jeudi 14 août 2025

Si Nathan avait su... (Partie 2) - 3


                           


Chez les fumeurs ojis-cris, elle remonte à loin cette habitude de rouler leurs cigarettes. 

Les garçons avaient simplement à dire qu'ils devaient aller sur le pont afin de discuter d'affaires de gars pour que les filles y voient là une belle occasion de placoter entre elles, à savoir lequel parmi eux deviendrait un honnête prétendant.
 
Dans la réserve de l’Île Whitefish, la distinction entre garçon et fille n’apparaît vraiment qu’à l’âge où la puberté, déjà, a fait ses ravages autant physiques que psychologiques, que la rébellion est derrière eux laissant toute la place aux doux mensonges, aux rêveries nocturnes, et qu'enfin arrivent les heures sérieuses.
 
Les filles, plus précoces dans le domaine de la parlure, jaseront entre elles des choses qu’elles imaginent être celles de l’amour. Les garçons, derrière leur bouclier motus ! s'affaireront à installer l'usage lié autant à la cigarette qu'à la bière. On ne s’en cache pas, ni chez les uns ni chez les autres alors que les parents n'y voyant là que la route vers la stabilité ne s’en inquiètent pas vraiment, l’ayant déjà eux-mêmes fréquentée.
 
Sur le pont - c’est Gord qui le rappelait à son frère plus jeune - on avait établi comme norme tenant plus de la convention que de la règle, à savoir que les plus jeunes libèrent le lieu dès que le soleil se couche au fond de la rivière Sainte-Marie. L’arrivée des grands adolescents résonne toujours comme un couvre-feu.
 
- Te souviens-tu de la fille... j’oublie comment on la surnommait... tu sais celle qui prenait plaisir à nous montrer ses seins ?
- Comment si je m’en rappelle, elle demeurait au cœur de la réserve, on l’appelait «Winn» ce qui veut dire «Elle».
- Les autres filles la fuyaient, mais nous les gars on l’invitait sur le pont, lui promettant une cigarette...
- ... des Sportsman sans filtre.
- Exact. Si elle nous montrait ses seins.
 
Il s’en passe des choses sur ce pont : départs et retours, des allers et venues, quelques suicides. Surtout des hommes. Souvent vers l’âge de 30 ans. Ils se laissent tomber en bas du pont après avoir tellement bu que déjà leur foie a éclaté.
 
- As-tu assisté à des plongeons ?
- Des plongeons mortels ? précisa Don.
- Oui. Des suicides.
- Non, ça ne m’est jamais arrivé.

Les deux frères avaient quitté la réserve très très jeunes, y revenant passer l’été - de juin à septembre. Plusieurs événements au cours des années se sont déroulés durant ces mois d’été, pour la plupart des initiations : au courage, au dépassement de soi afin d’arriver à mieux se connaître comme individu et comme groupe, initiation aux activités sexuelles.
 
Gord, silencieux depuis un bon moment, offrit une cigarette (Sportsman sans filtre) à un frère qui cherchait délicatement à imposer son sujet, celui devant mener à la conversation à l'origine de ce voyage inopiné, mais il ne voulait surtout pas que ça coupe court. L’impression qui se précisait en lui était que le frère aîné cherchait à s’ancrer dans le passé pour mieux organiser ce qui devait être dit.
 
Les volutes de la fumée de leur cigarette s’entremêlaient dans ce début de nuit qui doucement s’installait.
 
Gord reprit.
 
- C’est vraiment à la suite de chacun de ces étés que tout s'est précisé pour moi. Notre mère refusait année après année de nous accompagner ici. Que notre père. Il nous y conduisait, nous laissant entre les mains de notre tante, la sœur de maman.
- Comment va-t-elle?
- Par elle et avec le temps, j’ai mieux compris ce que signifie la tradition voulant qu’une femme ne puisse se donner un nom qu’après le deuxième accouchement. Toute sa vie et encore maintenant, son si beau visage reflète la mélancolie alors que jamais elle ne se plaint, jamais ne remet en doute quoi que ce soit des traditions qui l’ont réduite à l'état de prisonnière dans sa maison, à attendre je ne sais quoi exactement, mais surtout pas la mort. Tu sais qu’elle est une artiste peintre de haute qualité ?
- Je la savais cuisinière hors pair et couturière infatigable, mais la peinture, tu me l’apprends. As-tu vu certains de ses tableaux ?
- Oui. Si tu viens dormir à la maison cette nuit tu en verras un dans la cuisine. Il est bien à sa place... notre tante est une femme de cuisine.
 
On a l’impression de tourner autour du pot, mais lentement, à pas de coyote, s’installe un climat de confiance qui débouchera peut-être sur un échange que Don souhaite le plus fructueux possible. 

Les hommes possèdent cette faculté à brouiller les cartes, élargir les horizons, éloigner les points chauds, assurés qu’en repoussant les éléments les plus complexes d'un sujet cela neutralisera le message, le généralisera au point que devenu prosaïque, il s'avérerait plus facile à partager.  
 
- Don, as-tu l’intention de laisser notre mère ici ?
- C’est elle qui prendra sa décision, mais je serai clair sur la suite des choses, elle n’aura certainement pas le choix de finir ses jours avec sa sœur.
- Je vois, répondit Gord sentant venir la suite avec appréhension.
- L’ours et le coyote, c’est toi ?

La question voyagea à la vitesse d’une flèche empoisonnée, créant non pas un malaise chez Gord, mais le désagréable sentiment de se sentir captif dans une forêt ; éprouver l'urgence à rejoindre la clairière nous bouscule ; espérer y abandonner son anxiété comme si on se dépouillait de vêtements défraîchis.
 
