complètement différente depuis le 29 août dernier : plus séquentiel, mieux chronométré. Rarement avant cette date, il n’interrogeait sa mère sur le temps qui passe, l’ayant clivé en nuit et jour ; de «je ne sais pas lire» à «je sais lire sans tout comprendre» ; puis maintenant entre un abri protecteur, un bus le menant d’abord chez son amie ojie-crie puis à l’école ; les heures passées en compagnie de mademoiselle Abigaelle ainsi que d’autres enfants à qui, pour le moment du moins, il ne pouvait leur étiqueter le nom «d'amis» seulement un prénom lu sur le carton de couleur affichant la belle calligraphie de son éducatrice et qu’une corde rêche retenait à leur cou ; les allées/retours du local de classe à la cour de récréation qu’il retrouvait une fois en avant-midi, sur l’heure du dîner et en après-midi ; finalement le chemin inverse dans ce bus, toujours le même, que conduisait un chauffeur irascible ne cessant de fixer le rétroviseur afin d’intervenir désagréablement si Chelle ou lui bougeaient un peu trop ; et enfin, retrouver la maison au bout du rang non asphalté, Walden guettant son arrivée, un dernier salut de la main vers la fille aux longues tresses noires qui paraissait, maintenant, un peu plus inquiète alors qu’elle se retrouvait seule à l’intérieur du transporteur scolaire.
Le rituel achevé, Benjamin regardait à l’intérieur de l’abri vérifiant si le livre de poèmes qu’il avait laissé sur le banc ce matin avait été ramassé par sa mère comme le stipulait la nouvelle entente. Un sourire affiché au visage il gambadait vers la maison, Walden ne le laissant pas d’une semelle, heureux du retour de celui dont il arrivait difficilement à s’expliquer la longue absence. On ne saisit pas tout à fait la notion de temps chez l’espèce canine, mais elle est présente se manifestant de façon évidente lorsque l’odeur d’une connaissance disparue depuis quelques heures, quelques jours et certains avancent quelques années, lui revient et raccroche le passé au présent.
Jésabelle prépare tous les jours de classe, au retour de son fiston, un chocolat chaud, pour elle une tisane. Ils s’installent à l’extérieur lorsque la température le permet, plus souvent qu’autrement sous la véranda, laissent au silence le temps de nettoyer l’atmosphère puis enclenchent ce que l’on peut nommer «la jasette officielle».
- Jésa, veux-tu que je te lise le dernier poème de Nelligan, celui de ce matin en attendant le bus ?
- Vas-y, j’adore quand tu me lis les poèmes que tu aimes.
- C’est le premier qu’on trouve en ouvrant le livre, il s’appelle CLAIR DE LUNE INTELLECTUEL.
- Je ne suis pas surprise que tu te sois accroché à un poème s’adressant à la lune.
L’enfant, son recueil bien en main, s’élança:
Ma pensée est couleur de lumières lointaines,
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.
Elle a l’éclat parfois des subtiles verdeurs
D’un golfe où le soleil abaisses ses antennes.
En un jardin sonore, au soupir des fontaines,
Elle a vécu dans les soirs doux, dans les odeurs ;
Ma pensée est couleur de lumières lointaines,
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.
Elle court à jamais les blanches prétentaines,
Au pays angélique où montent ses ardeurs
Et, loin de la matière et des brutes laideurs,
Elle rêve l’essor aux célestes Athènes.
Ma pensée est couleur de lunes d’or lointaines.
- Un mot m’est resté dans la tête ce matin et j’ai demandé à mademoiselle Abigaelle ce qu’il voulait dire.
- Lequel ?
- Prétentaines, je le trouve tellement beau. Elle m’a dit nous allons le chercher ensemble dans le dictionnaire, en plus du sens on pourra peut-être voir une image. Il y avait comme trois définitions et pas d’images. Ce que je retiens c’est notre esprit qui vagabonde.
- Ça va bien avec le poème.
