vendredi 27 avril 2018

humeur vietnamienne

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     Déjà un bon moment sans nouvelles du CRAPAUD. Il s’en excuse, mais le va-vite de la vie à Saigon y est pour beaucoup. À peine le temps de se préparer pour la mousson qui tout doucement s’annonce. Cortège de chaleurs torrides, de pluies, d’humidité, tout cela rendra la vie vietnamienne moins confortable.

Je reçois souvent cette question : comment organises-tu tes journées, le temps ne te semble pas long ?

Voici un synopsis d’une journée-type :
1)    Lever 6 heures 30 et salutation au soleil; comme ma fenêtre donne sur l’Est, j’ai droit à une chaleureuse réponse de sa part.
2)   J’allume mes bâtonnets d’encens devant la photo de mon frère Jacques et en hommage à ceux qui l’ont rejoint ; un peu comme les Vietnamiens font sur l’autel des ancêtres.
3)   Café et lecture du DEVOIR sur internet, après bien sûr avoir ingurgiter mon Immunocal, ce produit santé qui me tient en super forme.
4)   Petit déjeuner très fruiteux…
5)   Écriture et cela jusque vers 11 heures.
6)    Marche dans le quartier qui s’achève par le lunch dans un de ces restaurants de rue si populaires ici : habituellement ça sera un cơm tm avec poisson.
7)    Sieste d’une heure.
8)    Travail jusqu’à 15 heures : préparation de mes cours d’anglais.
9)    Les lundi, mardi, jeudi et vendredi je pars vers le Café Xôm, là où se donnent mes leçons d’anglais – de 6 heures à 10 selon les jours.
10) Dîner dans un restaurant de la rue Pham Ngu Lao où les serveuses sont si gentilles et la cuisine, variée.
11)  Retour à la maison avec mon chauffeur Grab, toujours disponible et surtout, hyper prudent.
12) Je fais le tour des dernières nouvelles avant le dodo aux alentours de minuit trente.

Le mercredi, c’est ma journée ‘’off’’. J’en profite pour une bonne séance de farniente ou encore de voir quelques endroits de Saigon que je ne connais pas. J’ai le privilège d’avoir un guide qui connaît bien les lieux que je souhaite voir et qui sont toujours en-dehors de ce que les guides proposent. Ciel ! les découvertes que l’on me propose sont tellement intéressantes qu’il me faudrait une vie entière pour tout voir.

Bien sûr, il y a Piero et Linh, le restaurant Olé et tous ces amis avec qui je partage du temps d’agréable compagnie.

Mon regard sur le Vietnam change. Si je le compare à celui de 2011, j’avoue que cela n’a plus rien à voir. Certain, je ne maîtrise pas la langue – je me demande si cela est possible pour un étranger – malgré l’immersion totale dans laquelle je vis. Tout se passe en vietnamien ou en anglais autour de moi. Le langage corporel et une certaine habitude des comportements me permettent de voguer allègrement dans cet univers rempli de contradictions et de gestes qu’un bon occidental qualifieraient d’illogiques. J’évite de parler de la circulation qui dit beaucoup sur cette civilisation : chaotique au plus haut point. J’évite de parler des rêves vietnamiens qui s’alimentent toujours de pensées magiques et d’illusions puisées au fait que l’argent règle tout. Sans se complaire dans la misérabilité, ils ont cette tendance quelque peu agaçante d’être toujours à la recherche d’un lendemain meilleur. Ils courbent le dos facilement, mais le réajustent spontanément lorsque l’on s’attaque à certaines causes endémiques comme celle de vouloir s’américaniser afin d’accéder au bonheur.

Leur eldorado, c’est l’Amérique. C’est là que tout se passe sans pour autant imaginer à quel point la vie vietnamienne dans sa simplicité, je dirais dans sa quotidienneté, peut être l’objectif visé par une foule d’occidentaux. Manger tous les jours, être en famille et se respecter mutuellement, vouer aux ancêtres un culte tel qu’il est impossible de le comparer avec nos mœurs qui nous poussent au deuil comme étant une route vers l’oubli, avoir un toit et s’assurer que les autres bénéficient d’un endroit sûr pour passer la nuit : voilà ce qui les nourrit. Je n’oublie pas leur prédisposition naturelle à l’entraide, de celle qui les incite à s’assurer du bien-être de chacun.

Chaque société recèle ses propres caractéristiques. Chaque société croit en ses choix, ses us et coutumes. Certaines souhaitent les exporter vers d’autres contrées, parfois à des prix élevés. Ce que j’apprends, ici, c’est combien l’ancrage dans la tradition est important. Combien les personnes âgées s’avèrent des atouts essentiels dans l’évolution de la famille, le pivot de la collectivité vietnamienne. Combien la Patrie, celle que Hô Chi Minh a su rendre digne, libre et indépendante, combien c’est important. Le 30 avril, journée de Fête nationale depuis 1975, sera l’occasion de manifester leur patriotisme. Loin d’être sectaire, cet amour du pays, du Nord au Sud, le 30 avril dira au monde et à tous les Vietnamiens, que la lutte fut dure, pénible et si longue, mais qu’à la fin et malgré les difficultés toujours présentes, le choix de la Liberté et de l’Indépendance fut le bon choix.

J’ai beaucoup d’admiration pour cet Oncle Hô dont je lis les ouvrages avec intérêt. Les jeunes qui n’ont pas vécu la guerre, qui ont perdu plusieurs membres de leur famille, ne souhaitent pas retourner en arrière. Ils veulent s’arroger l’avenir, le faire à la hauteur de leurs espérances. Ils voient un Vietnam en paix, à jamais éloigné de conflits tels à ceux qui depuis plus de deux mille ans se sont acharnés sur lui. De moins en moins d’habitants ici voient dans la venue d’étrangers le visage d’un envahisseur, mais conservent en mémoire les aléas du passé.

Je souhaite à tous mes amis, mes frères et sœurs vietnamiens une excellente Fête nationale.

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