mardi 6 février 2024

Un être dépressif... TIRÉ À PART # 2

 


TIRÉ À PART... # 2

DÉPRESSION

Les sens d’un être dépressif n’ont plus de sens,
devenus une boussole qui a perdu le nord ...



Un être dépressif marche seul dans la nuit sur une route sans balises...
sans torche électrique, sans boussole...
il ne mesure ni la route franchie, ni celle devant lui...
 
Dans la tête d’un être dépressif, rivés au centre de son cerveau étourdi,
des images kaléidoscopiques,
des simulacres fantomatiques,
des rêves chimériques,
des cauchemars enveloppés dans des épaisseurs de tonnerre...
 
Et, omniprésentes, une idée de revolver,
l’obsession d’une chute provoquée, fatale,
une corde enroulée au bord de la fenêtre...
omniprésent cet amorphe étouffement des pilules...
 
La lourdeur du corps d’un être dépressif lui pèse telle l’enclume qu’il transporte sans jamais la poser...
 
La sécheresse du cœur d’un être dépressif, qu’un soleil noir crève de ses éclats ininterrompus, n’implore pas la pluie...
 
On s’attarde sur le terrain glissant d’un être dépressif , il s’enlise davantage...
 
Les oreilles d’un être dépressif entendent ce qu’aucune autre personne n’entend ; des bruits, leurs interminables échos, du vacarme ahurissant, 
du tapage tumultueux...
 
Les yeux ne perçoivent que du noir-et-blanc dans les couleurs...
 
La voix rocailleuse d’un être dépressif se fossilise graduellement, lentement se perd entre les mots décousus, devenus des sons disloqués qui n’ont aucun sens pour celui, pour celle qui l’écoutent... 
 
Une main tendue devient épée, harpon, grappin qu’un être dépressif  redoute...
 
Les phrases positives, élégamment prononcées, pour un être dépressif ne sont que de superficiels babillages, de futiles jacasseries...
 
Il en est de même des conseils qui, pour un être dépressif, se logent dans la catégorie des inutilités...
 
Les jugements sur l’attitude d’un être dépressif, ne sont autre chose que le signe de l’incompréhension de ce qui est incompréhensible...

 
Et si...
maintenant, avant, plus tard...
je ne vois plus les sons
n’entendais plus les couleurs
ne toucherai pas les odeurs
ne goutte pas le soleil
ne sentais plus l’obscurité
Suis-je ? 
Étais-je ? 
Serai-je ?  

Un être dépressif...  

 


 

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