mardi 27 janvier 2015

La Birmanie, Rangoun d'abord.


Je ne vais pas le répéter, ce séjour en Birmanie, à Rangoun principalement, au
début du mois de janvier avait pour objectif d’assister à l’allocution de Aung San Suu Kyi à l’occasion de la Journée de l’Indépendance de la Birmanie. Un billet relate d’ailleurs cette journée mémorable. Nous parlerons maintenant de ce que je retiens de la Birmanie elle-même, celle que l’on connaît sous le vocable de Myanmar.


Hôtel AKT de Rangoun




Je m’y suis rendu à partir de Bangkok, d’où j’ai vu naître l’année 2015. L’accident survenu à un des vols d’Air Asia venait à peine d’arriver alors que je voyageais de Saïgon vers Bangkok puis Rangoun avec cette compagnie aérienne. La sympathie manifestée par les voyageurs envers le personnel de bord était manifeste et reçue avec beaucoup d’émotion.

Je passe quelques jours en terre thaïe pour arriver en sol birman. On dit Myanmar mais je lui préfère l’appellation qu’utilise la Dame de Rangoun. Tout comme j’adopte Saïgon de préférence à Ho Chi Minh.

Ce qui frappe à l’arrivée, - il me semble que ce sentiment fut amplement partagé par les autres touristes, principalement français et italiens – c’est de se dire… ''nous voici arrivés’’ comme si nous descendions en Corée du Nord ou dans tout autre endroit dont la réputation est teintée de légendes ou d’histoires abracadabrantes.

Chien endormi dans les détritus












L’aéroport international de Rangoun – ajustons nos montres car il y a décalage de 30 minutes avec Bangkok - nous accueille correctement faisant du coup éclater tout préjugé ou appréhension que l’on pouvait entretenir. Toutefois, les Routard et Lonely Planet de ce monde deviennent alors des livres de chevet pour qui s’y accroche, convaincu qu’il servira à la fois de dictionnaire, de bible ou d’un essentiel livre de références.
Ce n'est pas l'année du Rat...

...ni celle du Chat
Parvenir au centre-ville de Rangoun vaut mieux le taxi qu’un de ces bus bondés s’arrêtant fréquemment ce qui risque de nous mener partout sauf à l’endroit voulu. De plus, il nous permet ce premier contact tant espéré. Contact avec la poussière…


Les infrastructures laissent beaucoup de place à l’amélioration. Les routes menant au centre-ville de Rangoun, asphaltées bien sûr, larges et à figure de boulevards, sont bordées de sable duquel s’élève une poussière continuellement renouvelée, omniprésente.
 

L’hôtel où je logerai (AKT), fort bien situé si l’on considère que le tourisme naissant en Birmanie ne prévoit pour points d’intérêt que les temples abondamment illustrés dans les guides dont les photos retransmises à l’étranger regorgent. Bien tenu, un personnel avenant, s’il fallait utiliser les hôtels vietnamiens ou thaïs pour références on le classerait dans la catégorie trois étoiles.


Une fois les bagages déposés, une petite excursion autour de l’hôtel nous permet de respirer les lieux et devenir un sujet observable de la part des autochtones.

YGN pour Yangoon
Le petit marché se compare tout à fait aux marchés asiatiques par ses stands à même le sol et sa quantité incroyable de produits locaux. On se rend compte assez rapidement que les objets touristiques habituels sont absents; ça sera de même partout dans Rangoun ainsi qu’à Bagan où je serai dans deux jours.

Un arrêt dans un restaurant de rue tenu par un birman et ses fils propose un menu avec lequel il faut jouer au hasard avec la carte puisque la langue se présente dans une calligraphie tenant davantage du thaï, du cambodgien ou du lao. Impossible, avant de voir ce qui se retrouvera dans l’assiette de deviner ce que l’on mangera. Mais c’est tout à fait délicieux, à base de riz cuit dans beaucoup d’huile ou frit. Ça sera, me semble-t-il lorsque ça m’est présenté, du poulet servi avec légumes. Partout dans Ragoun et à Bagan, on mangera parfaitement bien. La bière Myanmar rivalise avantageusement avec celles du Vietnam et des autres pays visités jusqu’à ce jour.

On s’amusera beaucoup de voir et notre hésitation première puis notre réaction de satisfaction en dégustant ce plat chaud aux odeurs exquises. Je n’ose parler du prix qui ferait rougir nos restaurants et similaires à ceux payés au Vietnam.

