dimanche 23 novembre 2025

Si Nathan avait su... (Partie 2) - 22 -




- Je crois que tu n’as plus à te cacher maintenant.
- Que veux-tu dire Herman ?
 
La famille Delage n’a effectivement pas prévu organiser un buffet ouvert à tous après l’enterrement, ayant plutôt choisi de demeurer au cimetière pour y recevoir les condoléances de ceux et celles qui n’avaient pu encore le faire. Après l’ultime bénédiction de Monsieur le nouveau curé, son départ précipité, la courte parade des gens laissant tomber une poignée de terre sur le cercueil - les commères du village le décrivirent comme étant de la pire qualité - des employés du supermarché s’approchèrent de Herman l’avisant que leurs invités triés sur le volet commençaient à se diriger vers l’appartement au-dessus du Steinberg, fermé pour l’occasion.
 
Abigaelle fut rejointe par Benjamin et Chelle lui annonçant qu’on leur avait demandé de se rendre avec leurs parents à l’appartement de la famille Delage et qu’elle aussi devait y être. Le sourire complice de l’enseignante rejoignit celui de Jésabelle qui, un mois après la naissance de son second fils, paraissait tendue, à tout le moins fatiguée. Elle tenait la main d'une Aazhanie plus sûre d’elle, nerveuse tout de même à l’idée de vivre un premier bain social depuis son arrivée au village des Saints-Innocents. 

Daniel et Don marchaient côte à côte, une certaine gêne teintant leur allure. Tous les deux ont des contacts plus ou moins réguliers avec Herman, mais pas au point, croient-ils, de se retrouver parmi la liste des privilégiés admis au goûter d’après la manifestation religieuse.
 
À l’intérieur de l’immense appartement, fort bien encadrée par les employés du Steinberg, Madame Delage s'occupe de l'accueil. Avec l’amabilité qui la caractérise, elle présente à chacun des conviés les caissières, le boucher, le livreur, les trois jeunes filles qui se partagent les quarts de travail, tous membres de «notre grande famille» ajoute-t-elle. Herman assigne à tout à chacun un siège dans le grand salon où sont installées des tables placées en cercle. Une douce musique, Mendelsshon, ravive subitement le teint pâle de Jésabelle.
 
Abigaelle se voit assigner la chaise tout à côté de celle de Herman. Alors que le service se met en branle, que les tintements des couverts laissent planer des étincelles sonores qui éclipsent temporairement la musique de Mendelsshon, les conversations s’engagent à gauche et à droite.
 
- Je veux parler de ton départ précipité de l'université lors des événements d’octobre ‘70. Tu sais très bien ce à quoi je fais allusion.
- Le silence…
- … Abigaelle, le silence a été rompu depuis un bon moment, alors ne me sers pas cet argument qui ressemble plus à une excuse qu’autre chose.

L’enseignante fixe le grand étudiant d’un regard tranquille mais énergique. Tant et tant de souvenirs traversent son esprit, des questions, aussi, encore accrochées avec la ténacité de ce qui n’est pas complètement nettoyé dans le cerveau. Pour quelle raison Herman revient-il sur le sujet qu’elle avait pourtant écarté lors de leur premier entretien ? S’ouvrir à lui comporte-t-il des risques ? Que sait-il exactement de cette période houleuse de sa vie ? A-t-il en sa possession de nouvelles informations risquant de lui nuire ?
 
- Tu comprendras, Herman, que je ne souhaite pas rouvrir un livre contenant des chapitres que je préfère oublier.
- Chapitres personnels, ça je le saisis parfaitement bien, mais tu ne peux plus faire comme si cette période n’a jamais existé.
- Laisse-moi un peu de temps.
 
Le grand étudiant recula sa chaise maintenue sur deux pattes comme celle d'un écolier qui se bascule avant de poser une question qui l'intrigue ou cherche la position idéale pour tomber dans la lune. Il reprit la parole:
- Avec ma mère, je réfléchis à la suite des choses, principalement en ce qui a trait à la continuité du supermarché. Les autorités de la chaîne Steinberg nous ont fait parvenir leurs sympathies sans déléguer quelqu'un pour les représenter lors des funérailles. Je sais que Monsieur Samuel n’est pas en parfaite santé, mais on aurait pu faire un effort pour manifester une certaine reconnaissance devant l’implication de mon père pour leur compagnie.
- Des projets ?
- Je te confie l'information qui n’est pas encore une décision arrêtée. En 1972, une nouvelle chaîne de supermarchés a vu le jour. Elle nous intéresse particulièrement, ma mère et moi. Il s’agit des Marchés d’Aliments Métro Ltée. Nous avons des contacts avec eux que je considère cordiaux. L’an passé Métro a fusionné avec Richelieu, que du capital canadien-français, je devrais plutôt dire québécois parce que la majorité des actionnaires sont de la province de Québec.
- Je reconnais là tes principes nationalistes. Comment ta mère vit-elle cela ?
- Elle se fie à moi… qui aura des choix déchirants à faire.
- Universitaires ?
- Je viens d’achever mon baccalauréat, alors la question se pose... certainement la même à laquelle tu as dû répondre lorsque le temps est venu de t’engager au doctorat... je continue ou pas.
- Je te comprends.
 
