lundi 28 novembre 2011

QUATRE (4) CENT-VINGT-SIX (26)





Je ne sais pas si vous êtes comme moi; parfois, avant que n'arrive un événement bousculant la quotidienne réalité, j'ai besoin de revenir à mes éveilleurs de conscience préférés. Y chercher ou y retrouver des réflexions qui permettent d'éclairer l'obscur que je ne vois pas. À un mois - 28 novembre au 28 décembre - de mon départ pour un hiver au Vietnam, c'est un peu le besoin que je ressens. Voici ce que j'ai trouvé.


. Il y a des sentiments illisibles tant le coeur y dit de choses en même temps! Jean Bédard

. Nous nous prenons pour des étoiles alors que nous ne sommes que des étincelles. J.B.

. Le coeur ne fait jamais l'unanimité, et l'amour pour une personne exige de trahir un peu les autres. J.B.



. Le bien impose le choix et le choix déchire les hommes. Mais, à l'inverse, là où le bien prime, même le mal engendre le bien. Les malfaisants ne réussissent qu'à rendre les hommes bons encore meilleurs. J.B.

. ... c'est la qualité de nos décisions qui importe et non leur quantité. J.B.

. Le rêve est le lieu des causes. Ce que nous appelons bien prétentieusement «la réalité» n'est que le lieu des effets. J.B.

. Il y a des absences dont on ne prend pas immédiatement conscience et qui pourtant agissent sur nous. J.B.




. Le concept philosophique le plus sérieux qui s'oppose ou qui relativise la liberté humaine, c'est le destin. Lorsque l'être humain regarde devant lui, vers le futur, pour évaluer les différentes possibilités qui s'offrent à lui et pour planifier son choix, il croit à la liberté; mais lorsqu'il se retourne en arrière et qu'il observe sa vie, non plus comme un projet, mais comme un résultat, il a l'impression que tout s'est produit de façon fataliste, en accord avec une conception préétablie et nécessaire. Le destin c'est ce que l'on n'a pas choisi et qui choisit à notre place... à travers nos choix apparents. Et même si nous ne croyons pas au concept général de destin, selon lequel tous les événements sont prédestinés ( comme l'ont pensé entre autres les stoïques ), il semble inévitable de croire au moins à un destin plus limité mais inexorable: la mort. Fernando Savater



. Agir c'est essentiellement choisir et choisir c'est conjuguer de façon adéquate la connaissance, l'imagination et la décision dans le champ de ce qu'il est possible de faire. F.S.


. Les rencontres ne sont possibles que dans un certain vide. Yvon Rivard

. Le silence est fait de paroles qui se taisent. Y.R.

. S'habituer! On ne s'habitue qu'à des rêves avortés. Y,R.

. Il faut toujours purifier la question de toutes les réponses qui l'obscurcissent. Y.R.


. ... ma trop bruyante solitude m'avait un peu tourné la tête... Bohumil Hrabal



. Adossé au comptoir de la Brasserie-Noire, je bois un demi; à partir d'aujourd'hui, te voilà seul, mon bonhomme, tu dois faire face tout seul, te forcer à voir du monde, t'amuser, te jouer la comédie aussi longtemps que tu t'accrocheras à cette terre; à partir d'aujourd'hui ne tourbillonnent plus que des cercles mélancoliques... En allant de l'avant tu retournes en arrière, oui: progressus ad originum et regressus ad futurum, c'est la même chose, ton cerveau n'est rien qu'un paquet d'idées écrasées à la presse mécanique. B.H.

. ... il me suffit de fermer les yeux pour voir tout plus nettement que dans la réalité... B.H.

. Comme vous avez dit, c'était magnifique et parce que c'était magnifique, c'était aussi dangereux et puisque c'était dangereux, c'était ce que j'aime, ce qu'il me faut. B.H.


. Il savait bien que ceux qui se vantent de leur bonheur ou de leur vertu, le font, le plus souvent, sans motif... Hermann Hesse

. On peut se permettre d'observer les hommes, de rire de leur sottise ou d'en avoir pitié, mais il faut les laisser libres de suivre leur chemin. H.H.

. Tout être humain a une âme neuve. H.H.

On reviendra bientôt sur ce voyage hivernal, surtout sur ce qu'il impliquera pour les sauts du crapaud.

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vendredi 18 novembre 2011

QUATRE (4) CENT-VINGT-CINQ (25)



Éclectique

En vrac
Et
Échevelé

. Le gouvernement fédéral canadien, vous savez, celui est majoritaire et majoritairement conservateur, celui-là, lance un programme pour la protection de l'ours blanc dans le grand nord du Canada. Doit-on s'en féliciter? S'en surprendre alors que systématiquement il refuse de collaborer à la protection d'une autre espèce en voie de disparition: l'homme. Aurait-il pris exemple sur la compagnie Coca-Cola qui incite les consommateurs de cette boisson gazeuse à donner généreusement pour cette cause?