- Nous n’avons pas vécu toi et moi la même enfance, la même adolescence, la même entrée dans le monde adulte, même si nous étions continuellement l’un à côté de l’autre. Notre mère, et cela depuis ma plus tendre enfance, m'a fusionné à elle, resserrant son étau à chacun de nos retours de l'Île, me confondant par ses incessantes paroles auxquelles je n'avais pour réponses que le silence. Mon cerveau est devenu pour elle un dévidoir. Toute sa haine accumulée depuis notre départ de l’Île et notre arrivée au village des Saints-Innocents, elle la transvidait dans mon âme, à un point tel que année après année j’en suis arrivé à prédire plus loin que ses paroles, ses gestes, ses attitudes mais surtout ses volontés. Tu te souviens qu’un jour à la question avec laquelle tu ne cessais de me harceler, à savoir pourquoi je m’isolais dans le boisé près de la maison, du côté des bouleaux blancs pas celui des érables, eh bien ! c’était pour des pratiques de communication à distance. Elle me disait que si chacun de son côté pensait fort, mais là très fort à l’autre, nos pensées se rejoindraient. Ça ne s’est jamais produit, sauf que tout ce qu’elle exprimait avec le fiel que tu lui connais, tout ça germait dans mon âme. Elle le voyait. Je le ressentais. Tu vas sans doute te moquer, mais dans certaines occasions une voix bourrait  ma tête en répétant : «Ta mère est la seule personne qui te connais.» ; «Tu ne dois jamais oublier que tu es un oji-cri, jamais tu ne seras un Blanc.» ; «Cherche le coyote et tu te trouveras.» Je pourrais t’en citer jusqu’à demain matin de ces flashs qui ont fini par m'aveugler. Lorsque j’ai épousé Mae, maman m’a jeté un maléfice : «Quitte-la, elle n’est pas une femme, jamais elle n’enfantera .» Je suis beaucoup moins oral que toi, j’ai toujours ce bâillon collé sur ma bouche, de sorte que je n’ai pas su en parler à personne. Papa était mort, toi tu vivais le bonheur auprès de Chelle et d’une épouse que maman avait aussi maudit de toutes ses forces. Il ne me restait qu’une seule option, disparaître. Nous sommes partis sans avertissement.   
- Ça fait maintenant trois ans ?
- Oui. Nous sommes revenus ici, accueillis par notre tante adorée qui jamais n’a posé une seule question sur ce qui se passe aux Saints-Innocents, ne s’informant que de la santé… physique de sa soeur.
- La télépathie avec notre mère a fonctionné une fois installé ici ?
 
Gord qui allumait une autre cigarette, fixa son frère droit dans les yeux.
 
- « S’il n’y avait pas eu… »






lundi 11 août 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (28)

Je ne sais trop ce que les critiques littéraires voient dans la métaphore maintes fois utilisées, celle d'une femme dans le désert. La sécheresse, de l'un , la fraîcheur de l'autre ?

Ici s'ajoute au décor, une chaise qui pourrait fort bien être installée sur une scène devant une oasis difficilement perceptible ou directement dans le sable faisant corps avec le mirage.

Une femme bréhaigne - femme stérile de corps ou d'âme - regarde une scène lui servant d'horizon... Elle reconnaît les mots tant et tant de fois répétés, emmêlés de sang et de sable... 

Un déséquilibre que la solitude enveloppe se son écholalie.


une femme assise sur la chaise du désert

 

désert, aux premières loges tout à côté d’un cactus 
sur une scène assiégée, la chaise repose
un mirage l’embue de vents sablonneux
 
sable et sang confondus ruissellent des dunes
 
une femme assise sur la chaise 
cherche de ses mains corrodées
cet équilibre aussi précaire qu’instable
ses yeux, écueils inopinés, sont des chardons brûlants
 
désert, amphithéâtre sans auditoire
 
le scénario, continûment le même, mille et une fois rejoué
notes et mots fugaces entre jour et nuit, 
intrigue de sable et de sang
que serine une femme assise auprès de faux scorpions 
 
didascalie de désert mouillé de mer, séché de silence
 
la chaise de la femme assise, 
enfoncée, réinvente l’attitude
des mots qui grincent au sortir de sa bouche gercée
de ressasser la bible de la solitude
 
captive sur chaise, 
la femme du désert enchaînée au déséquilibre
réverbère les mots de sang, de sable 
et de vent égaré sur la dune
 
mère bréhaigne                fille outragée
depuis des siècles  et encore
vomissent une inachevable écholalie
 
jeudi 11 juillet 2013
449

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Périlleux que d'évoquer une cage d'oiseau sans référer à Saint-Denys-Garneau. Je le comprends. Dans ce court poème, une réunion  au précédent s'établit à partir du mot «corrodé». 
Des «mains corrodées» de la femme assise dans le désert et 
les «barreaux corrodés» de cette cage vide.
Y a-t-il un lien ? 

 

 

vide,  la cage d’oiseau
 
 
comme une  invisible cicatrice la cage d’oiseau est vide
pour seule trace aux barreaux corrodés
une plume abandonnée  oubli d’un oiseau enfui 
à la recherche du paradis
 
la cage est détruite, ses frontières incendiées
le soleil ecchymose son envol déchiré
tête abattue sous l’aile, vulgaire chemise effilée
l’oiseau unicolore épuisé d’une cage vide
se consume entre velours et bambou


9 février 2014

 





jeudi 7 août 2025

Si Nathan avait su... (Partie 2) - 2

 

    Les deux fils de Gordon et Taïma, nés à deux ans d’intervalle, même date, un 1er juin, reçurent chacun une partie du prénom du père, Gord et Don, mais jamais ne surent l’histoire profondément bouleversée de leur mère. 

