En ce premier juin, le crapaud jette un bref regard derrière lui. Il y a un mois, c’était la chirurgie mais surtout le début d’une période de nuages, de pluie, de vents, de froid… et d’un peu de soleil. Un mois de mai qui aurait dû se déplacer pour s’installer quelque part en automne…
Je vous offre ce texte magnifique de Hermann Hesse, tiré de «PETER CAMENZIND», on y parle des nuages. Je reviens après, vous laissant le temps de le lire.
« Les montagnes et le lac, la tempête et le soleil étaient pour moi des amis, me racontaient des histoires, faisaient mon éducation, et me furent pendant longtemps plus chers et plus familiers que n’importe qui parmi les humains, que n’importe quelle destinée humaine. Mais c’est encore aux nuages qu’allait ma prédilection; je les préférais au lac étincelant, aux pins mélancoliques et aux rochers ensoleillés.
Qu’on me montre dans le vaste monde un homme qui connaisse mieux les nuages et qui les aime mieux que moi! Ou bien qu’on me montre dans la nature quelque chose qui soit plus beau que les nuages! Ils sont un jouet, une consolation pour nos yeux, ils sont une bénédiction, un présent de Dieu, ils sont sa colère et sa puissance dévastatrice. Ils sont tendres, doux et paisibles comme les âmes des nouveau-nés; ils sont beaux, riches et généreux comme de bons anges; ils sont sobres, inéluctables et sans pitié comme les messagers de
Oh! les nuages, les beaux nuages! qui planent sans trêve! Je n’étais qu’un enfant ingénu et je les aimais, je les contemplais sans savoir que je devais, moi aussi, m’en aller à travers la vie comme un nuage – de-ci de-là, partout étranger, planant entre le temps et l’éternité. Depuis mon enfance ils sont pour moi de chers amis et des frères. Je ne saurais traverser la rue sans que nous échangions des signes d’amitié, sans que nous nous adressions un salut et restions un moment à nous regarder les yeux dans les yeux. Je n’ai pas oublié non plus ce que j’ai appris d’eux alors, leurs formes, leurs couleurs, leurs trajets, leurs jeux, leurs rondes, leurs danses, et leurs repos et leurs étranges histoires terrestres et célestes tout ensemble.»
Et j’ajouterai cet autre extrait du même roman :
« Tout de même l’observation des nuages et des vagues m’avait donné plus de satisfaction que l’étude des hommes. À ma grande surprise je m’aperçus que l’homme se distingue avant tout du reste de la nature par une cosse glissante et gélatineuse de mensonge qui l’enveloppe et le protège. En peu de temps j’observai chez toutes mes connaissances ce même phénomène – résultant du fait que chaque individu est contraint de figurer une personnalité bien définie alors que personne ne connaît le fond de son être.»
Je ne suis pas certain que cela vous fasse mieux digérer la température de mai, mais regarder un nuage autrement, parfois, permet ces petits instants qui nous décrochent du quotidien…
«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»
C É R U L É E N – E N N E (adjectif)
. d’une couleur bleu ciel.
F L O C H E (adjectif / nom féminin)
. dont la torsion est faible (en parlant d’un fil);
. amas floconneux.
Au prochain saut
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