Les convives furent invités à respecter une minute de silence lorsque Herman et sa mère, debout, un verre de vin à la main, le leur demandèrent. Puis, lentement, les gens quittèrent l’immense appartement après avoir remercié les Delage pour leur hospitalité.
 
Daniel et Don s’arrêtèrent un instant à la hauteur de Abigaelle qui câlinait ses deux élèves.
 
- Que dirais-tu de te joindre à nous demain, on prévoit un petit déjeuner la famille de Don et la nôtre. Tu connais déjà le chemin.
- Avec un immense plaisir.
- Ça sera une rencontre autour de nos quatre enfants. Tu n’as pas eu le temps de connaître Nathanaël et Gabrielle avec tout ce brouhaha des cérémonies, mais demain nous prendrons notre temps.
 
Les dernières notes de Mendelsshon emplirent l’immense appartement devenu vide.
 
 
*****
 
 
- Tu sais que le décès de Monsieur Delage pourrait fort bien amener le coroner à faire enquête sur les causes de sa mort, dit Mademoiselle Saint-Gelais à son frère parfaitement déconnecté de la situation qui régnait dans le village des Saints-Innocents.
 
Le fauteuil roulant de la directrice de l’école primaire avait exigé un réaménagement de la maison. Les parents Saint-Gelais, occupant depuis toujours la chambre au rez-de-chaussée durent alors grimper à l’étage ; Benoît installa ses pénates dans la seconde chambre, plus petite, celle donnant sur le salon. 

Cette maison exhale l’austérité. Rien n'est accroché aux murs, aucune photo, aucun cadre. Un crucifix au-dessus la porte d’entrée, crucifix noir distribué dans les paroisses de la province de Québec à l'occasion de la campagne promouvant la tempérance menée surtout par l’abbé Chiniquy avant qu’il renie la religion catholique pour devenir protestant.
 
- Puis après ?
- On m’a dit que le médecin n’a pas établi de lien entre l’agression et son décès, mais pour un coroner qui recherche plus en profondeur, plus en détails, cela pourrait mener à des mises en accusation.
- C’est arrivé il y a plus de deux ans.
- Je sais, je sais.
 
Benoît, haussant les épaules, ignorant les propos de sa grande sœur, sortit de la maison.
 
- Il va finir par nous causer des problèmes de plus en plus graves, déclara le père Saint-Gelais. Mais là faut parler à Champigny, il est revenu du Sud.

                                                        

vendredi 21 novembre 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (33)

Parler mousson ici au Québec c'est comme parler blizzard au Vietnam. Difficile d'imaginer des vents bourrés de neige se trémoussant sous plusieurs degrés sous zéro ; tout comme se placer en situation pluvieuse 24 heures sur 24, semaine après semaine durant quelques mois.

La neige s'accumule, façonne des congères atteignant parfois plusieurs mètres. 
Les eaux de pluie, on ne les calcule plus en millimètres mais en centimètres, dévalent les rues, éliminent les obstacles avec cette force aquatique qui lui est propre.

Un blizzard nous arrive occasionnellement durant la saison froide, la mousson ça remplit le temps et l'espace de sa grisaille d'acier à des moments précis de l'année.

Puis... le soleil. L'énergie du soleil replace les choses.

Ces deux poèmes ne se veulent pas descriptifs, plutôt comme le résultat d'observations événementielles ainsi qu'un arrêt obligé sur le temps qui passe.  





                        m o u s s o n

nuages brouillés de grisaille, jour broyé d’humidité
murmures d’anges dans les rues, par ici par là
 
meurt de soif le cactus dans son aquarium en feu
son immobilité de désert clouée à de chaudes racines
 
espace rapetissé, distances contractées 
l’espace épaissi allonge les distances
 
suicide d'une araignée pendue au fil de soie
papillon inquiet gondolant entre mur et toit
 
le temps court vers la pluie, se retient parfois 
le vent étend son parasol gris au-dessus de la ville
 
lentement la rivière frétille, nerveusement
de fines vagues épuisées meurent au quai mâchuré
 
la libellule guerrière s’amuse à signer la paix
aux chauves-souris qui glissent sur la nuit
 
le poème cherche ses mots, les puise au fond de l’âme
relève les bonnes couleurs, celles qui nous embrouillent
     
l’hirondelle dérive au soleil couchant
gosier ouvert, avalant l’espace devant elle
 
mousson, imperméable saxophone, brosse l’atmosphère
y dépose inexorablement ses notes mouillées
 
la symphonie du déluge
hurle sous nos pieds
 
et saigne la mousson du cœur
là, comme un coup d’épée dans l’eau
 
la lucidité des pierres immobiles
halène tout esprit liquide
une communion, un viatique 
dans la sacristie cloîtrée des mois de pluie…
 
