vendredi 9 septembre 2005

Le quatrième saut de crapaud



Les humains cultivent des habitudes tout au long de leur vie. Parfois ils les transforment, les modifient ou encore les font disparaître. Parmi celles de notre grand-père il en est une dont il ne peut se défaire: lire LE DEVOIR tous les jours. Café à la main. Lorsque le temps le permet, c'est assis à côté de son laurier blanc qui fleurit de manière indécente que cette habitude se répète.
Ce matin, quelle ne fut pas sa surprise de voir dans la chronique de Josée Blanchette (C'est la vie!) que l'on retrouve à la dernière page de la section week end, toujours numérotée 8, une magnifique photo du phare du Cap-des-Rosiers. L'accompagnait un texte portant sur les phares du Québec auquel un livre magnifique Les Sentinelles du Saint-Laurent récemment publié rend hommage. L'accompagne les toujours juteuses tournures de phrases de Josée (Joblo) Blanchette. Elle y raconte le moment fort émouvant alors qu'elle dispersa les cendres de son grand-père Alban dans l'estuaire à partir du phare de Cap-des-Rosiers. Cela faisant, Sylvie Tremblay fredonnait comme un hymne funéraire la douce chanson de Gilles Vigneault Je voudrais voir la mer. Ce fut à n'en pas douter un moment tendre et enveloppant d'émotions.
L'amour que Josée porte à Alban fait frémir notre grand-père à en mettre une petite laine sur le coeur. L'ayant vu en photos dans LE DEVOIR et à une autre occasion lors d'une émission télévisée au cours de laquelle on donnait la parole à des personnes dorées, il avait noté combien se dégageait de cet homme un enivrement de la vie et une sagesse qu'il en était devenu convaincu que peut-être, lui aussi, à un moment de sa vie, aurait rencontré le crapaud de Forillon.
Voici une fort belle citation tirée des Sentinelles...
Toutes les quinze secondes, le prisme cyclopéen lance dans l'espace des éclats d'émeraude et, quand le rayon de lumière touche les eaux noircies par le crépuscule, c'est pour y dessiner une ligne verte. Au loin, l'estuaire est tellement large qu'on finit par le confondre avec l'océan. Une beauté naturelle mêlée à une impression de robustesse émane du phare de Cap-des-Rosiers. Même les vagues, qui explosent sur le cap en gerbes mousseuses, ne peuvent fragiliser l'importance de cette lumière centenaire qui brille dans l'obscurité.
Patrice Halley (Éditions de l'Homme)
Comme cette habitude de notre grand-père, ce matin, fut confortable et heureuse!

1 commentaire:

Patrice Landry a dit...

Je vous découvre à peine et j'aime la prose et la poésie que vous y jetez comme une ancre par grand fond, bien loin des futilités qu'on y lit, des fois. J'y reviendrai, si le temps me le permet, pour lire et relire vos mots et ceux des autres. Petit correctif, cependant: "Je voudrais voir la mer" est une magnifique chanson composée poar Michel Rivard et non notre légendaire maître Vigneault.

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