dimanche 5 février 2012

La vie est comme un voyage en autobus entre Da Lat et Nha Trang!

Ce matin-la sur Da Lat, il faisait un temps merveilleux. Pas encore 8 heures. Debout face aux portes de l'hotel vous attendez la navette qui vous menera a l'autobus, direction Nha Trang. La vendeuse de lunettes solaires, celle qui dit trois mots francais et croit sa vente conclue... dont une paire de gougounes, passe devant vous avec son sourire charmeur, souhaitant vous offrir le dernier achat. Et le plaisir de recevoir en plein visage les sourires du soleil ainsi qu'une brise qui, tout comme une debarbouillette tiede vous rafraichit la figure sans arret.

Ce matin-la, a Da Lat, je ne savais pas que j'allais ressentir au plus profond de moi-meme le sens de la vie par cette metaphore d'un voyage en autobus. Je vous le disais, Da Lat est une ville montagneuse. Et de fleurs. Les montagnes, vues du sol, nous semblent toujours hautes. On les compare avec certaines de nos references et on peut dire: c'est haut ou encore c'est assez haut, merci.

L'autobus (sieges) demarre et l'aventure par le fait meme. Il n'y a aucune place de libre et les voyageurs s'installent qui pour dormir, qui pour lire. Je serai de ceux qui ne laisseront pas leurs yeux quitter un seul instant les paysages merveilleux qui se presentent devant soi. Nous sommes au bas des montagnes et deja je remarque que la route n'est pas tres large; je me rappelle m'etre demande si deux autobus de taille semblable au notre pourront se croiser. Ai-je repondu que nous serions dans un sens unique? Je ne me souviens pas, tout absorbe par ces champs a perte de vue. Graduellement, ils grognoteront de la montagne et tout doucement nous montons. Apres quelques minutes, il devient evident que nous nous retrouverons a une hauteur telle que les nuages que l'on voit lentement approcher, donc descendre des sommets, nous nous y engouffrerons. Parfois l'autobus sursaute, bifurque pour laisser le passage a un mastodonte (on repare la route un peu plus loin), zigzague pour eviter un obstacle puis un autre, un coup de volant pour ramener tout cela au centre. Je comprends que l'aventure est commencee puisque la dame devant moi vient de preparer un sac noir afin de ne pas vomir sur elle-meme. Meme scenario en arriere de moi, mais la on vomit deja. Je vois bien que nous sommes dans la montagne, qu'a cote c'est un precipice digne des cols de Suisse. Les roues de l'autobus frolent un parapet sans doute installe de maniere symbolique. Je ne peux dire encore si nous sommes a la hauteur maximale de cette montagne, mais les torrents qui se lancent a corps perdu dans ce trou qu'une rangee d'arbres fait office de filet protecteur m'indiquent clairement qu'une erreur minime de pilotage pourrait nous etre fatale. Plusieurs vomissent alors que le brouillard enveloppe entierement le bus et que la pluie vient rendre la chaussee hasardeuse. Il se fait, dans ce genre de situations, comme un silence, un silence qui parle et qui ramene, sans doute, tout un chacun a certaines pensees personnelles.

Il faisait beau sur Da Lat. En montagne, c'est un coktail de brouillard, de pluie, de torrents qui chutent. Le bus s'arrete puis repart. Tous, je le crois, n'ont de pensee que pour le chauffeur. Les balais devant lui coupent l'immobilite blanche dans laquelle on se sent comme pris, pres a etouffer. On souhaiterait du vent. Le petite brise de ce matin suffirait peut-etre a nettoyer tout ca. Mais, et cela pendant une eternite de vingt minutes, tout reste intact. Trois metres franchis, deux minutes d'arret. Les arbres deviennent des fantomes qui strient la realite en de longues et squelettiques lignes noires.

J'aime regarder ce qui se passe et ce qui ne se passe plus. Nous roulons a peine et ce mouvement indique que nous venons de franchir la partie la plus elevee du trajet; bientot, nous allons descendre. Les arbres reapparaitront, les torrents se fracasseront sur les rochers jaunes, un peu de vert, ce vert que la pluie s'amuse rendre plus lumineux, un rayon de soleil peut-etre, nos oreilles se deboucheront et les sacs noirs ne seront plus utiles. Deja nos arrets se font plus courts. Ce ne sont pas des discussions mais deux ou trois mots echanges, comme apres un evenement important que l'on a vecu et que tout n'est pas encore pret a etre dit.

Nous descendons et l'acceleration se fait plus prononcee. Le brouillard est reste la-haut attendant certainement un autre bus pour une autre fois se moquer de voyageurs surpris. Ceux qui dormaient n'ont rien vu de tout cela. Ceux qui etaient eveilles en sont encore a se demander si c'etait vraiment la realite.

Moi, je me suis dit que ce voyage en bus entre Da Lat et Nha Trang, par les montagnes, c'est un peu la metaphore de la vie. Tu es en bas. tout est beau, lumineux. Plus tu montes plus les obstacles te parviennent et parfois ce sont des bouts de route plutot difficiles, tu crains. Puis, apres je ne sais trop combien de slalons, de coups sur les essieux par les trous que la pluie a places devant toi, apres ca devient calme mais combien plus rapide. Descendre une montagne apres l'avoir grimpee, connaitre, un tout petit peu du moins, ce qu'est la montagne, ce qu'elle cache, ce qu'elle peut reserver de surprises, de difficultes et aussi d'immenses beautes... c'est sans doute ca la vie.

Et nous sommes arrives a Nha Trang par un soleil absolument delirant, une mer chargee de vagues et de couleurs et des montagnes, proches et lointaines, porteuses de secrets et de vie.

Je vous parlerai de Nha Trang la prochaine fois. Cette fois-ci, parler de ce voyage en bus, m'a fait du bien.


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