jeudi 3 novembre 2011

QUATRE (4) CENT-VINGT-TROIS (23)



Une autre manière de regarder le temps passer: les oies blanches vues au printemps dernier ont dessiné tout l'avant-midi de magnifiques figures géométriques sans noms, incomplètes et mobiles. Le tout enrobé d'une multitude de sons identiques et sans écho. Je les avais remarquées, les oies blanches, à mon arrivée en campagne. Elles ne frayaient pas avec les bernaches. Les unes sur la rivière, les autres dans le grand champ. Aujourd'hui, un scénario différent. Elles s'en allaient tout simplement vers le sud. Nous sommes assurément à l'automne tout comme nous étions au printemps. Entre les deux, quelques mois dans la vie d'un crapaud qui a modifié son environnement. Et qui se prépare à un autre changement. L'hiver au Vietnam. Au chaud. On en reparlera!



Je ne sais pas d'où vient le premier coup d'oeil qui apporta avec lui les images de ce poème. C'était un enfant jouant seul à saute-mouton... avec l'espoir pour tremplin et le néant pour arrivée. Cela a donné ce qui suit.



l’enfant



quelques miettes de pain demeurées sur la table desservie
les yeux ouverts plus grands encore que ceux de l’oiseau
l’enfant à qui l’on a menti et n’en retient que la promesse
regarde, imagine que ces trésors lui appartenaient


l’enfant allonge la main sous la nappe salie
recueille dans un cérémonial ludique
les ailes raidies d’un papillon
chrysalide encore


combien de tables ornées de ces candélabres éteints
d’un bout à l’autre des grands villages devenus villes
présentaient un buffet puis un banquet puis une noce
à l’enfant jouant à saute-mouton avec l’espoir


l’enfant se perd dans un vaste champ d’avoine
il cesse de courir derrière le vent tiède
qui l’amène, témoin volage
vers d’autres conscrits


et les grands, ceux qui étaient plus grands que les petits
ceux qui savaient savoir sans que les autres ne sachent
ceux qui dans leurs mains plus fortes que les pluies d’été
ces ankylosés de certitudes acquises se moquaient


l’enfant abruptement coupé de sa fuite horizontale
cherche derrière son âme blessée
les mots qui rassurent
et trouve le néant


l’enfant ne se nourrit pas de miettes de pain
encore moins de fausses promesses puisées
à l’envers de la vérité
l’enfant ne marche pas dans les pas des grands de ceux
qui avant lui ont battu les champs d’avoine à grands coups
de silences convenus et de mensonges répétés
l’enfant à saute-mouton sur la vie cherche à fuir
noces banquets buffets villes villages maisons
pour retrouver son âme blessée aux portes du néant





«un carnet d'ivoire avec des mots pâles»



F U L I G I N E U X (adjectif)
. qui rappelle la suie, qui donne de la suie, qui en a la couleur;
moirâtre.
. d’une obscurité épaisse;
- fumeux, obscur, incompréhensible.



H O U R V A R I (nom masculin)
. cri des chasseurs, sonnerie de trompe pour ramener des chiens tombés en défaut;
. ruse d’une bête traquée qui revient à son point de départ pour mettre les chiens en défaut;
. grand tumulte
- tapage, charivari, ramdam.


Au prochain saut

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