dimanche 31 mars 2019

5 (CINQ) (CENT-CINQUANTE-NEUF) 59



L’année 2000 sonna à notre porte quelque peu hésitante car un bogue effroyable devait l’accompagner: un bogue est un défaut de conception d’un programme informatique à l’origine d’un dysfonctionnement. Tous s’enflammèrent devant ce qui semblait ressembler à la fin du monde... Que fera-t-on par la suite ? Sera-t-il à nouveau possible de recouvrer nos données qui, en un fort court laps de temps, le passsage de 23 heures 59 à 0 heure 01 le 31 décembre 1999 au 1er janvier 2000, devraient s’envoler pour se perdre dans la nuit des temps ?

Sauf que rien de cette apocalypse annoncée ne se produira. Le YK2 bug et le YK2 bomb, comme ils furent appelés, aura coûté des milliards de dollars américains afin de "réajuster", sous forme numérique, les programmes informatiques.

Le nouveau siècle se présentait sous une étrange augure, mais l’année suivante, la 2001, le secouera davantage, comme si cela pouvait être possible: la tragédie du WTC et ses formidables répercussions. Je n’y reviendrai pas, mais cela doit demeurer en fond d’écran.

Le père Bush, ancien Président des USA avait mené, d’août 1990 à février 1991, une croisade féroce contre l’Irak qui avait envahi le Koweit. L’ONU lui donna son aval. Stoppant son intervention à l’entrée de Bagdad, il ne songea pas à détruire le régime dictatorial de Saddam Hussein; le pointer du doigt comme étant un réfuge terroriste, un grenier rempli d’armes de destruction massive - sans toutefois être en mesure de prouver ses propos - cela allait lui suffire.

Quelques années plus tard,  le fils Bush, George, devenu à son tour Président des USA allait poursuivre l’oeuvre entreprise par son paternel. Il déclara la guerre (2003), une guerre définitive cette fois contre Saddam Hussein qui fut, quelques années auapravant, un important allié contre l’installation d’une théocratie islamique en Iran. Autant l’ONU qu’une foule de pays, dont le Canada, refusèrent de le suivre, les preuves apportées leur semblant peu crédibles voire équivoques. La région en fut ébranlée. Les télévisions du monde entier retransmirent des images de la pendaison (2006) d’un Saddam Hussein défiguré par une barbe de plusieurs jours, cet homme qui se cachait un peu partout, le rendant quasi introuvable.

Puis, ce fut la Libye, la chasse à Khadafi dans ce qui sera l’élément déclencheur du Printemps arabe; les rebelles libyens l’assassinèrent en 2010, profanant son corps sans vergogne. Par la suite, sous Barack Obama, la mission dirigée contre Ben Laden aboutit, en 2011, à sa découverte au Pakistan, puis sa liquidation. Son corps sera immergé en haute mer.

En 2014, nous apprenions la naissance de Daesh (l’État islamique), rapidement identifiée comme successeur d’Al Qaida à qui la venue du terrorisme moderne est attribuée. L’État islamique, d’obédience salafiste djhiadiste, tout comme Al Qaida, proclamera la naissance d’un califat sur les territoires sous son contrôle. Un califat est par métonymie le territoire et la population musulmane qui y vit reconnaissant l’autorité d’un calife - soit un successeur de Mahomet (prophète de l’Islam) dans l’exercice politique du pouvoir. Les territoires qu’identifie l’organisation terroriste sont importants alors que sa  zone d’influence se répand trop rapidement selon les Occidentaux. Les cruautés qu’il revendique, imprévisibles et sauvages, dépasseront les limites du Moyen-Orient alors qu’il s’en prendra à des nations ayant pris partie contre lui. L’islamisme intégriste, on ne devait plus être en mesure de l’ignorer, et le combattre alimenta la guerre civile en Syrie.

J’oublie (ou j’omets volontairement) une série d’événements qui parsemèrent les 20 premières années du nouveau millénaire. Je m’en tiens qu’à l’essentiel afin d’entrer dans des propos plus subjectifs.

Force est de constater que la polarisation des forces internationales se concentre à partir de nouvelles idéologies. Nous sommes, à mon avis, entrés dans un affrontement global Occident / Orient. L’humain peut-il vivre sans conflits de tout ordre? Ici, le principal réside dans ses divergences fondamentales de principes qui les régissent, appellant des positionnements situés aux antipodes, à des actions/réactions discordantes mais toujours ennemies l’une envers l’autre.

Un ami me demandait pourquoi j’ai choisi de vivre dans un pays communiste, sous le joug de la non-liberté individuelle ? Je réponds aujourd’hui différemment que je l’aurais fait il y a cinq ans. Tout est niveau du sens que l’on donne au mot liberté. En Occident, c’est davantage la liberté individuelle qui nous préoccupe alors qu’au Vietnam prime la liberté collective. Les droits de l’homme n’ont pas du tout la même portée. La protection de l’indépendance du pays (le Vietnam) surbordonne toutes les lois, même celle sur la censure. On doit allégeance entière et complète à la nation, Hô Chi Minh parle davantage de la patrie, celle qu'il aura réussi à unir. Si longtemps occupé, oppressé et envahi par différents pays (la Chine, le Japon, la France, les USA), cela depuis plus de 2000 ans, le Vietnam a intégré dans ses moeurs et sa culture une volonté inaliénable de protection du territoire et de tout ce qu’il englobe.

