samedi 12 septembre 2009

Le trois cent troisième saut

Pierre Larose et Jean Turcotte

Le saut trois cent trois sera le dernier provenant du Québec, les autres seront écrits quelque part en Europe et au ViêtNam.


Voici l’adresse menant au blogue de voyage JEAN / PIERRE ET LA ROUTE…
http://jeanpierrelaroseturcotte.blogspot.com/


Ce blogue, que nous (Pierre Larose et moi) souhaitons alimenter quotidiennement, contiendra nos premières impressions de voyage, l’itinéraire que nous emprunterons, le tout agrémenté de photos. Une sorte de carnet de voyage…

Nous avons départagé les responsabilités quant à la production du blogue,de sorte que dans vos commentaires, et nous vous invitons à en laisser,sachez qu’ils s’adresseront à Pierre pour les photos, à Jean pour les textes et aux deux pour l’aspect général!

En vous abonnant au blogue (Devenir membre), cela nous permettra de savoir exactement de qui proviennent les messages; nous vous invitons donc à le faire.

Comme l’adresse est plutôt… longue, placez-la donc maintenant en favori… de toute façon, ce blogue sera certainement un de vos favoris…

Pour ce qui est du «Crapaud»… les sauts seront moins nombreux,
mais il ne s’arrêtera pas pour autant!

Bonne lecture

Jean part le mercredi 16 septembre alors que Pierre arrivera en France, le 26.
Pour quelques jours… le blogue pourrait s’intituler :
En attendant Pierre…

Le retour… mi-décembre.


Au prochain saut

vendredi 4 septembre 2009

Le trois cent deuxième saut

(grafitti espagnol)

Le crapaud discutait, en début de semaine, avec son ami écrivain Mario Cyr, celui pour qui l’écriture est un mode de vie, une façon de scruter le monde, d’occulter la réalité. Nous avons abordé une foule de sujets - je crois que nous traversions le parc Maisonneuve, lui à la recherche de graffitis au pochoir, moi m’assurant que cette dernière journée avec ma «botte», sans passer à l’histoire puisse au moins se faire une bonne place dans mon histoire – mais un sujet en particulier, celui des signes. Ce thème, récurrent dans ses romans, il me disait y croire de moins en moins.

Depuis, cela me «chicotte» l’esprit… Je suis retourné à mes notes de lecture, celles de VIEILLIR et des autres romans de Mario. Voici ce que j’y ai retrouvé…

« D’après ce que l’expérience m’a enseigné, et ce que j’ai retenu de ses enseignements, il y a dans le plus banal message à décoder, une suggestion, une invitation à adopter une attitude, une position qui, pour peu que nous l’adoptions, de fait, nous conduit à son tour dans le sens de l’accomplissement de nos vœux fervents et les plus intimes, pour peu qu’ils s’apparentent à ceux, impénétrables et imprécis, de notre âme. »

Je me demandais ce qui arrivait à ce banal message si on ne le décodait pas, si on ne se rendait pas disponible à le recevoir, allait-il se loger dans notre boîte à souvenirs?

Mario me dirait :
« Les souvenirs, c’est comme les larmes. Il suffit d’un mot pour les faire surgir. Les souvenirs, c’est comme les larmes. Quand ça coule, ça ne s’arrête pas. Les souvenirs, c’est comme les larmes. Il s’y mêle de multiples ingrédients, et ce n’est jamais tout à fait pur. »

Ou encore…
« La mémoire, c’est un tricot, dès qu’une maille file et qu’on tire sur le brin, tout vient, ça ne s’épuise plus. »

Je tiens tout de même à revenir aux signes, ces clins d’œil de l’inconscient … Il a beau ne plus y croire, le Mario, il a tout de même écrit, et je le cite :

« L’inconscient n’a aucune notion du temps, il le boude, le temps, le dépasse, le surplombe, le domine, le survole, ça n’existe même pas pour lui, le temps, il évolue, l’inconscient, sur un plan, une surface de l’univers qui lui est propre et où les passés se chevauchent, se renouvellent et s’éternisent, d’où l’acuité persistante de blessures du tout premier âge. »

Tout à fait complexe ces questions de signes, de souvenirs, de mémoire et d’inconscient surtout si ça se camoufle sous la couverture du temps. Vous savez le contentieux que le crapaud entretient avec celui-ci! Tel n’est pas mon propos, mais vous comprendrez que bifurquer vers la mort, la perte et le deuil, des sujets que Mario a si souvent touché et que ce merveilleux après-midi de soleil et de grands arbres éloignait de mon esprit, j’allais, une fois rentré à la maison, fouiller plus loin dans mes cahiers de lecture et découvrir ce qu’il en pense.

