Ce billet ne se veut pas une tentative d’explication des événements qui se déroulent actuellement à Hong Kong, en fait l’expression “se déchaînent” s’avère plus juste. Encore moins un éditorial ou une prise de position, sans toutefois être complètement neutre mon regard y constate ceci.
La situation qui perdure dans cette ancienne colonie britannique, revenue dans le giron de la Chine le 1er juillet 1997 suite à des longues négociations qui accouchèrent du principe suivant - “un pays, deux systèmes” - et qui s’intégrera à elle de façon définitive en 2047, ne peut que m'interroger.
Elle origine de "la révolution des parapluies", elle-même née en septembre 2014 et qui réclamait davantage de démocratie et la modification du mode de scrutin censé désigner le chef de l’exécutif local. Dès lors, on nous habitue à des manifestations imposantes, animées par un groupe trans-partisan, l’OCPL - Occupy Central with Love and Peace. Des foules dépassant parfois le million de gens, sont composées, semble-t-il, de différentes factions de la société hongkongaise. On n’a qu’à citer celle, fort symbolique, tenue lors du 70e anniversaire de la Révolution chinoise, le 1er octobre 2014 à laquelle des dizaines de milliers de personnes ont participé.
"La révolution des parapluies" n’aura pas réussi à soutirer quoi que ce soit de la part des autorités locales bien appuyées par la Chine. Il faudra attendre 2019, en février, alors que l’exécutif en place dépose un projet qui allait modifier substantiellement la loi sur les extraditions de citoyens de Hong Kong vers la Chine, pour qu'immédiatement, l’opposition, les juristes et les milieux économiques se soulèvent craignant la venue indirecte du contrôle chinois sur le territoire. En mars, on réduit la liste des motivations, mais cela ne suffit pas car en avril, des milliers de gens prennent la rue afin de protester. En mai, on limite une autre fois la possibilité d’extradition à ceux ou celles qui encourent un minimum de sept années d’emprisonnement, assortie de promesses de garanties sur les procès.
Cela ne répond pas aux revendications, puisque le 4 juin 2019 - à Hong Kong - des dizaines de milliers de gens commémorent les 30 ans du massacre de la Place Tiananmen à Pékin. Fait unique, et historique à la fois, si on tient compte de tout le secret qui a entouré cet événement.
Quelques jours plus tard, le 9 juin, plus d’un million de manifestants descendent dans la rue et cela pour plus de sept heures. La population de Hong Kong s'élève à 7 millions de personnes.
La cheffe du Conseil législatif de Hong Kong, madame Carrie Lam, promet une révision du texte, mais le 12 juin on la reporte à une date ultérieure, ce qui met le feu aux poudres enclenchant une suite de manifestations et le recours à la violence, autant policière que dchez les manifestants. Un premier opposant meurt cette journée-là alors que l’on tente d’entrer dans le parlement.
Malgré que madame Lam ait, à nouveau, pratiqué une valse d'allers et de retours - le 15 juin, elle rectifie et annonce la suspension du projet de loi - on assistera le lendemain au défilé de deux millions de personnes revêtues, pour la plupart, de noir, et exigeant sa démission.
Le 17 juin est libéré Joshua Wong, le leader du mouvement des parapluies, qui immédiatement appelle la population à la révolte.
Depuis, on n’a qu’à suivre les vidéos qui proviennent de Hong Kong, les appels à l’appui international pour comprendre que la situation explosive qui y règne est loin de se calmer.
Question: pourquoi cette situation me préoccupe-t-elle ?Plusieurs raisons l’expliquent. D’abord, la ville de Saïgon (Ho-Chi-Minh-ville) calque ses visées d’avenir sur l’image de Hong Kong. Certains, plusieurs même, avancent l’idée que l’on souhaite, ici, dépasser ce modèle économique et devenir un deuxième Hong Kong. Je sais que les jeunes y croient, le souhaitent. Un modèle, on peut le modifier tout en l’imitant, mais comme il s’agit, ici, d’un patron capitaliste avec tous les avantages et inconvénients que cela transporte, on peut sans doute émettre l’hypothèse que des actions et des réactions similaires à celles que l'on connaît à Hong Kong actuellement puissent s’y produire.
Ensuite, il y a le fait que je me suis toujours intéressé aux mouvements d'opposition, que ce soit la Révolution tranquille du Québec, celle de Mai ‘68 en Europe, la situation au Vietnam, le FLQ en 1970, ce type de mouvements qui accrochent la jeunesse en proposant de nouvelles approches, de nouveaux vocabulaires et surtout de nouveaux concepts.
Ce qui m’accroche dans ce que l’on pourrait continuer appeler la Révolution des Parapluies, c’est beaucoup l’implication des jeunes, oui, mais aussi cette solidarité qui rapidement a pris forme autour des différentes couches de la société.
Rappelons que Hong Kong n’est plus une colonie britannique depuis 1997, il y a donc 22 ans... Dans la rue, dans les universités, les jeunes de 22 ans et moins doivent s'adapter à un paradigme qui n’est pas celui de leurs parents. Ils se retrouvent à devoir choisir entre la démocratie à l’anglaise, celle que leurs parents ont connue, et celle qui anime les autorités en place afin d’offrir Hong Kong sur un plateau d’argent, en 2047, aux autorités chinoises.
Tout cela reste à voir, bien entendu.
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