19 avril 2015

*****

                  

le soleil tombe derrière eux
 
 
deux hommes
assis l’un près de l’autre devant l’étang, fument
parlent de choses et d’autres sans doute
le bronze du soleil s’écaille derrière eux
 
deux enfants
se lancent une noix de coco dans la cour ensablé
s’amusent l’un et l’autre à ce jeu banal, mais le leur
les ocres du soleil se désagrègent derrière eux
 
deux femmes
installées dans une rue passante, cuisent le riz
échange de regards amusés, de propos culinaires
le soleil marron, derrière elles, se délaie
 
deux jeunes chiens
courent l’un derrière l’autre devant la masure
roulent, se mordent puis s’arrêtent au passage d’un vélo
le soleil fauve tempête derrière eux
 
deux motos
à l’entrée huileuse d’un garage, grondent, immobiles
des outils garnissent le sol, inutiles pour le moment
le soleil flavescent rouille derrière elles
 
deux palmiers
enracinés au trottoir depuis si longtemps
chuchotent entre eux d'anciennes balades 
le soleil marron, derrière le vent, les traverse
 
deux cerfs-volants prisonniers des fils électriques
deux volées d’hirondelles affamées sous les nuages
deux couples de chauves-souris en course éperdue
le soleil safran glisse sur eux
 
 
le soleil est tombé
eux, demain et après-demain
présents
quand se lèvera le soleil
sachant qu’à nouveau il s’affaissera derrière eux
dans son éternel mouvement binaire
 
26 avril 2015



jeudi 20 novembre 2025

Si Nathan avait su... (Partie 2) - 21 -




    La mort du père de Herman Delage conjugué au retour de Monsieur Champigny marquèrent de façon différente ce mois de mai, bousculant le village des Saints-Innocents. Le médecin qui suivait régulièrement le propriétaire du Steinberg ne put associer son décès à l’accumulation d’effets secondaires résultant des nombreuses commotions cérébrales dont il fut victime lors de la sauvage agression qui, deux ans auparavant, l’avait fortement ralenti dans ses activités. 

Comme il se doit, les babillages tournaient autour de la présence aux funérailles ou pas de son agresseur trop facilement exonéré, selon ce qu’on entendait, n’ayant eu pour conséquence qu’un court séjour dans un centre pour adolescents présentant des troubles du comportement sans avoir été juridiquement déclaré délinquant.

La cérémonie funéraire a lieu ce samedi 15 mai, présidée par le nouveau curé de la paroisse, un jeune abbé que la nature n’a pas gâté physiquement. De petite taille, obèse, bègue fonctionnel, Monsieur le curé Langevin a énormément de difficultés à s’intégrer aux paroissiens qui lui reprochent d’être originaire de la grande ville. Ses sermons, en plus d’être interminables en raison de son défaut d’élocution, leur semblent incompréhensibles en raison du choix d'obscurs exemples dont ils sont farcis. Aucun marguillier n’a accepté jusqu’à maintenant la fastidieuse tâche de lui  en faire la remarque.

La tristesse règne dans l’église ensevelie sous un silence glaçant les lieux. La famille a choisi de ne pas avoir recours à la chorale paroissiale, lui préférant le glas des cloches qui débuta une heure avant la cérémonie pour s’arrêter une heure après l’enterrement, le dernier gong mettant fin aux obsèques. Herman avait convaincu le nouveau curé de lui laisser la parole évitant ainsi qu’il ne s’enfarge dans des lieux communs n’ayant aucun rapport avec la vie de son père. 

Devant un auditoire soigneux remplissant l’église, le fils rendra hommage à son père. Il sera concis.

« Père, voici terminées les souffrances qui vous ont accompagné, nuit et jour, depuis de trop longs mois. Vous nous quittez. Nous vous regrettons déjà. Nous, votre famille, ainsi que tous ceux et toutes celles qui vous ont croisé durant ces quarante années, ensemble et d'une même voix nous vous saluons tout comme chacun le faisait dans les locaux du premier supermarché, puis dans l'établissement actuel, la réalisation d’un projet cher à vos ambitions qui aura permis à notre village de faire un pas vers la modernité. Du matin très tôt à tard le soir, vous arpentiez les allées de ce Steinberg veillant à ce que rien ne déroge à la qualité du service, des produits et la propreté dont vous étiez le fier défenseur. Vous êtes un homme de service et, avec maman, je vous promets que nous verrons à ce que cette œuvre se poursuive selon les principes sur lesquels vous vous êtes appuyé. »

Ce fut court. 
Certains saisirent dans les propos du fils qu'il allait peut-être abandonner ses études universitaires pour se consacrer à la relève. 
D’autres notèrent l’absence de musique tout au long de la cérémonie. 
Monsieur le maire, dans un geste inédit, avait demandé que le drapeau flottant devant l’édifice municipal soit mis en berne durant toute la messe, ne cessant de rappeler le mot «modernité» prononcé par le fils du défunt, un peu comme s’il lui avait lui-même soufflé ces paroles. 
On taisait l’absence de la famille Saint-Gelais tout comme on jalousait en catimini le teint bronzé de monsieur Champigny et celui de son épouse qui, à la surprise générale, était présente aujourd’hui, elle qui ne revient de ses appartements floridiens qu’une semaine ou deux quelque part en juillet. 
Que les familles habitant les deux rangs sans nom soient là, au complet, deux couples assis l’un près de l’autre dans un lieu qui leur est inhabituel et quatre enfants demeurés silencieux tout au long de la liturgie ; personne ne releva les faits, mais tous constatèrent le civisme dont ils faisaient preuve.

