dimanche 31 mars 2019

5 (CINQ) (CENT-CINQUANTE-NEUF) 59



L’année 2000 sonna à notre porte quelque peu hésitante car un bogue effroyable devait l’accompagner: un bogue est un défaut de conception d’un programme informatique à l’origine d’un dysfonctionnement. Tous s’enflammèrent devant ce qui semblait ressembler à la fin du monde... Que fera-t-on par la suite ? Sera-t-il à nouveau possible de recouvrer nos données qui, en un fort court laps de temps, le passsage de 23 heures 59 à 0 heure 01 le 31 décembre 1999 au 1er janvier 2000, devraient s’envoler pour se perdre dans la nuit des temps ?

Sauf que rien de cette apocalypse annoncée ne se produira. Le YK2 bug et le YK2 bomb, comme ils furent appelés, aura coûté des milliards de dollars américains afin de "réajuster", sous forme numérique, les programmes informatiques.

Le nouveau siècle se présentait sous une étrange augure, mais l’année suivante, la 2001, le secouera davantage, comme si cela pouvait être possible: la tragédie du WTC et ses formidables répercussions. Je n’y reviendrai pas, mais cela doit demeurer en fond d’écran.

Le père Bush, ancien Président des USA avait mené, d’août 1990 à février 1991, une croisade féroce contre l’Irak qui avait envahi le Koweit. L’ONU lui donna son aval. Stoppant son intervention à l’entrée de Bagdad, il ne songea pas à détruire le régime dictatorial de Saddam Hussein; le pointer du doigt comme étant un réfuge terroriste, un grenier rempli d’armes de destruction massive - sans toutefois être en mesure de prouver ses propos - cela allait lui suffire.

Quelques années plus tard,  le fils Bush, George, devenu à son tour Président des USA allait poursuivre l’oeuvre entreprise par son paternel. Il déclara la guerre (2003), une guerre définitive cette fois contre Saddam Hussein qui fut, quelques années auapravant, un important allié contre l’installation d’une théocratie islamique en Iran. Autant l’ONU qu’une foule de pays, dont le Canada, refusèrent de le suivre, les preuves apportées leur semblant peu crédibles voire équivoques. La région en fut ébranlée. Les télévisions du monde entier retransmirent des images de la pendaison (2006) d’un Saddam Hussein défiguré par une barbe de plusieurs jours, cet homme qui se cachait un peu partout, le rendant quasi introuvable.

Puis, ce fut la Libye, la chasse à Khadafi dans ce qui sera l’élément déclencheur du Printemps arabe; les rebelles libyens l’assassinèrent en 2010, profanant son corps sans vergogne. Par la suite, sous Barack Obama, la mission dirigée contre Ben Laden aboutit, en 2011, à sa découverte au Pakistan, puis sa liquidation. Son corps sera immergé en haute mer.

En 2014, nous apprenions la naissance de Daesh (l’État islamique), rapidement identifiée comme successeur d’Al Qaida à qui la venue du terrorisme moderne est attribuée. L’État islamique, d’obédience salafiste djhiadiste, tout comme Al Qaida, proclamera la naissance d’un califat sur les territoires sous son contrôle. Un califat est par métonymie le territoire et la population musulmane qui y vit reconnaissant l’autorité d’un calife - soit un successeur de Mahomet (prophète de l’Islam) dans l’exercice politique du pouvoir. Les territoires qu’identifie l’organisation terroriste sont importants alors que sa  zone d’influence se répand trop rapidement selon les Occidentaux. Les cruautés qu’il revendique, imprévisibles et sauvages, dépasseront les limites du Moyen-Orient alors qu’il s’en prendra à des nations ayant pris partie contre lui. L’islamisme intégriste, on ne devait plus être en mesure de l’ignorer, et le combattre alimenta la guerre civile en Syrie.

J’oublie (ou j’omets volontairement) une série d’événements qui parsemèrent les 20 premières années du nouveau millénaire. Je m’en tiens qu’à l’essentiel afin d’entrer dans des propos plus subjectifs.

