samedi 7 février 2009

Saut: 261

Mario Cyr

À l’occasion de la sortie du roman REVENIR À TOI, publié aux éditions Les Intouchables, le dixième de mon ami Mario Cyr, je vous offre, dans ce saut, quelques citations que j’ai conservées suite à mes lectures de son œuvre qui a débuté en 2000.

Deux mots sur REVENIR À TOI.

Mario, et cela se remarque depuis le roman VIEILLIR, travaille beaucoup le style. Le résultat est intéressant : dynamique, il manie l’ellipse avec un doigté tout à fait personnel.

Dans ce dernier opuscule, les retrouvailles d’anciennes amours (deux hommes; un homme et une femme; deux femmes) deviennent l’occasion d’une rétrospective, d'une introspection, d'une échappée de ces mots impossibles à prononcer jadis mais qu'aujourd'hui, ils se permettent de dire. Un face-à-face qui aurait pu être déchirant, mais l'auteur ne le voit pas ainsi. Il lui aurait été possible, facile même de tomber dans la nostalgie mais une certaine pudeur, une retenue respectueuse lui fait plutôt diriger le regard des personnages vers le sens profond de ces amours, ce qui leur en reste mais surtout, je dirais, sur les essentiels souvenirs bourrés d’émotions et de sentiments, ceux qui leur auront permis de devenir ce qu'ils sont...

Bravo, mon cher Mario.

Les voici ces quelques passages tirés des romans de Mario Cyr.


. L’absence, c’est comme la vérité : une fois qu’on en a souffert, ça ne s’efface plus. Et l’absence comme la vérité ouvrent d’infranchissables gouffres entre ceux qu’elles isolent. (Vieillir)

. Pour qu’il existe, le bonheur, il faut qu’il y ait une frontière, un obstacle entre lui et vous. Il ne peut être désiré, convoité que de l’extérieur. (Vieillir)

. Ce qui explique que nos âmes pourrissent, c’est notre paresse à satisfaire leurs besoins, qui sont nos rêves. (Vieillir)

. On peut vivre avec un fantôme en tête, mais on ne peut jamais pleurer dans ses bras. (Vieillir)

. Mais le présent, le futur ont-ils vraiment une réalité dans ce système d’où vient notre âme et où elle retournera? Ces notions sont-elles ignorées? Le temps n’est peut-être qu’un incident, un éternuement de l’éternité, un frisson. (Vieillir)

. Il n’y a plus que les mots, la terreur des mots. Et je ne leur oppose aucune résistance. Éclats de charbon qu’on pellette dans la gueule brûlante d’une chaudière, ils nourrissent ma vieille, ma très ancienne soif inavouée et secrète : devenir complément d’objet indirect. Devenir celle à qui l’on donne et ne plus être celle qu’on donne.
(Et les mouettes tournoient obstinément au-dessus de nos corps)

. On ne peut pas tout recevoir d’un seul être. On ne peut pas tout en attendre. (L’éternité serait-elle un long rêve cochon?)

. C’est quand on veut vous en priver que vous apparaît tout le sens de la dignité. (Journal intime d’Éric, séropositif)

. Il n’y a peut-être pas beaucoup d’espoir dans cette maladie. Mais il y a de l’espoir dans la façon d’être malade. (Journal intime d’Éric, séropositif)

. Solitude, liberté : deux versants de la même montagne. (Ce n’est qu’avec toi que je peux être seul)

. Ceux qui entrent dans votre vie comme on entre dans un moulin, le font parce qu’ils y trouvent du réconfort. Ils pensent pas nécessairement à s’intéresser à vous. (Ce n’est qu’avec toi que je peux être seul)

. On ne choisit pas les images qui nous envahissent la tête. Pendant que ma mère prie à mon chevet, pendant qu’elle s’entête à cogner à la porte d’un paradis sourd, je me rends compte soudain que, durant toute ma vie, j’ai regardé dans la cage de verre du monde, sans jamais rien en retirer, sans rien faire d’autre que de frôler la réalité du bout d’une pince chromée commandée de l’extérieur. Il y a toujours eu une paroi de verre entre la vie et moi. (Hacker)

. On fait tellement de choses pour tuer le temps. Pourquoi ne meurt-il jamais? (Revenir à toi)

Au prochain saut

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