Au cimetière, Abigaelle, absente à l’intérieur de l’église, fut la première à offrir ses condoléances à la famille Delage. Herman lui demanda de bien vouloir se placer à côté de sa mère lors de la descente en terre du cercueil paternel. Ce qui, on s’en doute bien, relança les rumeurs circulant autour d’elle et du grand étudiant en géographie de l’Université de Montréal.

Mais là où toute la paroisse fut choquée, quasi scandalisée, réside dans le fait que personne n’a lancé la traditionnelle invitation au buffet suivant les funérailles. Un affront impardonnable à la tradition ! 
Un manque de savoir-vivre évident ! 
Comme cette famille est chiche ! 
Ça s’ajoute au fait que le salon mortuaire n’a été ouvert qu’une seule journée, non aux trois comme le veut l'usage.
On en parlait, mais personne n'exigea d’explications. C’est la bonne vieille madame Brodeur, soutenue par la vigoureuse postière Angelina, qui mit fin aux commérages, déclarant : « Pas assez c’est comme trop et trop c’est comme pas assez. Personne n’est jamais content.»

 

                                                        *****            

 

Les Delage vivent dans l’immense appartement situé au-dessus du supermarché. Plusieurs pièces la composent. Le style ne ressemble en rien à ce qui s’est répandu dans le village depuis les deux cents ans de son existence.

À l'origine, quelques maisons éparpillées ici et là autour de champs propices à l’agriculture, puis une bougade qui devint officiellement un village une fois érigée l’église ayant reçu le patronyme des Saints-Innocents. Village devenu lieu de retraite pour ces hommes et ces femmes qui consacrèrent leur vie à véritablement défricher la terre, éclaircir la forêt composée surtout d’érables et installer des fermes laitières que les générations suivantes ont reprises en main pour les accroître de manière systématique. 

Village composé, au tout début, de quelques familles provenant d’un peu partout dans la province. Elles s'y installèrent de manière à éprouver un sentiment d'appartenance assez fort et constater la fertilité des sols avant d'inviter d’autres clans de leur parentée à les rejoindre ainsi que des amis qui pouvaient eux aussi profiter d'un lopin de terre gratuit offert par le gouvernement du Québec qui mettait tous ses oeufs dans le panier de la colonisation.

Et grandit le village. Et rapetissait la forêt. La rivière Croche, on n’y touchait pas, l’eau étant une sorte de symbole de la vie qu’il fallait préserver. 

Deux cents ans plus tard, le village a pris de l’ampleur, majoritairement habité par les retraités qui avaient laissé la ferme familiale entre les mains des fils qui assureraient la postérité de la terre. 

Graduellement des rangs aboutiront vers le village ; la grande majorité d’entre eux déboucheraient sur d’autres rangs, plus loin, au-delà de la forêt qui dut souffrir de l’abattage de milliers d’érables et de sapins. Deux résistent encore, c’est-à-dire qu’ils aboutissent, en cul-de-sac, du village à la forêt et ne sont toujours pas nommés.

Lorsque René Lévesque établit le courant électrique partout dans la province, le village des Saints-Innocents, déjà alimenté, s'épanouit. Les rangs en bénéficièrent aussi, sauf les deux que l’on connaît. Celui qui abrite la famille autochtone fut branché quelques années plus tard, une fois signée l’entente avec le ministère fédéral régissant la loi des Indiens et ratifiée par la province de Québec, alors la municipalité des Saints-Innocents, après avoir imposé ses conditions, reçut l’autorisation d’y construire une maison. 

L’autre rang, celui où vit Daniel et sa famille, aura été… disons... hybride, dans le sens que le terrain partant du village vers la forêt, appartenant à une famille anoblie par le seigneur français propriétaire de cet espace, n'était qu'un immense champ. À l’époque, ni cadastre, ni topographie, ni planimétrie, ce lieu sans fantaisie fut concédé à la famille Rousseau qui jamais ne s’y présenta, le remettant finalement entre les mains du notaire du village des Saints-Innocents pour qu’il en dispose de façon honorable. De notaire en notaire, l’espace tomba entre les mains d’un type provenant de la grande ville qui proposa l’acheter en même temps qu'un autre situé tout au bout de la seule rue du village, maintenant nommée Rue Principale. Il faut dire que la route menant vers la grande ville n'était pas encore dans les plans du ministère des transports du Québec. C’est d’abord là qu’il érigea sa demeure avant de défricher le champ, le mot a tout son sens, permettant une avenue entre le village et le lopin de terre qu’il venait de se procurer pour très peu cher. Quelques mois plus tard, une maison surgit au village et une autre, à l’identique, au bout du rang que le propriétaire achevait, à lui seul, d’aménager pour se rendre à ce qu’il appelait son camp de chasse.