Certains sites que l’on retrouve sur internet sont proscrits, d’autres sous haute surveillance et toute critique du régime susceptible d’être punie sévèrement. Pas de place pour l’opposition, pas de lieu toléré affichant une remise en question de l’État, ses lois et ses prérogatives. Les forces policières et militaires y veillent avec une attention soutenue. Cela ne signifie pas que le peuple vietnamien soit enchaîné, assujetti à la pensée unique du parti au pouvoir. Il ne veut plus jamais la guerre sur son territoire et croit que le régime actuel peut l’en préserver.

Depuis les 20 premières années de l’an 2000, c’est vis-à-vis l’ampleur du développement islamique que l’Occidental moyen porte son attention. La terreur installée en 2001  grandit alors qu’il semble que quelque part cela puisse être encouragé, du moins utilisé. Répondre à la peur par une amplification souvent exagérée de la sécurité serait devenu l’apanage de nos institutions politiques.

Les principaux points d’ancrage choisis afin d’assurer ladite sécurité se fixèrent autour des domaines de l’aviation civile, des contrôles frontaliers, de l’immigration, la nomenclature des pays démoniaques (l’Axe du mal fut le terme utilisé par George W. Bush), la mise au banc des accusés de certaines religions, la chasse aux sorcières d’agents provocateurs incitant aux manifestations, la réduction de tout argumentaire qui devra maintenant se réduire à un "pour" ou un "contre".

Est-ce qu’en choississant les armes de la sécurité pour se protéger, on utilise les mêmes que celles qui alimentent la peur, mais sans violence affichée ?

Sommes-nous à ériger un mur entre les êtres humains, mur construit avec des matériaux de haine ?

Une chose m’apparaît plutôt évidente, le face-à-face Occident / Orient est bien installé. Démocratie versus théocratie... Un beau terme anglais kakistocracy pourrait être aussi employé pour certains gouvernements qui existent actuellement  dans le monde: la kakistocratie est un gouvernement dirigé par des personnes médiocres... Des empires s’écroulent et se désagrègent, d’autres souhaitent les remplacer, empruntant des routes identiques...

L’incompréhension, érigée en sytème, repose souvent sur le repli sur soi, un soi individuel (et collectif) qui se reconnaît dans sa géographie, ses traditions affichées dans de vieux cadres surannés.

La ligne IGNORANCE - PEUR - HAINE - VIOLENCE m'apparaît comme une équation tout à fait adéquate. 

On verra bien.

vendredi 29 mars 2019

5 (CINQ) (CENT-CINQUANTE-HUIT) 58















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Le 26 février 1993, une bombe de près de 700 kg déposée dans le parking de la tour nord du WTC fera 6 victimes piétinées en tentant de s’enfuir et plus de 1000 blessés: on prévoyait faire basculer l’une des deux tours sur l’autre. L’attentat terroriste, oeuvre d’islamistes intégristes dirigés par Omar Ben Laden, visait à dénoncer la politique américaine au Moyen-Orient qui s’appuie sur une défense inconditionnelle de l’État d’Israël, son ingérence dans cette région et en exigeait la fin. Considéré comme un échec, il allait tout de même préparer une autre action plus spectaculaire encore.

L’effondrement des tours du WTC en 2001 peut-il se comparer, au niveau de ses retombées, à la chute du "mur de la honte", celui de Berlin, en 1989 ? 

L’affaiblissement du bloc de l’Est qui suivit cet événement que d’aucuns ont qualifié de moment charnière dans l’histoire de l’Europe, permit la difficile réunification des Allemands que l’ombre de cette muraille écrasait quotidiennement ainsi qu’une profonde remise en question de l’avenir chez un des protagonistes de la Guerre froide. En effet, l’URSS admettait, sans officiellement l’avouer, son abdication devant des États-Unis affaiblis par leur douloureuse défaite au Vietnam. On croyait qu’allait naître un monde nouveau.

Dès lors, deux hégémonies cessaient de combattre, les bannières furent mises en berne. Des pays auparavant enclavés sous le marteau et la faucille soviétique, ceux de la mer Baltique, ceux que les accords de la Conférence de Yalta avaient assujetti au régime stalinien russe se retrouvent du jour au lendemain libres de leur destin avec pour mandat de réformer leurs institutions. Le Pacte de Varsovie et l’OTAN n’allaient pas se saborder, trop de militaires, trop d’armements sont en jeu. Et que faire de tout cet arsenal nucléaire présent de part et d’autre ? Des discussions débutent pour en arriver au TNT (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires) en 1968.

La population mondiale vécut sous la menace de ces grandes puissances pouvant activer le fameux bouton déclenchant une guerre atomique, sans pour autant se dire qu’inévitablement aucun des belligérants n’auraient pu en sortir indemnes. Toutefois, les puissances de quelque nature qu’elles soient se doivent de brandir des comminations afin de bien asseoir leur pouvoir. La menace demeurera toujours un système alimentant la peur.