Les principales activités - pour ne pas dire les seules que l’on puisse faire à Rangoun - se résument à la marche à pied dans les divers quartiers de la ville et la visite des temples. Ça sera d’ailleurs là que l’on rencontrera le plus de touristes. Durant ces marches et ces visites, il m’était essentiel de ramasser ici et là le plus d’informations me permettant de savoir où exactement se tiendrait la présentation de Aung San Suu Kyi. Pour se faire, j’avais sondé le concierge de l’hôtel qui ne pouvait (ou ne voulait) trop s’aventurer sur cette route glissante. Dans tous les guides touristiques abordant la situation particulière de la Birmanie, il est conseillé aux touristes de ne pas parler du gouvernement et encore moins de l’opposition. Rapidement on en devient conscient.

 

La peur qu’a tellement décrite et ardemment pourfendue la Dame de Rangoun, je la nommerais plutôt la crainte, est omniprésente tout autant que la poussière. Il faut donc user d’une certaine naïveté et beaucoup observer. Les stands qui vendent des journaux ou ceux qui offrent des photographies des principales icônes birmanes – majoritairement des moines bouddhistes – me sont apparus comme l'endroit le plus sécuritaire pour aborder la question. Ceux qui sont favorables à la NLD, on les reconnaît lorsque pointant une image de ASSK un signe positif ou négatif nous est adressé. J’en aurai deux ou trois sans que je puisse être plus renseigné, mais à chaque occasion je répétais le même scénario.

 
Je me suis quand même surpris à ne pas trop ressentir l’envahissement autant policier que militaire. On me dira que cela se fait, encore, par délation; même que les renseignements se monnaient toujours.

La pauvreté du peuple birman saute aux yeux. On la voit dans les rues, beaucoup, et aussi dans les maisons qui ne sont pas resplendissantes de propreté. Par politesse j'ai omis de prendre des photos mais je ne sais dans combien de maisons des déchets jonchaient le sol. Ce qui n’empêche pas les gens d’être très propres sur leur personne et leur habillement. Le sourire continuel qu’ils affichent les rend encore plus beaux.

Système pour faire grimper le courrier à l'étage
La présence bouddhiste est plus significative. Il existe encore un fort courant qui exige de la part du gouvernement de faire de la religion bouddhiste celle de l’état birman et les moines qui circulent dans les rues sont légion. Les querelles ethniques qui sévissent encore en Birmanie et qui placent la leader de l’opposition dans un dilemme déchirant sont loin d’être réglées et tenter de bien saisir toute cette dynamique exige une connaissance approfondie de l’histoire du pays vivant entre intégrisme religieux et extrémisme politique.
 
Les nombreux et fastueux temples de Rangoun sont une attraction incontournable. Le principal, Shwe Dagon, mérite le détour, mérite de s’y attarder. On est actuellement à lui refaire une cure de rafraîchissement. J’ai dû accepter de revêtir la robe que portent les hommes birmans ne pouvant pas le visiter en tenue occidentale.

La majesté des lieux permet à ce courant de spiritualité qui flotte de nous emplir d’une multitude de questions à la fois sur la religion elle-même, la compréhension que les gens en ont qui me semble directement reliée au besoin de communication directe avec le Bouddha. Mes schèmes judéo-chrétiens sont ici bousculés même si je m’efforce à dire qu’ils ne font plus partie de ma vie. Il y a une relation de l’homme avec un ''autre quelqu’un’’ qui n’a rien à voir avec celle que l’on m’avait habituée de voir ou d’avoir. Cela relève carrément d’une autre dimension que je ne suis pas encore en mesure de bien saisir, encore moins discuter.

On décortique les feuilles de bétel

Les temples de Bagan iront plus loin encore, sans doute en raison de la présence de plusieurs occidentaux qui les visitent et ressentent des énergies différentes selon les moments de la journée.






Le court séjour à Rangoun pourrait donc se résumer à ceci : Aung San Suu Kyi d’une part, cette poussière sous laquelle semble tapie une espèce d’attentisme en quelque chose qu’il serait difficile de qualifier, le tout sous la protection séculaire d’une religion dont la pratique prend tout son sens dans ces temples plus grands que nature, à l’architecture quasi similaire mais profondément orientée vers des réalités différentes. Le tout dans l’odeur de l’encens, des odeurs orange et safran.


À suivre

Église catholique dans le centre-ville de Rangoun

Magnifique maison tout à côté du palais de justice de Rangoun

Obélisque

Obélisque face à l'hôtel de ville de Rangoun

Hôtel de ville de Rangoun
À suivre

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