On continue avec Savater.
. Tous ceux qui veulent démissionner de leurs responsabilités croient à l’irrésistible, aux dominations implacables, que ce soit la propagande, la drogue, l’appétit, la subordination, les menaces, la façon d’être… n’importe quoi.
. La belle vie humaine n’est jamais offerte sur un plateau et personne n’obtient ce qui lui convient sans y consacrer courage et efforts : voilà pourquoi vertu dérive étymologiquement de «vir», la force virile du guerrier qui s’impose au combat contre le plus grand nombre.
. La personne responsable est consciente de la réalité de sa liberté. Et de la souveraineté de ses décisions. La responsabilité, c’est de savoir que chacun de mes actes me construit, me définit, m’invente. En choisissant ce que je veux faire, je me transforme peu à peu. Chacune de mes décisions laisse une trace en moi, avant de la laisser dans le monde qui m’entoure. Et, bien sûr, après avoir employé ma liberté à me façonner un visage, je ne peux plus me plaindre ni m’effrayer de ce que je vois dans le miroir quand je m’y regarde… Si j’agis bien, j’aurai de plus en plus de difficultés à agir mal (et inversement, hélas!) : l’idéal est donc de prendre la mauvaise habitude… de bien vivre.
. … qui vole, ment, trahit, viole, tue ou abuse son prochain d’une façon ou d’une autre ne cesse pas pour autant d’être un humain.
. … une des caractéristiques principales de tous les êtres humains, c’est la capacité d’imitation. C’est pourquoi l’exemple que nous donnons à nos congénères sociaux est si important : dans la plupart des cas, ils nous traitent comme ils auront été traités.
. Mais l’ignorance, même si elle est contente d’elle-même, est aussi une forme du malheur.
. … que signifie traiter des personnes comme des personnes, c’est-à-dire humainement? Réponse : cela signifie essayer de se mettre à leur place, les comprendre de l’intérieur, les prendre au sérieux.
. Échanger, c’est accepter d’appartenir dans une certaine mesure à la personne qui est en face, et inversement.
. Justice (la vertu) : l’habileté et l’effort que nous devons tous fournir – si nous voulons bien vivre – afin de comprendre ce que nos semblables peuvent attendre de nous.
. Ce qui se cache derrière toute cette obsession sur «l’immoralité» sexuelle est tout simplement une des plus vieilles craintes sociales de l’homme : la peur du plaisir.
. Pourquoi le plaisir fait-il peur? Sans doute parce qu’il nous plaît exagérément.
. Toute chose peut finir par faire mal ou faire le mal, mais aucune chose n’est mauvaise parce que tu as pris plaisir à la faire.
. Puritain : une personne qui reconnaît une bonne chose à ce que nous n’avons aucun plaisir à la faire; une personne qui trouve toujours plus méritoire de souffrir que de jouir (quand, en réalité, il est parfois plus méritoire de bien jouir que de souffrir mal). Le puritain croit que la personne qui vit bien doit le supporter très mal, et qu’être mal est la preuve qu’on est bien.
. Carpe diem : cela ne veut pas dire que tu doives rechercher dès aujourd’hui tous les plaisirs, tu dois seulement rechercher tous les plaisirs d’aujourd’hui.
. Le plaisir est agréable, mais il a une fâcheuse tendance à l’exclusivité : si tu t’y adonnes trop généreusement, il peut te dépouiller de tout sous prétexte de te régaler.
. Quand un plaisir te tue, ou quand il est toujours – pour t’apporter le plaisir – sur le point de te tuer ou de tuer en toi ce qu’il y a d’humain dans ta vie (ce qui le rendait si riche et complexe et te permettait de te mettre à la place des autres)… c’est un châtiment déguisé en plaisir, un vil piège de notre ennemie la mort.
. Je ne veux pas des plaisirs qui me permettent de m’évader de la vie, je veux ceux qui me la rendent plus intensément agréable.
. L’art de mettre le plaisir au service de la joie, c’est-à-dire de la vertu qui sait ne pas tomber du goût dans le dégoût, est appelé depuis des temps anciens la tempérance (une connivence intelligente avec l’objet de notre jouissance).
. L’exigence de tout être humain de recevoir le même traitement que les autres, quels que soient son sexe, la couleur de sa peau, ses idées et ses goûts, etc. s’appelle la dignité.
. Parfois, l’État, sous prétexte d’aider les invalides, finit par traiter toute la population comme si elle était invalide.
. Il faut savoir ce qu’on veut et réfléchir à ce que l’on fait.
Tirée du roman LE LISEUR, elle est de Bernhard Schlink :
. Tout ce que j’avais pu trouver sur l’analphabétisme au cours de toutes ces années, je l’avais lu. Je savais le désarroi qu’il impliquait dans la vie de tous les jours, pour trouver un chemin ou une adresse ou choisir un plat au restaurant, je savais l’anxiété qui fait suivre des schémas tout préparés et une routine bien éprouvée, je savais quelle énergie cela exige de dissimuler qu’on ne sait ni lire ni écrire, et que cette énergie est prise sur la vie. L’analphabétisme condamne à un statut de mineur. En ayant le courage d’apprendre à lire et à écrire, Hanna avait franchi le pas vers la majorité et l’autonomie, dans une démarche d’émancipation.
Goethe : «Quand je vois que nous épuisons toutes nos forces à satisfaire des besoins, et que ces besoins ne tendent qu’à prolonger notre misérable existence… tout cela mon ami me rend muet.
Guerrier-Provost : «L’amour-passion est quant à lui en faveur de la démesure qui repousse et dépasse les limites ordinaires du quotidien banal, souvent inodore, incolore et insipide aux yeux du passionné.»
Sun Tzu a écrit L’ART DE LA GUERRE, il y a vingt-cinq siècles. Cette citation met fin au cahier 3 :
. Par autorité j’entends les qualités de sagesse, d’équité, d’humanité, de courage et de sévérité du général. Si le chef est doué de sagesse, il est capable de reconnaître les changements de circonstances et d’agir promptement. S’il est équitable, ses hommes seront sûrs de la récompense et du châtiment. S’il est humain, il aime autrui, partage ses sentiments et apprécie son travail et sa peine. S’il est courageux, il remporte la victoire en saisissant sans hésiter le moment opportun. S’il est sévère, ses troupes sont disciplinées parce qu’elles le craignent et redoutent le châtiment.
Au prochain saut
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