Ayant toujours tu les tribulations de sa vie dans la réserve, ballottée entre un père indisponible, parcourant constamment les forêts à la grandeur du Canada, se liant d’amitié à tous les membres des Premières nations qu’il croisait et une mère hargneuse, continuellement agressée par des idées mélancoliques se répercutant par des gestes disgracieux, à la limite odieux.
 
Gordon, à plusieurs occasions, fut proposé à l’importante fonction de chef de bande, mais refusait systématiquement sous l’autorité de son épouse qui n’acceptait pas que ce poste, qui n’a rien d’honorifique, soit confié à un homme continuellement absorbé par les travaux saisonniers, ne maîtrisant pas l’histoire des ojis-cris, la culture ojibwée. 

Cet homme partait souvent dans des rêveries faisant de lui un incompris principalement instable. Tout jeune déjà, Gordon rêvait de grands espaces, ainsi que le faisait son futur beau-père pour qui il vouait une admiration sans borne. Il l’aurait suivi les yeux ouverts sur toutes les aventures, les expériences, les apprentissages que ce dernier racontait à la réserve lors de ses retours de périples pan-canadiens, laissant entendre qu’un autochtone ne doit pas être confiné dans une réserve où il risque de s'asphyxier respirant toujours le même air.  

On ne saura jamais si le mariage avec Taïma n’aura pas été qu’une manière de s’approcher de celui que tous surnommaient le «vagabond», son modèle alors qu’il savait fort bien que jamais il saurait l’imiter ou suivre ses traces.
 
La guerre de 1939 l’inquiétait, le marqua du fer rouge de l’insécurité. Plusieurs autochtones y voyaient une occasion pour le gouvernement de les enrôler, leur faire traverser l’Atlantique pour participer à ce qui devint l’une des pires catastrophes du XXe siècle.
 
Pour Taïma, la spiritualité ojibwée lui aura permis de survivre autant physiquement que moralement. Pour elle, il y avait pire que la guerre, il y a la trahison aux valeurs traditionnelles dont la première consiste à protéger au risque d’y perdre sa propre vie, protéger la terre ancestrale. Quitter l’Île Whitefish, comme le faisait trop souvent son propre père, s’arracher aux racines mêmes de sa famille pour s’implanter au Québec qu’elle jugeait libertaire, équivalait à mourir, ce qui la rendit perfide.
 
Du jour au lendemain, elle renia son mari, cessa de s’occuper de ses fils, s’isola intérieurement cherchant les occasions de cracher son venin contre les Blancs de quelque endroit fussent-ils. Son cœur se remplissait de haine qu’elle vomissait autour d’elle, sans jamais trouver ni satisfaction ni consolation.

Uniquement Gord, le plus âgé de ses deux fils, celui qui lui ressemblait de visage à s’y méprendre, lui seul pouvait l’approcher. Il le faisait sans dire un mot, n’ayant qu’à l’écouter maudire et anathématiser celui, celle, ceux et celles qui ne partageaient pas son point de vue intégriste de plus en plus bouillant. Il devint sa marionnette. Son pantin. 

Lorsque le père ordonnait à sa femme de s’enfermer dans la chambre du rez-de-chaussée de la maison au bout du rang sans rien…   lui seul était de corvée : porter ses repas, la conduire à la salle de bain et la raccompagner. On avait beau demander si elle avait manifesté quelque chose, la réponse, toujours la même, se résumait en un hochement de tête, un non falot, les yeux fermés.
 
Après la guerre, une fois prise la décision de s’installer à demeure dans ce village des Saints-Innocents, Taïma comprit dans son âme et dans son corps de plus en plus négligé, qu’elle n’irait plus jamais dans sa famille. Au décès de Gordon, l’assurance qu’elle n’aurait plus jamais de famille en Ontario s’installa à demeure en elle.
 
Il aura fallu que naisse sa première petite-fille, la fille de Don, pour que maladroitement elle regagne du tempérament, qu’elle tente d’assumer l’ancestralité de cette famille exilée. L’enseignement des us et coutumes ojis-cris auprès de Chelle sembla lui redonner de l’élan, mais elle avait vieilli, de plus en plus recluse dans une solitude morbide, ses paroles ne portaient que l’espace d’un instant, celui où elles parvenaient à la fillette et qu'immédiatement ses parents détruisaient avec toute la délicatesse nécessaire.
 
Elle dépérissait à un point tel que Don, seul homme à bord après le départ de son frère et son épouse stérile, vécut une forme d’ambivalence : les esprits que sa mère invoquaient, pouvaient-ils vraiment nuire à sa famille ? La venue du coyote porte-t-elle un signe qu’il devait absolument comprendre ? 

Deux décisions lui permirent de recentrer son intelligence, d’abord celle de mener sa femme à l’hôpital des Blancs pour l’accouchement de Chelle, l’autre, l’inscription de sa fille à l’école primaire des Saints-Innocents.
 
Ces décisions furent suivies de deux célèbres colères de la part de l’ancêtre. Don, sa femme et Chelle, immobiles dans leur volonté de s’intégrer à une communauté qui, encore, les boudait, restèrent de marbre.
 
