samedi 18 janvier 2025

S P L E E N

                           


SPLEEN

 

C’est comme un spleen que ce Morgon appelle
Éveillant ma mémoire à tous ces vivaces après,
Ceux de la pluie incessante, du vent saïgonnais,
De cette lune qui s’écrase  derrière les buildings.
 
Un spleen vaste comme l’ennui, plein à ras bord,
Coloré de cette humidité qui hurle dans ma tête,
Invite aux airs de jazz, ceux de la rue Lé Loi,
Saxophones, chanteuses noires dansant avec mon âme.

 


Tintamarre des motos, obscurité accrochée aux Cây Da
Leurs racines découvertes à fleur de terre, de bitume
Aux odeurs prégnantes des bougainvilliers rouges
Le rouge fané du Mékong, le rouge sang du fleuve.

Ni taedium vitae, ni encyclopédie de la mort
Mon spleen ressemble à de longs corridors
Que ce pays, jadis interdit, évoque maintenant
Qu’évoque le Morgon sur ma table de travail.

Je ne déambule plus d’un quartier à l’autre
Ne traverse plus ces ponts innombrables
Ne m’arrête plus pour quelques roses
Ne me perd plus dans les silences des couvre-feux.

Tant d’hivers sans neige, sans blizzard, sans froid
Pieds nus à marcher sur la grève de la Mer de l’Est
Le regard au-delà de tout horizon palpable
Puis me souvenir de là où je ne serai plus.

Et le Morgon est tout ce qui me reste…




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