vendredi 26 février 2016

QUATRE (4) CENT-SOIXANTE-DIX-NEUF (79)



           Ce que l'on croit capable de guérir tous les maux physiques ou moraux, de répondre à tous les besoins, de résoudre quasi miraculeusement tous les problèmes. 

C'est voilà la définition de ''panacée''. 

Au Vietnam, beaucoup chez les jeunes qui envisagent autre chose qu'un boulot de service, la panacée... c'est la connaissance de la langue anglaise.

Il n'est pas rare que les étrangers s'arrêtant quelques minutes pour reprendre leur souffle, principalement dans les parcs, se verront accoster par un groupe d'étudiants, d'étudiantes, désireux de parfaire leurs habiletés en anglais.

Ceux et celles qui auront choisi - et ils sont légion- de placer l'anglais à leur cursus scolaire affichent beaucoup de sérieux, certains diront qu'ils mettent tous leurs oeufs dans le même panier. C'est la grande priorité, tellement que la formation en d'autres spécialités risque d'en souffrir.

Le lietmotiv: anglais, anglais, anglais. On dirait un mantra. Hors de l'anglais point de salut. 

D'un certain point de vue, je les comprends, mais il ne faut pas cesser de leur rappeler que la culture vietnamienne passe d'abord par la langue vietnamienne et deuxièmement, qu'une bonne formation générale leur est aussi indispensable s'ils veulent s'approprier des emplois stimulants.

Les jeunes vietnamiens, garçons et filles, ont des rêves américains dans une forte majorité des cas. On leur a tellement vanté les bienfaits du confort. Ils alimentent cette pensée magique qu'à connaître, maîtriser la langue anglaise, ils pourront réaliser les rêves de leur famille, le premier étant toujours celui de sortir de la pauvreté, de la misère.

À tous ceux-là, à toutes celles-là, j'offre - en français - ce poème:


                                       

tout brûle dans sa tête

tout brûle dans sa tête folle  
aucun ruisseau n'éteindra les espoirs 
que le temps pesamment y déposa

les nuits froides, l'effroi de la nuit
fondent au matin montagneux
un soleil rouge s'approprie les lieux

les champs bourrés de caféiers,
debout, droits dans l'aurore,
poussent de l'inquiétude dans le vent sec

sa tête, on dirait un paon fier,
prend la mesure du sang ancêtre
coagulé dans les mémoires

sur une route longue, bordée de cactus,
la courte poussière condensée suit
vacillante comme des rêves trébuchés

sa marche devenue course n'arrêtera pas,
contre ces nuages gris qu'encore hier, 
la veille, puis demain, elle se développera

jamais - ce mot vulgaire truffé d'inconnus,
aura disparu de ses yeux nostalgiques,
de son coeur, de son trop-plein de vie

tout brûle dans sa tête
les rideaux oscillant de l'incertitude
glissent à ses pieds calleux

le froid des nuits, les champs broutés,
le soleil disparu par habitude,
le sable d'une route automate
et, comme on arrive d'un inespéré trajet
qu'infiniment les pas multiplient,
des lueurs esquissent un fond café

au grand bruit fauché par mille silences,
de mille et un silences, chaque jour
s'ajouteront les paroles enroulées d'espoir
ces mots qui portent, supportent le martyre,
les sacrifices relégués à la grammaire de la survie

toujours il y aura des lueurs pâles
zébrées entre ronces et fleurs,
entre veines de la vie et rides de la mort
toujours, sans saisir le sens profond,
les routes ouvertes devant soi
garderont chaude sa tête qui brûle
marcher, 
encore et encore, 
mû par le moteur du vent
rouler son destin café sur les coulisses des grands boulevards
jusqu'à la vie
jusqu'où tout brûle dans la tête


À LA PROCHAINE






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