L’architecture de l’époque n’allait pas dans la dentelle, qu’à l’essentiel et encore. C’est un peu pour cette raison que Abigaelle fut surprise lorsqu’elle entre dans cet immense appartement situé au-dessus du marché Steinberg.




dimanche 16 novembre 2025

Lettre codée d'un prisonnier

    Au hasard d'une de mes promenades quotidiennes dans les rues de Saïgon  - un dimanche par hasard - le hasard lui-même fonça sur moi par l'intermédiaire d'une boule en papier chiffonnée sur laquelle, par hasard, je posai un pied. Comme le hasard fait bien les choses, me penchant pour la récupérer, je découvre une missive adressée à un piéton inconnu qui déambulerait sur ce trottoir interdit - on ne peut s'aventurer devant une caserne militaire, une prison de droit commun, tout cela à la grandeur du Vietnam. Je la dissimulai tout de go dans la poche arrière de mon pantalon, scrutant minutieusement les alentours afin de m'assurer que je ne venais pas de commettre l'irréparable, traversai sournoisement la rue, me dirigeai d'un pas très dominical vers mon appartement.

Comme par hasard, le billet froissé dévoilait son contenu en français. En français codé. Je veux dire par là que certains mots - possiblement choisis au hasard - présentaient une graphie incorrecte ou un sens sybillin. 

Le texte n'est pas complet, sans doute dû au fait qu'on venait peut-être de découvrir son existence et qu'il fallut à son auteur agir précipitamment, c'est-à-dire le projetter à l'extérieur de cet enclos humain espérant que le hasard permit qu'il fût recouvré par une quelconque âme jouissant de son entière liberté.

Je ne vous fais pas attendre davantage, le voici dans son entièreté souhaitant que vous puissiez le décoder à votre tour.

    
                                        *******************

Cher piéton inconnu,

Je prends tout mon courage pour t'écrire du fond de ma cellule surchauffée de la prison commune de Saïgon, section de ceuzes qui ont chié sur les lois communisses.

Fa ben chô!

Je manque d'air conditionné et ma condition à l'air pas mal conditionnée au bon vouloir de mes bourreaux qui s'amusent à me crier des noms... J'm'en kriss, je comprends pas…

La fouille à laquelle j'ai dû "librement" me soumettre lors de mon arrivée n'a pas été de tout repos... Une chance, mes bobettes étaient propettes... pas question d'avoir honte icitte ! Faut surtout demeurer digne en toute circonstance.

Ma cellule, la 00-88-0-8 - non non cé pas le numéro de ma carte de crédit avec pas de points au boutte d'la ligne - doit certainement faire 2 mètres carrés, je l'arpente cé pas trop long, n'ayant rien d'autre à souhaiter que le prochain repas sera différent de ce riz guelluant servi dans une espèce de mangeoire qui a dû servir avant à kekun d'autre. Hop! Une swouigne de braoule pis mange mon cochon. Sans oublier de dire merci à c't'espèce de gardien avec même pas de bananes sué épaules... Y doué être nouveau dans la baraque.

J'ai immédiatement choisi de vivre de nuite... comme ça les journées seront moins longues…

Personne ne viendra me voir dimanche prochain, m'apportant de bien belles oranges vartes. Mais j'm'en kriss, j'aillis les oranges vartes. Seulement de savoir que les autres prisonniers, mes braillards de ouèzins, sortiront de leur cage à poule avec des plumes sans doute aussi reluisantes que celle de ToToTe pour se rendre, boulets aux pieds et face de beu, vers la salle des visites, ça me câlisse un ti cafard... Cafards qui, d'ailleurs, sont mes seuls compagnons solidaires de solitude. Mieux que des rats antéka.

Je passe mes nuites à chercher l'air que j’me mettrai dans face quand j'aurai à affronter le juge saisi de ma côse - si jamais elle réussit à franchir le dédale des délais délirants des détectives disciplinés, délétères et diaboliques.

Ça remplit mes pensées, mais y'm reste assez de temps pour souffrir dans un silence exemplaire et me remémorer les doux moments de liberté chèrement acquise au fil du temps.

Parlant de temps... Combien de semaines, de mois, d'années ajouteront-ils à l'affront que je subis maintenant ? Pôvre petit moa qui voulait juste dire toute mon affection au peuple vietnamien.

Lors de mon premier interrogatoire, craignant la menace de la torture, j'ai déballé mon sac dans un anglais châtié. Je voyais dans le regard du type qui suait à grosses gouttes derrière le bureau - mais pas autant que moa - que tout ça lui passait par-dessus son casse vert kaki. Il écrivait - j'sais pas trop quoi - sur une feuille tirée d'une grande liasse de feuilles 8 et 1 /2 par 14, des mots qui devraient servir, sans doute, à prouver ma culpabilité et réclamer comme un genre de peine capitale avec exécution immédiate.

J'te parle de cet interrogatoire, mais il y en a eu ben d'autres... plus corsés, si cela puisse être possible.

Nous sommes dimanche.. Je suis ici depuis il y a deux vendredis... donc plus de 15 jours que je végète comme un fruit défendu ne sachant pas mûrir...  Sais pas encore quand on m'ordonnera de porter le costume de prisonnier dont j'aillis la couleur, une sorte de vert élimé tirant sur le lime verdâtre qui sera certainement beaucoup trop petit  puisqu'il fit parfa pour le vietnamien criminel moyen.        

