dimanche 2 novembre 2025

Moby Dick et la sirène







                                         à la Moby Dick
 
au  loin sur l'océan, coulait le sang
l’ivresse de l’inconscient l’étouffait
 
le long de cet océan, le sang coagulait
impassible sous un soleil païen
 
sans scrupules s’avançaient les années meurtrières
sans remords s’envolaient sous des nuages silencieux
la nostalgie jusqu’au bout de sa débâcle
 
sourd aux réalités -ces dominos de l’ennui
il regardait, immuable, les choses maritimes
s'ensevelirent dans une obscure torpeur
rongée par l’infinie couleur blême du ciel
 
les mêmes perfidies toujours il répétait  
comme de vieilles reliques ensevelies
que le nitrate d’argent des songes 
s'abrutit inutilement à raviver
 
la mort, cet indéfectible face à face,
son regard, inexorablement, l'épousait
mais les militaires du temps,
succubes échevelés, cherchaient à la lui cacher
 
en aval et en amont 
coulait le sang
l'océan, catafalque liquide, 
inonde de mots abstraits
sa sauvage immuabilité  
 
l’équipage du Péquod l’escortait

1er mars 2015




                                                             sirène

 
la sirène emmêle ses bruits à l'écho
 
Elle
                    - on se retourne à son passage -
ne le veut pas assis devant Elle,
Elle, mains gantées,
                    - obliquement on la regarde -
écoute le bruit des bruits
 
Il ne saisit pas encore les élans de l’âme
 
Elle, un foulard rouge au cou
                    - on guette sa voix –
l’aimait, lui, la dévisageait
regards différents, brumeux, englués
dans de vieilles et pugnaces habitudes
comment aimer quand l’amour est occulte
 
dans l’écho, la sirène  noie ses bruits
 
près d’un étang ombragé sur l’horizontale rizière
deux hérons en uniforme blanc s’éloignent du jour
 
Elle, gants enroulés jusqu'à l'épaule
                    - on dévisage sa main -
Elle sait la force des yeux
lui, la fragilité du regard
 
dans une salle parfumée aux paroles sèches
on repousse les couleurs noctambules
vers de sourdes présences nocturnes
comment écouter quand il fait nuit
et que la noirceur tait les mots
 
sans écho, les bruits amortis de la sirène se perdront
 
Et lui, 
dans le joug de ses chaînes, caméléon albinos,
Elle, ombre diaphane
                    - on fouille son odeur -
rappelle l’oiseau de Junon

un courant d’air soulève l’ao daï garance
leurs yeux appontent au même endroit
un carillon assourdit les rides de la table
où leurs mains tracent des estafilades
comment parler quand les élytres du silence 
vous enveloppent
 
Elle, douce naïade
                    - imprimée dans nos yeux -
Lui, marqué d’empreintes ocelées
dans l’écho s’emmêlent,
se taisent,
s’étouffent ,
se noient
puis se perdent
 
9 mars 2015

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Moby Dick et la sirène

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