Ce qui provoqua le départ inopiné du grand frère et son épouse stérile ? Taïma ne cessait de la flageller évoquant le fait qu’une femme ne pouvant engendrer d’enfants n’est pas une femme. Avec la même ardeur, elle fustigeait l’épouse de Don l’accusant de n’être pas une véritable ojie-crie, puisque issue d’une famille dont la complaisance envers les Blancs la ridiculisait auprès des autres membres de la réserve.
 
 
 
Tout cela mijotait dans la tête de Don, assis sur le perron de la famille de sa femme, attendant le retour du frère conduisant leur mère chez sa sœur, une tante pour qui les deux neveux manifestaient une immense affection. 

Femme sans nom puisque n’ayant jamais eu de mari, l’homme qu’elle aimait, conscrit par l’armée canadienne, périt lors du Débarquement de Normandie dans la nuit du 5 au 6 juin 1944.  Elle l’apprit plus tard, alors que parvint une lettre collective adressée aux autochtones morts pour la patrie. Ni cérémonie ni funérailles, que l’expression passive-agressive «On te l’avait bien dit.» de la part des membres de la réserve.
 

Le soir est tombé, la nuit sera douce. 

La maman de son épouse avait invité Don à entrer dans la maison ; ayant refusé elle lui prépara un café. Noir et très fort. De ceux qui replacent les esprits abattus, ceux qui n’ont pas encore cessé de flotter autour d’un malheur dont, encore, on cherche la solution espérant qu’elle enterre le bouleversement qui s’y accroche.
 
La lumière des lampadaires tombait sur une neige délicatement soufflée par un vent provenant de la rivière Sainte-Marie, rivière ressemblant davantage à un ruisseau. 

Un silence attendait deux frères. Parviendraient-ils à mettre du baume sur leur passé ? Arriveront-ils à faire le tour du cimetière des années perdues au cours desquelles, par accident, ils s’y retrouvent en même temps ? Réussiront-ils à passer outre aux vents mauvais qui ont éloigné leur fraternité ?
 
L’aîné fit un arrêt chez lui pour aviser son épouse de la présence de l’ancêtre Taïma sur la réserve. Il décapsula deux bouteilles de bière. Quitta la maison. Se dirigea vers Don. En offrit une à celui qui achevait de boire son café.
 
Briser le silence est une tâche compliquée. Elle implique à la fois le respect pour l’autre, pour la circonstance et le respect pour le prochain, celui qui suivra lorsque les tessons se retrouvent à nos pieds.  

Deux hommes y sont confrontés dont il est difficile de mesurer leur besoin d’avancer sur un sentier non balisé. Faut-il passer par quatre chemins ?
 
On trinqua d’abord, susurrant un quelconque toast inaudible.

Don prit la parole.
 
- J’ai quelque chose à te montrer.
- Pas nécessaire. Tu es ici avec notre mère, je sais le pourquoi de cette visite.
- Tu peux m’éclairer ?
- L’histoire pourrait être longue, remontée à loin derrière.
- J’ai tout mon temps.


lundi 4 août 2025

L A B Y R I N T H E




Peut-on tourner en rond à l'intérieur d'un labyrinthe ? 

Se donner une autorisation, la permission de pénétrer dans un réseau de méandres, de chemins, de galeries, comme se mêler à une aventure qui risque presque inévitablement d'étourdir au point d'en perdre le sens de l'orientation.

Autant le labyrinthe s'abrite autour d'un périmètre géométriquement reconnaissable, logique dans ses fols détours et retours, 
autant la grotte s'épuise dans des profondeurs abyssales qui mènent à l'obscurité souvent parfaite, un peu comme si plus rien d'autre que l'absence fantomatique de bruits et de sons, comme si ce qui possédait un sens devenait absurde, 
subitement, l'espace d'un clin d'oeil de la lumière filtrée par l'humidité des lieux.

Peut-on comparer la vie à un labyrinthe ? 

À la traversée d'une grotte ?





Labyrinthe

 

 

Tout cela ne tient que par un fil
qu’à un fil
fil d’Ariane tendu entre ici et là-bas
fragile
si fragile qu’un noeud s’y abîme
lorsque par hasard nos mains moites le frôle
 
                        Tout n’est tenu que par un fil
 
Nous marchons accrochés à ce fil ténu
ne sachant trop qui l’avait allongé
dans ce labyrinthe, véritable trou noir
nous, vous, et toi, on peine à le saisir
 
                        Tout n’est que labyrinthe
 
L’obscurité grotesque submerge du labyrinthe
effiloche chaque pas de son insondable aiguille
ralentit la distance            rallonge le temps qui s'y perd
à mille questions aussi inutiles que le fond de la grotte
 
                        Tout sens n’est que non-sens
 
Grotte sans explorateurs fixant l’ombre des reflets
ceux qui nouent l’élan des pas qui nous propulsait
plus profond, plus loin, plus creux, plus inconnu
comme s’il s’agissait d’un fil de soie, un fil de soi
 
                        Tout est un de profundis
 
Et nos mains moites ont séché sur ce fil
y ont laissé d’indélébiles empreintes
nos identifiants devenus de faux exeats
humides si humides si humides…




dimanche 3 août 2025

Si Nathan avait su... (Partie 2) - 1

           
                             

                                       

    La distance entre Sault-Sainte-Marie (Ontario) et Montréal (Québec) est de 982km. La durée de conduite estimée pour le trajet est de 12h 6min et la route principale pour cet itinéraire est la route 17. Il faut ajouter 100km puisque le voyageur et sa mère partent du village des Saints-Innocents. Une première halte, Ottawa, une seconde à Sudbury avant d’arriver sur l’Île Whitefish, lieu où se retrouve la famille de l’ancêtre qui, installée à l’arrière de la camionnette se sera immédiatement endormie dès la sortie du village pour ne se réveiller que lors des différents arrêts. 