À la fin de la Première guerre mondiale, en 1920, naquit la Société des Nations afin de régler les différends entre les pays signataires. Elle laissera place à l’ONU (Organisation des Nations Unies) en 1945 avec à peu près le même mandat. Après avoir fait la guerre, il fallait encadrer la paix. Mince tâche !

S’ensuivit ce que j’appellerai l’ère de la diplomatie. On espérait qu’à partir de ce canal, on pourrait éviter d’autres... pires. Des hommes de grande qualité se succédèrent sur le siège du secrétariat général. Gladwyn Jebb fut le premier et parmi ceux qui y firent leur marque, notons ces quelques suivants: Doug Hammarskjöld, U Thant, Boutros Boutros-Gali, Kofi Annan. L’actuel secrétaire de l’ONU est Antonio Gueterres. Aucune femme n’a encore occupé cette fonction.

Le pouvoir, plutôt symbolique, attribué à l’organisme, se dota de dents acérées lorsqu’un certain Lester B. Pearson, ancien Premier ministre canadien suite à une carrière de diplomate, lauréat du Prix Nobel de la Paix en 1957, proposa la création d’une force de maintien de la paix, les Casques bleus (1948).

Nous voici alors dans un XXe siècle désireux de voir la paix - ou plutôt l’évitement de la guerre - devenir la valeur première d'un gigantesque chantier. Ce qui n’allait nullement empêcher l'éclatement de conflits ici et là, circonscrits et localisés en des points précis de la planète. 

D’importants mouvements allant dans le sens d’une promotion des droits des individus et des peuples s’organiseront. Que ce soit la lutte pour les droits civils aux USA, la volonté de souveraineté d’une foule de nations inspirées par la réunification du Vietnam y voient des possibilités de libération du joug colonial, les revendications féministes, les différents échanges d’étudiants à travers le monde, et j’en passe.

Si je résume, le XXe siècle, qui connut deux guerres à caractère mondial mais localisées en Europe, de multiples luttes intestines en Afrique, en Asie et en Amérique latine, une reconstruction gigantesque (le plan Marshall) à partir des ruines que laissèrent les chars d’assaut et l’effroi inimaginable qui suivit l’explosion des bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945, cherche par tous les moyens à éviter de nouvelles catastrophes tout en créant les outils pour y parvenir.

Comment tout cela peut-il avoir influé sur le système nerveux des terriens et surtout sur le système politico-économique mondial ?

Il faut ici se référer à une notion, celle de l’abiogénèse, qui s’est avérée scientifiquement impossible. Il s’agit d’une théorie qui veut que la vie peut apparaître à partir de matériaux sans vie. Aucune expérience n’aura réussi à démontrer fondamentalement l'actualisation de cette idée. Peut-on élargir ce concept à la pensée humaine ? On peut en douter puisque la génération spontanée n’existerait pas.

Si, par hypothèse, elle n’a pas de racines dans le réel matériel et chimique, il ne serait pas farfelu de croire qu’elle ne peut également s’appliquer à la pensée humaine. Alors, sans entrer dans le débat de l’inné et de l’acquis qui nous mènerait trop loin, admettons que ce que l’homme pense ne peut que provenir de ce qui s’est déroulé avant lui et continue à se dérouler autour de lui.

L’homme du XXe siècle, traumatisé par le son des bombes, des canons et des fusils, par d’innombrables morts dans tous les camps en présence, quelque peu rassuré par une volonté d’établir la paix sur le terrain et s’en remettant aux outils qu’il crée pour y parvenir, recouvrant la possibilité d’exercer une certaine forme de liberté, durement acquise pour certains, semble regarder l’avenir avec un optimisme prudent.

Toutes les évidences, les certitudes auxquelles il se référait furent secouées; il a la tâche, à la fois difficile et complexe, de les réactualiser dans un monde devenant de plus en plus pluriel. Il s’attèle à l’ouvrage, mais de manière plutôt originale. Défendre le bien commun, c’est bien, mais là il faut s’occuper de nos biens personnels. On a trop perdu dans la première démarche, on a ardemment peiné pour les récupérer un tant soit peu que maintenant regarder en soi, cultiver son jardin personnel devinrent des priorités.

L’Occident et l’Orient ne sont pas encore fait face. On s’est rendu jusqu’aux portes de la Russie et le Japon a tenté, non sans difficultés, de s’imposer face à une Chine qui jamais n’oubliera qu’elle fut, et doit redevenir, le centre du monde. La culture asiatique est issue de cet empire qui depuis le 1er octobre 1949 a opté pour le matérialisme, le communisme de Marx. Mao Tsé Tong se voit comme le nouvel empereur de ce pays immense et veut le modifier de fond en comble.

La donne mondiale, celle des années ‘50, se fait immensément complexe, mais elle ne sera plus jamais strictement occidentale.

Je tente d’imaginer, avec difficulté j’avoue, comment tout cela a pu jouer dans la tête de ceux qui, se relevant de guerres furieuses, souhaitant ne plus jamais y être confrontés, mais qui ressentent qu’à tout instant la bascule peut s’abattre sur eux. Cela ne peut que les amener à redéfinir leurs projets de vie. C’est, il me semble, inéluctable.

