vendredi 28 juin 2024

Un peu de politique à saveur bratacienne... (Billet 5)

                 

Un peu de politique à saveur batracienne…

 

Ô CANADA !
                                Cette terre de nos aïeux…

    L’hymne national Ô Canada a été proclamé le 1er juillet 1980, soit exactement un siècle après avoir été chanté pour la première fois, en 1880. Musique de Calixa Lavallée et paroles de Adolphe-Basile Routier pour la version française, c’est Robert Stanley Weir, en 1908, qui est l’auteur de la version anglaise.
 
    Il en arrache notre grand pays non seulement au point de vue politique, mais aussi par son manque âme. Qu’est-ce qui émeut un habitant de la Colombie-Britannique regardant le Pacifique en même temps qu’un terre-neuvien face à l'Atlantique ? Nous pourrions faire le même exercice, poser la même question aux habitants des Plaines ou du Centre du pays, ainsi qu’à ceux des Territoires. Ce pays n’en est pas un, plutôt un agrégat de territoires définis par des frontières intérieures. Bizarre! Existe-t-il quelque part sur terre des frontières intérieures dans un même pays - excluons les USA - frontières qui le délimitent ?
 
    Nous sommes une fédération qu’on aime appeler Confédération. Elle date de 1867 cette vieille dame et fait l’objet de bien des tergiversations. Soulignons qu’au Québec, le mouvement indépendantiste rallie un certain pourcentage de sa population et que deux partis politiques (PQ et QS) promeuvent l’idée d’une souveraineté plus ou moins totale. Il en serait de même en Alberta - la capitale du pétrole au Canada - rechignant sur toute une série d'interventions fédérales dans des domaines de juridiction provinciale.
 
    Un pays sans âme qui s’étend entre deux océans, dans lequel six (6) fuseaux horaires traversent près de 10 millions de kilomètres carrés. Comment espérer que monsieur Manitoba se sente voisin de madame Nouvelle-Écosse ? Physiquement impossible, voire utopique.
 
    Un pays sans âme qui s’exprime en deux langues qu’une loi déclare officielles… et valorisant le multiculturalisme.*
 
    Un pays sans âme dont le gouvernement minoritaire actuel dirigé par un vieux parti, le PLC (Parti Libéral du Canada) appuyé par le NPD (Nouveau Parti Démocratique) a dû géré la pandémie liée à la Covid 19 et semble se diriger tête baissée vers une défaite d’ici 2025 alors que l’élection d’un député du PCC (Parti Conservateur du Canada) dans un château-fort libéral de la grande ville de Toronto semble en être le présage.
 
    Aucune autre province, état ou territoire à part le Québec n’a au Parlement d’Ottawa des représentants d’un parti politique résolument destiné représenter ses intérêts. Le Bloc québécois a été spécifiquement créé afin de défendre l’idée de la souveraineté voire l’indépendance de ce qu’il considère être la patrie des canadiens-français, certains allant même jusqu’à prétendre que le Québec serait la patrie des francophones d’Amérique du Nord. Voici certainement un autre exemple de la complexité géographique, politique et principalement culturelle de ce grand pays sans âme.
 
    Alors qu’au Québec on semble de plus en plus se débarrasser de la «ceinture fléchée» qui caractérisait les habitants de sa population, dans les plaines canadiennes, on porte toujours le chapeau de cowboy. De plus en plus le Québec déambule sans difficulté dans le XXIème siècle avec, bien ancrée, l’idée que le progrès qui s’installe partout dans le  monde mérite qu’on s’y adapte sans gêne et sans embarras, les idées conservatrices collées aux traditions inextirpables de nos amis anglophones à la grandeur de ce pays sans âme résistent à la modernité. Évidemment cette assertion je ne l’attribue pas à tous, mais lorsqu’on voit la montée du chef du PCC, monsieur Pierre Poilièvre, le fait qu’il pourrait, ralliant le Canada anglais, devenir le prochain Premier ministre de ce pays sans âme (au Québec son message ne s’imprime pas dans la tête des gens, même s’il hurle à tout vent que ce n’est que le «gros bon sens») m’apparaît comme une évidente illustration que la nation québécoise forme une société distincte.
 
