mardi 28 octobre 2014

QUATRE (4) CENT-SOIXANTE-DEUX (62)


Troisième nuit. Je ressens de plus en plus que le décalage horaire s'installe. Dans deux jours, mercredi, ça sera le départ vers Saïgon. 

Les valises sont quasi bouclées.

Je vous offre ce poème, le dernier écrit en terre saint-pienne.


l’air est à la neige

une enveloppe de silence imprègne les champs
des ombres grattent les épis de maïs couchés
dans les champs où reposent les oiseaux migrateurs

les cris voyageurs du convoi routier
se taisent dans la langueur froide du temps
qui envahit le village somnolent

les oiseaux de passage scarifient le sol
alors que l’air est à la neige


sur leur voie de partance ils tracent
au plancher froid de la saison rouge
des pistes, des empreintes d’espérance

que savent-ils, ces migrateurs longanimes,
pour ainsi reprendre à grand coups d’ailes
ces kilomètres cousus aux points cardinaux ?

les oiseaux de passage éventent le temps
alors que l’air est à la neige


ces sirènes d’automne garées où bouillonne le soleil
toujours frémissantes de voyages,
brisent le mystère des nuages

ici, un geai bleu crieur les regarde
immobile sur son sapin trémulant
le cœur stationnaire et envieux

là, les arbres devenus branches s’agitent
des mésanges volent dans les couleurs usées
indifférentes au départ des nomades


partir sur le dos des migrateurs
alors que l’air est à la neige



On se retrouve bientôt en terre vietnamienne.

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