La Shoah, la volonté d’extermination des Juifs par l’Allemagne nazie durant la deuxième guerre mondiale, posa à l’humanité tout entière, mais davantage à l'Occident, un problème moral fondamental. Tant d’éléments y sont greffés, qu’ils soient d’ordre politique, religeux, économique et humain, qu’il est difficile d’imaginer ne pas se positionner face à cela.

Nous sommes en plein dans le système des valeurs. L’ouest du monde se déchire, conscient mais inquiet, à savoir pourquoi un tel génocide eut pu avoir lieu en Europe. L’ONU décréta, en 1948, la création de l’État d’Israël dans un environnement oriental. Encore maintenant, et sans doute pour plusieurs années à venir, cela posera problème. L’Occident et l’Orient s’approchent l’un de l’autre avec tous les risques que cela peut vouloir dire. Le “Tu ne tueras point!” est mis à rude épreuve...

Sur un autre plan, aussi important je crois, il faut regarder les raisons pour lesquelles se développent les psychologies, celles d’après-guerres...

Freud nait en 1856, meurt en 1939. Il fut un témoin des deux grandes guerres. Autrichien - tout comme Hitler - juif, il est le fondateur de la psychanalyse. Sa marque ne fait aucun doute dans l’histoire de la psychologie moderne et ses disciplines furent nombreux. Il ne s’est pas engagé contre le fascisme hitlérien comme le fit Wilhem Reich qui allia la pensée de Freud et celle de Marx.

L’influence de Freud sur les psychologies ambiantes ne fait aucun doute. Combien de gens, pour se sortir des chocs post-traumatismes de la guerre, y eurent recours, impossible de le dire, mais il faut penser que ces démarches se firent nombreuses. Le XXe siècle regorge d’adeptes qui y virent là une planche de salut.

De la psychologie, passons à l’éducation. Les pédagogues influents que furent Pierre de Coubertin, Cousinet, Cuisinaire, Decroly, Neill (Libres enfants de Summerhille), Montesorri, entre autres, cherchèrent à redéfinir nos méthodes d’enseignement, nos pédagogies et l’en-soi de l’école. Des courants de pensée projetées dans des directions opposées, inspirèrent les politiciens qui souhaiteront que l’éducation relève de la spère de compétences des gouvernements.

Impossible de passer à côté des religions. Tout comme ce fut le cas pour la psychologie et l’éducation, nos grandes références demeurent occidentales. Ceux et celles qui adoptèrent des modes de vie spirituelle plus "zen", plus bouddhiste, devinrent des déviants. On les qualifia de "hippies", de "peace and love" et à la limite de parias de la société, des dépendants paresseux ne s’adonnant qu’aux nourritures terrestres et aux plaisirs hédoniques. La morale ne leur seyait pas, eux qui disaient tout comme Léo Ferré que "la morale c’est toujours la morale des autres."

L’homme du XXe siècle, je devrais plutôt utiliser le terme "l’humain du XXe siècle", oscille entre le "moi" freudien et le "social-démocrate". La social-démocratie désigne une tendance du socialisme, une désignation recouvrant à la fois la dénomination employée par divers partis politiques, une forme d’organisation de ceux-ci, un courant idéologique et une pratique idéologique. Elle prend ses origines dans les révolutions européennes vers 1848 et aura la vie longue. Parfois, on l’utilise à toutes les sauces, mais son fondement se veut installé sur un gouvernement plus à l’écoute aux besoins des gens. Cette manière de voir la gestion des choses de la Cité se veut comme un compromis entre l’individuel et le collectif, le noyau central, le noeud gordien que la civilisation occidentale devra tenter d'éclair avant d’entrer dans le troisième millénaire.

Bardé de ce costume, l’humain du XXe siècle s’en approche tout doucement. Il va s’y engouffrer avec tout ce qu’il est devenu, tout ce qu’il est... maintenant.

On verra pour la suite.

mardi 26 mars 2019

5 (CINQ) (CENT-CINQUANTE-SEPT) 57






Suite aux attentats du 11 septembre 2001, il semble que le monde occidental ait basculé en même temps que s’effondraient les tours du WTC à New York. S’en suivirent les guerres de représailles contre l’Irak, la poursuite de Omar Ben Laden, la radicalisation des rapports avec les communautés autres que les nôtres, principalement sur le terrain des religions, le tout accompagné d’un règne de terreur quasi institutionalisé.

Rapidement, nous  Occidentaux qui avions cru que le monde ne pouvait s'imaginer autrement qu'être une duplication de nos façons de vivre, fûmes interpellés par d’autres absolus souvent incompréhensibles du point de vue de nos références culturelles, de nos croyances. Nous découvrions qu’un autre paradigme alimentait le quotidien de millions de gens vivant sur la planète Terre.

Suspendu au-dessus de cela, le concept de mondialisation que nous définissions comme étant un objectif strictement économique, même s’il devait élargir les frontières géographiques sans en altérer les structures politiques et culturelles. Force est de constater que le monde devient un immense centre d’achat dans lequel se retrouvent les produits occidentaux souvent fabriqués à partir des matières premières de pays dits en développement ou du Tiers-Monde; qu’il se dirige vers un nouvel esperanto, l’anglais, porteur d'une supra culture émanant des pays de l’ouest, ceux du nord principalement. Ne reste alors qu’aux millions d’autres individus, que rapidement nous surnommerons les étrangers, le choix entre s’adapter ou disparaître.

Le concept de "barbare" revient dès lors à la mode tout comme celui du colonialisme qui lui est subtilement imbriqué, selon certains analystes sceptiques face à la montée de ce néo-libéralisme. Il y aurait donc, selon cette nouvelle vision du monde, les NOUS et les AUTRES, les BONS et les MÉCHANTS. Les médias occidentaux à la remorque des grands conglomérats et de multinationales affamées de pouvoir et d’argent,  auraient pour tâche de démontrer le bien-fondé de ce nouvel ordre mondial alors que, inexorablement, la poussière retombait dans les rues de la ville synonyme de modernisme, de toutes les avancées humaines.

Ils profitèrent de l’extraordinaire rapidité, de l’instantanéité de l’information et du peu d'enclin des gens honnêtes à approfondir la portée de concepts abstraits enrubannés dans une langue obsconse, pour illustrer que cette méthode far west d’envisager et tenter de comprendre que ce qui s’ensuivrait ne pourra que leur être salutaire.

Sauf que des tours intouchables devenues des legos s’écrasant au sol... des avions les percutant, à leur commande des "étrangers", des kamikazes ne craignant pas de sacrifier leurs vies pour une cause qu'encore nous ne pouvions en saisir les ténébreuses raisons, surgie de nulle part... des milliers de morts presque sous nos yeux horrifiés, tout cela un matin de septembre ensoleillé et devant être aussi tranquille que la routine... Tout allait maintenant changer, devoir s’analyser à partir du filet de la terreur étendu par des incultes sur ceux qui, confortablement installés dans leurs habitudes de consommation rapide, chercheraient à comprendre ce qui arrive, s’interrogeant sur la forme et le fond de tout cela.

Maintenant, certains AUTRES brandissent un nouvel étendard, celui de la religion entre autres, ce refuge pour les âmes insécures. Le réflexe naturel devient celui de déployer le nôtre. Ces divergences de perception théologique illustrent, accentuent et différencient tout à la fois le sens que chacune des religions fournit aux interrogations intrinsèques des hommes: la vie, la mort, la bonté, le pourquoi être, le lieu que nous habitons et celui que nous habiterons une fois le voyage terrestre achevé.

André Malraux écrivait, “Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas.” En fait, il a plutôt dit - “ C’est très rare qu’une civilisation ne se fonde pas sur des valeurs spirituelles.” Le qualificatif qu’il utilise n’a aucune connotation avec religieux ou mythique, il réfère plutôt à ce qu’il a découvert au Japon et en Chine lors de ses voyages - devenus à la fin, des pélerinages - la quête de sens.

Tant et aussi longtemps que nous n’accepterons pas l’idée que la raison d’être de la religion, institution créée par les hommes, se situe à des lieux et des lieux de celui, celle ou ceux qui l’ont inspirée, les guerres saintes, les croisades, lejihad ou tout autre ne pourront cesser. Une institution humaine, parce qu'imparfaite, serait donc perfectible. Il faut voir dans les multiples traductions et interprétations des livres religeux, une volonté de clarification du message, ce qui peut aussi entraîner dans son sillon, des altérations, des exagérations, et à la limite des perversions des textes originaux. De là, certains intégrismes* s'avèrent quasi inévitables.

* Doctrine qui consiste à adopter une attitude de conservatisme intransigeant dans une religion, un parti, un mouvement.


 La politique n’en fut pas exempte. Ce très vieux mot, peut-on encore l’utiliser pour définir sa pratique actuelle ? Ce qui est en lien avec les affaires d’un état et son administration. Pour nous, Occidentaux, il réfère à la démocratie, pour d’autres dans le monde, au vivre-ensemble ou encore à l’utilisation du pouvoir collectif afin de réprimer les trop puissants. Un certain dénomimateur commun s’insinue et semble faire l’unanimité partout: politique = corruption, ce mélange infect d’égoïsme et d’orgueil qui pousse certains individus à s’accaparer des parts de nos acquis à des fins personnelles. Cela semble être quasi universel.

Ces considérations que je pose en prémisses à ce que je souhaite dire, éclatent en l’année 2001, mais tout concourt à penser que ces événements  furent latents et que leur arrivée, sans être annoncée, devait se réaliser. 20 ans ne suffisent pas afin de permettre de les considérer assez solides, assez ancrés pour qu’on les utiliser comme modèle aux années à venir. Beaucoup de divergences se soulèvent
ici et là. L’état de la planète nous oblige à revoir certains fondements même de l’économie mondiale, de grands mouvements de protestation réunissent des gens que rien ne pouvait rassembler auparavant, des institutions jusqu’ici intouchables, à l'abri de tout soupçon se voient éclaboussées par des scandales, de multiples pratiques prônant le "small is beautiful" d’Ernst Friedrich Schumaker (1973), le retour à certaines pratiques de vie plus saine et plus globale, des politiciens moins "politicailleurs" et plus idéalistes prennent la parole et sa portée se fait plus universelle qu'indigène. 

