mardi 6 octobre 2009

Le trois cent quatrième saut


Je ne m'attendais pas à revenir sur le crapaud d'abord aussi rapidement et ensuite dans les conditions qui sont les miennes ce matin.

Ce matin, aux Houches, petite ville tout à côté de Chamonix où vivent mes amis Gilles et Madeleine. Ce matin, à quarante-huit heures d'un retour précipité à Montréal alors que je devrais être à Genève avec mon «voyageur solidaire» en route vers Rome.

Un matin au pied des Alpes sur lesquelles un soleil magnfique permet de voir le Mont Blanc dans toute sa majesté, son immensité. Gilles et Madeleine sont partis au travail et je suis à pianoter sur ce clavier qwerty beaucoup simple que le clavier azerty que l'on utilise en France. J'aimerais déposer ici mes premières impressions mais elles se bousculent dans ma tête et j'arrive difficilement à les mettre en ordre.

J'ai appris avec l'épisode du tendon d'Achille (que je croyais achevé mais que le vol d'avion a réanimé de façon aiguë) que ce que je vis actuellement me ramène à un vieux souvenir; il date du 1er mai, journée de la chirurgie, alors qu'étendu sur la civière à l'étage opératoire de Santa Cabrini, je me demandais si cet accident n'était pas un signe que le voyage projeté n'allait pas avoir lieu, n'allait pas se concrétiser.

Deuxième signe, encore plus bizarre celui-là, me vient de Fleurette alors qu'elle nous venait et repartait dans un espèce de coma contrôlé - on est en août et tout le voyage est planifié - et qu'il est clair dans mon esprit qu'advenant le fait où elle parte définitivement je m'étais fait à l'idée que je n'allais pas modifier mes plans de voyage, Fleurette semble me dire dans son regard qui doucement s'en allait qu'elle aurait aimé être avec moi, revoir l'Italie et assister à un opéra - nous en avions parlé quelques semaines auparavant - mais que cela lui était maintenant inaccessible... un peu comme si ce voyage lui-même allait se loger dans l'inaccessible!

Ces deux éléments me sont continuellement présents à l'esprit et sans être aussi douloureux que la pression qui se loge à la cheville, au dos et aux reins, c'est aussi lancinant. Ça ne ralentit pas ma marche comme la cheville réussit malignement à s'amuser à le faire, mais ils sont bien logés dans mon cerveau.

Je rentre déçu, oui mais je rentre surtout inquiet sur l'évolution de ce tendon (je me demande comment il réagira aux 7 heures de vol de jeudi, tout en me disant que les deux fois 12 heures qu'il aurait reçues en direction du Vietnam et cela en 3 semaines auraient pu être disons «critiques») tendon que je croyais beaucoup plus en forme que ce qu'il me présente aujourd'hui. Il a besoin de 2 jours de repos complet pour accepter de participer à moins de 5 kilomètres par la suite.

Et je songe beaucoup à mon «voyageur solidaire» qui poursuit la route. Je sais que par définition il est un voyageur solitaire mais cette fois-ci ça devait être différent. On s'est quitté, et sans se le dire vraiment - les gars savent contenir la profondeur des émotions - je crois qu'une certaine inquiétude se profilait entre nous, lui continuant et moi... rétrogradant.

J'y reviendrai...

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