Vous avez sans doute remarqué à quel point, cet été, les papillons sont nombreux; les tourterelles tristes aussi d'ailleurs. Je peux affirmer avec exactitude qu'ici, en campagne, c'est tout à fait remarquable et combien joli. Ces petits insectes qui poussent parfois leur audace tout près d'une épaule ou d'un bout de doigt m'ont fait me rappeler un poème vietnamien lu quelque part entre Na Thrang et Hué. Je l'ai retravaillé; il donne ceci.
papillon de nuit
Le vent fait de la musique avec les feuilles des arbres
un papillon de nuit, blanc, voltige autour de la fille
dans l’air qui sent la pluie, les ailes du papillon battent
et lentement il se pose sur une main ouverte à la lune
«Tu es seule?» lui demande le papillon de nuit
elle regarde ce petit corps qui ne bouge plus
«Mon Amour est loin d’ici», fut sa réponse
et le papillon de nuit reprit sa ronde autour d’elle
«Il est où ton Amour?» insiste le petit insecte blanc
« Mon Amour vit à deux endroits» lui dit-elle
«Comment peut-il vivre à deux endroits au même instant?»
les yeux de la fille fixèrent le ciel noir comme de l’encre
«Mon Amour vit là-bas, très loin, et vit ici, tout près»
elle vit que le papillon, courte tache blanche dans la nuit,
semblait ne pas comprendre ses mystérieuses paroles
«Il vit au-delà des mers et à l’intérieur de moi»
Le papillon s’envola, au bout d’un court instant
revint vers la fille, couronnant sa tête de boucles
alors que le vent se taisait dans cette nuit étrange
le papillon proposa : «Veux-tu que je lui porte un message?»
«Celui que tu lui porterais, déjà il le connait,
mais si tu réussis à te rendre jusqu’à lui, j’aimerais
que sur sa main tu te poses, longtemps tu y restes,
jusqu’à ce que vers lui je sois revenue.»
Et partit le papillon de nuit, le blanc papillon
le vent soufflait sur ses ailes, souffla encore
tellement que le messager porté par cet élan
arriva là-bas, sur la main de son Amour s’arrêta
Un Amour sourit.
À la prochaine
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