J'aurais aimé trouver deux petites histoires relatant des événements autour du Têt, mais que voulez-vous il faut prendre ce que l'on a entre les mains.
Pour la première, afin de vous mettre dans le contexte, il faut savoir que la viande de chien se mange encore et toujours au Vietnam, principalement à Hanoï. L'an dernier, lors de mon passage dans la capitale vietnamienne, je suis entré dans un restaurant spécialisé en viande canine; je n'ai pas pu et à la place j'ai mangé du «fugu», ce poisson particulier, d'une laideur inimaginable mais avec un petit goût sucré pas désagréable. Il faut y faire très attention car il contient dans son foie et ses intestins une toxine mortelle. Le restaurant qui le sert doit aviser ses clients que le chef est agréé peut le cuire et le servir sans risques.
N’en dis pas plus
Un chien a été abattu. Il descendit aux
enfers et porta plainte devant le Dieu des Enfers qui lui demanda :
-
Dans
la vie terrestre, quel crime as-tu commis pour que les hommes te tuent?
-
Oh,
Honorable, je n’ai commis aucun crime. Alors que j’étais sur mes pattes,
j’entendis s’abattre un coup; saisissant un pilon, ils me l’enfoncèrent dans la
tête.
-
Et
quoi encore?
-
Après,
ils versèrent de l’eau bouillante, grattèrent complètement mon poil et me
grillèrent sur de la paille jusqu’à ce que toute la peau de mon corps fût
rôtie.
-
Et
quoi encore?
-
Après,
ils m’ont éventré, ils ont extrait mes entrailles pour les nettoyer, ils les
farcirent avec du soja, des herbes odorantes, des cacahouètes pour en faire des
saucisses. Ma chair, ils la préparèrent à la façon «sève de prunier», la firent
frire en la roulant avec des oignons, ils en firent des boulettes grillées; mon
foie, ils le firent frire si bon à en couper le souffle…
À
ce point, le Dieu des Enfers agita la main en disant :
-
Arrête,
arrête… N’en dis pas plus, tu me mets l’eau à la bouche!
Le deuxième parle de canards, oui, mais de la cupidité de certaines gens qui croient que tout leur est dû.
La bande de canards
sauvages
Un jour que Cuôi se promenait, il
rencontra une bande de canards sauvages en train de nager au milieu d’un vaste
lac. Alors que le gamin était assis en contemplation, un mandarin à cheval
s’approcha d’un air arrogant. Le gamin fit semblant de ne pas l’apercevoir et
continua à compter d’un air profondément absorbé : ‘’ Vingt, trente,
trente-cinq, quarante… ‘’
Le
mandarin cria :
-
Eh!
Garnement! Pourquoi, voyant arriver un mandarin, ne t’écartes-tu pas et ne le
salues-tu pas?
Le
gamin, prenant un air effrayé dit :
-
Honorable
mandarin, je vous prie de me pardonner, j’étais absorbé à compter pour voir si
les canards étaient au complet.
En
voyant la bande de canards se presser en foule sur la surface du lac et pris de
convoitise, le mandarin noua conversation pour les acheter, mais le gamin
feignit de ne pas vouloir vendre.
Sollicité
sans relâche, Cuôi refusait toujours obstinément; très en colère, le mandarin
se mit à hurler :
-
Ah!
Espèce d’insolent, c’est pas pure pitié que je demande à acheter. Sans demander
la permission, mener ses canards pâturer sur mon lac, c’est un crime énorme!
À
ces mots, le gamin feignit de consentir à regret les canards pour quelques
piastres. Après avoir reçu l’argent, le gamin dit :
-
Que
le mandarin se souvienne bien de donner à manger aux canards, l’après-midi,
quand il commencera à faire sombre, pressez-les de rentrer, sinon ils se
rappelleraient de leur ancien maître et ils se disperseraient pour disparaître
d’ici.
Quand
il eut fini de parler, le gamin quitta les lieux. Le mandarin sauta de joie, il
attendit que l’après-midi fût devenu complètement sombre pour ordonner à ses
satellites de ramer en barque sur le lac pour ramener les canards. Entendant du
bruit, la bande de canards sauvages s’éleva en l’air; en un rien de temps, elle
disparut dans la voûte céleste sans laisser de trace. Le mandarin comprit alors
seulement qu’il avait été berné par le gamin.
Une autre langue
Revenons à notre approche de cette langue, la vietnamienne, singulière et difficile.
J'ai réussi à trouver une façon de placer les différents accents qui ponctuent la prononciation des mots. Un accent modifie le sens des mots, il ne faut pas se tromper.
Les voyelles et certaines
combinaisons à retenir:
a comme «a» français dans papa
-ai comme «ail» mais sans insistance sir
le «il» final
-anh presque
comme «in» sans «zinc» mais sans insistance
sur
la nasalisation
- ách presque
comme le «è» de chèque
-au,
ay se prononcent avec un «a» très bref
comme dans «sac»,
suivis
respectivement d’un léger «ou» ou «i»
ă (jamais à la fin d’un mot) comme «a»
dans «lac»
â (jamais à la fin d’un mot) comme
«eu» dans «Polyeucte»
e comme
«è» dans «mère»
ê comme «é» dans «vélo»
i,
y comme «i» dans «lit»
-ia comme «ir» dans «tir» sans insister
sur le «r»
-iêu/yêu comme une suite rapide de «ié» suivi de «ou»
o comme «o» dans «dors»
-oi comme «oy» dans «boy» anglais, sans
insister sur le «i»
ô comme «ô» dans «tôt»
ơ presque comme «eu» dans «vœu» mais
avec les lèvres écartées
u comme «ou» dans «loup»
-ua comme «our» dans «jour» sans
insistance sur le «r»
-ui comme «houille» sans insistance sur
le «i» final
-uy comme «ui» dans «lui»
-uya comme «ur» dans «dur» sans
insistance sur le «r»
Ư pas d’équivalent en français, se
prononce comme «ou», mais au lieu d’arrondir les lèvres, on doit les écarter
comme si l’on faisait un «i»
Ưa, uơ se
prononce en glissant rapidement de «ư » à « ơ»
Ưu, ươu se prononce comme «Ư» ou «uơ» suivi
d’un léger «ou»
À la prochaine
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