Don ne s’attendait pas à ce qu’une longue conversation soit entretenue tout au long du périple. Sa mère, muette. 

- Tu n’as besoin que de quelques morceaux de linge, lui avait-il dit au départ.

Catégoriquement, elle refusa de saluer sa bru, qu’un rapide mouvement de l’oeil pour sa petite-fille Chelle, droite à côté de sa mère lui tenant la main. La camionnette disparut sur la route enneigée du rang sans rien…  alors que Ojibwée, bizarrement, ne bougea pas d’un poil de son poste de garde près du tipi.

 


Très loin dans la mémoire de Don que ce trajet qu’il fit pour une première fois alors âgé de six ans, au début de la Secondaire Guerre mondiale quand son père quitta la réserve ontarienne pour éviter d’être enrôlé dans l’armée canadienne puis déporté vers l’Europe afin de servir sous les drapeaux britannique et canadien. Son frère Gord, le plus âgé des deux, ne pouvait pas bien saisir ce que signifiait la conscription. Leur statut d’autochtone, selon le paternel, ne lui semblait pas suffisamment sécuritaire pour éviter les répercussions de la loi de juillet 1942 modifiant les exigences du service militaire.
 
Gordon choisit le Québec, lieu où la résistance à cette initiative du gouvernement fédéral s’avérait importante. Une fois installée à près de 100km de Montréal, penaude, attendant que la situation se calme et que la guerre s’achève, c’est illégalement que la famille ojie-crie vécut à la manière ojibwée en sol québécois. Une seule résistance, de taille et toujours omniprésente, celle de l’épouse de Gordon, mère de Gord et Don.
 
Quitter sa famille signifiait pour elle la trahir, renier les traditions de la nation ojie-crie, abandonner le combat, se replier, baisser les bras. Semble-t-il que tout le trajet de l’Île Whitefish jusqu’au village des Saints-Innocents, elle l’aurait occupé à maintenir un silence total, évitant de soutenir son regard sur la route qui défilait derrière elle, sur celle qu’avalait la camionnette.
 
Gordon, avant de choisir l’endroit définitif où il allait monter son tipi pour y installer sa famille, s’était renseigné sur celui qui lui permettrait de pratiquer l’acériculture. Le village des Saints-Innocents s’avéra idéal en raison de la présence d’érables à sucre et d’un certain éloignement des grandes villes.
 
L’atmosphère régnant à l’époque de cette guerre favorisait le repliement sur soi, on évitait à tout prix de soulever de nouvelles problématiques et, d’une certaine manière,  chacun cherchait à se protéger en se mêlant de ses affaires. Aucun intérêt à commenter ce qui se passait ailleurs dans le monde, là où les conflits sévissaient, craignant que cela n'attire le malheur vers eux. De sorte qu'il fallut un certain temps, quelques années après 1945, pour que la présence de la famille ojie-crie devienne un sujet de conversation, puis… d’inquiétude.
 
 

La majeure partie du trajet s’effectue en Ontario, ce qui permit à Don de constater à quel point l’entretien des routes diffère et de beaucoup avec celui du Québec, sans parler de celui du rang au bout duquel sa maison est installée.
 
Il ne neigeait pas. Ne ventait pas. Plus on avançait, plus le silence à l’intérieur de l’habitacle de la camionnette de Don prenait les allures d'un pèlerinage. Il ne voulait absolument pas établir un plan précis pour cet important déplacement. Dans les faits, ça ne pouvait se résumer qu’à bien peu de choses. D’abord, identifier la famille qui avait fabriqué la flèche meurtrière pour l’ours et le coyote. S’informer sur des déplacements récents d’un membre de cette famille vers le village des Saints-Innocents. De ces deux informations, si elles s’avéraient exactes et vérifiables, il espérait être en mesure d’établir des liens entre sa mère, l’ancêtre, et sa possible participation à l’affaire, hypothèse qu’il avait émise en retrouvant la fameuse flèche perdue et retrouvée. Absolument impossible pour sa mère d’avoir eu des contacts directs avec l’Ontario, alors, s’ils s’étaient produits, comment cela fut-il possible ? Elle n’a pas bougé de la maison. Aucune missive ne leur parvient n’ayant pas d’adresse postale. La ligne téléphonique est toujours en attente et risque de l’être encore pour un long moment.

 
Lorsque la camionnette entra dans la réserve ojie-crie, la surprise fut totale. Chacun et chacune cherchant à reconnaître l’un ou l’autre des deux passagers qui en descendirent, manifestant une évidente fatigue.
 
Les premiers à se rendre vers eux furent le beau-père et la belle-mère de Don, croyant que leur fille allait se présenter pour son voyage annuel sur l’île. Non. Une vieille femme demeurait stoïque à l’arrière du véhicule, les yeux ankylosés fixant devant elle.  
 
- L’état de santé de ma femme, votre fille, ne lui permet pas cette année de venir. La naissance de la petite soeur de Chelle est prévue pour le mois d’avril prochain, elle a besoin de conserver toutes ses forces. Chelle va à l’école maintenant et ne peut s’absenter.
 
Un groupe de plus en plus important se constituait autour de Don. Il reconnaissait celui-ci, celle-là ainsi que plusieurs autres, mais il ne put s’empêcher de remarquer, sans se tromper, que son propre frère Gord ne lui adressait pas la parole, ne daignait même pas lui accorder un regard.
 
