jeudi 6 avril 2017

5 (CINQ) (CENT VINGT-HUIT) 28




     d1)      la partie d’échecs
Le tablier sur lequel soixante-quatre pièces reposent – le Yi King comprend soixante-quatre hexagrammes – attendait le début d’un combat, d’un duel qui opposera deux joueurs expérimentés, ennemis de longue date, deux tigres aux griffes effilées… ce tablier imaginaire allait se dresser devant eux. Dès son entrée, la Main remarqua l’empressement mis par Thần Kinh (le nerveux) à déguerpir. 
Rasé de près comme à tous les matins alors qu’il s’arrête chez le barbier qui travaille dehors, tout à côté de la maison de chambres qu’il loue; il change de lieu à chaque mois. Tous les matins, le même souvenir le hante : le colonel américain dont la jugulaire fut tranchée d’un coup sec et incisif par un faux barbier, agent d’un commando viet minh. Il avait lui-même donné l’ordre qui fut exécuté dans les heures qui suivirent. Tous les matins, assis devant la glace craquée servant de miroir, il craint le même sort. Il ne laisse des yeux, pas même une seconde, la lame du rasoir crépitant sur sa gorge. Par la suite, il se rend à la petite échoppe de la mère de Tùm (le trapu) avaler son phó et recueillir, au nom du Président du Comité populaire, les dernières nouvelles qu’elle aurait pu récolter lors de sa distribution des tracts du Parti. Puis se présente au poste de police, toujours le premier, libérant les officiers du quart de nuit; lit dans le menu détail les documents et les rapports consignés depuis son départ. Tous les matins… sauf celui-ci, perturbé par la visite du gardien de sécurité du café Con rồng đỏ.
– Rien de particulier de ton côté?
Le gardien hocha la tête.
Madame Quá Khứ avait revêtu son áo dài blanc. D’un blanc immaculé. Pour quelle raison porte-t-elle ce vêtement des grandes occasions? se demanda la Main répondant à l’invitation à s’asseoir de la tenancière. Haïr exige d’avoir beaucoup aimé. L’inspecteur-enquêteur se remémora leurs premiers moments, lui et cette femme vieillissante que la grâce naturelle n’a pas abandonnée… tous leurs premiers moments : la formation suivie conjointement; la rapidité d’esprit avec laquelle elle assimilait les concepts d’une philosophie abrupte; sa façon personnelle de s’approprier les techniques qu’on leur enseignait; ses jambes… ces jambes qui le hantaient jusqu’au plus profond de la nuit. Il aima cette femme; dès leur rencontre initiale, il s’était juré de la posséder entièrement. Le mari obstruait le passage, mais il y verrait en temps et lieu. Il fut estomaqué lorsqu’on lui annonça qu’elle était agent double. Il ferait tourner cela à son avantage.

L’amour dans le cœur de quelqu’un qui n’en ressent que le besoin physique n’est pas de l’amour. L’amour vietnamien a ceci de propre : il doit être entier, ne pas être partagé. Les histoires d’amour, plus elles sont tristes, remplies de ruptures et de sutures, plus elles sont fortes. Les chants d’amour tissés de déchirures et de raccommodages, de tricheries et d’abandons, d’impossibilités en raison du statut social, des réticences familiales demeurent encore maintenant les plus savourées. On y voit comme une épopée surréaliste cousue de situations rocambolesques parfois triviales. L’amour à la vietnamienne, c’est une recherche couverte d’imprévus de l’âme sœur. Par la suite, on tombe dans le morne quotidien. L’inspecteur-enquêteur n’irait pas dans cette direction, il le sut très jeune : sa carrière primerait. Les appels du corps ne furent pour lui que des passages à l’acte aussi rapides qu’éphémères. Madame Quá Khứ deviendrait rapidement un autre jouet.