Sur la perte :
« Une perte, dès lors qu’elle est assumée, débouche sur un gain, une découverte, sans doute immatérielle mais réelle, c’est ce que je soutenais en substance, l’univers ne peut tolérer que les pertes ne soient compensés, sinon il s’écroulerait, quel est le gain? la découverte? »

Sur la mort :
« - Dites. C’est quoi la mort?
Cette vieille bouche, constamment asséchée, mâche à vide avant de répondre.
- Une longue insomnie qui vous arrache enfin au sommeil de la vie. »

« C’est sans doute dans la mort qu’on se rapproche le plus de soi. »

« Si la mort ne donne pas de droits, elle ne devrait pas non plus en retirer.»

Sur le deuil :
« Un deuil, tu seras d’accord avec moi, et par deuil j’entends assimilation de la perte, de n’importe quelle perte, un deuil consiste à fermer une porte, mais ça ne peut pas en rester là. »

« Aux deuils que suppose la vieillesse, deuil de la vitalité, de l’endurance, de la beauté et de l’apparence, du pouvoir de séduction… deuil des vanités, des ambitions, de l’orgueil. »

Nous nous sommes laissés au coin de Saint-Joseph et Charlemagne suite à une marche complètement vivifiante, sans avoir résolu quoi que ce soit, mais conscients – du moins de mon côté – qu’il y a encore de la place pour la réflexion, le questionnement et l’amitié… et cette question : quels signes cherche-t-il dans les graffitis à pochoir?

Voici quelques perles de mon ami Mario :

« C’est quand le dehors et le dedans se dissocient que s’affirme comme jamais le règne de la vérité.»

« Le merveilleux repose sur l’impossibilité.»

« C’est logique, au fond, de se perdre quand on s’est donné.»

« Le chagrin ne doit pas être avalé.»

« La confiance, c’est le hamac de l’amour.»

« Être la condition de survie de plus grand que soi, c’est pas ça que vous appelez l’amour?»

Au prochain saut

mardi 1 septembre 2009

Le trois cent unième saut


Fernando Savater

Les événements qui entourent la mort nous poussent souvent à «penser sa vie»… C’est le titre du livre d’un philosophe que je classe parmi mes fétiches, le basque espagnol Fernando Savater. En 2000, aux éditions du Seuil, il publiait ces magnifiques réflexions sur la mort et la vie…

En voici quelques extraits.

. Bref, ce que nous voulons, ce n’est pas avoir davantage d’informations sur la situation, c’est savoir ce que signifie l’information que nous avons, de quelle manière nous devons l’interpréter et la mettre en relation avec d’autres informations reçues précédemment, ou, en même temps, savoir aussi en quoi cela peut nous permettre d’avoir une vision générale de la réalité dans laquelle nous vivons, de quelle manière nous pouvons et devons nous comporter dans la situation ainsi donnée.

Selon Savater, il existe trois niveaux distincts de compréhension :

« 1) l’information, qui nous présente les faits et les mécanismes primaires de ce qui se passe;
2) la connaissance, qui réfléchit sur l’information reçue, hiérarchise selon sa signification, et cherche des principes généraux pour lui donner un sens;
3) la sagesse, qui relie la connaissance aux options vitales ou aux valeurs que nous pouvons choisir, en tentant de trouver comment mieux vivre en accord avec ce que nous savons.»

. La science aspire à connaître ce qui est et ce qui se passe; la philosophie s’attache à réfléchir sur l’importance qu’a pour nous le fait de savoir ce qui se passe et ce qui est.

. Car qu’est-ce qu’un homme, sinon l’animal qui questionne et qui continuera de questionner au-delà de toute réponse imaginable?

. Une chose est de savoir après avoir pensé et discuté, et une autre, bien différente, est d’adopter les savoirs que personne ne discute pour ne pas avoir à penser. Avant d’arriver à savoir, philosopher est se défendre de ceux qui croient savoir et ne font que répéter les erreurs des autres.