    Je ne résumerai pas les idées de fond de chacun des partis politiques en présence, ça se fera lorsque les élections générales seront déclenchées, mais il m’apparaît assez simple de catégoriser ainsi les forces actuelles : à gauche, le NPD, avec une tendance à bifurquer vers le centre; à gauche également, le Parti Vert, mais sa pensée politique repose principalement sur l’environnement de sorte qu’il est difficile de le situer sur d’autres aspects; à droite, le PCC de monsieur Poilièvre que certains analystes classent carrément à l’extrême-droite; au centre, avec une très légère tendance à gauche, le PLC au pouvoir depuis octobre 2015 et qui risque, du moins selon les sondages actuels, de se retrouver bientôt dans l’opposition; reste le BLOC QUÉBÉCOIS qui ne présente des candidats qu’au Québec, pourrait aussi valser au centre-gauche.
 
    Ce grand pays sans âme se veut, du moins il le proclame, un acteur primordial sur la scène internationale pour la lutte contre les changements climatiques, alors qu’il continue de financer les entreprises pétrolières canadiennes… mais il s’enorgueillit de vouloir abolir l’utilisation des pailles en plastique…
 
    Son rôle en géopolitique mondiale est carrément aligné sur celui des USA et ne manifeste que fort peu d’originalité malgré une ministre très dévouée. Que ce soit en Ukraine ou dans la bande de Gaza, ce gouvernement n’est pas super actif pour que la paix supplante la guerre. Il ne faut pas négliger le fait que la guerre… c’est plutôt payant.

    Le Canada, pays indépendant, est membre du Commonwealth tout en continuant de s’incliner majestueusement devant le monarque britannique et nommer «chef d’État» sa représentante officielle, la Gouverneure générale ainsi que ses lieutenants dans chacune des provinces.
 
    Je ne sais pas si dans les autres provinces canadiennes leurs habitants s’affichent comme «canadiens» ou, tout comme au Québec, selon leur lieu de résidence. Chose certaine être Québécois est devenu le terme identifiant la spécificité de ses habitants.
 
    L’été n’est jamais prodigue en matière politique. Peu de choses se bougent une fois le Parlement fédéral devenu un lieu touristique et que la majorité de nos politiciens parcourent leur comté afin de rappeler aux électeurs qu’ils sont toujours vivants. Toutefois, en sourdine, quelques projets de lois finalement adoptés par nos législateurs deviennent des réalités sans trop que nous le sachions, pourtant «personne n’est au-dessus des lois» et « nul n’est censé ignorer la loi»…
 
    J’achève ce billet en vous invitant, si le coeur vous en dit, à relire le texte de notre hymne national - en français - et le comparer aux «lyrics» anglais… des minutes de plaisir!

 
* « La politique du multiculturalisme au Canada est adoptée en 1971 par le gouvernement libéral de Pierre Elliot Trudeau - père de l’actuel Premier ministre canadien -. Conséquence inattendue de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (1963-1969), le multiculturalisme est une politique visant à gérer le nationalisme francophone, surtout au Québec, ainsi que la diversité culturelle de plus en plus grande au pays. Le Canada est le premier pays au monde à adopter une politique sur le multiculturalisme. En 2021, la politique fédérale de multiculturalisme a célébré ses 50 ans.»



mercredi 26 juin 2024

Projet entre nostalgie et fantaisie... (2)

 Les trois poèmes revus et corrigés qui ré-apparaissent aujourd'hui proviennent du Cinquième saut de crapaud datant du 10 septembre 2005.


où? se cache le temps

? entre les vagues moutonneuses
    ? au bout de l'horizon nuageux 
        ? à la cime des arbres écrasés d’oiseaux
            ? sur les ailes du vent charriant des couleurs innommées
 
...alors que la mer étire ses bras électriques

où? se cache le temps
    ? entre l'immensité de nos vertes amours
        ? plus loin encore que le regard des îles
            ? là où le soleil dépose l'éternité

 ...la vie écervelée circule

accrochée au roc rouge
    accueillant sur la grève
        une mer incertaine

 où? se cache le temps

… au coeur des bouleaux éphémères

 