Au jeu d’échecs, on pourrait le qualifier de vorace. Tout doit s’effectuer rapidement. Sans véritablement s’en douter, devant un tablier imaginaire, une partie de haut niveau s’enclenchait. Qu’il ait répondu sur le champ à l’appel de la tenancière du café présageait de la suite. Elle savait que l’ouverture du jeu lui appartenait, qu’elle jouait avec les pièces blanches comme son áo dài.



   d2)      la partie d’échecs


Madame Quá Khứ lui exposa la problématique qu’elle vivait, ses inquiétudes aussi, suivant à la lettre le plan qu’elle avait échafaudé. Elle sentait l’écoute de la Main fort attentive, lui qui réalisait l’échec de l’objectif visé lorsqu’il proposa à la propriétaire du café d’embaucher Thần Kinh (le nerveux) , l’appâtant avec la vodka et la pipe à eau afin qu’il commette un geste irréparable: cela n’avait pas donné les résultats anticipés. Semble-t-il que l’on pourrait tenter autre chose. En réponse à son bref exposé, il proposa de mettre son café sous surveillance. Elle s’y objecta fermement prétextant que cela rendrait le jeune homme davantage méfiant. Le policier en convint. Il fallait opter pour une stratégie plus agressive, plus directe. Le grand maître des échecs Xavier Tartacover a dit un jour : « La tactique consiste à savoir ce qu’il faut faire quand il y a quelque chose à faire. La stratégie consiste à savoir ce qu’il faut faire quand il n’y a rien à faire!’ ».
– Comme ce voyou peut nous dérouter.

– Je crois que l’argent que je garde ici, sachant qu’il s’agit d’une somme importante et que je compte en remettre une bonne partie à Dep pour son projet de bibliothèque saurait le faire agir rapidement.

la Main regarda vers une tasse de thé vide.
– Il est au courant que vous cachez de l’argent?

Madame Quá Khứ se leva difficilement de sa chaise afin de refaire du thé.
– Je sais que vous aimez le thé très chaud, dit-elle. Je me suis rendu compte trop tard de mon imprudence. J’ai ouvert devant lui le coffre dans lequel tout se trouve. Mais peut-être qu’à partir de cette erreur, on saura le surprendre. S’il compte déguerpir aussi bien lui permettre d’agir et l’épingler la main dans le sac.
– Là j’avoue ne plus vous suivre, dit la Main attentif aux pas hésitants de la vieille dame.
– L’étranger au sac de cuir qui doit s’absenter de Hanoï pour quelques jours semblait en bien sérieuse conversation avec notre jeune homme. On parlait de quitter rapidement le pays, des papiers nécessaires, de contacts à l’ambassade américaine et que tout pourrait, moyennant une forte somme d’argent, se dérouler très rapidement. Je ne sais pas ce qu’il fricote celui-là mais je le trouve encombrant. J’espère seulement qu’il ne montera pas la tête de Dep. Son projet, je ne voudrais pas qu’on la fasse dévier des objectifs qu’elle se fixe.


Une entente se construisait entre eux comme à l’époque où ils oeuvrèrent ensemble. Mais une partie d’échecs demeure une partie d’échecs.

La tenancière du café Con rồng đỏ invita la Main à monter dans les appartements situés à l’étage du café. Ceci est la chambre où Dep vit; voici la sienne; cette grande pièce, on dirait un salon, elle l’utilise comme bureau d’affaires; derrière, tout au fond, un petit vestibule où sont rangés ses papiers personnels de même que sa fortune.

– Thần Kinh (le nerveux) connaît bien les lieux. C’est ici que je le recevais pour discuter des travaux de rénovation; ici également qu’il prenait son verre de vodka après les journées de travail.
la Main semblait photographier l’endroit, s’en faire une image mentale précise.
– Votre système d’alarme fonctionne-t-il jour et nuit?

– Je n’en ai pas fait installer suite à la mort de mon chien qui importunait les alentours en jappant toute la nuit. Comme gardien, on ne pouvait demander mieux.

Les deux acolytes d’une affaire devant tourner dans un seul sens, celui que cette vieille dame peinant à redescendre un escalier devenu avec les années l’objet premier des supplices infligés à ses genoux,  se retrouvèrent à la table où les attendait le thé au jasmin dans de petites tasses bleues.


