L’an dernier, à l’annonce du début d’une crise économique sans précédent depuis 1929, tous les gouvernements du monde, y compris le Canada… après quelques tergiversations… mirent l’épaule à la roue afin de sauver l’économie mondiale du désastre.
Pourquoi ne fait-on pas la même chose avec le problème du réchauffement de la planète?
Sans doute parce que ce n’est pas vraiment un désastre! Peut-être en raison des « parce que » tellement difficiles à expliquer emballés dans des notions scientifiques relevant d’un certificat d’études secondaires et plus! Ou tout simplement qu’on a le temps. 2050, c’est tellement loin!
Vous savez, dans un abribus de la STM (Société de Transport de Montréal) alors qu’il fait moins 15 degrés Celcius à l’extérieur, parler du réchauffement de la planète n’est pas tout à fait évident! Mais le crapaud l’a fait.
Je posais, à une dame qui elle aussi attendait le 139 (le bus Pie-IX), la question plus haut énoncée. Dans sa sagesse de grand-maman (elle me disait avoir aussi trois arrière-petits-enfants), me regardant droit dans les yeux, elle m’affirma avoir entendu à la télévision un très grand spécialiste de la météo (ou quelque chose du genre a-t-elle précisé) que ce n’était pas si pire que cela. Elle réalisa, alors que j’ajoutais m’inquiéter pour la suite du monde, songeant surtout à mes petits-enfants, d’abord que le bus arrivait et que les réponses définitives ne sont peut-être pas celles qui répondent définitivement aux questions posées.
Nous sommes montés dans le bus, descendus à la station de métro Pie-IX puis séparés car nous empruntions deux directions différentes. Cette image m’a beaucoup frappé. Même abribus… même bus… même station de métro, puis deux directions opposées. Sans doute qu’à Copenhague – certains l’ont rebaptisée Hopenhague – retrouve-t-on ces deux directions opposées. Sans doute, peut-être ou tout simplement faut-il que les grandes questions humaines, cruciales ou pas, se ramènent à deux directions opposées!
Je n’en ai aucune idée mais ce que je sais c’est que samedi dernier alors que LE DEVOIR (qui aura 100 ans, comme les Canadiens, en janvier prochain) publiait un grand dossier sur la conférence de Copenhague et que je lisais attentivement les diverses argumentations, je me suis inquiété… au point de cesser de lire, au point d’avoir honte d’être encore Canadien.
Monsieur Harper a des enfants. Pas de petits-enfants (comme moi) et d’arrière-petits-enfants (comme la dame de l’abribus)… Voilà sans doute, peut-être ou tout simplement une explication nous permettant de comprendre sa position sur la question du réchauffement de la planète, position qui n’a rien à voir avec celle de la Chambre des Communes à Ottawa, d’une assez forte majorité de Canadiens et, semble-t-il, d’une très forte majorité de Québécois.
Je ne sais pas ce que ses enfants en pensent! Sont-ils un peu malheureux, en classe, d’avoir à dessiner une planète telle que la leur prépare leur papa-premier-ministre-du-Canada alors que les autres, désespérément, tentent de mettre un peu de bleu autour de leur croquis?
Éthan, mon dernier petit-fils, a onze mois aujourd’hui. En 2020, il aura onze ans. A-t-on le droit, le droit moral, de lui préparer une planète moins bleue que celle d’il y a trente ans alors que ses parents naissaient? A-t-on le droit, le droit éthique, de lui remettre une planète plus atrophiée que celle dont héritèrent ses grands-parents, il y a soixante ans?
Le crapaud, au nom de tous les Éthan présents et à venir, de tous les Émile, Léa, Arthur, de leurs amis d’ici et d’ailleurs, d’un ailleurs proche, d’un ailleurs éloigné, en leur nom, le crapaud qui continuera de fréquenter les abribus de la STM, de prendre le métro et d’user ses espadrilles, le crapaud demande que nos dirigeants nous dirigent vers la vie et non vers la mort. Que nos dirigeants prennent tous les moyens extrêmes comme ils le firent pour la crise économique, afin d’enlever cette épée de Damoclès qui ne tient plus que par un fil au-dessus de nos têtes.
Je crois que ma grand-maman, arrière-grand-maman, malgré qu’elle ait entendu dire que ce ne soit pas si grave, je crois qu’elle serait d’accord elle aussi et souhaiterait qu’à sa sortie du métro, le ciel fut bleu, l’air pur malgré le moins 15 degrés Celcius.
Bon. Voilà pour le côté éditorial de ce saut. J’achève en vous faisant lire un très court poème de William Ernest Henley. Il l’a écrit en 1875 alors qu’on venait de lui amputer une jambe. Nelson Mandela, dans sa cellule sud-africaine, se le récitait tous les jours pour alimenter l’espoir.
Clint Eastwood a intitulé son dernier film, tout à fait intéressant, du nom de ce poème, INVICTUS qui signifie «invincible».
INVICTUS
Dans la nuit qui m'environne,
Dans les ténèbres qui m'enserrent,
Je loue les Dieux qui me donnent
Une âme, à la fois noble et fière.
Prisonnier de ma situation,
Je ne veux pas me rebeller.
Meurtri par les tribulations,
Je suis debout bien que blessé.
En ce lieu d'opprobres et de pleurs,
Je ne vois qu'horreur et ombres
Les années s'annoncent sombres
Mais je ne connaîtrais pas la peur.
Aussi étroit soit le chemin,
Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme
Je suis le maître de mon destin,
Le capitaine de mon âme
William Ernest Henley (1875)
Au prochain saut
1 commentaire:
Bien envoyé comme édito...
et merci pour Invictus
Paul
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