mardi 16 mars 2021

Otium # 7

 Otium # 7

* Thème : libre

* Forme  : sonnet

* Date de présentation :  15 / 03 / 21

Quelles sont les règles du sonnet ?

 Le sonnet doit respecter plusieurs règles strictes :

 1.- il doit être composé de 14 vers -  deux strophes de quatre vers (quatrains) suivis de deux strophes de trois vers ( tercets) ;

2.- entièrement formés d'alexandrins (vers de douze syllabes) ;

3.- une disposition des rimes particulière : ABBA ABBA CCD EDE ;

4.- l'alternance des rimes masculines et féminines.


EXEMPLES


                                                    A M. A. T.

Ainsi, mon cher ami, vous allez donc partir !
Adieu ; laissez les sots blâmer votre folie.
Quel que soit le chemin, quel que soit l’avenir,
Le seul guide en ce monde est la main d’une amie.

Vous me laissez pourtant bien seul, moi qui m’ennuie.
Mais qu’importe ? L’espoir de vous voir revenir
Me donnera, malgré les dégoûts de la vie,
Ce courage d’enfant qui consiste à vieillir.

Quelquefois seulement, près de votre maîtresse,
Souvenez-vous d’un coeur qui prouva sa noblesse
Mieux que l’épervier d’or dont mon casque est armé ;

Qui vous a tout de suite et librement aimé,
Dans la force et la fleur de la belle jeunesse,
Et qui dort maintenant à tout jamais fermé.

Alfred de Musset


                                            Le dormeur du val

 

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud


                                                Le Vaisseau d’or

 

Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif :

Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues ;

La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,

S'étalait à sa proue, au soleil excessif.

 

Mais il vint une nuit frapper le grand écueil

Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,

Et le naufrage horrible inclina sa carène

Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.

 

Ce fut un Vaisseau d'or, dont les flancs diaphanes

Révélaient des trésors que les marins profanes,

Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputé.

 

Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?

Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ?

Hélas ! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !

 

Émile Nelligan


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 Voici maintenant les deux ( 2 ) sonnets que nous a concocté Claire.


        Le temps est un affreux voleur…

 

Au fond du placard, dans de vieilles boites gisent

Lettres et dessins d’antan, photos de famille

Parmi lesquels d’invisibles mites fourmillent

Faudrait-il tout reclasser dans des valises ?

 

Images ternies des exploits de jeunesse

Témoignages oubliés des émois premiers

Souvenirs doux à l’âme de l’intéressée

Mais pour ses suivants, quelle en est la richesse ?

 

Comment disposer de ces vestiges intimes ?

Que pèse la perte de ces traces minimes

Au regard de celle des biens universels?

 

Guerres, tsunamis, incendies et pandémies

L’homme et la nature ont la main cruelle

Et toute preuve de vie est vouée à l’oubli

 

                    Sonnet du XXI e siècle

 

Je rêve, tel le pape, de mon tour d’Irak.

Pourquoi dès qu’une idée de la tienne diffère

Te faut-il sortir l’artillerie incendiaire ?

Je suis à boutte de ta haine, tabarnak !

 

Protégé par la cuirasse de ton écran

Tu pistes femmes, filles, jeunes et étrangers

Et aussi ceux qui ont la force d’oser

Pour leur vomir ton fiel et ton ressentiment

 

Sûr que tous conspirent contre ta libarté  

Tu entretiens un cercle d’animosité

Et vos paroles grinçantes minent l’espoir

 

Épandeur de noirceur, prophète de malheur

Essaie, pour voir, de renouveler tes histoires

Et d’alléger ton cœur de toute sa rancœur 


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Voici maintenant celui de Pierre.


Sonnet pour un aidant

 

Suivre avec respect de l’âme les subtils méandres

Et dans ce dédale, toutes les humeurs du cœur

C’est vouloir saisir dans le présent et sans leurre

Toute la complexité de l’être humain, et tendre

 

À la pleine croissance de soi et à plus d’être

C’est voir la vie, le Soi, comme une si vraie offrande

Accueillir puis voir nos écueils en florilège

Et alors grandir, éprouver le privilège

 

D’accéder à l’autre, saisir par la relation

Car pour aider autrui, c’est d’abord s’aimer soi

La Nature voulant que chaque humain se pourvoit

 

De ce Grand Avoir inscrit en soi dès la naissance

Et puisse dans cet intime silence, la paix dans l’âme,

Offrir au divin son humble reconnaissance

 

Pierre 

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Voici celui de Jean.


 ______________________Saïgon, Ville-Fille 

 

Matins chauds, midis brûlants, Toi, belle Ville !

Tes filles aux longs cheveux d’ébène soyeux

Tes garçons aux gestes mécaniques, habiles

Sous les  regards émerveillés des hommes vieux. 

 

Toi, Ville aux échoppes l’une sur l’autre culbutant

Aux odeurs si changeantes d’heure en heure ;

Tes grands arbres parasols, rieurs sous le vent,

Éclaboussent tout de leurs chatoyantes couleurs.

 

Tes enfants, pieds nus et revêtus de haillons,

Sur le feu du bitume roulent des ballons

Tout près des vieilles femmes aux mains crevassées

 

Embarrassant les obstacles de tes longs trottoirs. 

Toi, Ville-Fille, ta noirceur de six heures du soir

I love you ! Même si la lune t’a décoiffée...

 

Jean (mars 2021)

 

 

 

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