En colloraire, des mouvements extrémistes, identitaires, chauvins et imbus de faux nationalisme voient le jour, des climatosceptiques mettent en doute l’existence d’un phénomène pourtant évident, celui que nous courons inévitablement à notre perte si rien ne change, un certain pessimisme gagne du terrain. Je ne prétends pas que cette manière de saisir le présent, et un peu l’avenir, soit la bonne, sauf qu’elles m’apparaissent déterminantes et intéressantes à regarder de près.

La mondialisation* aurait donc ouvert les portes de certains ailleurs que plusieurs d’entre nous ne connaissions que par les livres de géographie ou d’histoire. Toute idée, aussi nouvelle que révolutionnaire soit-elle, traîne dans son sillon ce que j’appellerai des "génériques". Souvent associé à des médicaments, ce mot porte d’autres sens. Qu’est-ce qu’un mot générique ? Celui qui désigne une catégorie de notions, d’objets. Exemple: peur est le terme générique pour la crainte, la frayeur, l’angoisse, l’anxiété, la panique... Qu’est-ce qu’un verbe générique ? Un mot au sens suffisamment général pour englober une classe naturelle d’objets dont chacun, pris séparément, reçoit une dénomination spécifique. Aristote lui donnait la valeur de "genre".


* Le terme de mondialisation qu’en anglais on traduit par globalisation correspond à la libre circulation des marchandises, des capitaux, des services, des personnes, des techniques et de l’information. Selon Olivier Dollfus “ c’est l’échange généralisé entre les différentes parties de la planète, l’espace mondial étant alors l’espace de transaction de l’humanité.”


Serait-il exact de dire que l’économie devenue économie de marché s’étend à l’infini sans obligatoirement tenir compte des caractéristiques intinsèques des endroits, des lieux qu’elle infiltre ?

Que la politique ne se définit plus à partir du mot démocratie, alors que nous savons qu’il existe plein de régimes dictatoriaux, que le communisme et le socialisme s’éloignent sensiblement de leur sens initial. La Chine, la Russie, pour ne citer que ces deux pays, ont revu la doctrine de Marx et de Lénine  lui donnant une saveur disons plus moderne, mieux adaptée à notre siècle ?

Qu’une certaine culture cherche à régner en maîtresse absolue et monolithique, choquant du même coup  diverses perceptions du monde ?

Que NOUS, cela définit les "de souche" et que les AUTRES, les étrangers, qu’ils demeurent dans leur pays ou cherchent par leur migration volontaire ou involontaire à s’installer ailleurs, voire chez nous ?

Que la Terre soit une planète que l’on cherche à sauver d’une main puis à détruire de l’autre. ?

Que la religion profère un credo évacuant la communion avec l’autre ?

Que la guerre demeure bien ancrée chez l’individu, tout comme dans la collectivité, comme étant une stratégie basée sur la croyance que l’offensive demeure toujours la meilleure défensive, que l’autre est fondamentalement un ennemi en devenir et que l’abattre est question de survie ?

Notre conception du monde aurait donc été secouée en septembre 2001. Voir s’effondrer le symbole même du capitalisme à outrance fut comme si un miroir enfumé et déformant affichait une réalité bousculée...

On verra pour la suite.

samedi 23 mars 2019

5 (CINQ) (CENT-CINQUANTE-SIX) 56

Voilà donc pour Facebook, alors même que tout n'est certainement pas écrit à son sujet. Je continue, dans ce deuxième billet consacré au même thème, à présenter un court résumé de ce qui m'a amené à faire fi de ma principale résolution pour l'année 2019.  

LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON, le blogue que j'alimente depuis maintenant plus de 14 années, me surprend quotidiennement. Du fait qu'il se retrouve sur Google (Blogger), l'amène à crapahuter dans plusieurs parties du monde. Lors d'un dernier recensement, les résultats m'ont quelque peu effrayé. En effet, des internautes de plus de 50 pays différents s'y sont arrêté à un moment ou à un autre. Au-delà de 170 000 vus affichés, auxquels des commentaires - parfois élogieux - s'ajoutent, la plupart d'entre eux en lien avec mes récits de voyages, les photos que je greffe à mes textes éclectiques ou, rarement toutefois, une appréciation suite à la lecture d'un poème.

Ce blogue me sert surtout comme outil de travail ? Non, comme discipline quotidienne d'écriture. S'arrêter d'écrire c'est comme stopper la pratique d'une activité physique, on s'ankylose.

Voilà la raison pour laquelle je déposerai ici les billets qui expliqueront le pourquoi de la brisure à ma résolution de ne pas parler de... ça.

Ça ?

C'est-à-dire mon entrée dans le débat faisant rage actuellement au Québec et ailleurs dans le monde. Le sujet, je le nommerai "les intégrismes". Vaste et complexe, il nous amène à lire, à entendre tout et nimporte quoi, souvent vide de sens.

Ici, Facebook servira de véhicule tout comme ses confrères et consoeurs qui s'affichent sur le Web avec la même intention. Je ne discuterai pas de la pertinence ou non de ces supports médiatiques, mais argumenterai sur le fond des choses qu'ils soutiennent.