3 interrogatoires par jour que je résumerais de cette manière : 1iere catégorie, me rappeler mon arrivée dans un ben bô camion à salade qui laissa pantois mes ouèzins immédiats, et reprise en notes de mes identifiants - on veut sans doute vérifier si je suis toujours le même homme ;  2ième catégorie, celles du matin, l'épreuve de la langue, ça veut dire qu'un habit vert kaki avec ou pas de bananes me pose, en vietnamien, des questions que je commence pas mal à reconnaître sans en comprendre toujours le sens et comme je ne réponds pas ou simplement répète ne pas m'exprimer dans sa langue, mon attitude non collaboratrice doit certainement être vue comme un affront à l'autorité, un manque évident d'intelligence pratique ou encore une défiance au système pénitenciaire ; la 3ième catégorie, la plus pénible, celle qui me joue sur les nerfs comme s'il s'agissait du supplice de la goutte d'eau s'effouèrant en plein milieu du front à chaque 10 secondes, me laisser poireauter à la porte du bureau d'interrogatoire, debout au bout d'un couloir où la température bat tous les records de chaleur au monde... Je


Ça s'arrête là. J'ai beau consulter le journal officiel de Saïgon, rien ne relate ce cas. J'en déduis qu'il s'agit d'une lettre jetée par la fenêtre de la prison commune cherchant à rejoindre la mer. 



vendredi 14 novembre 2025

Si Nathan avait su... (Partie 2) -20-

 



Le mois de mai 1976 aura été particulièrement chargé autant émotionnellement que dans ce que nous pourrions appeler une bousculade d’événements imprévus. Pour sûr la présentation des Jeux Olympiques à Montréal attire l’attention de tous, mais dans le village des Saints-Innocents ce qu’on entend se résume ainsi : «On a connu l’Exposition universelle de 1967 avec tout ce que ça a bouleversé, mais là ça risque de nous coûter assez cher.»
 
Chez les agriculteurs soucieux de connaître une saison intéressante, la météo demeure la préoccupation prioritaire. Le printemps fut on ne peut mieux, ce qui faisait dire à celui-ci et celui-là «on va bien finir par payer pour ce beau temps». Le temps des semailles aura finalement été mi-figue mi-raison.
 
Daniel croyait pouvoir s’en sortir seul, mais en raison de sa décision de varier davantage ses cultures, il s’est vu obligé d’avoir recours à une aide intermittente et c’est vers Don qu’il se retourna, tout comme le garde-forestier, débordé lors de la saison des entailles de ses érables le fit, en mars dernier.
 
Les deux hommes devenus comparses développent une complicité qui, on l’imagine bien, offre aux villageois l’occasion d’y aller de quelques commentaires disgracieux. À titre d’exemple, lorsqu’ils se présentèrent à l’hôtel de ville pour enregistrer la naissance de leurs nouveaux-nés dans le registre civil, sans la mère des enfants toutes les deux retenues à la maison, mais accompagnés par Benjamin d’un côté et Chelle de l’autre afin qu’ils agissent à titre de répondants - pas question de leur octroyer le pseudonyme de parrain et marraine - les deux bébés demeurèrent silencieux alors que déjà, à l’extérieur, on se moquait du prénom Nathanaël, ne l’ayant jamais entendu avant ce jour, on commentait l’absence des femmes comme une façon de les isoler encore plus, que deux enfants de 6 ans, un parrain et l’autre marraine, eh bien c’était on ne peut plus ridicule.
 
L’amitié liant ces deux bonshommes leur permettait d’abord de beaucoup apprendre sur les occupations de chacun ainsi que sur leur nouvelle manière de vivre. À un certain moment donné, ils laissèrent tomber, volontairement pour Daniel, accidentellement pour Don, le style de vie qu’avaient dessiné leurs parents.  
 
Il est sans doute possible pour des exclus d’une société - qu’elle soit nombreuse ou non - d’en arriver à devoir choisir entre se ranger auprès d’elle et ses valeurs, ou davantage s’imprégner de ce qu’ils croient les définir et, sans définitivement s’exiler, installer des distances, un peu comme s’ils souhaitaient protéger les anticorps qu’un certain éloignement avait installé en eux.

Chez Daniel, c’est autour de l’immobilisme de son père, cette volonté qu’il jugeait conservatrice, la qualifiant même de rétrograde, qu’un jour, sans avertissement, il prit son baluchon, se mit en route vers la grande ville, y rencontra Jésabelle qui ne supportait plus de n’être qu’une fille au destin déjà tracé devant elle par sa famille à laquelle elle devait religieusement se plier. Ils vivaient de manière désinvolte laissant fermée la porte à la culpabilité.
 
Don, extirpé en bas âge de sa terre natale, confronté à des parents atypiques, l’un souhaitant reprendre en main sa vie en-dehors des influences qui depuis sa toute jeunesse l’assujettissaient, l'obligeant à devenir qu’un reproducteur, qu’un pourvoyeur et une mère qui s’est investie d’une mission, celle de salvatrice de la nation ojibwée, puis avec le temps devenue une intégriste radicale.
 
