chaleur
la terre, dans sa mémoire d’arbre,
retient le vert d’avant la pluie
la chaleur d’avant l’eau
au loin, la tour perce les nuages
les motos-fantômes
- l’une derrière l’autre -
composent une piste de chandelles
rythment entre les flaques liquides
une drôle de farandole
sur laquelle, dans un vent de nuit,
glissent les chauves-souris
la terre, dans sa mémoire d’arbre,
retient le vert d’avant la pluie
la chaleur d’avant l’eau
partout, la chaleur vit, ici et là
sous un arbre, un banc oublié
sur les gerçures humides du vendeur de fruits
les yeux secs de la femme-palanche
celle qui colporte sa croix quotidienne
les pieds noirs des enfants cerfs-volants
la chaleur vit partout, omniprésente
dans les bruits secs, craquants du matin torride
la terre, dans sa mémoire d’arbre,
retient le vert d’avant la pluie
la chaleur d’avant l’eau
au loin, la rivière-serpent sous les ponts
laisse derrière et à côté d’elle
comme autant de vestiges maritimes
les résidus spumeux des sables lointains
rouges
encore du sang des immolés
brûlés
par la chaleur des siècles
qui, pour
mille et une raisons impunies,
rappliquent
tel un ressac de feu
la terre, dans sa mémoire d’arbre,
retient le vert d’avant la pluie
la chaleur d’avant l’eau
partout tendues, des mains calcinées
cherchent le ruissellement des gouttes de pluie
fuient la sécheresse des feuilles illuminées de
fruits
se joignent à l’ombre avariée des libellules en
fuite
alors qu’au bout des doigts tintent les baguettes
de bois
dans des bols d’étain qu’une jeune fille récure
fixant par-dessus les paniers de crevettes
un regard d’osier, d’avenirs jaunes et chauds
la terre, dans sa mémoire d’arbre,
retient le vert d’avant la pluie
la chaleur d’avant l’eau
au loin
et partout, plus loin encore que le bruit du soleil
au coeur
et au centre des fournaises humaines
dans un
silence qui fond sous la paresse du matin
la pluie
comme de la sueur de chaleur
se
répand, à midi elle s’étendra par-delà la sieste
fera craquer
les peaux ouvertes et alanguies
dans sa
poursuite des autels du repentir
pour
retrouver un dragon noyé dans la mer
la terre, dans sa mémoire d’arbre,
retient le vert d’avant la pluie
la chaleur d’avant l’eau
_ Encore une certaine influence vietnamienne...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire