vendredi 9 février 2007

Le cent cinquante-deuxième saut de crapaud

Il me fait plaisir d'offrir, aujourd'hui, trois poèmes.





laurier mort



un laurier mort

planté au centre du jardin

assiégé par les bruits de sauvages regrets

inondé de peurs comme des oeillets aseptiques

un laurier mort
de boue
se voit ne plus fleurir
ne pas mourir
souffrir
et

vieillir

à sa boutonnière
débarrassée de l’orbe pourpre des lunes opalescentes

s’accrochent de matinales promesses
semblables à ces ruisseaux aveugles
qui meurent près du fleuve





un laurier mort
en peau
se voit fuir
abolir les frontières
jaillir
et


vieillir




un camelot de cire sacrifié aux rayons du soleil
s’échappe dans les ruelles bouffies
hante le laurier

greffant ses germes gelés

cyclosporines rongées de plathelminthes

aux couleurs glaciales

que les sarcoptes diaphanes maquillent

et s’accrochent à de parallèles clôtures

un stérile potager

abondamment
le reçoit

puis

le dépose au cœur des racines du laurier mort
















le souffle court



automne, la saison des attirances
des feuilles mouillées s'écrasant par l'attraction terrestre




des arbres nerveusement crispés attendant l'eau
en se plaçant très bas, les nuages coruscants cachent le soleil




alors qu’un enfant-camelot apprend par coeur un livre
son livre incarnadin

il y a huit murs au centre de la prison
que l'automne respire comme une volée d’oiseaux libres

l’enfant aux souvenirs inachevés

les mains sous ses pas s’immobilisent soudainement

avec les griffes d’un loup dépiauté

il orchestre mille tempêtes sur les notes d’un piano


il s’essouffle court

voit sa mort

la date de sa mort

revit les événements essentiels de nouveau arrivés

(la date de notre mort est toujours celle du moment où l’on revit d’essentiels événements)



elle s’automnise en prison

s’enrubanne de l’ombre des oiseaux

qui creusent sur les murs des souillures noctiluques

le souffle court


cesse de respirer













et si




et si
en marche rétrograde
reculait
une marionnette
devant ses souvenirs


et si

en chacun d’eux
pour respirer mieux
s’étouffaient les paroles


et si

toutes les marionnettes ne savaient plus écrire
tout à coup, d’un seul coup
devenus d’anachorètes analphabètes




et si nous n’étions plus
ces êtres plastiques
que récupère l’éternité
pour nous fondre



alors
comme de longs cheveux voilés par des mots à trois f
nous nous amusions à mesurer des chiffres
arabes
dans les corridors de plumes
où le cinq le six le sept refusaient d’exister craignant le huit
,serpent enroulé de zéros…


et si les marionnettes encadraient leurs mots pour ne plus nous faire peur

















À bientôt




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