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le voyage de la mer

 

la mer a pris un billet retour
 en provenance du vague horizon 
  accoste au quai délavé
   y laisse des carcasses incrédules
    mourir dans les mains de chaque matin

        soleil au dos
           la mer glisse sur elle-même
            vers l'inconnu des terres inhabitées
              assoiffée de galets que le gris humide évapore
                mille millions de gouttelettes émiettées
                  jaillissent de son voyage
                    suivies par des oiseaux blancs
                      qui étirent les silencieux ressacs
 
                au fond de la mer ensoleillée
                 des voix intérieures
                  depuis longtemps muettes
                   éclaboussent les silences terrestres
                    fracassant l'indicible
 
                                    et la mer récupère son ticket

 

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un trou sur la mer

Neptune et Ophélie
sur les vagues d'une symphonie bleu     
regardent par la marée du matin          
les montagnes immobiles leur sourire vaguement               
 
ils sont descendus marchant
    entre les agates rejetées par des chorales de baleines
          marins au regard séculaire
               main dans la main
                    se dirigent vers les miroirs érodés des plages
                         si longues que le temps s'y perd
 
Neptune et Ophélie
enlacés près des portes qu'ouvre le vent     
implorent le silence          
tels des oiseaux de laine               
sifflant l'hymne des rêves                    
 
... un trou sur la mer
 

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dimanche 23 juin 2024

Un peu de politique à saveur batracienne ... (Billet 4)



Un peu de politique à saveur batracienne…

 

ET LE QUÉBEC DANS TOUT ÇA !

 

    Il est vendredi 21 juin, début de l’été, à trois jours de la Fête nationale du Québec. Je me penche maintenant sur un peu de politique québécoise conservant pour un autre billet mon point de vue et mon opinion sur la politique fédérale.
 
    On vient d’apprendre, il y a quelques minutes à peine, que Denis Coderre pose sa candidature à la course pour la chefferie du Parti libéral du Québec.

    Si dans le cas des USA nous sommes en présence d’une bataille de l’âge d’or, dans celui de la France de jeunes coqs gaulois, la venue de ce dinosaure fédéraliste, ex-ministre au gouvernement fédéral, ex-maire de la ville de Montréal aura, s’il est élu ou couronné, à affronter d’ici une couple d’années un parti dirigé par François Legault (CAQ), deux jeunes loups, Paul Saint-Pierre Plamondon (PQ) et le co-porte-parole de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, sans oublier Éric Duhaime du Parti conservateur du Québec. À première vue, je serais tenté de dire que nous voici placé devant un conflit générationnel assez évident.

 

Examinons d’abord les personnes en action actuellement ; 
il est possible que nous les retrouvions lors de la prochaine élection prévue pour le 5 octobre 2026:


François Legault, 
Premier ministre du Québec depuis le 18 octobre 2018 et chef fondateur de la CAQ (Coalition Avenir Québec). Il  a 67 ans.


Gabriel Nadeau-Dubois
député de Gouin depuis 2017, il est co-porte-parole de Québec Solidaire, deuxième opposition officielle à l’Assemblée nationale du Québec. Il est âgé de 34 ans.
 
Paul Saint-Pierre-Plamondon, 
chef du Parti Québécois (PQ) et député du comté Camille-Laurin. Il est âgé 47 ans.
 

Le Parti libéral ( l'opposition officielle) n’a pas de chef, qu’un intérim. Il devrait lancer bientôt sa campagne au leadership. Un candidat a annoncé qu’il ferait partie de la course, il s’agit de Denis Coderre, âgé de 60 ans.

 
Le Parti conservateur du Québec n’a pas de députés élus à l’Assemblée nationale malgré un score plus qu’honorable lors de l’élection de 2022. 
Son chef, Éric Duhaime est âgé de 55 ans.


    
    Vous me direz que l’âge n’a que peu d’importance en politique ; l’expérience, l’engagement, la clarté dans ses propos et surtout une certaine vision de l’avenir mettant en place aujourd’hui ce qui peut rendre l’avenir collectif meilleur, tout cela devrait (ou doit) inciter les citoyens à réfléchir au devenir de la société.
 
    Je me répète, l’ayant maintes fois formulé : le geste démocratique de voter est pour la grande majorité de la population le seul et unique qu’elle pose, et cela l’engage pour au moins quatre années. Est-ce cela la démocratie ? On peut en débattre longtemps, mais ce qui m’intéresse dans ce billet, c’est, de mon point de vue de citoyen moyennement informé et un peu trop passif, c’est tenter d’avoir une opinion qui soit en parfaite conviction avec mes idées et examiner les forces en présence.