Une définition n'est jamais neutre. Tout comme le fait un carrefour giratoire, elle propose des avenues possibles afin de nous diriger vers la route que l'on souhaite emprunter. Afin de bien circonscrire mes propos, je m'engage à citer mes référentiels pour que vous puissiez discriminer les tenants et les aboutissants de ce que je veux dire. 

EXEMPLE: 
le mot "intégrisme" sera pris dans un sens plus large que celui que l'on associe aux religions. Il fera référence à tout ce qui de près ou de loin incite à la pensée unique, culpabilise voire diabolise ce qui s'éloigne de son dogmatisme. Le racisme, l'islamophobie, le rejet ou la négation de la différence en font partie, ainsi que plusieurs autres qui s'ajouteront alors que le texte se développera.

Le droit de parole, de prise de la parole oserais-je dire, tout comme les autres droits, s'accompagne d'un devoir de responsabilité. "Toute parole n'est pas bonne à dire."... "Le silence est d'or, la parole est d'argent."... Il me semble que nous voici bien éloigné de cela. Tout un chacun (à utiliser en lieu et place de tout à chacun, selon l'Académie française) se donne la permission de commenter, de critiquer, d'apporter son point de vue sur les sujets qui font l'actualité sans avoir nécessairement pris le temps de lire la nouvelle, l'information dans son entier et pire encore, sans l'avoir située dans son contexte particulier ou général. Il suffit simplement de consulter leurs écrits pour s'apercevoir qu'ils sont hors sujet.

Il existe sans doute un terme français pour nommer ce type d'individus, je ne le connais pas, mais cela ressemble davantage à une carence au niveau de l'argumentation alors que l'on s'en remet qu'à de bêtes "copier/coller" de déjà vu, déjà entendu.

"Like" chez Facebook peut signifier deux choses: "aimer" et "comme"... "j'aime" et "je pense comme cela". Ce n'est sans pas sans raison qu'une foule importante d'internautes exigent de Facebook l'ajout d'autres boutons pouvant mieux exprimer leur opinion.

Si je me résume une fois arrivé à cette étape, je conclurai ainsi:
1) ça sera sur mon blogue publié chez Blogger et reproduit sur Facebook que ma résolution frappera son mur;
2) un texte produit et publié par l'entremise de quelques billets me plongeant tête première dans les  eaux troubles de débats qui déchirent les gens, le tout sous le chapeau que j'appellerai "les intégrismes";
3) voici un aperçu de quelques questions auxquelles j'apporterai mon grain de sel, conscient qu'elles risquent de m'attirer quelques réponses salées:
- NOUS et les AUTRES,
- la gauche et la droite,
- l'identitaire et l'interculturalisme,
- le populisme ambiant,
- les effets de la mondialisation,
- la peur et la sécurité comme armes politiques,
- la démocratie, sauce XXIe siècle,
- les religions;
- la remise en question d'évidences reconnues,
- la cohérence de la pensée.

On verra bien ce qui en adviendra.

mercredi 20 mars 2019

5 (CINQ) (CENT-CINQUANTE-CINQ) 55



Je m’étais pourtant juré de ne pas aborder ce sujet, en faisant même une résolution officielle pour l’année 2019. Et me voici tout près à m’y lancer. Quel en fut l’élément déclencheur? Beaucoup de choses, en fait. Court résumé avant de plonger...

Je parcours régulièrement le réseau social Facebook qui m’apparaît une des belles créations modernes afin de favoriser la communication, créer des liens entre des individus que l’on nomme "amis" et recevoir, souvent en temps réel, la température du monde. Sans entrer dans le sempiternel débat, sans réponse, à savoir que ce véhicule éloigne les gens de contacts plus personnels, plus intimes voire plus vrais, je qualifierai Facebook de la nouvelle ONU.

Il est exact de dire que l’on y trouve de tout et de rien. La nomenclature deviendrait exaspérante à citer, mais admettons que l’utilisation de ce medium sait s’adapter à chacun de ses membres.

Pour ceux qui y voient une atteinte sournoise à la vie privée, une utilisation perverse de données à des fins commerciales ou autres, il suffit de rappeler que l’on y vient librement et en s’abonnant, on se doit d’accepter les algorithmes qui le régissent.

Comme toute activité humaine, Facebook recèle des travers indéniables, mais lorsque l’on s’y adonne, un fait demeure, une forme de communication s’installe entre les amis et les différents groupes qui s’y créent.

L’essor de cette forme de mass-media est spectaculaire, tout comme ceux qui logent à la même enseigne. Facebook aura été, sans le vouloir ou même le souhaiter, le fossoyeur de bien des journaux publiés sur support papier, de bien des radios, des télévisions qui durent contaster à leur grand dam, le fait qu’ils ne pouvaient plus suivre le rythme effréné de la nouvelle publiée sur Facebook et reliée de façon exponentielle. Nous sommes entrés dans le monde de l’instant, de l’immédiat, du fugace.
  
Facebook est là pour rester alors que de plus en plus on cherche à en diminuer la portée prétextant la multitude de "fake news" (en français on utilise le mot "infox") qui y sont publiées, que des échanges parfois virulents sinon violents s'y retrouvent, des appels à la haine jouxtent la gentille image d’un chaton en train de s’amuser avec un immense doberman.

