Je lis actuellement MARIE CURIE PREND UN AMANT de Irène FRAIN.
On ne s'attend pas à cela lorsque l'on pense à Maria Salomea Sklodowska, davantage à la radioactivité, à la science ainsi qu'à son mari Pierre Curie.
Très tôt dans ce récit qui s'attarde sur l'époque de son veuvage et sa rencontre avec un autre scientifique, Paul Langevin.
Je vous offre cet extrait qui pourrait être sous-titré "refaire sa vie".
- Refaire sa vie. Comme Marie, on a perdu l'amour unique et on a cru ne jamais s'en remettre. Le corps s'est fait de craie, l'esprit de cendres. On a pensé devenir fou, quand on n'a pas cherché, carrément, à en finir.
Malgré tout, on s'en est relevé. On ne sait pas comment, un jour on s'est découvert moins cendreux, moins crayeux. Amputé, oui, pour le restant de ses jours. Mais résigé à l'être.
Ou alors, comme Paul, on a fait des serments et on s'est trompé. On a été léger, et maintenant qu'on s'en aperçoit, c'est trop tard. Disputes à tout propos, enfants, argent. L'enfer se referme, les nerfs lâchent.
Et voilà que la vie, soudain, la vie têtue, la vie puissante, imprévisible, la vie qui, mine de rien, va et vient comme les marées, réclame sa place, recommence d'exiger son droit au plaisir, sa part de rêve.
C'est cela, refaire sa vie : s'abandonner au reflux irrésistible des lois du vivant. Accepter l'offre de la seconde chance, se dire : "Après tout ... Pourquoi pas ? " Puis, sur les ruines des temps d'avant, trouver la force de rebâtir du neuf.