    La vie politique québécoise actuelle est ennuyante comme la pluie. Compte tenu des valses à mille temps d’un gouvernement vieillissant qui cherche à reprendre son souffle sans envisager pour autant de se renouveler dans l’élaboration de politiques en conformité avec la réalité actuelle et ne réussit pas à insuffler un idéal (ni même un élan) pour façonner des lendemains meilleurs. Cela semble indéchiffrable pour un gouvernement pourtant fusionnel avec les chiffres.
 
    Si une certaine tendance se maintient, la prochaine élection pourrait nous inviter à regarder vers l’avant à travers les idées que promeuvent les partis politiques en lice. QS et son programme mieux ciblé autour de l’environnement et des classes sociales affaiblies par une situation économique désastreuse faisant du sur-place. Le PQ et son chef qui fait actuellement exploser les baromètres des sondages, tenant absolument à ce que le projet d’indépendance du Québec aille plus haut que la barre des 49% . Le PLQ qui, encore et pour un certain temps, végète au purgatoire où les Charest et Couillard (surprenamment on semble les réhabiliter) l’ont manifestement envoyé, déchirera sa chemise pour défendre le Canada. Le PCQ  ressemble un peu à un frappeur de relève au baseball, à savoir qu’il est assis sur le banc et lorsqu’on l’appelle au bâton il doit se signaler, mais dans le cas présent, je crains qu’après quelques fausses balles, il soit retiré au bâton ; la CAQ et son chef se déplaçant avec un déambulateur, répétant les mêmes choses souvent sans pouvoir en illustrer le bien-fondé  avant de les renier pour à nouveau y revenir à la suite d’un briefing de son entourage, un chef qui n’a plus le charisme que certains lui attribuaient lors de la pandémie, s’étant transformé en un populiste maladroit.

     Nous ne sommes pas encore à la porte de l’élection, elle est prévue pour octobre 2026 et d’ici là beaucoup de choses peuvent évoluer (au minimum car elles ne risquent pas de changer) et bien avisé celui ou celle en mesure d’en esquisser même un avant-goût. Une chose du moins demeure : la politique québécoise actuelle est ennuyeuse comme la pluie…

    Le monde tente de survivre aux changements climatiques alors que notre gouvernement se complaît dans des réalisations minimales qui se résument à des mots et fort peu d’actions concrètes, tentant de nous convaincre qu’il est maître dans l’art de conjuguer économie et écologie. Il faut tout de même dire que ce combat ne doit pas être strictement celui des élus, mais le quotidien de chacun et chacune d’entre nous. Quand mon petit-fils dit ouvertement qu’il n’aura pas d’enfants en raison de la situation catastrophique de la terre, de l’inconfort qu’il ressent à imaginer qu’une descendance puisse souffrir encore plus des effets dévastateurs dans laquelle nous sommes, cela m’inquiète. Profondément.

   Avant d’achever ce billet, j’aborde un sujet particulièrement décourageant. Les récolteurs d’opinions nous disent souvent à quel point les citoyens ont de la politique (et des politiciens) une très mauvaise perception. «On n’y croit plus…», «Ils sont tous pareils, du pareil au même…», «Sont là seulement pour les $$$.» C’est désolant et devrait nous alarmer si nous partons de la prémisse que « nous avons les gouvernements qu’on mérite» et que ceci s’enveloppe d'un pessimisme généralisé.
 
    Comment en arriver à une vie citoyenne mieux adaptée aux exigeantes réalités du XXI ième siècle ?
 
La parole est à vous… non, à nous.



































jeudi 20 juin 2024

La suite...




La suite...

    Entrepris le 20 avril dernier par la publication de L'oiseau, une série de poèmes se relayant - ( Qui... paru le 4 mai, par la suite ...immortel... le 12, suivit L'étendue blanche une semaine plus tard alors que le 29 mai paraissait en marche... vers on ne sait où pour en arriver le 7 juin à et se lève un vent fulgurant... ) - accoste aujourd'hui  Nous ne serons plus seuls. 
     
