Les habitués du CRAPAUD attendent, je le
sens à travers les ondes reçues de vous, que je m’y mette : que penser des
élections québécoises du 1er octobre prochain ? Que prévoir ?
Alors que j’écris
ces lignes, la campagne électorale file à vitesse grand V : dans trois
semaines tout sera joué. D’entrée de jeu, quelques rappels :
1) pour la plupart, vous
connaissez mon allégeance : je suis un solidaire;
2)
je ne pourrai pas voter le 1er octobre
prochain n’ayant pas de domicile au Québec et l’ayant quitté depuis plus d’un
an;
3)
je
tente toujours de regarder la situation le plus objectivement possible;
4)
je
me donne le droit à deux (2) séries de prédictions : celles d’aujourd’hui,
la seconde série à 48 heures du vote;
5)
mon
analyse se base sur deux coordonnées : mon peu de connaissance en science
politique et deuxièmement, sur l’humour;
6)
je
combatterai férocement les oui-dire, les quand-dira-t-on, les ellipses et toute
idée fondée sur rien de solide ou sur une interprétation farfelue des faits;
7) je suis conscient de ne
pas posséder la voie/la vérité et mes opinions varient selon que l’on démolisse
mes croyances les remplaçant par d’autres davantage crédibles.
Ceci étant
dit, j’examine avec vous la situation en date du 8 septembre 2018. Si l’on
se fie aux différents sondages publiés depuis quelques jours avant le
déclenchement de la campagne jusqu’à maintenant, la CAQ devance le PLQ par
quelques points, le PQ semble en perte de vitesse alors que QS semble devenir
une énigme pour les sondeurs.
Nous
assistons à un déluge de promesses. Avouons que cela peut paraître étrange alors que
les différents partis politiques nous avaient annoncé, chacun en leurs propres
mots, qu’il faut maintenant – en 2018 – aborder la politique différemment,
faire de la politique autrement. Pourtant - la situation pourrait s’avérer tout
autre suite aux débats des chefs (les 13, 17 et 20 septembre) - il semble que
rien n’ait beaucoup changé depuis les dernières campagnes électorales.
L’élection
d’un gouvernement nous place devant une évidence : soit les électeurs
reporteront au pouvoir celui qui était en place lors du déclenchement de la
campagne électorale, soit nous en élirons un nouveau. Nous avons alors le
devoir de porter un jugement sur celui qui quitte, ses actions prises au cours
des quatre dernières années et ce jugement mènera vers sa réélection ou son éviction.
Il doit donc être en mesure de présenter son bilan et sa projection pour l’avenir.
Il en va de même pour les partis d’opposition. Quelle appréciation ont-ils de
leur travail dans le rôle, souvent ingrat, de critique des actions
gouvernementales ? Dans le cas qui nous préoccupe, les partis d’opposition sont
au nombre de trois (3) : la CAQ, le PQ et QS.
La personnalité des chefs ainsi que celle
des différents candidats dans chacun des comtés joueront beaucoup dans le choix
des Québécois. Une certaine partie de la population repose sa préférence sur ce
critère, une autre sur les grandes orientations face aux enjeux de l’avenir. D’aucuns,
plus cyniques, croient qu’en politique tout changement conduit à du pareil au
même sauf que ça sera des figures nouvelles. Plusieurs, et trop souvent ils s’abstiendront
de voter, ne croient plus à la politique. Voilà peut-être une raison pour
laquelle les mots ‘’changement’’, ‘’renouveau’’, et tout autre synonyme seront
à la mode et sortiront de la bouche des politiciens. Cette fois-ci, une donne
inhabituelle s’ajoute : près de 30% des votants sont des jeunes qui
bientôt dameront le pion aux ‘’baby boomers’’. Une clientèle à ne pas négliger
et surtout à courtiser à tout prix. À
quelques jours du début de la campagne électorale provinciale, les chefs des
quatre partis représentés à l'Assemblée nationale ont répondu aux questions de
jeunes âgés de 18 à 35 ans, dans le cadre d’une discussion organisée par
l’école d’été de l’Institut du Nouveau Monde et Le Devoir.
Les grands thèmes que les
électeurs souhaitent être mis sur la place publique afin de mieux les éclairer
dans leur choix, divergent en termes de popularité selon qu’un parti politique
se situe au centre, à droite ou à gauche. Ces formules ont évolué depuis
plusieurs années. Si on scrute les différents programmes et que l’on cherche à
se faire plus pointilleux encore, on se doit d’ajouter le centre-droit et le
centre-gauche tout comme l’existence d’une extrême-droite semble apparaître
depuis l’arrivée de groupes controversés appuyant leur démarche sur des
positions extrémistes face à l’immigration, entre autres.
Voici donc pour cette première chronique plus factuelle que les autres à
venir. Ce qui m’amène à mes premières prédictions :
Le prochain gouvernement du Québec en sera un minoritaire
dirigé par la CAQ;
La première opposition, le PLQ;
Le PQ et QS, nez à nez comme deuxième et troisième
opposition.
Les chefs de parti seront réélus sauf
Jean-François Lisée.
Manon Massé nous surprendra lors des débats des
chefs en français.
Comme François Legault et Manon Massé ne sont pas
très habiles dans la langue anglaise, le débat dans cette langue ( le 17
septembre) pourrait n’être que celui Philippe Couillard et Jean-François Lisée.
Malheureusement les thèmes de la campagne
tourneront strictement autour de la santé, de l’éducation et de l’économie,
évinçant l’environnement.
On risque, en fin de campagne, de voir resurgir la
question identitaire provoquant dans son sillage un certain clivage électoral.
On évitera d’aborder la question de l’éthique
autant individuelle que partisane, chacun des deux partis en tête de lice ne
souhaitant pas en débattre.
Le PLQ réussira à faire oublier les années Charest;
la CAQ s’efforcera de camoufler les candidats évincés pour des
raisons obscures;
le PQ, voyant son statut de parti reconnu à l’Assemblée nationale
mettre en vedette Véronique Hivon qui, tout comme son chef, en arrachera dans le
comté de Joliette;
QS semble réussir à mieux faire accepter l’image de sa cheffe
Manon Massé et le rôle de deuxième que joue Gabriel Nadeau-Dubois lui
conviendra à merveille.
À surveiller, principalement pour les pelures de
bananes qu’ils pourraient glisser sous les pieds de leur chef, Gaétan Barette
au PLQ, Éric Caire à la CAQ, au PQ, Michelle Blanc et finalement Amir Khadir
chez QS.
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