Je ne crois pas tellement me tromper en disant que la poésie est encore le meilleur remède pour l’âme… et le tendon d’Achille!
Le crapaud achève (certainement le verbe qui colle le mieux à ma façon de travailler : un continuel «acheveur»…) deux poèmes qui pourraient se retrouver sur le blogue dans quelques jours. D’ici là, voici deux magnifiques Saint-Denys-Garneau :
À PROPOS DE CET ENFANT
À propos de cet enfant qui n’a pas voulu mourir
Et dont on a voulu choyer au moins l’image
comme un portrait dans un cadre dans un salon
Il se peut que nous nous soyons trompés
exagérément sur son compte.
Il n’était peut-être pas fait pour le haut sacerdoce qu’on a cru
Il n’était peut-être qu’un enfant comme les autres
Et haut seulement pour notre bassesse
Et lumineux seulement pour notre grande ombre sans rien du tout
(Enterrons-le, le cadre avec et tout)
Il nous a menés ici comme un écureuil qui nous perd
à sa suite dans la forêt
Et notre attention et notre ruse s’est toute gâchée
à chercher obstinément dans les broussailles
Nos yeux se sont tout énervés à chercher son saut
ici et là dans les broussailles à sa poursuite.
Toute notre âme s’est perdue à l’affût
de son passage (qui nous a) perdus
Nous croyions découvrir le monde nouveau
à la lumière de ses yeux
Nous avons cru qu’il allait nous ramener au paradis perdu.
Mais maintenant enterrons-le, au moins le cadre avec l’image
Et toutes les tentatives de routes
que nous avons battues à sa poursuite
Et tous les pièges attrayants que nous avons tendus
pour le prendre.
MONDE IRRÉMÉDIABLE DÉSERT
Dans ma main
Le bout cassé de tous les chemins
Quand est-ce qu’on a laissé tomber les amarres
Comment est-ce qu’on a perdu tous les chemins
La distance infranchissable
Points rompus
Chemins perdus
Dans le bas du ciel, cent visages
Impossibles à voir
La lumière interrompue d’ici là
Un grand couteau d’ombre
Passe au milieu de mes regards
De ce lieu délié
Quel appel de bras tendus
Se perd dans l’air infranchissable
La mémoire qu’on interroge
A de lourds rideaux aux fenêtres
Pourquoi lui demander rien?
L’ombre des absents est sans voix
Et se confond maintenant avec les murs
De la chambre vide.
Où sont les ponts les chemins les portes
Les paroles ne portent pas
La voix ne porte pas
Vais-je m’élancer sur ce fil incertain
Sur un fil imaginaire tendu sur l’ombre
Trouver peut-être les visages tournés
Et me heurter d’un grand coup sourd
Contre l’absence
Les ponts rompus
Chemins coupés
Le commencement de toutes présences
Le premier pas de toute compagnie
Gît cassé dans ma main.
«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»
A L T É R I T É (nom féminin)
. (Philos.) fait d’être un autre, caractère de ce qui est autre.
C A N T I L È N E (nom féminin)
. chant profane d’un genre simple;
- chanson
. chant monotone, mélancolique;
. texte lyrique et épique relativement bref.
- complainte
Au prochain saut
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