Force est de constater que la polarisation des forces internationales se concentre à partir de nouvelles idéologies. Nous sommes, à mon avis, entrés dans un affrontement global Occident / Orient. L’humain peut-il vivre sans conflits de tout ordre? Ici, le principal réside dans ses divergences fondamentales de principes qui les régissent, appellant des positionnements situés aux antipodes, à des actions/réactions discordantes mais toujours ennemies l’une envers l’autre.

Un ami me demandait pourquoi j’ai choisi de vivre dans un pays communiste, sous le joug de la non-liberté individuelle ? Je réponds aujourd’hui différemment que je l’aurais fait il y a cinq ans. Tout est niveau du sens que l’on donne au mot liberté. En Occident, c’est davantage la liberté individuelle qui nous préoccupe alors qu’au Vietnam prime la liberté collective. Les droits de l’homme n’ont pas du tout la même portée. La protection de l’indépendance du pays (le Vietnam) surbordonne toutes les lois, même celle sur la censure. On doit allégeance entière et complète à la nation, Hô Chi Minh parle davantage de la patrie, celle qu'il aura réussi à unir. Si longtemps occupé, oppressé et envahi par différents pays (la Chine, le Japon, la France, les USA), cela depuis plus de 2000 ans, le Vietnam a intégré dans ses moeurs et sa culture une volonté inaliénable de protection du territoire et de tout ce qu’il englobe.

Certains sites que l’on retrouve sur internet sont proscrits, d’autres sous haute surveillance et toute critique du régime susceptible d’être punie sévèrement. Pas de place pour l’opposition, pas de lieu toléré affichant une remise en question de l’État, ses lois et ses prérogatives. Les forces policières et militaires y veillent avec une attention soutenue. Cela ne signifie pas que le peuple vietnamien soit enchaîné, assujetti à la pensée unique du parti au pouvoir. Il ne veut plus jamais la guerre sur son territoire et croit que le régime actuel peut l’en préserver.

Depuis les 20 premières années de l’an 2000, c’est vis-à-vis l’ampleur du développement islamique que l’Occidental moyen porte son attention. La terreur installée en 2001  grandit alors qu’il semble que quelque part cela puisse être encouragé, du moins utilisé. Répondre à la peur par une amplification souvent exagérée de la sécurité serait devenu l’apanage de nos institutions politiques.

Les principaux points d’ancrage choisis afin d’assurer ladite sécurité se fixèrent autour des domaines de l’aviation civile, des contrôles frontaliers, de l’immigration, la nomenclature des pays démoniaques (l’Axe du mal fut le terme utilisé par George W. Bush), la mise au banc des accusés de certaines religions, la chasse aux sorcières d’agents provocateurs incitant aux manifestations, la réduction de tout argumentaire qui devra maintenant se réduire à un "pour" ou un "contre".

Est-ce qu’en choississant les armes de la sécurité pour se protéger, on utilise les mêmes que celles qui alimentent la peur, mais sans violence affichée ?

Sommes-nous à ériger un mur entre les êtres humains, mur construit avec des matériaux de haine ?

Une chose m’apparaît plutôt évidente, le face-à-face Occident / Orient est bien installé. Démocratie versus théocratie... Un beau terme anglais kakistocracy pourrait être aussi employé pour certains gouvernements qui existent actuellement  dans le monde: la kakistocratie est un gouvernement dirigé par des personnes médiocres... Des empires s’écroulent et se désagrègent, d’autres souhaitent les remplacer, empruntant des routes identiques...

L’incompréhension, érigée en sytème, repose souvent sur le repli sur soi, un soi individuel (et collectif) qui se reconnaît dans sa géographie, ses traditions affichées dans de vieux cadres surannés.

La ligne IGNORANCE - PEUR - HAINE - VIOLENCE m'apparaît comme une équation tout à fait adéquate. 

On verra bien.

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