jeudi 29 octobre 2020
TRUMP ou BIDEN
samedi 24 octobre 2020
L'OBSCUR MARIAGE
l’obscur mariage
... semble inquiète, du moins peu empressée de quitter ce bus aussi vieillissant que la ville qu’elle épie à travers la vitre salie du véhicule vert et ne cesse de tripoter un ticket de passage. La dame sans âge trimbale un panier duquel les feuilles d’un quelconque végétal soubresaute au même rythme que le paquebot urbain qui la transporte. Parfois, elle en replace le contenu, puis reporte son regard à l’extérieur. Il ne pleuvra pas ; hier, le déluge a inondé la ville, y versant, par trombes incessantes, ses eaux tièdes. La pluie ne la dérange plus... la ramène à son lugubre chagrin. Le trajet, la dame saurait le faire les yeux fermés, mais les yeux fermés elle ne verrait pas tous ces gens qui déambulent telles des marionnettes sans fils, dans ce lieu qui, par défaut, est le sien, devenu un refuge obligé : sa famille lui ayant fait comprendre qu’un enfant sans père n’a pas à naître dans ce village adossé au pied du Fansipan... Du Nord lointain, la voici dans ce Sud incertain. Enfreindre les règles d’une micro société c’est en être chassée, vulgairement expulsée. Difficile à oublier l’atmosphère qui régnait lorsqu’on lui indiqua la route à suivre pour ne plus demeurer ici ; elle dit là, maintenant.
On en voit partout de ces éraflures couteleés inscrites sur la pierre ; de fougueux sculpteurs y ont inscrit, tout à côté du leur, le prénom de l’amourachée, espérant que plus tard, dans quelques années peut-être, y revenant, ils retrouveront le roc, puis, souriront malicieusement à la vue de l’épigraphe gravée dans un élan de passion, comme le signe d’un éternel amour, fiché à demeure. Le signe a souvent la vie plus longue...
L’enfant massacré, devenu un jeune homme aux yeux bridés, davantage si comparés à ceux de sa mère, étendu au sol d’une masure immonde, aura chassé les rats qui le guettaient, attendant un faux mouvement de sa part pour attaquer ses orteils difformes, lui arrachant un cri rauque. Il s’amuse de morceaux de bois, jouets dont lui seul connaît la vertu. Il fait obscur ici, et le jour et la nuit... on ne vit pas aux confins de ces venelles sans souffrir d’une vie urbaine étrangère aux couleurs de la montagne, ses brouillards du matin, aux pluies froides qui alimentent des torrents furibonds. Il est là dans la paralysie de ses mouvements atones, attendant une femme porteuse d’un sac rempli de légumes en feuilles...
S’y prépare une alliance quotidiennement renouvelé, celle de la mer à la montage qui n’a rien à voir avec le Fansipan ; une colline, dirait-on dans le Nord qui ne connaît pas la mer, cette étendue sans fin cherchant à concilier l’éternité à la brièveté des marées. Le vent chante des psaumes tristes comme les sentiers menant à son sommet. Les hirondelles bleues et noires voltigent gracieusement avant de piquer, tête baissée, vers ces rocs stratifiés que des calligraphies difformes retiennent sur leur peau de liais impossibles à délaver. On prépare une alliance par contumace.
Les pas de la femme frappent le vide d’une ruelle salie par l’humidité des saisons ; le bitume n’a pas été refait depuis tout ce temps qui vit passer on ne sait trop combien d’entre elles revenant du marché, un sac en rotin pendu à l’épaule écorchée, les yeux plissés de fatigue et des combats les confrontant au soleil. Il sera là, dans son impassible immobilité, certain de rien, de personne ; que trois gouttes de clarté imprévue. Ni sourire ni mots, quelques clins d’oeil provisoirement échangés, puis, la futilité du néant. Elle ne sait plus que faire de cet infirme aux yeux inconnus, aux mouvements répétitifs. Lui donne quelques légumes qu’il dévore goulûment avant de se retourner dans la froideur des murs suintants... sa demeure immuablement fixe. Elle ne l’aime pas, ne le déteste pas... il a trop vieilli pour cela. Enfant, elle le plaignait ; adolescent, elle le craignait ; jeune homme, elle ne sait plus que faire... qu’en faire. Longtemps, trop peut-être, elle lui souhaitait mort et délivrance.
