Au moment où vous lirez
ces lignes écrites à Saïgon, le 767 de Qatar Airways se dirigera vers
Doha en provenance de Ho Chi Minh. Je serai à bord. Puis, après un transit d’environ huit
heures, un second 767 s’envolera vers Montréal. Je serai à bord, également.
Tout cela un 30 avril: 40 ans après la libération de Saïgon par les
armées vietnamiennes du Nord. En une journée, la guerre du Vietnam, celle que
menaient les GI's Américains contre ce peuple énergique et courageux, prenait fin.
Des hélicoptères avec à leur bord des ressortissants américains, des
collaborateurs vietnamiens faisaient la navette entre ce qui est appelé
aujourd’hui le Palais de la Réunification ou encore Palais de l’Indépendance et
des bateaux parqués sur la mer Orientale, prêts à fuir, direction USA.
S’enclenchaient également les départs successifs et nombreux des ''boats people'', ces
Vietnamiens du Sud qui ne se voyaient pas vivre dans un pays à obédience
communiste. Ces mêmes ''boats people'' que le Sénat canadien veut honorer aujourd'hui en
leur dédiant le 30 avril comme journée commémorative. Je passe rapidement sur
cette effronterie mais la signale tout de même au passage.
30 avril, journée fériée au Vietnam et en raison de son 40ième
anniversaire, elle connaîtra un déploiement plus important qu'à l'accoutumée, autant politique que
populaire. Plusieurs rues du Distrcit 1 où se situe le Palais de la
Réunification sont fermées et se préparent à accueillir une foule imposante
lors de grandes festivités. Déjà hier soir (29 avril), on inaugurait la rue Nguyen Hué devenue rue piétonne, embellie par ses éclairages de type solaire, ses jets d'eau qui ont su fasciner jeunes et moins jeunes. On se serait cru en période du Têt.
Je serai dans le 767, frustré de manquer la fête, déçu de
n’avoir pu, dans une quelconque chronique écrite à Saïgon, aborder ces sujets notés au cahier noir:
- j’aurais aimé vous entretenir des cireurs de souliers qui, arpentant les
rues du centre-ville, offrent leurs services;
- vous parler de l’importance des ''sécurités'' que l’on croise partout, principalement occupées à gérer le
stationnement des motos;
- de ce faisceau de lumière blanche provenant de loin,
sans de l’aéroport, puis ceux de la tour Bitexco qui, telles des
épées, balaient le ciel;
- du livreur de glace, en moto, descendant de celle-ci pour livrer son butin congelé que l’on soupèse afin de ne pas payer ce
qui a fondu en chemin;
- du cellulaire, omniprésent chez tout Vietnamien;
- du cellulaire, omniprésent chez tout Vietnamien;
- des
installations du Marché Ben Thanh qui le transforment vers 18 heures et cela en quelques minutes, lui donnant l'allure d'un gigantesque marché de nuit;
- de cette manie
qu’ont les gens de vous interroger sur votre âge, votre nom et de ne jamais les
oublier par la suite;
- des fumeurs de JET, la cigarette nationale, qui préfèrent
vous acheter un paquet entier au lieu de vous en offrir une;
- de la bière
vietnamienne servie ''tablette'' dans un verre contenant un immense glaçon;
- de ces personnes âgées étrangères, majoritairement masculines, au bras de jeunes vietnamiennes;
- du lien entre mère et fils dans ce pays où la moyenne d'âge est sous les 30 ans.
- de ces personnes âgées étrangères, majoritairement masculines, au bras de jeunes vietnamiennes;
- du lien entre mère et fils dans ce pays où la moyenne d'âge est sous les 30 ans.
J’aurais aimé vous entretenir de tout cela; ne l’ai pas fait, me disant sans doute que l’occasion se présenterait; mais tempus fugit, de sorte qu'à la fin des sujets restent en plan.
Aujourd’hui, 30 avril 2015, comme ultime message de ce voyage, je publie à nouveau ce poème écrit à Saint-Pie et offert au Vietnam lors des
événements des Paracels (Archipels Hoang Sa et Truong Sa) le printemps dernier, en raison de l’intervention chinoise en zone territoriale vietnamienne. Ceci
déclencha une levée de boucliers, un regain du nationalisme et une prise de conscience
du territoire et de son essentielle protection.
Il a été écrit en français, je l'ai traduit en anglais et finalement par mon ami Lâm l'a revêtu en vietnamien.
Palais de la Réunification |
ils ne pourront oublier tes yeux…
ceux qui maintiennent ta gorge immobile
ils ne pourront oublier tes yeux
tes yeux de mer, tes yeux de soleil
ceux qui violent ta route
ils ne pourront oublier tes yeux
tes yeux de sol, tes yeux de pluie
ceux qui pétrolent tes rives
ils ne pourront oublier tes yeux
tes yeux d’hier, tes yeux de maintenant
savent-ils, ceux qui marchent sur tes
îles,
que ton sable couleur sang
emplira le gouffre creusé par leur
ingérence
ils ne savent pas
mais ils ne pourront oublier tes yeux
que tu as plantés au cœur de ton courage
sauront-ils, ceux qui enceignent tes
rives
que tes yeux ouverts sur les vagues du
temps
ne seront dupes des pirates mariés aux
sirènes
ils ne pourront oublier tes yeux
tes yeux couleur de mer
et s’y embabouineront
Palais de la Réunification |
they can not forget your eyes ...
those who maintain
your throat still
they can not forget
your eyes
your sea eyes, your
eyes sun
those who violate
your way
they can not forget
your eyes
your soil eyes,
your eyes rain
those who rape your
shores
they can not forget
your eyes
Yesterday your
eyes, your eyes now
they know, those
who walk in your islands
than thy
blood-colored sand
will fill the pit
dug by their interference
they do not know
but they will
remember your eyes
you have planted in
the heart of your courage
will they, who
encircle your shores
your eyes open on
time waves
not be fooled by
the lure married pirates
they can not forget
your eyes
your sea-colored eyes
and they get stuck in
the mud
Palais de la Réunification |
(Pas d'objÀ : Jean Tu
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