. Vous vous souvenez qu'en mars dernier en voulait la tête de Charra pour avoir frappé Pacioretty à la tête. Aujourd'hui, alors qu'aucune accusation ne sera portée contre le défenseur des Bruins de Boston, eh! bien (je le sais, c'est une faute, mais je préfère l'écrire ainsi) on n'en parle même pas. Les amateurs, grands connaisseurs de hockey et partisans un petit peu chauvins des Canadiens ont certainement la tête ailleurs!


. Nos ministres québécois vont et viennent à Ottawa afin de plaider leur cause dans deux dossiers relevant de la justice: la loi sur les jeunes contrevenants et le registre des armes à feu. Nos deux ministres sont revenus bredouilles. C'est vrai qu'un gouvernement majoritaire n'a pas de comptes à rendre à personne. Je vous l'avais bien dit en d'autres circonstances, que le meilleur des mondes reste toujours celui d'un gouvernement minoritaire, autant à Ottawa qu'à Québec. Mais on m'écoute pas. On ne prend pas le crapaud au sérieux. Le PQ, l'ADQ, la CAQ, le QS, aucun de ces partis politiques québécois ne sont montés aux barricades pour défendre notre façon de réhabiliter les jeunes contrevenants, de protéger la population contre les armes à feu. Aucun n'a fait ses choux gras et laisse les conservateurs majoritaires nous déclarer qu'ils sont les seuls à véritablement prendre partie pour la sécurité de la population et se ranger du côté des victimes. Que répondrait-on à cette simple question : qui serait du côté du jeune devenu contrevenant parce que victime d'une agression criminelle dans son enfance?


. Les indignés, ceux de New York actuellement, d'Espagne auparavant, et d'un peu partout maintenant, ces indignés commencent à se rendre compte que changer d'un iota la situation financière actuelle réside en une forme historique de révolution qui, malheureusement, ne se concrétisera que dans... x années. Le plus comique de toute cette histoire: la crise a été causée par les banquiers et pour la régler on place les banquiers à la tête des gouvernements. Non, rien de comique, seulement un réflexe d'autodéfense...


. J'aime bien les nouvelles publicités de Benetton. Il y avait longtemps que cette maison ne nous avait pas provoqués. Ça commençait à être le temps.


. François Legault: on verra. On verra bien qu'il n'y a absolument rien dans cette bulle rétrograde. On verra surtout que le courant qui exige un changement dans la manière de faire de la politique ne se retrouve pas là. De la vieille politique avec de vieux politiciens ressuscitant des vieilles idées que même nos vieilles oreilles ne veulent plus entendre. À éviter.


. Je vous avais dit que j'allais bientôt vous annoncer - en primeur - le nom du prochain chef fédéral du NPD. Tout comme moi, vous ne connaissez que Thomas Mulcair. Les autres, d'illustres inconnus. Alors je vous prédis que le NPD qui a commis la grave erreur de ne pas, et cela rapidement, avoir créé un parti provincial québécois, je vous prédis l'élection d'un chef, et ce chef ne proviendra pas du Québec. Et au prochain scrutin fédéral, quand nous aurons la possibilité de battre ce gouvernement majoritaire et conservateur, alors là, allons-y vers un gouvernement minoritaire néo-démocrate. Tout un flair politique que ce crapaud!

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jeudi 10 novembre 2011

QUATRE (4) CENT-VINGT-QUATRE (24)



Les citations que vous lirez aujourd'hui - deux pour chacun des auteurs, sauf Colette et Benjamin Kunkel - sont le fruit du hasard. Et vous constaterez que le hasard fait souvent bien les choses...

. Le
goût qu'il avait des créatures sordides, l'amour ignoble qu'il leur vouait, cette dégradante et répugnante ardeur qu'elles faisaient bouillonner en lui, le poussaient à se prendre pour un être anormal de la plus basse espèce.
Francis Carco

. Ils savaient mieux que personne que certains actes doivent être commis par certains êtres sans que ceux-ci puissent s'y soustraire ou tenter de s'y refuser.
Francis Carco


. Il avait conservé, de la très petite enfance, cette aberration douce, cette paisible sauvagerie qui garde l'enfant tout jeune contre la peur de la mort et du sang.
Colette


. Après tout, Van m'avait connu aboulique, et les gens qui vous connaissent bien se débrouillent toujours pour vous assujettir à vos antécédents.
Benjamin Kunkel


. Une chose que j'aime chez mon père c'est qu'il ne tient pas trop compte des règles, il dit qu'il faut toujours jouer avec et non pas selon les règles parce qu'une vie sans danger ce n'est pas une vie.
Nancy Houston

. Quand on pleure chaque raison de pleurer en entraîne une autre et on a du mal à s'arrêter...
Nancy Houston


. Ceux qui tuent sont des hommes, comme ceux qui sont tués, c'est cela qui est terrible.
Jonathan Little