    Ce n'est pas une première pour moi, mais les expériences antérieures de cette nature n'ont pas revêtu le même caractère, se définissant davantage comme un regard périphérique sur une thématique alors que cette fois, il s'agit plus du développement d'une idée qui progresse en se complexifiant, ce qu'en musique on définirait «contrepoint».
    
    L'intérêt d'une telle démarche, si je me place du point de vue du lecteur, réside dans le fait qu'une idée primaire s'enrichit d'un prolongement sans en être l'aboutissement et permet, du moins je le souhaite, un contact plus intime avec les mots qui encadrent l'atmosphère.


Nous ne sommes plus seuls


À la traîne des pas saccadés du marcheur, plus rien ne s’évanouit,
ca s’éloigne plutôt, laissant pistes colorées et traces d’effluves
un peu comme si le vent irréductible avait modifié ce qui fut
    ici
    

Ce vaillant derviche à tête haute, aux souvenirs incertains,
retrouve, c’est vague encore quelques vestiges d’un proche passé
qu’il peine à nommer, craignant qu’à le rebouter il rejaillisse
dans une mémoire embrouillée et primipare à la fois, puis fuse
    par ici
    par là

À travers l’espace, maintenant, mille et une avenues percent…
à travers les parfums, tout s’imprègne d’un subtil renouveau…
alors que devant lui, puisés aux couleurs, aux odeurs confondues,
flottent entre ciel et sol, entre carmin et blanc amalgamés,
une myriade d’exhalaisons esquissant des sons…
    ici
    

 

La solitude fuit
inutile passagère
porteuse de cruelles fumées,
elle s’évanouit
dévêtue de ses lambeaux,
et sous un nuage irradiant
naissent plusieurs foules

nous ne sommes plus seuls

 lit-on sur des tablettes d’ardoise 

nous ne serons plus seuls

 

ici et par ici, là et par là
des hommes, des femmes
tiennent des enfants par la main
à qui ils n’enseigneront pas
                                                       la peur
                                                                   le doute
                                                                                   la honte

 qu’à ne plus jamais être seuls…

                                                            





mardi 18 juin 2024

Un peu de politique à saveur batracienne... (Billet 3)




Un peu de politique à saveur batracienne…


 LA GUERRE EN UKRAINE ET À GAZA

    Existe-t-il des périodes dans l’histoire humaine au cours desquelles la guerre fut absente ? J’essayais, avant d’entreprendre ce billet abordant les deux guerres qui actuellement, en 2024, retiennent notre attention, j’essayais donc de comptabiliser celles qui eurent et ont lieu depuis ma naissance en 1947.

    Au sortir de la Seconde guerre mondiale, compte tenu de son extraordinaire fertilité en termes de décès et d’horreurs, il nous semblait que celle-ci devait s'avérer être le dernier hécatombe, qu’enfin l’homme avait compris et qu’il reléguerait aux calendes grecques l’idée de s’y reprendre. C’est sans doute mal connaître les hommes.

 

Voici les guerres qui, depuis, ont marqué notre imaginaire:

1946 : début de la guerre d’Indochine;

1947 : début de la «guerre froide»;

1950 : guerre de Corée;

1954 : guerre d’Algérie et début de la guerre du Vietnam;

1967 : «guerre des six jours» Israël/Monde arabe;

1975 : les Kmers rouges au Cambodge;

1979 : les Russes entrent en Afghanistan;

1980-81 : guerre du Golfe;

1992 : guerre de Bosnie;

1994 : génocide au Rwanda

1999:  guerre au Kosovo;

2001 : attentats à New York et début de la guerre contre le terrorisme;

2003 : début de la guerre au Soudan (Darfour);

2003 : guerre des USA contre Sasam Hussein;

2014 : début de la guerre en Ukraine;

2023 : guerre Israël / Hamas.


    À ce listing, il faut ajouter tous les autres conflits locaux et régionaux, les violences à gauche et à droite, les diverses tensions qui risquent d’évoluer vers des hostilités menant à des combats armés, guerres civiles et de religions, et à la limite… guerres de clocher.

    Je me suis interrogé sur le coût des guerres, non pas humain, strictement en termes d’armements et ce que j’ai trouvé date de 2021 et ne touche que les USA. Depuis 20 ans, et strictement au Moyen Orient, on a engouffré 8000 milliards de dollars US. Tellement énorme que le nombre lui-même est incommensurable.