Ce que l’on reprochait à Internet se voit attribuer à Facebook: tout ne peut être vrai, exact, vérifiable. Il y a là une évidence, la même que lors d’une conversation entre deux amis confortablement installés dans un café. L’expression “j’ai lu ça sur Facebook’’ devient la jumelle de ‘’j’ai vu ça sur Internet”. Il faut souhaiter y voir un grand pas vers un certain scepticisme, essentiel dans la recherche de ce qui se rapproche le plus de la vérité... si la vérité existe !

On fait l’apologie de Facebook tout autant que l’on se livre à son improbation. Force est de constater qu’autant la génération des "boomers" fut celle de la télévision, celle qui avance dans le monde actuellement est celle de la technologie numérique. Si on écoute ce qui se répand quant à la surutilisation des portables, de tous ces appareils mûs par l’électronique, et cela en provenance de tout un chacun, on frise l’exagération, la démesure. On prophétise la fin de la communication alors qu’au contraire, à mon point de vue, cela la favorise. Il m'apparait faux de prétendre qu’en optant pour les échanges sociaux à partir de Facebook cela nous dirige droit vers un repli sur soi, croyant que pianoter sur un clavier coupe court à toute autre forme d’échanges.

Pour sûr, s’en remettre à Facebook comme seul et unique outil pour la fréquentation avec les autres peut s’avérer néfaste à long terme, même à moyen terme. Toutefois, les avantages me semblent plus importants que les dangers inhérents à cette pratique. J’admets que la qualité de la langue se détériore, que les raccourcis linguistiques possèdent leur propre grammaire et que le vocabulaire s’amenuise, mais quelle est la base même de la communication, sinon ce processus par lequel une personne (ou un groupe de personnes) émet un message et le transmet à une autre personne (ou groupe de personnes) qui le reçoit avec une marge d’erreurs possibles (due d’une part, au codage de la langue parlée ou écrite, langage gestuel ou autres signes et symboles par un émetteur, puis au décodage du message par un récepteur, d’autre part au véhicule ou canal de communication emprunté).

J’annonçais au début de ce billet m’être imposé un moratoire, mais que j’allais m’y soustraire; s’agissait-il de ne pas argumenter sur l’utilisation de Facebook ? Absolument pas. Je compte  approfondir, dans le second article, un sujet plus vaste, celui reposant sur les questions suivantes: que se passe-t-il dans notre monde, tout comme au Québec, depuis le 11 septembre 2011 ? Sommes-nous entrés dans plus de rigidité au niveau de la pensée ? Le clivage idéologique serait-il devenu une disposition générale ? Revenons-nous à l’époque de la gauche intransigeante, de la droite bêtement identitaire ? Doit-il exister une morale unique ? Le monde se rétrécie-t-il tout en s’élargissant ?

On verra...

vendredi 15 mars 2019

16 mars 2016 - 16 mars 2019


Trois ans depuis le décès de frérot Jacques.




Un psychologue américain désireux de bien expliquer à une de ses clientes les raisons pour lesquelles le deuil, même après des années, occasionne toujours de la souffrance, lui dessina une boîte dans laquelle il avait tracé deux choses: un bouton-poussoir et un ballon. Puis, d’autres images dans lesquelles on voit la boîte demeurer identique en terme de dimension, alors que le ballon, lui, tout doucement se dégonfle. Le bouton reste exactement au même endroit. Devant sa cliente pantoise et perplexe, il lui expliqua le sens de ses grabouillis.

Lorsque apparaît une souffrance, c’est comme si un ballon pris dans une boîte y prenait toute la place. Il lui est impossible de ne pas se frotter au bouton-poussoir, ce qui déclenche un mal-être, un sentiment général de malaise. Puis, avec le temps, alors que le ballon rapetisse, la pression sur l’interrupteur ne se produit qu’occasionnellement.

Le psychologue lui précisa que le ballon prisonnier de la boîte ne réussira pas à s’en échapper, ce qui explique qu’une souffrance puisse rejaillir sans crier gare alors qu’une image, un souvenir, une date ou un événement le dirigent vers le bouton-poussoir.

Cette explication me semble tout à fait plausible et le modèle développé par ce psychologue, en plus de bien répondre au phénomène du deuil, peut s’appliquer à tout traumatisme.




Trois ans suite au décès de frérot Jacques, je sens que le ballon enfermé dans sa boîte se dégonfle, mais, occasionnellementil atteint l’interupteur ramenant à la surface une espèce de manque, me faisant encore souffrir . Je sais pertinemment que cette souffrance ne me quittera jamais et, sans aucun masochisme de ma part, je suis ouvert à l’assumer.



On peut souffrir de bien des manières, dans son corps ou son esprit. Moi, ça se situe dans l’âme. Perdre un frère s’avère fichûment plus difficile que j’aurais pu l’imaginer. C’est une partie de soi qui s’est envolée. Voilà certainement la raison pour laquelle tous les jours, devant cette photo encadrée par Pierre et Claire, je fais brûler des bâtonnets d’encens avant d’aller jaser un peu avec lui qui vit à travers le bougainvillier trônant sur mon balcon.


 Frérot Jacques, je t’aime.

                                                       



Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...