Daniel Bloch respectait à la lettre les consignes de celle qui souhaitait sortir vainqueur de sa dernière partie d’échecs. Des pièces furent déplacées, ne restait plus qu’à voir si les prochains coups porteraient. Noires contre blanches, deux rois et deux reines d’un temps jadis s’affrontaient sans animosité pour le moment. Une des deux couleurs, n’ayant pas encore eu le temps de peaufiner son attaque, s’était repliée en mode défensif, la pire chose à faire lorsque la partie est entamée. Daniel Bloch, assis à la terrasse de l’hôtel face au lac de l’Ouest, attendait Tùm (le trapu) devant le rejoindre après son cours de flûte. Il tardait à se présenter, ce qui n’est pas à son habitude. Lorsqu’il apparut, quelqu’un d’inconnu à l’étranger au sac de cuir l’accompagnait.

– Bonjour monsieur Bloch, je…

– Je t’ai pourtant dit plusieurs fois, je le répète encore, de cesser de m’honorer du titre de monsieur. Daniel… m’identifie très bien.

L’étranger au sac de cuir se débarrassa du livre qu’il venait de fermer, enleva ses lunettes de lecture et invita les deux jeunes hommes à s’asseoir.
– Tu prendras bien quelque chose à boire, Tùm (le trapu).
S’apercevant avoir omis de présenter celui qui s’était joint à lui, il s’excusa usant de ses grands détours coutumiers. Il finit par dire :
– Voici Trẻ (le plus jeune).

Lorsque Madame Quá Khứ se leva, elle dit en guise de salutations à la Main :

– Je suis une vieille personne maintenant. Les réflexes de jadis ne sont plus au rendez-vous mais je tiens à ce que vous sachiez ceci : à une autre époque, devant une telle situation, vous auriez été la dernière personne à qui j’aurais demandé d’intervenir.
Cela jeta un coup de vent nauséabond entre les deux. L’homme regardait cette femme dont il avait rêvé si souvent, qu’il avait protégée lorsque l’on découvrit qu’elle jouait à autre chose qu’aux échecs mais bien à titre de contact privilégié avec l’armée américaine, qui pendant longtemps fut sa source précieuse d’informations dans le quartier. Il la regardait avec des yeux d’homme mûr, d’homme dont les ambitions traduisent des aspirations vaniteuses et orgueilleuses; il la regardait avec une sorte de pitié. La mort violente de son mari avait tué du même coup la fragile qualité de leurs rapports. Immédiatement, elle se douta qu’il en fut le commanditaire. Lorsqu’il lui exposa les raisons exactes de ce châtiment, qu’il avait eu à choisir entre elle et le mari patriote, elle comprit qu’il lui fallait se soumettre à ses viles intentions. Depuis qu’elle sait, elle le hait davantage, sa soif de vengeance devenue indestructible.

     d3)      la partie d’échecs

Le jeune homme qui accompagnait Tùm (le trapu) paraissait nerveux aux yeux de Daniel Bloch qui fit rapidement le rapprochement entre lui et l’histoire de la pendaison. Qu’il n’ait pas dormi depuis des lustres semblait évident. L’étranger au sac de cuir appela le garçon de table et invita Trẻ (le plus jeune) à commander quelque chose à manger. Que faisait-il avec le jeune musicien? Pourquoi avoir accepté de lui être présenté? Pourquoi réapparaître après un aussi long moment d’absence sans n’avoir jamais donné de ses nouvelles? Les questions se bousculaient dans la tête de l’étranger au sac de cuir alors qu’avant leur arrivée, l’évolution du piège tendu par la tenancière du café à l’inspecteur-enquêteur déconcentrait sa lecture. Au cas où Tùm (le trapu) s’informerait de la raison pour laquelle aucun dîner n’avait été cédulé pour le reste de la semaine, il avait déjà une réponse toute prête. Elle ne vint pas sur le tapis mais quelque chose flottait dans l’air; quelque chose ayant un rapport direct avec cette visite impromptue.
À deux reprises l’affamé commanda un cơm tấm*.

cơm tấm* plat vietnamien préparé à partir de grains de riz brisés. « Tấm » désigne les grains de riz brisés tandis que « cơm » désigne le riz cuit. On y ajoute des légumes, de la viande ou encore du poisson.

