vendredi 1 mars 2019

humeur vietnamienne

Casquette du groupe VIETNAM '19


Lorsque je ferme les yeux, j’entends encore le roulement inégal du mini-bus cahotant sur les routes birmanes, puis celles du Vietnam. Le silence aussi, celui de mes compagnons de voyage qui roupillent ou parcourent un Routard ou un guide de la National Geographic.

Une question surgit derrière ou devant moi, me ramène à la réalité, celle de ce groupe hétéroclite parti à la découverte de terres asiatiques. Nous étions six, accompagnés par un guide fantastique, un chauffeur prudent et expérimenté, avalant des centaines de kilomètres au pays de Aung San Suu Kyi, entre Rangoun, Bagan et le Lac Inle.

         

La Birmanie, appellée également Myanmar, s’ouvre au monde suite à de nombreuses années sous le joug des militaires qui y font toujours la pluie et le beau temps. Dire combien cette contrée hautement spirituelle est belle relève de l’impossible ! Les images que nous en ramenons effleurent à peine la quintessence de tous ces endroits parfois sauvages mais toujours jolis. De cette pureté des couleurs, nos yeux en sont encore émerveillés !


         

Sans tomber dans le descriptif de l'itinéraire, je m’en tiendrai surtout à l’atmosphère qui régna pendant plus de cinq semaines, entre nous, Occidentaux, uniment surpris par ce pays de pagodes, de sable et de poussière... sur un réseau routier pas encore idéal. Les constants soubresauts que notre chauffeur essayaient tant bien que mal de réduire au minimum, nous tenaient continuellement en alerte. Il aura fallu quelques jours avant de nous y habituer.

La route entre Rangoun et Bagan, tout comme celle qui nous mena par la suite au Lac Inle, ne nous permit que des arrêts nécessaires afin de délier des jambes et des fessiers rudement mis à l’épreuve. On nous attendait au bout du chemin...

Près de 3000 pagodes, temples, stupas sur le site archéologique bouddhique de Bagan - ville qui interdit les plastiques - secouaient littéralement notre admiration. Les tremblements de terre, celui de 1975 et le dernier survenu en août 2016, n’ont en rien détruit le calme, je dirais la spitiualité des lieux. Que dire des merveilleux couchers de soleil que nous pûmes admirer sur les eaux de l’Irrawady, puis de la pagode Shwesandaw ! Beauté et poésie réunies...

Dans l’organisation d’un périple de cette envergure, sachant que l’on ne peut tout voir, tout visiter, des choix parfois cruels s’imposent, que ce soit au niveau des endroits à ne pas manquer ou le temps qu’on doit leur consacrer. Par chance, nous avions remis entre les mains de notre guide Oo le soin d’orienter nos déplacements. Il va sans dire que Bagan nous a éblouis, mais le Lac Inle nous attendait.

Retour sur la route avec les inconvénients qu’elle présente pour les joyeux lurons qui, tout doucement, s’adaptait à l’heure asiatique, un décalage de douze heures. Une de nos toquades, sans doute celle qui s’est installée à demeure dans le groupe, se manifestait par nos profondes et philosophiques questions sur le temps et l’espace. S’il fallait en résumer la juteuse substance, je dirais que nous n’avons point épuiser le sujet, mais en sommes arrivés à la conclusion que... tout est courbe.

Le Lac Inle se situe au centre de la Birmanie, dans les montagnes Shan - Bagan, pour sa part, se retrouve dans la plaine centrale du pays, sur la rive gauche de l’Irrawaddy. Cette vaste étendue d’eau claire est peu creuse (4 mètres en saison de la mousson) et offre aux visiteurs des paysages magnifiques: les jacinthes d’eau flottant sur une eau tranquille, les graminées qui s’amusent à modifier leur couleur selon les inclinaisons du soleil, une foule d’oiseaux tropicaux vivant dans la Réserve de biospère reconnue par l’UNESCO en 2015, et encore et encore...

Une journée passée à le sillonner avec différents arrêts ici et là afin de rencontrer des tisseuses de fil de lotus, des joalliers spécialisés dans les bijoux en argent et tout au bout, une pagode (In Dien) qui vaut le détour.

Lors de ma dernière escapade en Birmanie, je n’avais pu apprécier à mon goût la cuisine locale. Ce fut tout à fait le contraire cette fois. Les plats régionaux et les spécialités du pays enchantèrent les architectes que nous devenions... En effet, alors que le débat autour de la lubie du Président Trump semble piétiner, nous avons discuté... mur à mur... de ce problème, pour en arriver à la conclusion que ce mur isolant le Mexique des USA devait être agrémenté de bougainvilliers grafignant l’austère ciment qui le composerait. Entrecoupé par la plantation de magnifiques flamboyants, leurs rouges superbes verraient à camoufler la honte qui s'en dégagerait. Tout au long du voyage, nous avons peaufiné ce projet qui devrait se retrouver sur le bureau de la Maison Blanche d’ici peu.