Pour Daniel, ce fut à l’extérieur du noyau familial, loin de son milieu social qu’il a été baptisé aux convictions d’une nouvelle culture, persuadé toutefois qu’une fois imbibé de celle-ci il reviendrait dans son patelin, là où se développent ses racines, pour y vivre ses croyances.
 
Pour Don, c’est dans le pragmatisme qu’il aura développé cette intelligence à bien cerner le présent, à préparer l’avenir autant pour lui que pour cette communauté maintenant réduite autour de sa femme et ses filles. Il croit fermement qu’on peut très bien être soi-même, complètement, tout en participant à une organisation différente.
 
Leur rencontre se démarque par le fait que tous deux sont des exclus, relégués au fond de rangs parallèles que même le cadastre du village des Saint-Innocents ne reconnaît pas, qu’ils développent un style de paternité semblable en rien à celui en vigueur qui détermine l’homme des années '70. Leur sensibilité masculine transparaît lorsque, parlant et de Jésabelle ou de Aanzhanie, de leurs enfants, de la structure familiale, mais surtout du regard qu’ils portent sur le présent à améliorer -  ils savent qu’il pourra se modifier si seulement chacun se transforme lui-même - et que les gestes posés aujourd’hui peuvent induire un avenir divergent.
 
Rapidement, Daniel et Don arrivèrent à la même conclusion, à savoir que leurs deux aînés partageant le même bus scolaire, la même classe du pré-scolaire, évoluent de manière magistrale, soutenus par une enseignante de très grande qualité. Abigaëlle est, et tous les deux se le répètent dans des mots presque identiques, une personne importante dans leur évolution. Tous les exemples qu’ils s'impartissent vont dans le même sens : cette enseignante marque leur enfant de manière intangible.
 
Daniel, lui qui a l’oreille sensible aux rumeurs circulant dans le village, et Don, réceptif aux sentiments, intuitif au point de découvrir ce qui se cache dans l’âme des gens, se plaisent à échanger leurs informations sur des sujets qui, de près ou de loin, touchent leur famille.
 
- Tu sais, Don, ce Benoît Saint-Gelais que tu as rencontré, traîne une mauvaise réputation depuis qu’il est jeune. Qu’il ait inventé cette histoire de dette lui ressemble beaucoup. Par chance, sa sœur, Mademoiselle la directrice de l’école, a toujours réussi à le couvrir, lui évitant une foule de problèmes.
- Il a le mensonge rapide, la menace facile. Il a également eu Monsieur le curé, décédé cet hiver, comme protecteur.
- J'ignorais ce détail, mais je suis certain que Herman en sait plus que moi. D'ailleurs j'ai très peu d'intérêt pour les choses d'église. Mais qu’est-ce-que tu me disais au sujet de Abigaelle ? 
- C’est le grand Herman qui m’a dit craindre qu’elle pourrait être une victime de ce Benoît.
- Çà c’est du sérieux. Elle n’a pas besoin de cela, les problèmes actuels de sa maison lui suffisent.
- Problèmes ?
- Là où elle demeure, tout juste face à l’école primaire, eh bien cette maison a été bâtie en même temps ou presque que celle où je suis. Même propriétaire en tout cas. Je ne sais pas pour quelle raison il l’a construite à l’identique, mais elle lui servait de résidence secondaire et l’habitait durant la saison de la chasse. Pour s’y rendre, il lui a fallu ouvrir un chemin, celui de mon rang. On l'a ainsi nommé, tu vas rire, à l’époque de Maurice Duplessis, le premier ministre de la province de Québec qui traînait une réputation de voleur d’élections. Deux maisons, deux votes, même si elles avaient le même propriétaire.
- Vous avez de drôles de règles.
- Je pourrais t’en énumérer des centaines d’autres. Mais la première maison, celle de Abigaelle maintenant, a été vide depuis que son propriétaire a disparu sans avertissement. La mienne aussi par la même occasion. Il aura fallu que mon père insiste pour que nous puissions l’acheter à la famille Champigny, la rénover et maintenant l’habiter. Semble-t-il que celle du village, je ne sais trop comment l’exprimer, serait… comme hantée.
- Maison hantée et Abigaelle y vit ?
- Elle n’est pas superstitieuse, mais elle dit que des odeurs pas possible se dégagent de la cave. Le mari de la secrétaire d’école, tu sais le gros Gérard, s’en est occupé, mais là il donne sa langue aux chats. Ils attendent monsieur Champigny et à son retour de Floride, on va investiguer davantage.
- Quelle affaire !
- C’est loin d’être tout, si tu veux mon avis, dit Daniel d'un air dubitatif.
 
Pichenottant leurs mégots de cigarette au loin, les deux hommes reviennent aux semailles.

