mardi 24 novembre 2009

Le trois cent quatorzième saut



Mardi matin, 24 novembre.

Le Salon du livre de Montréal est terminé depuis hier.

Je me suis abstenu en fin de semaine pour la simple raison qu’un retraité, selon moi, devrait s’astreindre à profiter des heures creuses que ce soit pour se rendre à la banque, faire ses courses au supermarché, aller au cinéma ou… au salon du livre, laissant à ceux qui sont encore actifs (les travailleurs) un meilleur espace pour participer à des événements qui s’étendent sur quelques jours ou tout simplement éviter de rallonger la queue dans les endroits publics afin d’obtenir des services. Les centres de vaccination contre la grippe A(H1N1) ont compris le problème en départageant les clientèles puis en émettant des laissez-passer! Je me souviens trop à quel point je rageais lorsque, devant me rendre à la banque sur l’heure du midi (l’heure du lunch) un gentil retraité, attendant qu’on le serve, ralentissait tout le monde alors qu'il aurait très bien pu s’y présenter une heure avant ou une heure après.

Donc, laissant le vendredi soir et les samedi et dimanche aux autres, j’optai pour lundi. Grand bien m’en fit car je me suis retrouvé à la place Bonaventure avec une ribambelle d’écoliers qui arpentaient à une vitesse vertigineuse les allées du salon à la recherche des stands où la littérature jeunesse se terrait. Il s’en trouvait partout.

J’étais heureux de voir tous ces jeunes s’exclamer devant tel ou tel livre, se surprendre de voir l’auteur en chair et en os, ramasser et déposer dans leur sac plastique tous les signets reçus des maisons d’édition, de crier à un ami ou une amie qu’il fallait venir voir ceci ou cela, interroger un ou une enseignante sur le moment prévu pour le lunch… tout en me disant que ce métier n’était plus pour moi. Ça exige un je-ne-sais-quoi que je n’ai plus… Une façon toute pédagogique de voir dans le hurlement de celui-ci une demande d’aide; dans le regard effaré de celle-là, une interrogation qui tarde à se pointer; dans l’éloignement de ceux-ci un désintéressement; et j’en passe.

Je me promenais donc dans les allées du salon après avoir organisé ma visite selon un sens «périmétrique» : faire le tour pour ensuite quadriller d’est en ouest puis du nord au sud, pour ne rien manquer.

Ce que je fis.

Ce qui me permit de me rendre compte que si j’avais attendu cette visite au salon j’aurais obtenu une réduction sur mon abonnement au journal LE DEVOIR (qui fêtera ses 100 ans le 10 janvier 2010)…

Ce qui me permit de constater à quel point les employés, sans doute de corvée depuis plus de cinq jours, avaient la langue… à terre.

Ce qui me permit de me poser les questions suivantes, cela à partir du point de vue des libraires : est-ce pertinent de tenir un salon du livre à cette époque? Est-ce qu’on ne devrait pas y retrouver, acceptant le fait qu’il persiste à se tenir un mois des Fêtes, que les crus de l'année et une occasion de saluer des auteurs?

Ce qui me permit de faire - comme plusieurs personnes d’ailleurs – le tour des maisons d’édition, carnet en mains et prendre des notes pour des achats chez mon libraire habituel.

Ce qui me permit surtout de constater à quel point les livres sont dispendieux. Je suis revenu du Salon du livre de Montréal, me disant que l’achat d’un livre n’est pas réservé à tout le monde. À moins de se diriger vers les collections de poche, et là encore, il est à peu près impossible de se procurer un livre de 200 pages et plus pour moins de 30 dollars. C’est incroyable, mais vrai. Le livre n’est pas un produit qui s’adresse à tout le monde. Ça prend des sous. Beaucoup de sous. Comme il ne s’adresse pas à tout le monde, c’est qu’il s’adresse à une catégorie de gens en particulier. À ceux qui des sous. Beaucoup de sous. Notez cette merveille de lapalissade!

La culture, celle dont on parle et discute sur toutes les tribunes publiques, ne s’adresse si l’on utilise le coût des livres pour exemple, qu’à une infime partie de la population.

J’ai relu mon cahier de notes en sortant du salon où je n’ai rien acheté. S’y trouvent neuf découvertes qui varient entre 19,95$ et 40$ : au total, si j’achète tout, plus de 200$. Je ne sais pas si mon voisin de quartier (je suis dans Hochelaga-Maisonneuve, quartier ouvrier situé dans l’est de Montréal) ou ma voisine, ou les deux ont budgété autant pour l’achat de livres?

Il y a quelque chose qui cloche ici! Ne devrait-on pas, minimalement, enlever la TPS sur le livre? Ne devrait-on pas chercher des moyens pour rendre accessible l’achat du livre et cela pour tout citoyen quelque soit son revenu?

Sans doute que Yann Martel qui écrit à Stephen Harper aux quinze jours pourrait aborder ce sujet avec lui! Mais ça serait univoque car notre premier ministre, en plus de ne pas lire les suggestions de l’auteur, ne prend même pas le temps de lui répondre autrement que par un accusé de réception rédigé par un adjoint…

Pour en finir avec le Salon du livre qui se voulait orienté vers la famille, je signale que pour une troisième année consécutive le prix du public a été décerné à Michel Tremblay. Je n’élaborerai pas sur cette nouvelle, étant allergique à cet auteur dont je suis incapable de lire les éternelles mêmes histoires. Point final.

Vous aimeriez connaître le contenu de mon cahier de notes?
Voici :

. Le tombeau de Tommy (Alain Blottière);
. Malavita encore (Torino Benacquesta);
. Thérèse pour joie et orchestre (Hélène Monette);
. Montréa Kitsch, 98 lieux hauts en couleur ( Sébastien Diaz);
. cellule esperanza (n’existe pas sans nous) (Danny Plourde)
. Kennedy sait de quoi je parle (Tania Langlais)
. L’édition du centenaire des oeuvres de Gabrielle Roy;
. Paul en Finlande (Yann Martel) publié chez Boréal Compact.

Faites le compte, il y en a pour plus de 200$ avant la TPS… Vous comprenez pourquoi je suis un adepte des bouquineries là où on retrouve des livres de seconds yeux… Mais les droits d’auteur, que leur arrivent-ils lorsque j’achète dans ce type de librairie?

Au prochain saut

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