Les liens entre eux sont fragiles depuis que le plus âgé des deux a quitté le village des Saints-Innocents avec sa femme, la meilleure amie de sa propre épouse. Les deux brus vivaient un calvaire en présence de l’ancêtre féminine - principalement à la suite du décès de Gordon que l’on avait incinéré puis enterré dans le boisé adjacent à leur maison. Ce calvaire retomba sur les épaules fragiles de l’épouse de Don alors que Gord et sa femme stérile, sans bruit, sans expliquer leur geste quittèrent les lieux en tapinois pour retourner sur l’Île Whitefish.
 
Lorsque, fatalement, les yeux des deux frères se croisèrent, chacun dut y lire le malaise et fort possiblement un questionnement nécessitant qu’ils abandonnent du moins temporairement leurs différends.
 
- Gord, je dois te parler en privé. Peux-tu reconduire notre mère chez toi ? Elle a besoin de se reposer après une si longue route.
- Ma femme ne l’accueillera pas. Tu sais pourquoi. Je vais la mener chez sa sœur, c’est tout à côté de ma maison.
- Je t’attends ici.





samedi 2 août 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (27)


    Parmi les nombreuses caractéristiques originales que recèle le Vietnam, les routes en font manifestement partie. 
Routes montagneuses dans le Nord, routes toujours en attente d'être rafistolées dans le Sud, particulièrement dans le Delta du Mékong, routes surprenantes d'exiguïté, aussi par leur localisation topographique qui laisse pantois. 
On s'aperçoit rapidement que la route vietnamienne est d'abord et avant tout fonctionnelle, menaçante lorsqu'elle frôle de vertigineux précipices et cela à une seule voie à l'occasion poussiéreuse ou boueuse. 
Il existe des routes cachées qui devaient sans aucun doute servir à la résistance contre les envahisseurs s'y dévoyant puis se retrouvaient prisonniers dans des pièges. 

Aimer le Vietnam, c'est beaucoup aimer ses routes.






la route
 
sur la route que seul le vieillard connaît, 
marche un enfant derrière, il suit, 
les yeux dans ses souliers soulevant la poussière
leur silence retentit d’une même voix, 
du soleil sur la peau, celui de midi, le plus chaud, 
qui tanne le cuir de leur différence
 
aucun flamboyant 
aucun jujubier 
sur la route ne balisent des repères
huit orchidées sauvages 
près d’un étang 
se frottent aux couleurs du lotus
 
ils marchaient -  allait l’aîné, venait le puîné -
attelés l’un à l’autre sous ce soleil de midi
sur une voie sans arbres, sans prodromes
boiteux piétinant la route d’un même pas
 
deux prisonniers aux pieds plombés
où vont-ils sur l’incontournable trimard
qui dispute le ciel à la terre
caméléon talonnant un scorpion
 
qui a-t-il que le vieillard redoute
que souhaite l’enfant
franchiront-ils le même nombre de pas
sur la route qu’ils achoppent
s’enliseront-ils au creux de leurs semelles
 
le vieillard a appris à se taire
l’enfant, quelques mots
inlassablement répétés
que déjà on n’entend plus
 
sur la route un vieillard marche
à reculons
derrière lui, la vie à ses talons,
un enfant n’a rien compris encore
 
7 mai 2013   
444

 

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    Une fille et un garçon, ça nous semble banal. Pas au Vietnam. 
La famille est le fondement de cette société où tout, alors là vraiment tout, est filtré par le sas familial. Et dès le plus jeune âge. 
Il est encore peu éloigné le temps des mariages programmés tout comme résiste les traditions d'observance à des lois non écrites mais profondément ancrées dans les us et coutumes de cette civilisation. Aujourd'hui, un garçon et une fille peuvent se permettre quelques excentricités... mais sous le regard parfois effarouché des membres de la famille élargie... jusqu'aux ancêtres.

 

 fille et garçon

odeur de la fille, thé de lotus
thé de jasmin, celle du garçon
couple-escargot accroupi 
au fond d’une coquille
 
comme les gazons multiplient le vert !
le colorent à perte de vue !
un regard monte vertical face à l’horizon … 
fille et garçon, même azimut
 
goût de la fille, mangue fraîche
celui du garçon, durian vanille
deux colimaçons rampant dans un bol de sardines
 
comme des œufs le soleil cuit la peau
graciles, les hirondelles jouent aux F-18
leur chanson autour des arbres grésille
 
on entend la fille ne rien dire
le garçon l’écoutera encore
double main en une seule ; 
leurs yeux recherchent l’instant
 
comme la longue plainte des sirènes sur une mer étourdie
une voix-mouette sonde le ressac des vagues engourdies
 
fille muette et sourd garçon
aveuglés de vert tendre
demeurent suspendus dans le creux vide de l’espace
 
il et elle regardent… respirent… virevoltent et pirouettent…
regards prolixes ralentis par des gestes sibyllins
 
couleur de la fille, vert feuille
celle du garçon, la même…
repus de lumière, 
il et elle s’observent comme des aveugles

2 juin 2013 
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mercredi 30 juillet 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (26)

