vendredi 12 juin 2009

Saut: 285


Il y a de ces jours… Combien de fois n’avons-nous pas entendu ces paroles ou lu ces mots? Il y a de ces jours où tout semble s’éterniser, rien n’aboutit et l’ensemble des événements qui nous surviennent sont exactement ceux que l’on ne souhaitait pas.


On regarde autour. «Périphériquement», on se dit : et pourtant tout est là… le soleil brille, la lune ne semble pas trop se plaindre, la pluie cesse et laisse place à un vent léger qui charrie deux ou trois nuages dans un ciel digne et d’un bleu ozone.


Alors on retourne le regard sur soi. On se dit : et pourtant tout est possible… je me déplace plus aisément, la cheville pivote doucement mais elle bouge et occasionne de moins en moins de douleur, mais ça manque de mouvement, la position assise nous conduit à la déprime.


Voilà. C’est dit. Le crapaud ne saute pas bien haut. Essayez avec une paire de béquilles (sous les aisselles ou les canadiennes) de vous amuser à faire un seul petit saut. Vous me direz, il n’y a pas que sauter dans la vie. Et vous auriez tout à fait raison. Mais pour un crapaud marcheur, l’obligatoire ralentissement l’amène à la déprime…


Je ne veux pas vous embêter avec mes élans de l’âme mais seulement vous inviter à lire ce poème – un autre qui naquit avant Achille et peaufiné pendant la convalescence – qui, bizarrement, rejoint mon état d’esprit du jour. Soyez sans crainte, le crapaud n’est pas encore aux soins psychologiques… un passage à vide… une nécessaire étape… une humeur!


Ce poème s’intitule : il n’y a rien


au bout du sentier vide,

il n’y a rien,

à peine une ombre,

un peu de poussière peut-être

soulevée par deux scorpions rampant près des cactus violets


il n’y a pas de traces de pas sur le sentier

dans le brouillard, camouflés

des squelettes faméliques et troublés

déchiquètent quelques papiers noircis


en route vers les pôles ensoleillés,

un vent d’est,

bouche ouverte

dévore les carcasses des poètes maudits


suivant une ligne droite au bout de laquelle il n’y aura rien

une chevelure perdue dans la pénombre

dépose des morceaux de silence brûlés

sur chaque possible pas

et rien d’autre

que rien


J’ose espérer qu’il servira d’étalingure (un terme maritime qui signifie : fixation d’un câble sur une ancre) quel mot magnifique, il aurait mérité de se retrouver dans mon «carnet d’ivoire…».

Au prochain saut

1 commentaire:

Anonyme a dit...

" ... des morceaux de silence brûlés" magnifique! c'est parfois en fermant les yeux pour mettre au monde de si beaux mots qu'on fait les plus grands sauts! Il remarchera le crapaud, et il en sautera que plus haut! Faute d'être resté au bord de l'étang beaucoup trop longtemps à ses yeux.

Comment pourrions-nous croire à la crédibilité de cet être s'il nous partageait pas de temps en temps ses états d'âme? Nul, même un crapaud, ne peut se targuer de toujours avoir le sourire aux lèvres et le coeur en joie!

Il y a toute la faune du marais qui est là pour veiller sur vous cher crapaud.

RC

Parfois... mon âme

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