Le Lac Inle signifiait aussi notre retour sur Rangoun puis le départ vers Hanoi, au Vietnam.

Ce voyage à deux volets (Birmanie et Vietnam) s’annonçait exigeant en raison des kilomètres à parcourir. 10 jours en terre birmane, sous un soleil continuellement présent, permirent au groupe VIETNAM '19, de constater que le tourisme aisatique n’a rien à voir avec d’autres. Le temps prend une autre dimension.

Le Vietnam nous ouvrit ses bras le 22 janvier 2019. Sa capitale, Hanoi, contrairement à ses habitudes resplendissait dans ses habits estivaux. 

Impossible de ne pas relater l’extraordinaire journée du 23: notre rencontre avec l’illustre chercheur et écrivain 

vietnamien Hữu Ngọc qui a bien voulu accepter de participer à une entrevue originale. Un moment inoubliable pour l’ensemble du groupe qui put apprécier les propos vifs et intelligents du plus important écrivain du Vietnam, connu dans le monde entier. Âgé de 100 ans, il fut très proche du Président Ho Chi Minh.

Quelle entrée dans le pays pour 6 Québécois se préparant à sillonner les routes qui les menèrent de Sapa jusqu’au Nord du Vietnam, puis vers l’ïle de Cat Ba dans la Baie d’Halong, avant de se diriger vers Ninh Binh: c’est là que nous avons fêter le Têt, la Nouvelle Année Lunaire!

 

Il est tout à fait normal que la fatigue physique s’abatte sur nous après tant et tant de merveilles qui doucement s’emmagasinaient dans nos mémoires: les montagnes de Ha Giang, les ethnies de Meow Vac, les chutes de Cao Bang, les silences de la jungle sur l’ïle de Cat Ba, la réunion des montagnes et de la mer une fois arrivés à Ninh Binh...

                                    

  




                         


    

Ce fut, par la suite, la ville impériale de Hué - il ne pleuvait pas, chose plutôt inhabituelle - Hoi An, la magnifique, pour nous retrouver à Saigon; du Nord vers le Centre puis le Sud.

                                      

Les voyages organisés par les agences concentrent leurs allées et venues sur les principaux attraits touristiques, alors que ce sont les gens qui nous ont attirés, les petits coins secrets de ce pays aux mille contrastes et ce que je pourrais nommer “l’inside”.

De Saigon que certains craignaient en raison de son immensité, nous prîmes du repos sur les plages de Vung Tau avant de découvrir le majestueux Mékong et son delta.

     



38 nuitées et 39 jours plus tard, à l’aube du retour vers la froidure québécoise, de son hiver rigoureux, 5 Québécois s’apprêtaient à repartir me laissant avec ma belle Saigon.

Ce fut une expérience touristique, oui, mais également un profond apprentissage. Vivre 24 heures sur 24 ensemble, se respecter mutuellement, partager nos extases, nos fatigues aussi, nous mène inévitablement à des conclusions sur nos capacités d’adaptation; il en faut pour accepter de vivre dans un monde si différent, parfois si complexe.

Je disais aux membres de VIETNAM '19 lors de la préparation à ce voyage, que l’Asie n’a rien à voir avec l’Amérique ou l’Europe. Nous nous en sommes aperçus rapidement.

On ne peut revenir d’une telle aventure sans quelques égratignures dans nos croyances, parfois dans nos préjugés. J’entends par là, la nécessaire ouverture vers autre chose, d’autres mentalités et surtout, oui surtout, recevoir tout un florilège d’impressions qui souvent défient notre manière de voir le monde.

La Birmanie et le Vietnam ne sont pas l’Asie dans son ensemble, cela est exact, mais ils nous présentent une autre façon de vivre, de concevoir le temps et l’espace. Être zen prend un sens différent lorsque l’on s’approche de la pauvreté, parfois à un niveau que l’on ne peut soupçonner... lorsque l'on se met en contact avec certains cultes... lorsque l'on se laisse pénétrer par des sensibilités nouvelles.

Il y a une chose que je continue quotidiennement de remarquer et que j’espère avoir su offrir aux yeux de mes compagnons de voyage, c’est que l’Homme, qu’il soit occidental ou oriental, cherche un chemin pouvant l’amener vers ailleurs, un ailleurs qui se trouve peut-être à l’intérieur de lui-même!





















































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