- Mademoiselle Abigaelle m’a demandé où j’avais vu ce mot, quand je lui ai dit qu’il se trouvait dans le poème de Nelligan, elle voulait savoir qui me l’avait lu, j’ai hésité avant de répondre, papa m’a conseillé de ne pas dire que je savais lire, ça pourrait m’amener des problèmes, alors j’ai dit que c’était toi qui me l’avait lu.
- Elle a été surprise, et à cette affirmation un peu comme s’il s’agissait d’une question, Benjamin a répondu que non, elle ne lui était pas apparue surprise, mais que Chelle a laissé tomber un petit son d’étonnement. Dans le bus, j’ai demandé à Chelle si elle avait dit à notre éducatrice que je savais lire, elle m’a répondu non, que c’est un secret entre elle et moi.
Jésabelle profita de cette historiette pour l’interroger sur ses premières semaines en classe maternelle. Avec Benjamin si on n’aborde pas directement une question il se fait évasif, parfois même cadenassé.
- Elle est gentille mademoiselle Abigaelle, surtout elle parle doucement, pas comme la directrice qui, on dirait, semble toujours en colère. Savais-tu que mademoiselle Abigaelle adore la pêche et la chasse ? Elle nous a dit que c’était beaucoup pour cette raison qu’elle est venue dans notre village. Je suis une aventurière, j’adore me retrouver en forêt, pas seulement pour chasser les animaux, non, aussi pour respirer l’air pur, c’est pas comme en ville où c’est plus de la boucane qu’on y renifle. Tu sais… Et le voici parti à décrire ce qu’il observe depuis la rentrée scolaire. Il se rappelait les propos de Daniel sur l’observation : observer avec nos sens, c’est ainsi qu’on pouvait mieux comprendre les gens, sans les juger. Il n’y a que Chelle de fille dans notre groupe et moi, je suis le plus jeune, mais personne ne me traite de «bébé lala». Les autres amis jouent ensemble plus qu’avec nous, Chelle et moi. Mais ça ne nous dérange pas. Les premiers jours il y en avait quelques-uns, pas de nos amis, mais des autres classes, surtout ceux de septième année, les plus vieux qui se croient meilleurs que tout le monde mais qui ont quand même une bonne frousse quand la directrice les appelle à son bureau, qui tiraient les tresses de Chelle, la traitaient de sauvagesse, c’est là que mademoiselle Abigaelle se fâchait, elle est différente quand elle se fâche, on ne la reconnaît plus, mais elle redevient elle quand on est rentré dans notre local.
- Et toi, il y en a qui cherchent à te faire du mal ?
- Toujours les plus vieux. On dirait qu’en devenant plus vieux on devient méchant, je ne sais pas pourquoi… mais j’ai mon truc pour me défendre.
- Ton truc ?
- Je me rappelle ce que papa m’a dit quand il m’a donné le livre avec les portraits des poètes. Il m’a dit, les poètes n’ont pas toujours eu la vie facile. Quelques-uns ont beaucoup souffert parce qu’ils voyaient des choses que les autres ne voient pas, que parfois ils se parlent à eux-mêmes un peu comme s’ils ne se sentaient pas comme les autres ou vivaient dans un autre monde. Je ne comprenais pas avant de commencer l’école et à vivre avec les autres. Alors, quand on m’achale, je rentre en moi-même et je me dis que plus personne n'est autour de moi, c’est comme me faire du silence à moi-même. Il n’y a que Chelle qui comprend ce que je fais quand ça arrive.
-Tu l’aimes beaucoup Chelle?
- Oui. Des fois je lui dis, ça c’est dans le bus, qu’on devrait plus se voir. T’as dit l’autre jour que si on allait tout droit dans notre petite forêt, plus loin que le plus loin que nous avons marché, eh bien on arriverait chez la famille de Chelle. Avant l’hiver, j’aimerais qu’on s’y rendre, toi et moi, qu’on dise à Chelle de faire le chemin à partir de chez ses parents, ainsi on pourrait se rencontrer. C’est papa qui a dit une fois, plus on vieillit plus la distance raccourcit.
La tisane et le chocolat chaud sont froids, maintenant.
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