    Le coût humain ? Je vous laisse en juger par vous-mêmes.

    Je me suis par la suite interressé aux «Lois de la guerre». Celles-ci sont «un ensemble de règles internationales qui constituent le «droit à la guerre» et ont pour objet de fixer ce qu’on peut faire et ce qu’on ne peut pas faire en cas de conflits.»       

                                                             

    Vous vous en doutez bien que lesdites lois ne sont que superficiellement respectées. Là où l’on devrait se sentir plus sérieusement interpelé, c’est l'article qui invite les belligérants à «chercher un retour à l’état de paix»…

    Un autre point devient pertinent lorsqu’on regarde ce qui se déroule actuellement en Ukraine et dans la bande de Gaza : «ne pas détruire ni imposer de souffrances au-delà de ce requiert le but recherché». Voici certainement l’élément le plus élastique de ces lois. On n’a qu’à suivre (parfois en direct) la transmission des actions militaires dans ces deux régions du globe pour constater de visu qu'«imposer des souffrances au-delà…» s’avère de bien vaines écritures.

    J’aime bien ce que Jean-Jacques Rousseau écrit dans CONTRAT SOCIAL : «La guerre n’est donc point une relation d’homme à homme, mais une relation d’État à État, dans laquelle les particuliers ne sont ennemis qu’accidentellement, non point comme hommes, ni même comme citoyens, mais comme soldats.»

    Qu’en est-il des crimes de guerre ? Des crimes contre l’humanité ? 

    Voici les nuances entre les deux : « les crimes de guerre sont des violations des lois et coutumes de la guerre telles que définies par les Conventions de Genève et de la Haye : ils comprennent les attaques délibérées contre des civils, la torture, le meurtre ou les mauvais traitements infligés aux prisonniers de guerre.»; «la notion de crimes contre l’humanité, elle, s’applique également en temps de paix. Elle englobe les disparitions forcées, les homicides, la réduction en esclavage, l’expulsion et le viol généralisé et systématique.» 

    Croyez-vous que dans les deux cas d’espèce qui nous préoccupe, en Ukraine qu'on se soit attardé à porter des accusations contre le chef du Kremlin alors que dans la bande de Gaza on soit allé plus loin, en autres en exigeant un cessez-le-feu, croyez-vous que cela puisse un temps soit peu modifier le cours des choses ?

    En sortirons-nous un jour ? Si les guerres actuelles n’ont rien à envier à celles du passé - lointain et proche - qu’au contraire des arguments qui se répètent continuellement, les moyens, eux, pour y parvenir ou les déclencher se sont raffinés pour en arriver toujours aux mêmes conclusions, celles que les politiciens cachant leurs larmes de crocodile à travers des discours hurlant à la paix sur un ton geignard nous aspergent lors des cérémonies d’armistice.

    Il existe, encore, tellement d’interrogations au sujet de la guerre et de la nature humaine au point que certains en arrivent à confondre les deux. Sociologues, psychologues et autres chercheurs, au cours des siècles, ont élargi le débat sans parvenir à en cerner toutes les dimensions. Personnellement, je n’arrive pas encore à me résoudre au fait qu’un être humain, constitué d’une âme empathique et habité par un profond sentiment à voir disparaître tout ce qui est nuisible au bonheur des hommes, qu’il ne se lève pas pour s’indigner des effets de la guerre, allant même à la réclamer dans plusieurs cas.

    Dans mon deuxième roman ( LES ANCIENS COLONELS) écrit au Vietnam - on le retrouve en entier sur ce blogue - j’aborde le thème de la guerre avec, en fond de scène, la triste histoire des cambodgiens souffrant sous la dominante férule des Kmers rouges. Je pouvais distinguer dans ce conflit les éléments suivants : la volonté de domination et son exécution au service d’une idéologie pernicieuse. On retrouve cela dans la guerre en Ukraine et celle qui sévit dans la bande de Gaza. On désinforme, réécrit l’histoire, diabolise tout ce qui n’est pas allié à notre doctrine pour en arriver à la fin à tuer, bafouer les droits humains et, s'appuyant sur la sauvegarde de la démocratie,  assassiner et le présent et l’avenir.

