vendredi 28 juin 2024

Un peu de politique à saveur bratacienne... (Billet 5)

                 

Un peu de politique à saveur batracienne…

 

Ô CANADA !
                                Cette terre de nos aïeux…

    L’hymne national Ô Canada a été proclamé le 1er juillet 1980, soit exactement un siècle après avoir été chanté pour la première fois, en 1880. Musique de Calixa Lavallée et paroles de Adolphe-Basile Routier pour la version française, c’est Robert Stanley Weir, en 1908, qui est l’auteur de la version anglaise.
 
    Il en arrache notre grand pays non seulement au point de vue politique, mais aussi par son manque âme. Qu’est-ce qui émeut un habitant de la Colombie-Britannique regardant le Pacifique en même temps qu’un terre-neuvien face à l'Atlantique ? Nous pourrions faire le même exercice, poser la même question aux habitants des Plaines ou du Centre du pays, ainsi qu’à ceux des Territoires. Ce pays n’en est pas un, plutôt un agrégat de territoires définis par des frontières intérieures. Bizarre! Existe-t-il quelque part sur terre des frontières intérieures dans un même pays - excluons les USA - frontières qui le délimitent ?
 
    Nous sommes une fédération qu’on aime appeler Confédération. Elle date de 1867 cette vieille dame et fait l’objet de bien des tergiversations. Soulignons qu’au Québec, le mouvement indépendantiste rallie un certain pourcentage de sa population et que deux partis politiques (PQ et QS) promeuvent l’idée d’une souveraineté plus ou moins totale. Il en serait de même en Alberta - la capitale du pétrole au Canada - rechignant sur toute une série d'interventions fédérales dans des domaines de juridiction provinciale.
 
    Un pays sans âme qui s’étend entre deux océans, dans lequel six (6) fuseaux horaires traversent près de 10 millions de kilomètres carrés. Comment espérer que monsieur Manitoba se sente voisin de madame Nouvelle-Écosse ? Physiquement impossible, voire utopique.
 
    Un pays sans âme qui s’exprime en deux langues qu’une loi déclare officielles… et valorisant le multiculturalisme.*
 
    Un pays sans âme dont le gouvernement minoritaire actuel dirigé par un vieux parti, le PLC (Parti Libéral du Canada) appuyé par le NPD (Nouveau Parti Démocratique) a dû géré la pandémie liée à la Covid 19 et semble se diriger tête baissée vers une défaite d’ici 2025 alors que l’élection d’un député du PCC (Parti Conservateur du Canada) dans un château-fort libéral de la grande ville de Toronto semble en être le présage.
 
    Aucune autre province, état ou territoire à part le Québec n’a au Parlement d’Ottawa des représentants d’un parti politique résolument destiné représenter ses intérêts. Le Bloc québécois a été spécifiquement créé afin de défendre l’idée de la souveraineté voire l’indépendance de ce qu’il considère être la patrie des canadiens-français, certains allant même jusqu’à prétendre que le Québec serait la patrie des francophones d’Amérique du Nord. Voici certainement un autre exemple de la complexité géographique, politique et principalement culturelle de ce grand pays sans âme.
 
    Alors qu’au Québec on semble de plus en plus se débarrasser de la «ceinture fléchée» qui caractérisait les habitants de sa population, dans les plaines canadiennes, on porte toujours le chapeau de cowboy. De plus en plus le Québec déambule sans difficulté dans le XXIème siècle avec, bien ancrée, l’idée que le progrès qui s’installe partout dans le  monde mérite qu’on s’y adapte sans gêne et sans embarras, les idées conservatrices collées aux traditions inextirpables de nos amis anglophones à la grandeur de ce pays sans âme résistent à la modernité. Évidemment cette assertion je ne l’attribue pas à tous, mais lorsqu’on voit la montée du chef du PCC, monsieur Pierre Poilièvre, le fait qu’il pourrait, ralliant le Canada anglais, devenir le prochain Premier ministre de ce pays sans âme (au Québec son message ne s’imprime pas dans la tête des gens, même s’il hurle à tout vent que ce n’est que le «gros bon sens») m’apparaît comme une évidente illustration que la nation québécoise forme une société distincte.
 
    Je ne résumerai pas les idées de fond de chacun des partis politiques en présence, ça se fera lorsque les élections générales seront déclenchées, mais il m’apparaît assez simple de catégoriser ainsi les forces actuelles : à gauche, le NPD, avec une tendance à bifurquer vers le centre; à gauche également, le Parti Vert, mais sa pensée politique repose principalement sur l’environnement de sorte qu’il est difficile de le situer sur d’autres aspects; à droite, le PCC de monsieur Poilièvre que certains analystes classent carrément à l’extrême-droite; au centre, avec une très légère tendance à gauche, le PLC au pouvoir depuis octobre 2015 et qui risque, du moins selon les sondages actuels, de se retrouver bientôt dans l’opposition; reste le BLOC QUÉBÉCOIS qui ne présente des candidats qu’au Québec, pourrait aussi valser au centre-gauche.
 
    Ce grand pays sans âme se veut, du moins il le proclame, un acteur primordial sur la scène internationale pour la lutte contre les changements climatiques, alors qu’il continue de financer les entreprises pétrolières canadiennes… mais il s’enorgueillit de vouloir abolir l’utilisation des pailles en plastique…
 
    Son rôle en géopolitique mondiale est carrément aligné sur celui des USA et ne manifeste que fort peu d’originalité malgré une ministre très dévouée. Que ce soit en Ukraine ou dans la bande de Gaza, ce gouvernement n’est pas super actif pour que la paix supplante la guerre. Il ne faut pas négliger le fait que la guerre… c’est plutôt payant.

    Le Canada, pays indépendant, est membre du Commonwealth tout en continuant de s’incliner majestueusement devant le monarque britannique et nommer «chef d’État» sa représentante officielle, la Gouverneure générale ainsi que ses lieutenants dans chacune des provinces.
 
    Je ne sais pas si dans les autres provinces canadiennes leurs habitants s’affichent comme «canadiens» ou, tout comme au Québec, selon leur lieu de résidence. Chose certaine être Québécois est devenu le terme identifiant la spécificité de ses habitants.
 
    L’été n’est jamais prodigue en matière politique. Peu de choses se bougent une fois le Parlement fédéral devenu un lieu touristique et que la majorité de nos politiciens parcourent leur comté afin de rappeler aux électeurs qu’ils sont toujours vivants. Toutefois, en sourdine, quelques projets de lois finalement adoptés par nos législateurs deviennent des réalités sans trop que nous le sachions, pourtant «personne n’est au-dessus des lois» et « nul n’est censé ignorer la loi»…
 
    J’achève ce billet en vous invitant, si le coeur vous en dit, à relire le texte de notre hymne national - en français - et le comparer aux «lyrics» anglais… des minutes de plaisir!

 
* « La politique du multiculturalisme au Canada est adoptée en 1971 par le gouvernement libéral de Pierre Elliot Trudeau - père de l’actuel Premier ministre canadien -. Conséquence inattendue de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (1963-1969), le multiculturalisme est une politique visant à gérer le nationalisme francophone, surtout au Québec, ainsi que la diversité culturelle de plus en plus grande au pays. Le Canada est le premier pays au monde à adopter une politique sur le multiculturalisme. En 2021, la politique fédérale de multiculturalisme a célébré ses 50 ans.»



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