                       
        
                            

mercredi 12 novembre 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (32)

 




                                                         ce pays
 
matins furieusement doux    
couleur pêche et pamplemousse
des odeurs s’y répandent
charriées par le vent
 
                    le bruit comme un ensemble de silences
 
jours chauds comme un citron doré
mûrissant d’heure en heure
des odeurs brassent les essences
que le soleil cuit sur place
 
                    le bruit comme un ensemble de silences
 
soirs comme café froid
que la table resquille
des odeurs accrochées aux lauriers rouges
au gingembre s’attache la citronnelle
 
                    le bruit comme un ensemble de silences
 
nuits froides dans leur fusain
dessinent des ombres roses
des odeurs de lune pure
se tortillent, fantômes ductiles
 
                    le bruit comme un ensemble de silences

de ce pays
 
15 mars 2015
 
 
 
 
 
 
                      

                                                     
elle ne sera pas venue
 
son amour pour elle est mort
au cours de ce banquet solitaire
 
table en acajou, sièges de skaï,
serveur germano-italien
 
l’heure, confirmée, le menu, recherché
un ventilateur au-dessus accroché
 
par les portes demeurées ouvertes
s’engouffre un sourire affriolant
 
le soleil se love aux tentures chinoises en camaïeu
s’impatientent les couverts japonais
 
aux cafés succédaient le café
 
                                        elle ne sera pas venue
                                        bruits des conversations
                                        allers- retours du vent
                                        pas venue au banquet solitaire
 
son amour éclôt une nuit de janvier
festin hivernal célébrant le Têt
 
il sera assis à la table
celle en acajou avec sièges en skaï
 
s’agiterait le serveur germano-italien
 
l’heure du soir, convenue, tout comme le menu
que rafraîchissait le ventilateur grésillant
 
les portes, ouvertes, elle ne s’y engouffre pas
aucun sourire affriolant l’annonce
 
les tentures chinoises, les mêmes
les couverts japonais, les mêmes
 
il aura bu un café, plusieurs cafés
 
 
                                   elle ne sera pas venue
                                   conversations muettes,
                                   allers et venues du vent
                                   ne sera pas venue 

au banquet des anges
 
21 mars
  
                         

mardi 11 novembre 2025

Quelques pages d'un cahier de lecture



Il est certains concepts avec lesquels on s'amuse à jouer,
à tenter de définir le plus justement possible, pour s'apercevoir qu'en définitive ils échappent partiellement ou totalement à notre entendement pour mille et une raisons aussi incongrues les uns que les autres. 

Ce matin du 11 novembre - le numérologue en moi se rappelle qu'aujourd'hui c'est 11-11 - évoque la signature de l'Armistice qui eut lieu à 5h15 (en l'an de grâce 1918)et devenue effective à 11 heures. Les puristes soutiennent que c'est à 11 heures 11. Toutefois, la Première grande guerre mondiale prendra officiellement fin le 28 juin 1919 par la signature du Traité de Versailles.

Guerre... Liberté... Mémoire... 3 concepts profondément ancrés dans l'esprit humain qui méritent qu'on s'y arrête...



L’AMOUR AUX TEMPS DU CHOLÉRA  
Gabriel Garcia Marquez  

Il (Juvenal Urbino) était encore trop jeune pour savoir que la mémoire du cœur efface les mauvais souvenirs et embellit les bons, et que c’est grâce à cet artifice que l’on parvient à accepter le passé.


LES GENS  
Philippe Labro

Ce qu’il y a de plus fondamental chez l’homme, c’est la solitude, mais chacun, en se forgeant des habitudes, ou en se forçant à vivre avec autrui, peut tenter de s’y soustraire.

 
QUATRE ROMANS NOIRS 
Tonino Benacquista

C’est drôle de sentir que quelque chose se termine quand rien n’a vraiment commencé.


LA TRISTESSE DES ANGES  
Jon Kalman Stefanson
 
Nous mourons si nous n’écoutons pas ce qu’enseigne l’expérience, mais nous moisissons si nous y prêtons trop d’attention.


L’OMBRE DE CE QUE NOUS AVONS ÉTÉ  
Luis Sepulveda

Je me bats pour ne pas oublier que je suis un homme libre… La liberté est un état de grâce et on est libre que pendant qu’on lutte pour elle.

 
UN AMERICAIN BIEN TRANQUILLE  
Graham Greene

Un homme devient digne de confiance quand on a confiance en lui.
 

LE PORTAIL 
François Bizot

At oy té!  * une locution propre à toutes les langues de l’Indochine; l’expression d’une philosophie de la fatalité, une manière d’aider à accepter l’inévitable, de consentir à son destin.


ENFANCE et ADOLESCENCE   
Léon Tolstoï

Seuls les gens capables d’aimer passionnément peuvent éprouver de grandes douleurs ; mais le même besoin d’aimer leur sert de réactif et les guérit. À ce point de vue, la nature morale de l’homme est encore plus vivace que sa nature physique. Le chagrin ne tue jamais.

 
L’IMMORALISTE 
André Gide

Savoir se libérer n’est rien ; l’ardu, c’est savoir être libre.


L’HOMME QUI M’AIMAIT TOUT BAS   
Éric Fottorino

Il se sentait libre comme on est libre quand on choisit son destin.

Si Nathan avait su... (Partie 2) - 22 -

- Je crois que tu n’as plus à te cacher maintenant. - Que veux-tu dire Herman ?   La famille Delage n’a effectivement pas prévu organiser un...