. C'était cela que je ne parvenais pas à saisir: la béance, l'inadéquation absolue entre la facilité avec laquelle on peut tuer et la grande difficulté qu'il doit y avoir à mourir.
Jonathan Little


. Tel est le problème avec ceux qui ne s'expriment jamais qu'en toute franchise: ils sont persuadés que chacun agit comme eux.
Khaled Hosseini


. La vie ne vous accorde un bonheur intense que lorsqu'elle s'apprête à vous retirer quelque chose.
Khaled Hosseini


. Le drame de certaines bonnes intentions est qu'elles n'ont ni le courage de leurs engagements ni de suite dans les idées.
Yasmina Khadra

. Quelle que soit l'ampleur des dégâts, aucun cataclysme n'empêchera la Terre de tourner.
Yasmina Khadra


. Ce n'est pas la tête, mais le coeur, qui est à la base de tout! C'est là l'endroit chez où il ne poussera jamais rien d'autre.
Maxime Gorki

. Tout le monde n'a pas les yeux bouchés, il y en a qui se les ferment eux-mêmes...
Maxime Gorki


. Ça ne sert à rien de penser, d'agiter des idées. On n'agit pas selon ses idées, on agit toujours sans réfléchir, selon les impulsions du moment.
Hermann Hesse

. Seules les montagnes ne se rencontrent pas.
Hermann Hesse





«un carnet d'ivoire avec des mots pâles»


C A T É N A I R E (adjectif)
. relatif à une chaîne de ganglions;
. qui se reproduit en chaîne.



C A U T E L E U X (adjectif)
. qui agit d’une manière hypocrite et habile;

hypocrite; sournois.

. Air cauteleux, manières cauteleuses : patelin, mielleux.



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jeudi 3 novembre 2011

QUATRE (4) CENT-VINGT-TROIS (23)



Une autre manière de regarder le temps passer: les oies blanches vues au printemps dernier ont dessiné tout l'avant-midi de magnifiques figures géométriques sans noms, incomplètes et mobiles. Le tout enrobé d'une multitude de sons identiques et sans écho. Je les avais remarquées, les oies blanches, à mon arrivée en campagne. Elles ne frayaient pas avec les bernaches. Les unes sur la rivière, les autres dans le grand champ. Aujourd'hui, un scénario différent. Elles s'en allaient tout simplement vers le sud. Nous sommes assurément à l'automne tout comme nous étions au printemps. Entre les deux, quelques mois dans la vie d'un crapaud qui a modifié son environnement. Et qui se prépare à un autre changement. L'hiver au Vietnam. Au chaud. On en reparlera!



Je ne sais pas d'où vient le premier coup d'oeil qui apporta avec lui les images de ce poème. C'était un enfant jouant seul à saute-mouton... avec l'espoir pour tremplin et le néant pour arrivée. Cela a donné ce qui suit.



l’enfant



quelques miettes de pain demeurées sur la table desservie
les yeux ouverts plus grands encore que ceux de l’oiseau
l’enfant à qui l’on a menti et n’en retient que la promesse
regarde, imagine que ces trésors lui appartenaient


l’enfant allonge la main sous la nappe salie
recueille dans un cérémonial ludique
les ailes raidies d’un papillon
chrysalide encore


combien de tables ornées de ces candélabres éteints
d’un bout à l’autre des grands villages devenus villes
présentaient un buffet puis un banquet puis une noce
à l’enfant jouant à saute-mouton avec l’espoir


l’enfant se perd dans un vaste champ d’avoine
il cesse de courir derrière le vent tiède
qui l’amène, témoin volage
vers d’autres conscrits


et les grands, ceux qui étaient plus grands que les petits
ceux qui savaient savoir sans que les autres ne sachent
ceux qui dans leurs mains plus fortes que les pluies d’été
ces ankylosés de certitudes acquises se moquaient


l’enfant abruptement coupé de sa fuite horizontale
cherche derrière son âme blessée
les mots qui rassurent
et trouve le néant


l’enfant ne se nourrit pas de miettes de pain
encore moins de fausses promesses puisées
à l’envers de la vérité
l’enfant ne marche pas dans les pas des grands de ceux
qui avant lui ont battu les champs d’avoine à grands coups
de silences convenus et de mensonges répétés
l’enfant à saute-mouton sur la vie cherche à fuir
noces banquets buffets villes villages maisons
pour retrouver son âme blessée aux portes du néant





«un carnet d'ivoire avec des mots pâles»



F U L I G I N E U X (adjectif)
. qui rappelle la suie, qui donne de la suie, qui en a la couleur;
moirâtre.
. d’une obscurité épaisse;
- fumeux, obscur, incompréhensible.



H O U R V A R I (nom masculin)
. cri des chasseurs, sonnerie de trompe pour ramener des chiens tombés en défaut;
. ruse d’une bête traquée qui revient à son point de départ pour mettre les chiens en défaut;
. grand tumulte
- tapage, charivari, ramdam.


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Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...