 




les eaux

 

le reflet des eaux de la rivière frétille autour de la blancheur des cigognes
à contre-courant elles remontent vers le quai où valsent des bateaux
 
entre les jacinthes d’eau les enfants nagent
 
les vagues tourbillonnent
s’accrochent au dos du vent
les taches de verdure
devenues icebergs
cherchent un point d’appui
parmi les multiples sillons
 
du haut des piliers rouillés les enfants plongent
 
les eaux de la rivière disparues dans le fleuve
prennent le goût du sel une fois qu’elles s’y emmêlent
- là où nous ne sommes jamais allés semble tellement loin
alors que c’est tout à côté, lorsqu’on en revient -
 
les enfants crient, l’écume les fouette
 
les eaux s’ennuient du cri des oiseaux dans les arbres
des couleurs feu sur l’horizon brasillé
les nuages s’enfuient comme des moutons poursuivis
 
les enfants crient, plongent et nagent
 
les eaux de la rivière
noyées dans le fleuve
renaîtront en cris d’enfants
alors qu’une eau de pluie
grise comme larmes de deuil
pianotant un bien triste lied
sur le quai vide
guidera les eaux vers leur source
 
 19 février 2013


                                      
   

 

il n’y a d’eau…

 

… que ces gouttes de pluie, frissons de varicelle sur rivière,
culbutant de bâbord à tribord sur des rêves aquatiques
pour s’accrocher au pont,  monstre au masque rouillé
 
-          il n’y d’eau que pour ceux qui ont peur
 
… que ce sourire ivre de l’homme remplissant un verre
comme s’il arrachait à la rivière des cris inhumains
pour rejoindre les disparus, ces asséchés qui l’attendent
 
-          il n’y a d’eau que pour ceux qui boivent
 
… qu’encore plus loin, sur une dernière vague,
celle qui charria tous les faux espoirs
pagayant à s’en arracher les mains
 
-          il n’y a d’eau que pour ceux qu’elle nourrit
 
si l’homme dans son ivresse d’aquarium
se collait au mur puis à l’autre
comme oiseau en cage
 
-     il n'y aurait d’eau que pour oiseaux crieurs
      puisqu’en cage on ne chante pas
 
 
21 mars 2013






lundi 28 juillet 2025

Si Nathan avait su... (42)



MISE À JOUR
… avant la Partie 2
 
 
    Trois merveilleuses journées (et nuitées) au chalet de ma fille Catherine et son conjoint Steve au pied du Mont Orford, en Estrie. Objectif : révision-correction de la première partie de SI NATHAN AVAIT SU…  Objectif atteint.
 
Tout près de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, là où se développe en concentré le silence, j’ai ressenti ce sentiment particulier d’une entière solitude enveloppée par une absence totale de tohu-bohu citadin ; que des bruissements du vent dans les hauts pins entourant le chalet ; le bourdonnement furtif d’un insecte cherchant à entrer me saluer.
 
Et le soleil cherchant un chemin entre les branches des arbres pour m’envoyer des clins d’oeil coquins que les grandes fenêtres filtraient, ces grandes fenêtres comme des tableaux réalistes se laissant admirer tout en se transformant  selon l’heure du jour… et de la nuit.
 
Les odeurs… celles qui parlent, qui interrogent, fascinent. Un mélange fleurs/arbustes, le fascinant pétrichor - ce que sent la terre après la pluie - qui embaume courtement mais profondément.
 
Et la musique… une station-radio consacrée à la musique de chambre, musique d’ambiance devenue décor, aussi reposante que la présence d’une bulle souteneuse d’enchantement.
 
Dans ce décor bucolique, confortablement installé à la table de cuisine, j’ai ouvert, page par page, l’histoire que mon blogue reçoit et qui en est à la fin de la première partie.

Corriger était mon devoir, mais ce fut une expérience thaumaturgique au point qu’il s’en est produit un, comme si je le tricotais moi-même. Vivre et de jour et de nuit, au rythme qu’imposait les pages à revoir, à retoucher, à modifier souvent. Cela peut paraître une corvée alors que ce fut un acte d’humilité, un acte de foi dans ce que l’on crée. Sans doute pour cela que le miracle s’est produit...
 
 
Alors, qu’en est-il sorti de cette retraite fructueuse ? Afin de bien vous en informer, je vais y aller par personnages d’abord, par intrigues ensuite.
 
N’oublions pas que l’action se déroule en 1975, au Québec, dans le village des Saints-Innocents situé à environ 100km de Montréal (la grande ville)
 
1)      La famille de Benjamin
2)     La famille ojie-crie
3)     Les personnages gravitant autour d’eux
4)  L’intrigue ayant poussé Don à partir vers Sault-Sainte-Marie avec sa mère
5)     L’intrigue autour de la maison louée par Abigaelle
6)  L’intrigue autour de l’agression du père d’Herman Delage
7)  L’intrigue Madame Saint-Gelais / son jeune frère Benoît

Vous entreverrez dans ce schéma ce qui meublera la deuxième (2e) partie de SI NATHAN AVAIT SU… à partir du mois d’août.
 
 
A)     LA FAMILLE DE BENJAMIN

. Benjamin est né en mars 1970. Dès l’âge de 3 ans il apprend à lire et s’amourache de la poésie des poètes québécois.

. Nathan est son frère né en avril 1975. Présent de façon sporadique dans cette première partie, bientôt il deviendra un personnage majeur.

. Jésabelle Proulx, la mère des deux garçons. Après une période hippie elle se retrouve en campagne et compte bien conserver les valeurs cultivées avant de s’y installer.

. Daniel Cloutier, père de Benjamin et Nathan, époux de Jésabelle, se démarque des agriculteurs du village des Saints-Innocents en s’adonnant aux céréales.

. Le chien Walden.