– J’ai été très surpris aujourd’hui d’apprendre de la part de mon professeur de musique qu’elle avait déjà joué du piano en présence de Hô Chi Minh.

Il semblait à Daniel Bloch que Tùm (le trapu) tournait autour du pot, qu’il n’avait absolument pas l’intention de l’entretenir des activités musicales de Madame Nhạc Sĩ. Un sujet plus important coinçait dans sa gorge certainement en lien avec ce qu’il s’évertuait à taire en lui et la présence du fugueur.
– Y a-t-il là un problème?

Le musicien répondit en bafouillant :
– Non, je n’en vois aucun, sauf qu’elle me casse les oreilles constamment avec la flûte, toujours la flûte, seulement la flûte. Lorsque je dis avoir une préférence pour le violon, elle revient à cette fichue de flûte. Elle, c’est le piano qu’elle affectionne. Quand je lui rappelle qu’un jour elle a changé d’instrument et que je pourrais fort bien l’imiter, elle me répond que c’est elle le professeur, que c’est elle qui sait ce qui est bon pour moi et que je n’ai qu’à écouter ce qu’elle me dit.
On devinait la rancœur dans les propos de ce Mozart assassiné comme le surnommait le contremaître du chantier. Pendant cet échange Trẻ (le plus jeune) dévorait en silence son troisième plat.



Madame Quá Khứ était revenue à sa cuisine. Bizarrement, elle ne ressentait rien d’autre qu’une partielle satisfaction; les premiers jalons du piège venaient d’être mis en place et rien, pour le moment, ne semblait accrocher. Elle remarqua que la Main prit un certain temps avant de disparaître de son champ de vision. Il s’était entretenu avec le gardien de sécurité quant à certains détails entourant le café : l’heure de fermeture; les activités nocturnes autour de l’endroit; les allées et venues de celui-ci ou de celle-là; la fréquentation des motos autour du carrefour… enfin tout ce qui pourrait porter ombrage à une action qu’il comptait mener le soir même. Comme la tenancière n’avait pu lui dire avec certitude si Thần Kinh (le nerveux) agirait de nuit et le moment où Dep regagnait sa chambre, attendre ne changerait rien à ce qu’il ferait. Nous le connaissons maintenant, surprendre le voyou la main dans le sac ne fait pas partie de ses objectifs, il trouve facilement une raison pour l’accuser de ce que lui a fait ou s’apprêtait à faire. Depuis la double gifle, la condamnation difficilement arrachée au nouveau juge, l’incarcération dans la prison de Hanoï, la Main savait que jamais son ennemi juré ne serait en mesure de s’en prendre à lui directement, ne disposant ni des moyens nécessaires ni de la ruse requise. À ses yeux, il ne serait qu’un minable faire-valoir, sans plus.
Suite à la demande de Madame Quá KhứDep accepta de s’entendre avec son amie la couturière afin qu’elle l’héberge quelques jours.
– Vous êtes souffrante?, lui demanda-t-elle comme pour se rassurer.

– Non. Tu sais, je vis solitaire depuis des années. Les seuls mouvements qui perturbent ma vie sont ceux du café. J’aimerais seulement me retrouver seule pour quelques jours.

Dep s’inquiéta que sa présence puisse la déranger, ce à quoi Madame Quá Khứ répondit :
– Que vas-tu chercher là! D’aucune façon. Mais j’aimerais bien un peu de solitude. Les travaux de rénovation m’ont beaucoup épuisée. Je dors mal. Sans trop me l’expliquer, la nuit, je reste éveillée comme pour me rassurer que tout va bien dans ta chambre.

– Ne vous en faites pas pour moi. Si j’éteins la lumière un peu tard, veuillez m’en excuser. Je mets de l’ordre dans l’élaboration du projet de bibliothèque et vous savez combien j’aime lire.