Au pied du Fansipan, la reine-montagne du Nord, point de macadam, que des parcelles d’étocs dévalés, puis écrasés là et ici encore, attendant d’être ensevelis sous d’autres rochers issus de son ventre. Sisyphe y perdrait patience. La colline, surplombant la mer, chasse à coups de varappes les hirondelles voyageuses ; elle servira de lieu pour cette noce célébrant une alliance bizarre. Les rarissimes promeneurs honorent sa virginité vieille de mille ans, celle de l’âge innombrable des passages du jour à la nuit. Jamais pénétrée sa pureté pisolithe ! La mer étale crache des ressacs qui lèchent les graviers de la plage bientôt foulée par ces silencieux cueilleurs d’escargots de mer qu’ils glisseront dans des paniers en osier, puis s’en iront... au bout de cette route sablonneuse.
Le jeune homme ne sait pas comment être triste. Il copie l’exactitude de ses gestes paralysés au grand cahier de sa permanence, transcrit les mêmes concetti, ceux de la veille, ceux des autres années : des balbutiements syllabiques, parfois des grognements qui auront mué avec le temps, devenus une épître dont il ne saisit pas le sens. Sa vie n’en a guère plus... qu’une ombre arrachée à son sempiternel encadrement uniforme : une femme part puis revient... des morceaux de bois sans vibrations, de petits quadrupèdes malicieux cherchant à le dévorer, des ombres qui grafignent la mouillure des murs... Il n’a pas de nom, n’en aura pas, jamais... ne sera qu’une inerte statue clouée à la mémoire d’une femme qui fut si belle dans le Nord, devenue si laide dans le Sud. On ne donne pas de nom à celui qui n’aurait pas dû être. Il n’est que l’avoir détestable de celle qui offrit son corps, croyant célébrer une noce.
Elle, la dame-mère de celui qui la regarde, croquant le légume qu’elle lui a remis, n’aura que trop peu pleuré. De joie lorsque celui qui l’engrossa promit un anneau, un voile avant de noyer ses espoirs. Il devait faire aussi beau que le geste d’amour qu’ils partagèrent. Quelques instants à peine, l’espace entre frissons et soupirs retenus... Leurs mains abandonnées l’une dans l’autre... puis reprirent sans mot dire leurs contorsions de pantomimes... quittèrent, titubant d’exaltations vers la réalité qui bientôt les flagellerait du diktat populaire... elle se retira vers l’exil devenu son châtiment
La candeur de ses hanches fut déchiquetée par des heurts répétés, des paroles fades, des espoirs embrouillés ; elle ne voyait, la dame-mère qui fut une jeune fille puérile, incrédule, ne voyait qu’à travers le rose de ses espérances, devenir une marchandise bon marché que l’on jette aux rebuts une fois utilisée. La route fut longue entre son désespoir et les chemins qu’elle vadrouilla pour arriver vers sa prison. Son ventre enfla, sa foi s’éclipsait au même moment. Arrivée, reçue par personne, le pont devint sa première demeure. Les souffrances qu’elle taisait, s’amplifiaient de jours en semaines, en mois. Naquit cet être difforme, aussi infirme qu’elle le devenait. Ses larmes se transformèrent en indigence, en détresse. Elle oublia le Fansipan pour mieux installer ses tribulations au coeur de sa vie. Le nourrir, devait-elle éviter de le faire afin de catapulter loin d’elle cet horrible poupon... C’était sans tenir compte de la pugnacité de la vie qui la berçait froidement. Et il grandit comme le font les rocs des montagnes, les petites hirondelles en attente de becquée, comme les gouttes d’eau que la mer éclaboussent sur la grève...
