jeudi 23 février 2006

Le quatre-vingt-dix-septième saut de crapaud

Je vous offre aujourd’hui trois poèmes de deux poétesses québécoises, Marie-Claire Blais et Cécile Cloutier. Ils sont aussi en lien avec l’histoire de la famille mik’maw.


L’ENFANT QUE J’ÉTAIS, de Marie-Claire Blais

Il ne reste de l’incendie de l’enfance
Qu’une pierre brûlée
Et cette chose qui me regarde parfois de ses
yeux nocturnes,
Petite ombre
Dans le paysage suppliant,
L’enfant là-bas, l’enfant que j’étais, peut-être…


IMAGE D’ATTENTE, de Marie-Claire Blais

D’où viens-tu avec cette abeille dans les cils
Et ce sel rose dans tes cheveux?
Quel est ce collier de sable à ta cheville?

Les enfants qui grandissent près de la mer,
pieds nus,
Épaules brûlées
Au soleil de l’après-midi, ont des maisons
pauvres comme des algues
Maisons de mirages dont on ne voit que la
lanterne plaintive
Entre deux volets…

Les enfants de mon pays qui grandissent près de la mer
Ont des dents assoiffées comme les sables des grèves dures,
Ils grandissent dans l’abandon des sortilèges

Les enfants consumés de grandes eaux
Ils courent en riant sur la plage tranquille…
Ils mangeront ce soir les feuilles sûres de l’océan,
Ils mangeront demain l’or et le corail de la méduse,

Les mères distraites d’être mères par une trop frêle jeunesse
Font la lessive debout comme de squelettiques esclaves
Penchées à la fenêtre de l’infini…


ÊTRE, de Cécile Cloutier

Aller jusqu’au bout de sa pesanteur
Dans le puits de la nuit
N’avoir jamais été un enfant
Ne plus sentir l’arrêt de l’île
Sous son pied
Se convaincre une bonne
De son ombre À l’opposé du soleil
Chercher la sincérité
De l’autre côté de la goutte d’eau
Là où l’on ne peut passer le doigt
Trouver une étoile
Sans distance
Au bout de l’index
Avoir envie de jouer avec le monde
De nouveau



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Parfois... mon âme

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