La propriétaire du café Con rồng đỏ revint à sa recette de beignets.

     d4)      la partie d’échecs


Depuis la fermeture du kiosque où Dep vendait des ballons multicolores, Khuôn Mặt (le visage ravagé) n’avait plus besoin de se tenir à son poste de guet, il avait donc changé de table au Con rồng đỏ. Il gardait toutefois la même régularité quotidienne : ses repas et son thé froid. Maintenant que la jeune serveuse les lui servait, il les appréciait encore plus. Quitter le chantier ne lui pesait pas; il passait ainsi une partie de ses journées entre la nouvelle table et le département de la cimenterie qui l’avait engagé. Un jour, ce fut un peu avant le scandale qui éclaboussa le service de police du quartier, on le convoqua au bureau de l’ingénieur en chef du chantier. Ce type fut bref :

– Nous perdons notre contremaître le mois prochain. La compagnie t’offre le poste.

Il en parla à Dep qui, dans un élan de joie, lui sauta au coup pour l’embrasser. Le trouble qui s’empara de lui est difficile à décrire. J’aimerais recevoir de bonnes nouvelles tous les jours, se dit-il.
– Je savais qu’un jour ou l’autre on reconnaîtrait tes talents de leader. C’est inné en toi. Comme les employés sous ta responsabilité vont t’apprécier. Tu es juste, honnête et tu aimes les gens. Les ouvriers seront comme des frères pour toi. Je suis si heureuse de cette promotion.
À partir de ce moment-là, Khuôn Mặt (le visage ravagé) comprit à quel point sa recherche de la beauté dépassait l’apparence physique. C’est au-delà de cela. Croire en la beauté lui aura permis de comprendre une foule de choses. Il ne ressentait plus cette animosité que longtemps il croyait venir du regard des autres. Il se voyait maintenant à travers le regard de la jeune fille qui accepta, un jour de funérailles, de s’accrocher à son bras, de marcher avec lui. Et de continuer à marcher avec lui, à la vue de tous qui se demandèrent bien, au début, ce qui pouvait les unir. Ils marchaient dans le quartier… s’approchaient de la pinède et un jour, seraient en mesure de descendre la pente les menant au lac, là où les bougainvilliers à fleurs rouges poussent. Là où le vent, le soleil et la lune ont tissé un abri pour les herbes mortes. Ils marchaient la main dans la main, le regard loin devant eux.

En fin de journée, il reconduisit la jeune serveuse chez la couturière à l’ancien kiosque où, pendant de longs mois, Dep vendait des ballons multicolores. Elle y vivait, parfois s’y sentait comme emprisonnée. May avait installé son atelier à cet endroit qui ne ressemblait plus du tout à ce qu’il fut auparavant. Elle adore les tissus, les couleurs voyantes. La décoration donne à l’endroit une toute autre allure. Comme elle est ravie de pouvoir, en plus de coudre, posséder une salle d’essayage et disposer d’assez d’espace pour aménager un comptoir de vente. Elle n’offrait que ce qu’elle produisait. Puisant ses idées dans de grandes revues de mode, elle présentait le fruit de son travail, amalgame fort réussi des styles vietnamien, européen et américain.

– Je vous laisse toutes les deux. On se revoit au petit déjeuner, demain.
Dep le salua d’un sourire tellement gracieux qu’on pourrait le qualifier d’amoureux.

L’odeur du riz le matin qui se dégage du café Con rồng đỏ alors que tout est tranquille autour laisse place, en fin de journée, à un surprenant mélange de robusta* et de nicotine. Khuôn Mặt (le visage ravagé) remarqua la lueur jaune qui se déposait sur le balcon de la chambre de Madame Quá Khứ. Le signal convenu annonçait qu’il devait prendre un nouveau poste de guet, à l’étage du café cette fois. Il s’y rendit.

robusta* L’espèce ‘’coffea canephora’’ dont on tire les différentes variétés de robusta s’épanouit dans les forêts tropicales. Originaire du bassin du Congo, le coffea canephora est un arbuste mesurant entre 5m et 8m de haut et dont les feuilles sont vert clair. Plus robuste que l’arabica (d’où son nom), le robusta offre également un rendement plus important. Cultivé dans les plaines d’Afrique centrale, du Brésil, du Vietnam ou encore d’Indonésie jusqu’à 600 m d’altitude environ, le coffea canephora fournit environ 30% de la production mondiale. Les grains de café qu’il produit renferment 2 fois plus de caféine que ceux de l’arabica.

À suivre

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