les hirondelles ne les frôlent pas
Elle choisira un jour sans soleil, sans pluie, sans rien d’autre que les résonances d’une marche, celle de deux êtres unis par l’âme, deux silences s’acharnant à se taire pour étouffer le sacrifice d’une rédemption qui jamais ne viendra. Elle le tiendra par la main comme on soutient un être en déséquilibre, une créature sans existence, une ombre de sa propre ombre. Ils iront là où ils doivent se rendre, procession sépulcrale de deux fantômes. Les pas du jeune traînent lâchement tout à côté de celle qui mène un cortège désordonné. Et la lumière éclatera sur une obscure alliance... un mariage étrange... puis, le temps d’une chute, celle d’un jeune homme, provoquée...
Une jeune femme sans âge redescend à pas funéraires et sans teintes, en marche vers le soleil couchant dans un horizon jaune...
mardi 20 octobre 2020
Visite de la prison Hỏa Lò (La Maison centrale) à Hanoi.
La prison Hỏa Lò est une ancienne prison située à Hanoi au Vietnam, également appelée MAISON CENTRALE ou ironiquement Hanoi Hilton. Elle a été construite alors que l'Indochine faisait partie intégrante de l'empire français. Détruite en partie en 1990, elle est maintenant un musée.
La prison a été construite dans un quadrilatère de Hanoï où étaient regroupés plusieurs marchands de poêles à bois et à charbon. L'entrée principale s'ouvrait dans la rue Hỏa Lò dont le sens peut être traduit par fournaise, d'où le nom de la prison. Avec ses 12 908 m2, elle était alors l'une des plus importantes prisons d'Indochine.
La création de la prison est décidée par l'administration coloniale française chargée de l'Indochine à l'époque. Sa fonction consiste à incarcérer les patriotes vietnamiens et les combattants révolutionnaires. La Maison centrale ouvre ses portes en 1896 après trois années de construction. Elle demeure en activité jusqu'en 1954, date à laquelle elle devient une prison pour les criminels de droit commun, puis, de 1964 à 1973, pour les pilotes américains faits prisonniers.
Redevenu prison d'État à la fin de la guerre d'indépendance, l'établissement est en partie démoli pour permettre la construction d'un complexe commercial et résidentiel. Les 2 434 m2 restants sont classés monument historique en 1997 et transformés en musée.
Le musée est constitué de trois bâtiments de deux étages. Ils contiennent les cellules communes pour hommes et pour femmes, des cellules isolées pour les condamnés, les cachots et des salles d'exposition. Le site est entouré des murs de pierre originaux de 5 m de haut.
Parmi les objets exposés, se trouve la guillotine qui servait à exécuter les condamnés, des témoignages de la situation carcérale durant le régime français, ainsi que des documents et des photographies de prisonniers américains, dont un uniforme attribué à l'ancien candidat à la présidence américaine, John McCain.
Les bouches d’égout par lesquelles eurent lieu des évasions, notamment en 1945 lorsqu'une centaine de prisonniers purent ainsi s'échapper, sont exposées. En 1954, la prison abritait près de 2000 prisonniers retenus dans des conditions très difficiles et souvent victimes de tortures et de nourritures avariées.
Plusieurs pilotes militaires américains capturés ont été enfermés dans la prison, entre 1964 et 1973. Ce sont eux qui ont par dérision surnommé l'endroit le Hanoi Hilton. Le film The Hanoi Hilton relate cette période durant lequel plusieurs prisonniers ont subi des tortures et des sévices, les séquelles laissées sur les prisonniers libérés laissant peu de crédit au démenti des autorités vietnamiennes.
À la prochaine
mardi 13 octobre 2020
Quelques photos de Hanoi
1) Quelques affiches signalant les 1010 ans de Hanoi:
Un peu de politique à saveur batracienne... (19)
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