mercredi 7 octobre 2015

QUATRE (4) CENT-SOIXANTE-DIX (70)



     Nous laisserons les débats, les ébats politiques l'espace d'un passage d'oiseaux. 

Cet automne aux allures estivales semble avoir retardé le départ des oiseaux migrateurs tout comme il traînasse à colorer les feuilles des arbres. Il ne se gêne pas toutefois pour nous donner à contempler des ciels d'une beauté fabuleuse dans des fins de journée de plus en plus rapprochées des nuits fraîches. La légèreté des vents du soir, flatteuse, ajoute au plaisir de demeurer dehors, d'attendre le passage des migrateurs.

Je vous offre ce poème qui s'intitule  traînée d’oiseaux migrateurs.



 traînée d’oiseaux migrateurs


la traînée d’oiseaux migrateurs
ainsi qu’une longue flèche de cris stridents
fend la rivière de nuages fonçant vers ailleurs
-          ce qu’ils voient

des égratignures de glaciers
telles des stigmates à leurs griffes
refroidissent le ciel, éclaircissent vents et pluies
-          ce qu’ils voient ne semble pas

la traînée d’oiseaux migrateurs
cette éternelle signature du temps au-dessus de nous
charrie parcelles par parcelles du soleil vers le soleil
-          ce qu’ils voient ne semble pas les arrêter

leurs ventres blanchis pareils aux ours de nos polarités
glissent plus loin encore que l’horizon de nos yeux
comme autant de points scintillants nord sud au-dessus de nous
-          ce qu’ils voient ne semble pas les arrêter malgré tout

la traînée d’oiseaux migrateurs
nomades connus retrouvant dans les sillons de la lune
les signes d’un passage mêlé d’odeurs automnales, de printemps
-          ce qu’ils voient ne semble pas les arrêter malgré tous les murs

leurs yeux fixes comme des convois en fuite
tracent des chemins, noircissent le bleu du ciel
abattent les frontières…
-          ce qu’ils voient ne semble pas les arrêter
   malgré tous les murs que nous dressons…




À la prochaine

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