Pas facile de mettre en mots la distance qui sépare (ou réunit) une personne d'avec elle-même, des objets concrets ou des abstractions. Au-delà de la notion d'espace qui s'infiltre dans le mot ''distance'', celui-ci réfère souvent à la séparation, au désaccord, l'éloignement ou encore la différence.
Le poème que je vous offre aujourd'hui - il a mûri une longue partie de l'été avant de se reconnaître dans les idées imagées qui trottèrent dans mon esprit - ce poème, donc, ne pouvait pas être écrit autrement.
''elle''
nomme l'espace personnel aux prises avec la réalité, celle qui se consume et, de ses cendres, cherche à renaître.
''entre''
un pont, celui du temps qui, dans son inexorable fugitivité, érode, s'attaquant aux objets, ici, la bague... les horloges... le bracelet... souillés d'usure, embrouillant notre rapport aux choses et à soi.
''entre elle et elle''
se voulait être le seul titre qui, objectivement, installait la poursuite des images de ce poème vers le réel et l'irréel, vers l'espace très court qui cherche à emplir ou à éloigner le temps.
entre
elle et elle
elle habite entre ennui et absence
temps perdu comme bague au doigt
heure différente figée à deux horloges
entre elle
elle collectionne des consonnes
annone de sourdes voyelles
sa voix étourdie par le sens des mots
entre elle
elle vit en état d’urgence
de nuit raccourcie en jour allongé
la sueur au dos de ses peurs
entre elle
elle zigzague entre les tigres de la nuit
dévisage, par la fenêtre inquiète,
le vide sur le papier thé vert
entre elle
à la pêche aux étoiles de l’aube
elle cueille de fugueuses comètes
au bout de ses rêves faséyés
entre elle
un bracelet bleu à son poignet d’airain
un bruit de talon haut sur le sol gris
entre elle et elle, elle rêve d’ailes
À la prochaine
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