 
B) LA FAMILLE OJIE-CRIE

Installée au fin fond d’un rang, la famille de Gordon en provenance de Sault-Sainte-Marie en Ontario, vit en retrait d’une population qui ne l’accepte pas vraiment.

. Gordon, l’ancêtre décède, la famille l’incinère puis l’enterre dans le petit bois adjacent à la maison, au pied d’un bouleau blanc.

. L’ancêtre féminine, mère de deux garçons Gord et Don, s’avère et cela dès son arrivée dans le village des Saints-Innocents une intégriste des valeurs ojibwées. Nous ne connaissons pas encore son nom.

. Gord est reparti vers l’Ontario sans qu’on sache exactement pourquoi.

. Don, sous l’impulsion de son père, a suivi des cours de langue et obtenu un certificat lui permettant de devenir garde-forestier, garde-chasse et garde-pêche employé par le Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.

. L’épouse de Don qui, selon une coutume ancestrale, devra s’attribuer un nom à la suite de son deuxième accouchement prévu pour avril.

. Chelle, la fillette de la famille qui entrera en classe du pré-scolaire cette année, au même moment que Benjamin.

. La chienne Ojibwée.
  

C) LES PERSONNAGES GRAVITANT AUTOUR D’EUX

. Abigaelle Thompson, nouvelle arrivée à l’école primaire des Saints-Innocents, spécialisée dans l’enseignement au pré-scolaire. Elle poursuit simultanément un doctorat dans ce domaine à l’Université Laval de Québec. Déjà elle bouscule quelques vieilles habitudes profondément incrustées.

. Madame Germaine Saint-Gelais, la directrice de l’école primaire. Victime d’un sérieux accident quelques années auparavant, elle se déplace maintenant en fauteuil roulant. Son style de gestion ressemble au caporalisme et elle manœuvre fort bien auprès des autorités autant municipales que celles de la commission scolaire afin d’asseoir son autorité.

. Herman Delage, le fils des propriétaires du supermarché (Steinberg) que l’on a très peu aperçu dans la première partie, mais il sera beaucoup plus actif en deuxième.

. La secrétaire de l’école primaire, Henriette, ainsi que la maîtresse de poste, Angelina, complices de Abigaelle, lui éviteront bien des soucis.

. Benoît Saint-Gelais, le jeune frère de la directrice de l’école, celui qui la voyage dans sa camionnette bleue, véhicule un peu intriguant tout comme le personnage lui-même.

. Quelques secondaires : Monsieur le maire, Monsieur le curé décédé, Monsieur Clotaire, le chauffeur du bus scolaire, Monsieur Nicéphore, employé municipal, Patrick, le jeune fils du maire, Raphaël Létourneau des services à l’enfance.

 
D) L’INTRIGUE AYANT POUSSÉ DON À PARTIR EN ONTARIO AVEC SA MÈRE

Cette intrigue tourne autour de l’ours blessé atteint d’une flèche à la cuisse puis retrouvé mort près de la rivière Croche. Elle se complique alors que le coyote qui traversait assez souvent la cour de la famille ojie-crie est retrouvé mort à son tour, atteint d’une flèche lui aussi. De la même flèche. Ce qui trouble Don et par ricochet sa fillette Chelle et son épouse. Il reconnaît la flèche et part pour Sault-Sainte-Marie avec sa mère, l’ancêtre, afin d’éclaircir la situation.

 
E) L’INTRIGUE ENTOURANT LA MAISON LOUÉE PAR ABIGAELLE

Cette maison située tout juste en face de l’école primaire des Saints-Innocents appartient à Monsieur Champigny. Construite sur le même modèle que celle où habite la famille de Daniel et Jésabelle, et par le même propriétaire, mystérieusement disparu, est inhabitée depuis des lustres mais bien entretenue. Énigmatique, objet de silences soutenus par les villageois, qu’en est-il vraiment ?

 
F) L’INTRIGUE AUTOUR DE L’AGRESSION DU PÈRE D’HERMAN DELAGE

Cet homme, propriétaire du supermarché Steinberg, rue Principale, village des Saint-Innocents doit consommer du haschisch fourni par Daniel et Jésabelle en raison de souffrances l’empêchant de dormir. Que lui est-il arrivé ?
 

G) L’INTRIGUE MADAME SAINT-GELAIS ET SON JEUNE FRÈRE BENOÎT

Depuis son accident survenu lors de son retour d’une journée passée à l’Expo’67, Madame Saint-Gelais n’est plus la même. Elle aurait joué du coude pour déloger la directrice de l’école primaire des Saints-Innocents afin de lui ravir son poste. Depuis sa nomination, un régime de terreur prévaut. Son frère Benoît, plus jeune qu’elle, la reconduit à l’école et la reprend en fin de journée pour la ramener chez elle, cela au volant de sa camionnette bleue. Ce n’est pas tout à fait clair surtout que Abigaelle a failli se faire renverser par elle à trois reprises. Que se cache-t-il derrière cette fratrie malicieuse ?
 
 
À la suite de cette mise à jour et remise en contexte, SI NATHAN AVAIT SU… dans sa deuxième partie peut reprendre.
 
Aux intéressé(e)s de se lancer dans la lecture ou relecture de la PARTIE 1, il suffit de rechercher sur le blogue à partir de ceci:
 
Si Nathan avait su…(1) Revu et corrigé
jusqu’à
Si Nathan avait su… (41) Revu et corrigé


            

Si Nathan avait su... (Partie 2) - 3

                            Chez les fumeurs ojis-cris, elle remonte à loin cette habitude de rouler leurs cigarettes.  Les garçons avaient ...