lundi 12 juin 2006

Le cent trente-septième saut de crapaud

Je vous offre trois poèmes écrits il y a de cela quelques années, alors qu’avec un groupe d’élèves je travaillais la poésie. Ils devaient leur servir de modèle. Leurs poèmes ont été publiés dans un recueil qu’ils intitulèrent

REGARDS DE GLACE... REGARDS D’ENCRE...




entre plus tard et partir


entre plus tard et partir
l’image éblouie de la lumière
dressée
se reflète
en couleurs diluées



entre partir et plus tard
la fine fleur de l’ombre
arrachée
s’attarde
à un même sol



plus tard, entre partir et revenir
les pas étouffés d’un silence retenu,
soupiré
s’esseule
à l’écho de la fleur


partir entre plus tard et jamais
les cris comme des bruissements
résonnés
s’assomment
au fond de l’infini


entre plus tard et partir
en d’éteintes sécheresses
l’eau s’écoule
sur un pays asséché






la légende du cheval blanc



cheval blanc
sur fond de montagne



fond



en équilibre
amble et trot



une eau jaillissante
puissante
l’enfourchant
s’enfonce
en perles fuyantes



un cheval blanc
vers les nuages froncés
s’accroche à la selle du vent

encore fou de sa source limpide



et que lentement verdisse la terre!




espiègle siècle espéré


le bleu dans le gris des nuages
s’engloutit
en ce matin de porcelaine

un parfum emplit l’espace
hymne imprimé sur la peau

le silence de vos cris
parle de la vie

à la porte du siècle
les jours s’éclairent d’ombre
éparpillant vos joies



la plus belle parole
la redite des paroles éteintes
le cadenas ouvert aux espoirs
afin qu’éclate le siècle espéré
qui sera ce que tu seras,
nue de ce que tu étais
vêtue de qui tu seras
espiègle absente des nuits blanches
fantôme apprivoisé,
spectre envahissant,
marchant ses pas dans les flaques d’eau
comme l’intarissable source jaillissante
coule par vos plaies refermées



un sourire
sur vos avenirs
sur vos bouts de chemin
prend par la main
de celles et de ceux
qui accueilleront l’espiègle siècle espéré

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