. La mort est fatalement nécessaire (nécessaire = ce qui ne cesse pas, ne cède pas, ce avec quoi aucune transaction, aucun compromis ne sont possibles), irrémédiablement personnelle, perpétuellement imminente, intimement intransférable, solitaire… Celle d’autrui égale douleur; la nôtre égale la peur. Nous mourrons… mais nous ne sommes jamais morts.

. Détester la raison, c’est détester l’humanité, tant la sienne propre que celle des autres, et l’attaquer de façon suicidaire, à l’instar d’un kamikaze…

. En fin de compte, notre vie embrasse des formes de réalité très différentes, et la raison doit nous servir à passer convenablement des unes aux autres.

. Soyons modestes : dire qu’une chose « est vraie » signifie qu’elle est plus vraie que d’autres affirmations concurrentes sur le même sujet, même si cela ne représente pas la vérité absolue.

. Raisonner ne s’apprend pas dans la solitude, mais s’invente dans la communication et l’affrontement avec ses semblables : toute raison est fondamentalement conversation.

. Nous donnons notre opinion aux autres pour qu’ils en débattent et, selon le cas, l’acceptent ou la refusent, et pas simplement pour qu’ils sachent « où nous sommes et ce que nous sommes » . Et il est naturel que toutes les opinions ne soient pas également valables : ont le plus de valeur celles qui ont les meilleurs arguments en leur faveur et celles qui résistent le mieux à l’épreuve du feu des débats, face aux objections qui leur sont opposées.

. Ta tâche est dans l’action, jamais dans ses fruits, n’aie pas pour fin les fruits de l’action et ne t’attache jamais à l’inaction.

. Aussi, fais toujours avec détachement l’Action que tu dois faire; l’homme qui accomplit l’action avec détachement montera toujours plus haut.

Dans ce livre, Savater cite le philosophe Thomas Nagel, professeur de philosophie et de droit à l’Université de New York :

« La philosophie a pour charge principale de questionner et d’éclaircir un certain nombre d’idées très communes que nous utilisons tous les jours sans y penser.
Un historien peut se demander ce qui est arrivé à tel ou tel moment du passé, mais un philosophe demandera : qu’est-ce que le temps?
Un mathématicien peut explorer les relations entre les nombres, mais un philosophe demandera : qu’est-ce qu’un nombre?
Un physicien cherchera de quoi sont faits les atomes ou ce qu’implique la gravité, mais un philosophe demandera : comment pouvons-nous savoir qu’il y a quelque chose en dehors de notre esprit?
Un psychologue peut chercher à comprendre comment les enfants apprennent un langage mais un philosophe demandera : pourquoi un mot signifie-t-il quelque chose?
N’importe qui peut se demander s’il est mal d’entrer au cinéma sans payer, mais un philosophe demandera : pourquoi une action est-elle bonne ou mauvaise? »


entrefilet ... entrefilet ... entrefilet ... entrefilet


1er septembre, date importante pour Achille puisqu’aujourd’hui, la «botte» n’est plus médicalement nécessaire. Je me suis donc dirigé sans botte, ce matin, vers les petites courses obligatoires à quelques pâtés de la maison.

Cruelle réalité!

La vie se départage en gens ordinaires et ceux qui, à l’œil nu, portent une certaine différence, différence que l’œil nu peut aisément reconnaître et facilement nommer…

Personne ne se souvenait que je marchais allègrement à cause de cette botte mais tout de suite elle disparaît, on se met à exiger que j’aille plus vite pour traverser la rue, que j’accélère le pas sur le trottoir encombré, que je ne m’attarde pas à ouvrir la porte de la pharmacie voulant rassurer ma jambe gauche… Non, je ne présentais aucun signe visible à l’œil nu d’une condition différente de la moyenne des gens. J’étais donc… un être normal qui doit faire comme tous les autres…

Il faut - je ne veux pas conclure inopinément ou généraliser – mais il faut lorsqu’on s’aventure dans notre monde être entièrement de ce monde ou bénéficier d’un statut particulier qu’une condition différente impose, et que cela soit d’une évidence qui évite la discussion ou toute autre démonstration… Sinon, ce n’est pas viable…

Je crois que je vais mettre ma botte ce midi alors que je dois affronter le monde rempli de yeux nus...



Au prochain saut

Si Nathan avait su (12)

Émile NELLIGAN La grossesse de Jésabelle, débutée en juin, lui permettra de mieux se centrer sur elle-même. Fin août, Daniel conduira Benjam...