    Il faut éviter, entend-on quotidiennement, que les erreurs de l’Histoire ne se répètent pour ne recevoir en plein visage que son écho percutant.  Nos préoccupations individuelles et collectives, trop souvent éloignées des principes humains qui devraient nous habiter font de nous de passifs spectateurs et notre silence, notre inaction nous rendent collaborateurs.

A-t-on un choix à faire entre :

« Faites l’Amour et non la guerre!»

ou

« Si vis pacem, para bellum!» ?





samedi 15 juin 2024

Projet entre nostalgie et fantaisie...

 


La nostalgie
selon LE ROBERT « n'est pas une simple émotion, elle est un état d'âme subtil, mêlant les sensations, les images, les pensées liées à l'évocation de notre passé, où bonheur et malheur se trouvent harmonieusement mêlés, comme dans la vie.» 

La fantaisie, 
toujours selon LE ROBERT, serait « une tendance à agir selon son humeur, une originalité amusante, une imagination dans les initiatives.»

    C'est l'heureuse combinaison des deux termes qui me pousse vers ce projet à tout le moins extravagant... celui de retourner aux origines du blogue (LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON) soit septembre 2005 afin de revoir et à l'occasion corriger certains poèmes qui y furent déposés. 

    Je ne vais pas tous les reprendre, que ceux résonnant encore en moi.

    Celui que j'ai retravaillé, et que je vous soumets aujourd'hui, date du 27 septembre 2008 et publié dans le billet SAUT 233, porte le titre suivant et va ainsi:


ils sont…


ils sont (des transgresseurs) de clôtures tubulaires…
à bout de bras…
nouant à leurs ailes des gestes individués

ils sont (des inutiles) ingurgitant l’oxygène alcoolisée des rues…
à bout de souffle…
les eux et les autres ne font pas long feu au bout de vous

ils sont (des chandelles) brûlant par les deux bouts… 
au bout du tunnel…
les «on» qui les nomment ont des noms de démons

ils sont (d’impuissants) poètes aiguillés par la poussière…
à bout de siècle…
des qui-que -ce-soit, des quiproquos iroquois

ils sont (des manipulateurs) de fausses équations quantiques…
au bout du rouleau…
les toi/soi/moi se singularisant au pluriel

ils sont (des répondants) aux appels lancinant de leurs corps…
au bout du fil du bout du monde…
ceux qui ne comptent plus sur quiconque

ils sont… à-tirer-à-bout portant
par les bien-pensants en trois-pièces cramoisis
aucun n’étant plus ou moins l’autre

ils sont (des graffitis délavés) pour études doctrinaires…
à bout de forces, au bout de leurs peines…
le/la/les écrits en lettres sanguines aux bras

ils sont (des «ils» impersonnels) de bout en bout et d’un bout à l’autre…
pour un bout de temps…
des plusieurs (ignorés) par plusieurs

tout au bout de tout sur une même ligne centripète
ils sont… (ces êtres sans avoirs) criant des mensonges aux planètes urbaines
(ces écrasés) dans des parcs sales, dans des rues sans fin,
dans d’étroits couloirs de mosaïques saisons,
dans des regards éberlués retournés vers leurs chiens
(ces riens) immenses de leur tout…

ils sont… (des salmigondis) puant sur une pelouse jaunie

s’ils entendaient ceci
ils n’en seraient pas moins ce qu’ils étaient
à peine plus loin que leurs paroles atrophiées
quotidiennement appauvries de l’indispensable essentiel
(ces quidams tatoués) au goût d’éther
qui les pousse encore plus haut que ce qu’ils visaient

s’ils entendaient cela
ils ne seraient pas surpris qu’on leur suppute, eux,
(sourds) - (muets) - (aveugles)  des slogans hygiéniques
eux qui promènent dans leurs mains coupées 
des tranches de jour et de nuit
s’effilochant sous leurs pieds ampoulés
puis s’en iraient d’où ils venaient…

s’ils sont… ils seront…
s’ils étaient… ils seront…
(de vitreux regards) sur les intempéries de la vie.









Si Nathan avait su (12)

Émile NELLIGAN La grossesse de Jésabelle, débutée en juin, lui permettra de mieux se centrer sur elle-même. Fin août, Daniel conduira Benjam...