mardi 27 février 2007

Le cent cinquante-sixième saut de crapaud



Voici trois poèmes qui n'ont que très peu de lien entre eux. Pour ceux et celles qui viennent sur le Crapaud assez régulièrement et qui ont pu lire quelques poèmes, ceux-ci pourraient me dire que l'on retrouve souvent des fantômes, des marionnettes et des silences épinglés dans chacun des poèmes. Vous avez raison. Et bientôt, du moins je me le souhaite, je pourrai vous faire lire un texte (texte-rassembleur) une sorte de synthèse de cette idée multipliée sur je ne sais trop combien d'images, celle que la réalité a beaucoup de difficultés à se détacher de l'irréel et qu'entre les deux, dans une espèce de grande immobilité mouvante, se situe l'entre-réel...







une main ouverte



sanglante de mille taches blanches
d’un million de sillons bleus
se détache une marionnette-fantôme noire
,un petit reliquaire enchâssé sous les ongles

tout se meut
au bout d’une main blanche
ouverte

de l’ouverte main blanche
deux jonquilles se referment



puis s’effritent
quatre
bagues
en jonc













encorbellement



la grande porte se referme
emmurant huit cancers en phase terminale
qui s’attristent à mourir
et guettent la dernière pelletée de terre

la grande porte refermée
devant derrière emmêlés
ne restent plus que les bruits
des grands airbus décollés
grafignant le ciel
y semant des traces diaphanes
que mangent les oiseaux

devant cette porte qui s’est refermée
debout et vivantes se tiennent
les images que le temps a figées
pattes d’oie et ridules
sous des mains croches
telles des ondes doucement exposées

derrière la porte que l’on a refermée
le nord en sud se change
bouleverse le vent sur les feuilles
puis recule
dans une grande poussée en avant

la porte-fantôme
qu’un mur a fait s’éclater
n’a de visible
que cette poignée de terre en cendres
au cimetière des feuilles mortes








la mémoire des choses à venir



oublier



avoir déjà oublié
ce qui s’est passé
il y a une minute
une heure
une journée

cela arrive



découper mieux ce qui vient que ce qui s’en va
avec davantage les pieds sur terre
la tête vers le ciel

cela se fait

tous les sept heures ne sont pas les mêmes
comme les putains de la rue Ontario
qui trottent sous la chaleur
ventilateur essoufflé à la fenêtre d’un alcôve chaud

et
cela défait le lit

une langue noire tatoue
sur le froid du trottoir

un
je t’aime
rouge aux lèvres
noir aux yeux
bleus aux bras
vert espéré

un trou dans la mémoire
cela s’emplit

la mémoire des choses à venir
cela résiste au temps
tout comme le ciment de la rue, aux cœurs



Bonne fin de février...








Aucun commentaire:

Parfois... mon âme

                                                                                                          parfois Parfois mon âme se met à...